mardi 15 janvier 2008

Un film du tonnerre


Hier soir, à la télé, en deuxième partie de programme, un film intitulé A sound of thunder (dont on se demande bien pourquoi nul n'a cru bon d'en traduire le titre), tiré d'une nouvelle de Bradbury dont le nom m'échappe, mais dont j'avais moi-même, il y a une petite dizaine d'années, tiré un méchant petit roman de science-fiction pour la collection "Blade", dont j'ai dû écrire une dizaine d'opus (come disent les folliculaires de nos jours) à l'époque. Il fait de l'usage, ce Bradbury.

La nouvelle, jouant classiquement des paradoxes temporels, était assez habile (et courte), alors que le film, qui prétend "développer" devient de ce fait totalement absurde, un tissu d'incohérences grossières et hâtivement replâtrées par un groupe de scénaristes dont la gueule de bois est patente.

Le thème de la nouvelle était simple. Le voyage dans le temps ayant été inventé, un homme d'affaires sans scrupules (Ben Kingsley, dans le film) organise des safaris préhistoriques, au cours desquels des milliardaires paient très cher le droit d'aller tuer un tyranosaurus Rex. Les chasseurs sont sur une sorte de passerelle temporelle, ont interdiction formelle de s'en écarter, ne doivent rien laisser sur place ni rien remporter avec eux, afin de ne pas déclencher de catastrophiques réactions en chaîne temporelles. Le dinosaure gibier a été choisi au préalable par les scientifiques parce qu'il est, au moment de la chasse, sur le point de mourir de causes naturelles (donc, le fait de lui tirer dessus ne dérange rien au cours normal des choses). Bon.

Dans la nouvelle (simple et courte, je le répète), au moment du saut dans le temps, un nouveau président vient d'être élu aux États-Unis, battant de justesse un candidat que l'on va dire d'extrême-droite pour faire simple. 65 millions d'années en arrière, face au monstre, l'un des chasseurs panique, met un pied en dehors de la passerelle temporelle et, ce faisant, écrase une fougère. Lorsqu'ils reviennent dans le présent, ils constatent que la langue anglaise ne s'écrit plus exactement de la même façon. Et que le candidat d'extrême-droite est devenu président des États-Unis...

Le film, bien entendu, ne pouvait se contenter d'une trame aussi simple. On a donc embauché des scénaristes pour corser un peu le jus. La base reste la même, sauf que les changements ne commencent à survenir qu'après le retour de l'expédition, ce qui est absurde. En cas de modifications dans le passé, le présent ne peut que demeurer inchangé, aux yeux de ceux qui le vivent, puisque, pour eux, les modifications auront "toujours déjà" eu lieu. Conscients de ce problème, les scénaristes bricolent une fumeuse explication, inventent des "vagues temporelles" successives venant modifier le présent "à retardement", si l'on peut dire.

À la fin du film, le héros retourne chez les gros lézards pour tout remettre dans l'ordre. Et, lorsqu'il revient dans le présent, tout le monde a oublié les catastrophes qui ont eu lieu... puisque, finalement elles n'ont pas eu lieu. On empile donc une incohérence sur une absurdité, car on voit mal pourquoi les vagues temporelles qui ont fonctionné dans un sens deviendraient inopérantes dans l'autre. Il en résulte l'impression qu'il existe un cours normal des choses, prévu, valable (celui que nous connaissons), et d'autres qui sont, eux, putatifs, erronés, sans doute éliminés par le Grand Architecte.

Enfin - et c'est sans doute le plus grave -, j'ajoute que Neve Campbell n'apparaît à aucun moment du film. Même le gros lézard, malgré sa dentition avantageuse, on voit bien que ce n'est pas elle.

8 commentaires:

  1. On voit bien pourquoi les scénaristes d'Hollywood font grève maintenant qu'ils sont soumis à la critique de Didi Goux junior !

    Je propose qu'on ouvre des camps de redressement pour les esprits tordus qui voient midi à quatorze heures.

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  2. Il a l'oeil qui frise votre T.Rex, il ne serait pas un peu efféminé sur les bords ? Ou alors il arpente la rue Saint-Denis en maillot rose ...

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  3. Pourquoi ne pas remettre le modérateur de commentaire ? Y en a un peu marre des anonymes ! Il/elle a peur de quoi ? de ses propres opinions ?

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  4. Elle n'a pas tort, l'Irremplaçable : est-ce que MM. et Mmes les anonymes voudraient bien avoir l'obligeance de signer leurs commentaires, en choisissant un pseudonyme et en s'y tenant ? Et si possible inquant clairement le genre de la personne, de manière à ce qu'on puisse s'adresser à elle sans craindre à chaque fois le ridicule ? Cela serait plus agréable pour tout le monde...

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  5. Sont peut-être hermaphrodites.

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  6. Catherine, s'ils sont sans couilles, ils sont du genre féminin, non ?
    Ce qui m'apparaît être certain, c'est que les anonymes sont plus généralement casse-couilles (si ma trivialité vous choque, vous pouvez supprimer mon commentaire).

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  7. Voyons, Anange ! pensez-vous RÉELLEMENT que le mot "couille" puisse me choquer ?

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.