Balbec. C'était son nom. Son nom chez nous, parce que, en vérité, il s'appelait Otello (sans "h" : Otello de chez Verdi, Shakespeare go out !), il était né dans l'année des "o". Comme Orage et Ottokar. Sauf que les deux sus-nommés sont toujours vivants – tranquilles au château –, alors que Balbec est mort.
C'est au fond toujours la même chose: les gens que j'aime meurent avec une facilité remarquable – les chiens pareil. Par exemple (pendant que je tente d'écrire ceci, le ou les voisins hurlent dans le vide, ici même, pas loin, ils ne savent pas pourquoi), personne ne se souvient de Bergouze (Bernalin, de son vrai nom : année en B ?) ; personne non plus n'a connu Balbec, hors moi. Je sais bien qu'il est stupide de s'attacher à un... à un... De s'attacher, quoi.
Ces créatures meurent ? Oui, sans doute. Le silence règne. Le silence règne, néanmoins – ils meurent en parfait silence. Ils nous regardent, et nous non. Ils ne savent pas, on sait, on détourne les yeux – on a honte. Des chiens simplement, la brume au fond du cerveau, vous ne pouvez pas savoir – Balbec.
(Nom qui claque, chien qui claque. Je reviendrai et, cette fois, promis, je te préviendrai – truffe au ras du sol, yeux très mobiles –, le poinçon dans la colonne, douleur ? pas douleur ? je te le dirai, promis.)
Et, à peine les premiers mots tracés, l'orage se fait entendre (je te jure que c'est vrai –tu as peur, tu trembles dans la cuisine, dans une maison déjà oubliée – nous sommes comme ça, nous autres). Il m'arrive de prononcer ton nom (quand je suis bien seul), mais Swann s'en moque, il est l'oubli même, n'est-ce pas ? Il est le chien qui reste, le survivant – mais de quoi ? Par à-coup (orthographe et accord incertains : le temps de le noter, le calme revient, tu dois y être pour quelque chose, chien ! chien ! Plus petit, personne ne nous entend : chien...)
Il est encore là. Combien de temps ? Il est encore là. Tu es encore ici. Le mufle posé, tranquille, les yeux qui... les yeux.
C'est au fond toujours la même chose: les gens que j'aime meurent avec une facilité remarquable – les chiens pareil. Par exemple (pendant que je tente d'écrire ceci, le ou les voisins hurlent dans le vide, ici même, pas loin, ils ne savent pas pourquoi), personne ne se souvient de Bergouze (Bernalin, de son vrai nom : année en B ?) ; personne non plus n'a connu Balbec, hors moi. Je sais bien qu'il est stupide de s'attacher à un... à un... De s'attacher, quoi.
Ces créatures meurent ? Oui, sans doute. Le silence règne. Le silence règne, néanmoins – ils meurent en parfait silence. Ils nous regardent, et nous non. Ils ne savent pas, on sait, on détourne les yeux – on a honte. Des chiens simplement, la brume au fond du cerveau, vous ne pouvez pas savoir – Balbec.
(Nom qui claque, chien qui claque. Je reviendrai et, cette fois, promis, je te préviendrai – truffe au ras du sol, yeux très mobiles –, le poinçon dans la colonne, douleur ? pas douleur ? je te le dirai, promis.)
Et, à peine les premiers mots tracés, l'orage se fait entendre (je te jure que c'est vrai –tu as peur, tu trembles dans la cuisine, dans une maison déjà oubliée – nous sommes comme ça, nous autres). Il m'arrive de prononcer ton nom (quand je suis bien seul), mais Swann s'en moque, il est l'oubli même, n'est-ce pas ? Il est le chien qui reste, le survivant – mais de quoi ? Par à-coup (orthographe et accord incertains : le temps de le noter, le calme revient, tu dois y être pour quelque chose, chien ! chien ! Plus petit, personne ne nous entend : chien...)
Il est encore là. Combien de temps ? Il est encore là. Tu es encore ici. Le mufle posé, tranquille, les yeux qui... les yeux.
