samedi 15 septembre 2012

Quand donc sont apparus les “profs clodos” ?

Petit repos bien mérité avant la reprise des cours…

La question était posée ce matin, sur un forum où je passe régulièrement. Je crois être en mesure de dater assez précisément l'apparition du phénomène. Ayant passé mon bac en 1975, j'ai eu la chance d'échapper totalement à cette engeance pré-modernœuse ; en revanche, mon frère, de quatre ans mon cadet, a eu droit, lui, aux premiers exemplaires mis en circulation par ce qui allait rapidement devenir l'Éduc' Nat' mais était encore, même si à l'agonie, l'Éducation Nationale. Je me souviens d'ailleurs fort bien de celui qui a débarqué en tête de pont au lycée Benjamin-Franklin d'Orléans. Je pense que c'était précisément en l'année scolaire 1974-1975. Il était “prof” de français, ce qui me stupéfia quand je l'appris, dans la mesure où il ressemblait plutôt au transfuge halluciné d'un groupe de rock progressif de la Côte Ouest. Bien entendu, non content d'être hirsute et dépenaillé, il pratiquait le tutoiement avec ses lycéens et, à la fin des cours, allait prendre un verre avec eux au café du coin (chez Mme Monique…), en copains. Moyennant quoi ses élèves, dont mon frère justement, parlaient de lui avec le plus tranquille mépris.

38 commentaires:

  1. "même si à l'agonie, l'Éducation Nationale"

    Un seul exemple vous suffit pour juger d'une institution.

    On peut sans doute déduire la même chose, à l'aide d'un exemple choisi, il ne doit pas en manquer, des policiers, des journalistes de France Dimanche,des écrivains réacs,des blogueurs, etc. etc.

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    1. C'est quoi un "écrivain réac"? (j'imagine qu'il pense à "réactionnaire"…)

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    2. Relisez mieux : il ne s'agit pas d'un seul exemple mais du premier exemple auquel j'ai été confronté.

      Maintenant, regardez bien à quoi ressemble aujourd'hui toute manifestation de rue des professeurs (pardon : des enseignants…) : exactement la même apparence que celles des “sans papiers”. Et encore, je me demande si les sans papiers ne sont pas vêtus plus dignement.

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    3. Mon premier prof clodo, je l'ai rencontré lorsque je suis entré en classe de 6ème au lycée Jacques Decour à Paris, c'était en 1972 ou 1973. C'était un prof de français. Barbu, cheveux mi-longs, peignés un jour sur deux, il portait des lunettes de vue mais façon Lennon, rondes. Chemise à carreaux, veste approximative en velours côtelé et pantalon du même tissu, clarks aux pieds.

      En regard, notre prof d'anglais sorti tout droit d'un roman de P.G. Woodehouse.

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    4. Ah, ces Parisiens ! toujours en avance sur la province…

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  2. Ludovic,
    Vous me faites penser à un Père Blanc trempant dans sa marmite, l'eau de cuisson commençant à bouillir et continuant néanmoins à chercher à convertir les cannibales qui l'entourent.
    D'une certaine manière votre abnégation à vouloir remettre notre hôte dans "le droit chemin" mérite le respect !

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  3. Je n'ai pas connu cette engeance. Aussi loin que je m'en souvienne, mes profs m'ont toujours vovoyé et donné du nom de famille. Le plus dépenaillé osait une veste de velours marron sans forme.

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  4. Non l'hôte je m'en tape, mais ce qu'il tente de démolir avec des arguments fallacieux,cela ne me laisse pas indifférent en effet.

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    1. Delenda est nationalibus educationem.

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    2. Oh mais je ne démolit rien, c'est inutile : l'institution se démolit très bien elle-même !

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    3. Qu'ouïs-je ?
      Delenda nationalis educatio est, plutôt. Quel est cet horrible datif/ablatif pluriel suivi d'un accusatif singulier ?

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    4. Si ya non tenibus il derechus de parlare latinus di cucinus, ben merda allorus !

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  5. Ceci dit nous irions bien faire un tour sur ce forum dont vous nous parlez sans mettre de lien.

