mercredi 17 novembre 2010

L'incroyable toupet de ces mots ricaneurs

Grosso modo, les mots peuvent être classées en trois catégoriques, dont les deux premières au moins seront je pense admises par tout le monde. Il y a d'abord les mots dont on comprend immédiatement ce qu'ils signifient – même si on serait souvent bien en peine d'en donner une définition claire et simple –, parce qu'on les voit régulièrement repasser devant nos yeux ou nos oreilles, qu'on les utilise soi-même, etc. Viennent ensuite les mots dont on ignore totalement la signification, soit parce qu'ils sont très compliqués, soit parce qu'on ne les a encore jamais vus et qu'ils ne se laissent pas déduire du contexte dans lequel ils viennent d'apparaître, soit un peu de ces deux causes. Enfin arrivent, en tout cas pour moi, les mots ricaneurs, qui vous ont déjà valu le superbe alexandrin avec césure à l'hémistiche du titre de ce billet.

Les irritants vocables que j'ai baptisés de cette manière sont ceux qui refusent de s'imprimer dans la mémoire ; qui, chaque fois qu'ils apparaissent au détour d'un paragraphe (le mot ricaneur est essentiellement un mot lu), semblent vous regarder droit dans les yeux avec un petit sourire d'une féroce ironie, voire sauter hors de la page pour un magistral pied-de-nez. Ils vous obligent alors à vous lever et à empoigner le dictionnaire afin d'aller pour la dixième ou trentième fois vous enquérir de leur définition – sachant que, à la prochaine occurrence, la onzième ou la trente-et-unième, il vous faudra recommencer à subir le même ricanement et un nouveau déplacement vers l'étagère à dictionnaires.

Ces mots ricaneurs, en ce qui me concerne, doivent représenter quelques dizaines, à première et grossière évaluation, mais il ne m'en revient pour le moment qu'une petite poignée, que je vous livre telle quelle :

Idiosyncrasie, subsumer, inchoatif, heuristique, et même cette bonne vieille philologie dont je ne suis jamais capable de me rappeler ce qu'elle peut bien avoir comme champ d'étude. C'est parfois dur, la vie de bulot.

19 commentaires:

  1. Vous en citez cinq.
    Pour moi c'est 5/5
    Je me précipite sur le dico...
    (non, je dis ça pour meubler, j'irai voir plus tard... le whisky m'attend)

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  2. "Qu'une petite poignée" ? Chapeau bas dans ce cas !
    En ce qui me concerne, je dirai bien ...un peu plus !

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  3. Plouc & Corto : qu'on se comprenne bien, je ne parle pas des mots dont j'ignore le sens, mais de ceux dont ce même sens refuse de se graver dans ma mémoire, malgré vingt ou trente vérifications. Ce sont des mots qui, lorsque je retombe sur leur définition, me font venir mentalement ce type d'exclamation : « Ah oui, c'est vrai ! »

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  4. oh mais je l'entendais bien ainsi cher didier. Et je trouve votre definition de ce qu'est un "mot ricaneur" parfaite

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  5. syncrétisme me l'a souvent fait. Et j'ai fini par comprendre qu'il était vachement mal orthographié. Il aurait du s'écrire saint-crétinisme. Très moderne en plus. Anomie aussi me le faisait mais la réalité a bien fini par me le faire rentrer dans la tête.

    Concernant vos mots ricaneurs, ils sont intéressants.

    Heuristique, ça va pour moi mais dans sa dimension disons mathématique (formation oblige) - c'est une astuce pour faire simple.

    Subsumer : je ne le connaissais pas mais je le comprends bien désormais puisque mon blog (et le votre aussi) est classé d'extrême droite. Le mec qui a fait ça m'a "subsumé".

    Inchoatif : putain, je le comprends pas, je veux dire son sens même !

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  6. Ah ! Inchoatif! (fastoche;-) => désigne ce qui fait commencement dans un process ..
    Perso c'est plutôt des ricanements d' orthographe à quoi j'ai droit: maintenant ou maintenand? bon un t , ok etc...

    ( quoique les noèmes en ce moment refusent de devenir un concept clair; mébon c'est Husserl aussi, je sais pas si ça compte?)

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  7. Je vous propose procrastination, chiasme, prolégomène et coquecigrue

    Duga

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  8. On a chacun les siens, évidemment. Le problème de l'orthographe existe aussi, mais je n'arrive pas à discerner s'il est du même ordre ou d'un ordre voisin.

    (Il m'a fallu environ 20 ans pour ne plus hésiter entre d'abord et dabord. Et je reste assez fâché avec les accents circonflexes, je ne sais pourquoi.)

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  9. Ceux qui ont fait du latin ont moins de problème car l'accent circonflexe a souvent remplacé le "s" du mot latin correspondant ou d'un mot français proche (hôpital - hospitalité). Mais ça ne couvre qu'une partie du problème.

    Par ailleurs, je vous ai apporté une réponse au "Trou noir, mon oeil". Mais c'est surement trop tard.

    Duga

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  10. Duga : non, non, je l'ai lu avec attention. Mais j'étais un peu pris par mes petits travaux alimentaires, au moment où elle est arrivée...

    Et, là, il y a Capra qui m'attend dans la télé !

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  11. Duga,

    "The Procrastinator" pourtant ! Bon sang de bois !

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  12. @ Mr Goux
    Et moi j'ai foot (Angleterre France)

    @ Dorham
    Cékoidon ? Si c'est un film américain, faut savoir que j'ai dû arrêter d'en regarder il y a 40 / 45 ans.

    Duga

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  13. Immarcescible et irréfragable.

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  14. et aussi "akounta", derrière le p.

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  15. Duga,

    Mais quoi, purée ?
    Un des meilleurs albums de Lee Morgan...
    "The Procrastinator"

    Triste fin d'ailleurs ! (pour Lee Morgan)

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  16. Pareil pour la catégorie des mots ricaneurs, et chez moi, elle vient de s'enrichir de subsumer, inchoatif —pour idiosyncrasie il faut j'aille vérifier dans le dictionnaire…

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  17. Didier, vous souffrez d'une "maladie idiosyncratique" (du vécu, chez le médecin - un mot à 110 Euros, je m'en souviens).

    Vous pourriez vous infligez, ou faire infliger une punition par votre entourage. Quelque chose de marquant, par exemple participer à un lâcher de ballons pour la Palestine, apprendre par coeur, et déclamer à voix haute des articles de plume de presse ... Quoique vous risqueriez d'y trouver un plaisir pervers.

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  18. Moi qui pensait qu'Alzheimer me guettait, je suis content de n'être pas seul à oublier ce que j'ai cherché la veille dans le dictionnaire... je n'en avais jamais parlé avant... c'est très personnel, comme problème... une sorte de déficience honteuse, comme le sont certaines maladies.

    Laurent l'Anonyme

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  19. J'ajouterais une troisième catégorie : les mots intraduisibles (comme "saudade", l'exemple type, ou TGIF), on essaie désespérément de les expliquer, tout en sachant qu'ils sont d'un autre monde.

    Oh, cette photo n'est pas sans me rappeler quelque chose... dans une vie passée, je crois.

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.