Vous êtes tout de même bien meilleur en autobiographie nostalgique (limite celestienne) qu'en roman. A mon avis vous devriez même renoncer aux romans HLM, si vous tenez aux bâtiments, y a les chenils, les écuries, les arches...
RépondreSupprimerOn n'a qu'un chien dans une vie. Parfois deux, avec celui de son enfance. Les autres sont gentils, aimables, mais ils ne sont pas lui.
RépondreSupprimerBelle page.
RépondreSupprimerChristine a fort bien parlé.
RépondreSupprimer"Ils ne savent pas, on sait".
RépondreSupprimerNon, je crois qu'ils savent aussi. Il y a quelques années, j'avais un labrador, un teckel et un chat. Le labrador était très mal en point et un après-midi, j'ai vu le teckel et le chat s'installer tout près du labrador et le regarder. Ils sont restés là des heures sans bouger. Le labrador est mort en fin d'après-midi.
Suzanne, vous avez raison!
Bon courage... Et merci pour ce beau billet
RépondreSupprimerPareil ! Bon courage...
RépondreSupprimerMerci, les gens.
RépondreSupprimer"Ils ne savent pas, on sait".
RépondreSupprimerOn sait quoi? Qu'on va mourir, eux et nous? C'est tout ce qu'on sait. C'est peu.
oui, bon courage, Didier.
RépondreSupprimerGamine,j'avais un chat, un gros matou sympa qui faisait la bleue de temps à autre et nous revenait tout mal en point. Mes parents disaient sobrement: "il s'est encore battu!" et moi je me disais "mais pourquoi il se bat toujours comme ça, lui si tranquille". Je ne "savais" pas :)
Un jour, sa virée a dû mal tourner et je me suis dit que c'était mon dernier chat. Mon enfance s'est terminée.
Comme Houellebecq, vous semblez aimer inconditionnellement les chiens. Je vous permets de vous signaler l'existence d'une belle et mélancolique chanson d'amour adressée à un chien (la seule que je connaisse, mais peut-être en existe-t-il d'autres), qui s'écoute ici. Les paroles sont là.
RépondreSupprimerComment voulez-vous donc qu'on commente ça, nous ?
RépondreSupprimerPeut-être que vivre avec un chien permet de s'habituer petit à petit à la mort qui viendra ?
RépondreSupprimerJe pense que le mieux est encore d'aller tous ensemble se refaire une santé au suçodrome...
RépondreSupprimerBon courage.
RépondreSupprimerAnnie
Est-ce que les animaux ont une âme ? Vaste question qui fut débattue large à la fin du moyen-âge je crois.
RépondreSupprimerEncore faut-il savoir ce qu'est un corps, un esprit et donc une âme.
Ceux qui répondent "oui" comme vous le faites en beauté dans ce billet, Didier, sont des "maîtres" des êtres "alpha"
Ceux qui ne peuvent ou ne veulent répondre, sont encore des (beaux) apprentis de la vie.
Ceux qui disent "non" sont des cons.
Moi, je parle souvent à un ours en peluche — qui ne réclame jamais sa pâtée, mais dans lequel j'ai toute confiance. (Il ne le sait pas.. Quoique...)
Bon courage...Je comprends...Je viens de vivre la même tragédie, c'était le 16 juin au soir. Je suis encore anéantie. Il y aura toujours un manque. Il est là, il m'attend... avec d'autres animaux beaucoup aimés, il m'a ouvert la voie. S'il existe un au-delà nous nous retrouverons.
RépondreSupprimerPour tous ceux qui se penchent sur le monde animal avec intérêt, je voudrais signaler ce livre intelligent : "La fabuleuse aventure des hommes et des animaux" BORIS CYRULNIK - Pluriel - Hachette Littératures -
un homme qui aime son chien ne peut pas être totalement mauvais....
RépondreSupprimervous êtes touchant monsieur Goux
Merci bien...
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