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    1. Vous le connaissez très bien, ce forum, puisque vous y intervenez régulièrement…

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    2. Ah oui en effet.
      On y parle de ce prof agressé qui tente de trouver des justifications à l'injustifable:
      Or on applique en France la "catholaïcité", pas la laïcité. Il n'y a qu'à voir le calendrier de l'Education nationale calqué sur les fêtes chrétiennes. Je ne vois pas non plus pourquoi on met des sapins de Noël dans les établissements scolaires. Il faut être cohérent."
      Elle est amusante cette remarque car, sans s'en rendre compte, il tend la joue gauche quand sa droite vient de s'en prendre une mémorable. Ce en quoi il est typiquement chrétien.
      Ou passablement pleutre.

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    3. Pleutre, à l'image de pas mal de nos contemporains. Dans un autre registre, celui de la polémique sur le travail le dimanche, voici une perle sortie du forum du MoDem :
      " C’est vrai que l’interdit de travail du dimanche representait une forme d’injustice a l’endroit des commercants juifs et musulmans.
      Le repos du dimanche reste une tradition religieuse chretienne, la journée d’Allah est le vendredi mais je ne crois pas qu’il y ai d’interdiction de travail, pour les juifs en revanches le repos c’est le samedi. Le week end sans travail c’est quand meme pas génial pour un commercant.
      Alors me direz vous la france est un pays de tradition chretienne c’est pas normal que l’on remette en cause cette pierre angulaire de notre culture pour des considérations d’ordre commerciales ou qui serviraient d’autres confessions.
      Mais n’est il pas temps de se rendre compte que le pouvoir a changer de chapelle ?
      "

      La couillemollisation est en marche et le pire, c'est qu'ils sont fiers d'être des lâches et des traîtres à leur patrie, à leur race, à leur culture, et à tous ceux qui les ont précédés et qui ont bâti ce pays.

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    4. Ce qui serait cohérent pour reprendre le mot de ce prof, ce serait de rappeler à ces sales mômes qu'ils sont dans un pays où ils s'invitent et que le minimum dans ce cas là c'est de faire profil bas et de fermer sa gueule.

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  6. et après ces profs de l'éduc nat se demandent pourquoi ils se font rouer de coup…
    Il faut dire qu'enseigner l'histoire, la grammaire et le reste à des enfants dont les parents ne parlent, pour beaucoup, qu'approximativement le français , ça ne doit pas être une sinécure.

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  7. "des traîtres à leur patrie, à leur race, à leur culture, et à tous ceux qui les ont précédés et qui ont bâti ce pays"

    S'ils étaient tous comme vous ceux qui nous ont précédé, des matamores grotesques ou des patriotards boursoufflés, je préfère en effet les oublier.

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    1. Il vous faudra aussi détourner votre regard des monuments aux morts, ne plus voir l'architecture de nos villes, ne plus lire nos écrivains, ne plus fréquenter nos musées, regerder nos paysages, pauvre type.

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    2. Ludovic12, vous êtes une synthèse.

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    3. Une synthèse ? Non, un Léon.
      Léon, Ludovic, même combat.

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  8. Je trouve ton analyse bien exagérée (dans la caricature) : il était "normal" en ce temps-là d'avoir l'allure hippie. Aujourd'hui les ex-soixante-huitards sont cadres sup, nantis, ou députés européens (et ils portent le costard !). Mon prof de maths avait l'air d'un hippie en 1973, il vient de prendre sa retraite... il est toujours un peu farfelu... (soit !) mais il est on ne peut plus rangé des voitures : habillé très BCBG (normal, il a retrouvé les habits de sa classe sociale, n'oublie pas que les soixante-huitards étaient souvent des bourges déguisés), il a une famille (sa fille vient, normalienne, vient d'être reçue à l'agrégation de lettres classiques), des maisons, et des valeurs très comme il faut. Un peu comme Didier Goux ?

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    1. Non, précisément, ce n'était pas normal. En tout cas pas avant 1975. Et que les jeunes professeurs de l'époque se soient tant soit peu rangés des voitures, c'est une chose ; mais les jeunes, ceux en tout cas que je peux voir à la télévision lors de manifestations de rue, eh bien ils sont fringués comme des clodos et braillent des slogans d'une pauvreté et d'une indigence à faire pleurer. Pas étonnant que l'immense majorité des élèves sortent de leurs classes aussi incultes qu'ils y sont entrés.

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    2. Effectivement, en 1973 mon prof de maths qui arrivait en cours avec un nez de clown, ça détonnait... Je peux dire qu'il a, par ailleurs, été l'une des personnes les plus importantes de ma vie. J'ai toujours les bulletins où il écrivait "on ne peut mieux faire", ou "devrait aider ses petits camarades"... Aujourd'hui c'est mon ami. Devrais-je le regretter ? dire qu'il a été un "mauvais prof" ou "une mauvaise personne" ? Non. Il a été, à mon sens, un guide. Non seulement ça ne m'a pas rendue inculte, mais, lui comme une autre prof (de français, en 1977) très baba cool, ont offert à la fille d'immigrés que j'étais l'accès à la culture que jamais ma famille n'aurait pu me donner. Les babas cool d'antan me manquent. Terriblement. Ceux d'aujourd'hui me désolent. Car ils me paraissent par comparaison, je te l'accorde, bien inconsistants.

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  9. Je peux pas trop parler puisque j'étais à l'école (collège et lycée) dans le privé (sous contrat) à Neuilly-sur-Seine...
    La ou la plupart des profs sont bien habillés et surtout, sont compétents.
    Pour s'en assurer il suffit de regarder les statistiques d'entrée dans les grandes écoles ou les diplômes sélectifs de la fac.

    Le fait est que les profs sont des fonctionnaires comme les autres alors qu'ils devraient être une sorte d'élite.

    Les bas salaires n'attirent que les glandus et les incompétents.

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    1. « Les bas salaires n'attirent que les glandus et les incompétents. »

      Et les femmes.

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    2. Tss, tss, ce qui les attire ce ne sont pas les bas salaires, ce sont les conditions de travail qui vont avec ces salaires relativement bas : plus de temps libre (c'est à dire de temps à consacrer à leurs enfants) etc.
      Ce qui serait très bien si ensuite certaines ne venaient pas nous casser les bonbons en se plaignant que "les femmes gagnent moins que les hommes" et patati et patata.
      Mais vous connaissez le topo.

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    3. "les femmes gagnent moins que les hommes"

      Zemmour a été condamné pour avoir dit ça...Oh pardon, il a parlé d'autres statistiques, les statistiques qu'on-ne-doit-pas-mentionner.

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    4. Quelle est la proportion de femme à l'Educ Nat ?

      Y en a t'il tellement plus que d'homme ?

      Je ne sais pas. Le fait est qu'effectivement ces métiers permettent d'avoir plus de temps libre. Très bien. Mais en augmentant les salaires et la charge de travail des profs, avec de la véritable présence en classe ou même mieux, comme dans les pays anglo-saxons ou ce sont les élèves qui changent de classe et donc, la classe est le bureau de l'enseignant, on attirerait probablement des gens plus compétent qui sont la pour autre chose que les vacances scolaires et la semaine de 18h.

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    5. La semaine de 18h, cela n'existe que dans les fantasmes de quelques libéraux forcenés peu amis de l'exactitude et de l'honnêteté, cela dit sans viser personne en particulier.
      Figurez-vous qu'il y a aussi un peu de travail à la maison, par exemple corriger des copies, préparer des cours... Des broutilles, sans doute, mais autant être précis et complet, n'est-ce pas ?
      Quant à augmenter les salaires des profs, cela n'arrivera évidemment pas.

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  10. Bon, je savais que l'Didier avait la fibre réac, mais là, avec la brochette de furieux qui traînent en commentaires, il va passer pour un gauchiste.
    Qui est traître à sa race ? C'est quoi une race en dehors d'un délire d'esprit débile en mal de marqueur virilisant ?

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    1. Mon ami, si vous me connaissiez un tant soi peu, je ne sais même pas si nous nous sommes seulement croisés sur des commentaires, vous sauriez que lorsque j'utilise le terme "race" c'est au sens classique, c'est à dire de lignage. On a longtemps parlé de race pour évoquer sa famille, et dans mon Auvergne, comme en Occitanie, il y a un dicton populaire :" raça raceja", autrement dit "on n'échappe pas à son lignage". J'ai bien conscience que le français classique n'est guère prisé à une époque où l'on parle de racisme pour évoquer la simple xénophobie. D'un autre côté, je n'en attendais pas moins de la part d'un fan de la nouille du Béarn; nullité qui en moins de temps qu'il n'en faut à Harry Potter pour susciter l'apparition d'une citrouille a réussi l'exploit de torpiller la formation de centre droit qu'était l'UDF.

      Oui, je sais que le lignage n'intéresse guère de monde à une époque où il est particulièrement bien vu d'avoir le teint hâlé (à tel point que l'on s'offre même des séances de grillade sur les plages) quand on n'a pas la chance d'avoir quelque ancêtre exotique dans sa généalogie. Mais le vieil arverne que je suis est encore sensible à ces vieilles lunes qui font partie de celles qui ont fait sens durant des siècles avant que des zozos viennent nous beurrer la raie avec le métissage et autres fadaises. Il se trouve que nous sommes encore assez nombreux à ne pas compter d'étrangers dans notre généalogie, et assez bizarrement non seulement cela compte pour beaucoup. Etre intimement liés à travers les siècles à une terre, à des paysages, à une langue, à une culture, à une façon d'appréhender le monde, ce sont des choses qui vous sont visiblement étrangères.

      Tout cela pour vous dire, mon gros, que vos petits sarcasmes vous pouvez les remiser à un endroit où ils resteront bien au chaud. D'autant que l'intromission ne devrait être douloureuse, les types du MoDem doivent avoir de la vaseline dans leur pack de militant. Je vous laisse le soin, avec vos amis, de chercher la chapelle qui a maintenant le pouvoir. La prosternation ce n'est pas pour moi, j'ai la nuque par trop raide.

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  11. Ce qui manque un peu dans votre analyse, Didier, c'est une petite référence à la massification de l'enseignement, qui date de l'époque où le dévergondage vestimentaire des "profs" semble en effet s'être imposé. D'un autre côté, ne négligeons pas que toute la société a été touchée par ce relâchement, même l'armée, où il était alors mal vu d'avoir les cheveux trop courts (dans l'armée, la tendance aux cheveux très courts est revenue vers 1990).

    La massification de l'enseignement, c'est des centaines de milliers d'élèves en plus d'un coup, et le recrutement de nombreux instits comme professeurs de collège et même de lycée. En même temps, les salaires se figent et la profession se féminise à outrance. "Prof" devient le métier d'appoint rêvé de madame, celle-ci étant mariée à un autre enseignant où à un cadre bien mieux payé. Mais ce ne sont pas les "profs" qui ont voulu se féminiser, se massifier et se quasi-paupériser, et ce n'est même pas la gauche qui a lancé le processus, mais la bonne droite bourgeoise, qui a voulu faire croire au peuple que ses enfants pouvaient réussir à l'école, alors qu'on maintenait par ailleurs ce système très français des "grandes écoles", réservées de fait et de plus en plus (aujourd'hui exclusivement) aux bourgeois.

    Comme l'a montré Raymond Boudon, une bonne part du petit peuple ne s'est pas fait avoir et a envoyé ses gosses dans les filières scolaires professionnelles, où ceux-ci sont devenus bouchers, boulangers, entrepreneurs en maçonnerie, etc., et se sont fait des coui... en or pendant que les élèves méritants du lycée issus du même milieu qu'eux terminaient laborieusement des études universitaires, devenaient profs, et se trouvaient beaucoup moins bien payés.

    Voilà comment un merveilleux métier a été sciemment saboté au nom du collège unique et de la massification.

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  12. La massification de l'enseignement en France a son origine dans le plan Langevin-Wallon de 1947, conçu par un compagnon de route du parti communiste et un député communiste, qui prévoyait la prolongation de la scolarité obligatoire de 14 ans à 18 ans.

    Le "premier principe" de ce plan était la "justice", dans ses deux aspects, "égalité et diversité". Il appelait à la "démocratisation de l'enseignement". Il réclamait un maximum de 25 élèves par classe. Tous ces objectifs ont été atteints...

    En 1960, dans sa préface à la réédition du plan Langevin-Wallon, Henri Wallon critiquait en ces termes les intentions qu'il jugeait réactionnaires du gaullisme :

    "Il semblerait, à entendre certains, que la divulgation large de la culture serait grosse de risques sociaux ou économiques, et souvent le but assigné à l'enseignement paraît être de sélectionner autant que d'instruire... La solution est recherchée dans des enseignement courts, dans des enseignements réduits aux rudiments indispensables. Mais le but hypocritement poursuivi n'est-il pas précisément ce malthusianisme intellectuel propre aux régimes fondés sur la compétition, la concurrence, le profit, l'exploitation des uns par les autres ?"

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    1. Très juste Robert (sauf qu'on n'a jamais atteint l'objectif de 25 élèves par classe), mais ce sont bien des gouvernements de droite qui ont fait passer le projet, presque entièrement réalisé en 1981.
      C'est amusant de voir que Wallon n'a visiblement rien compris aux plans de carrière des classes populaires...

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