vendredi 2 juillet 2010

L'ennui m'anesthésie

Suite à mon coup de sang d'hier soir contre un branquignol anonyme, Nicolas (et hop ! pas de lien...) m'a laissé le commentaire suivant :

Didier,

Z'êtes énervé, là ! Mais je comprends. Ce que je ne comprends pas c'est que vous ne vouliez pas envoyer chier des commentateurs, virer des commentaires... alors que vous êtes dans votre espace privé ! C'est facile.

J'en ai viré des tonnes, chez moi (je ne vous ai jamais viré malgré nos débuts houleux), ça ne fait aucun bien à part soulager et rester chez vous... Je ne vois franchement pas l'intérêt de garder des connards dans vos commentaires au simple nom de la liberté d'expression.

Rappelez vous votre passé nazi, bordel ! Censurez !

Je pourrais rester dans le ton de la dernière ligne et répliquer que c'est justement pour faire oublier mon passé nazi, mon engagement enthousiaste dans la Légion Charlemagne, que je fais mine d'être attaché à la liberté d'expression. Mais soyons sérieux cinq minutes – si on peut. Je comprends très bien la position de Nicolas : il part du fait qu'un blog constitue l'espace privé de son tenancier – ce qui est vrai – et que, donc, il n'a pas à y tolérer les critiques abusives, encore moins les insultes – et c'est là que je suis moins d'accord.

Le blog est certes un espace privé, mais ce qui s'y donne à entendre c'est une parole publique ; tellement publique même que, le plus souvent, elle cherche à attirer des lecteurs et, si possible, des commentateurs. Ma position est que toute personne s'arrogeant le droit de parler en public, ayant la prétention d'intéresser autrui à ses petites histoire, doit ipso facto accepter de recevoir une autre parole en retour, fût-elle parfois désagréable, ou simplement stupide. Voilà pourquoi je ne censure pas, sauf cas évident de trollage systématique – ou petit coup de “ras-le-bol” momentané.

Du reste, la remarque de Nicolas venait un peu à contretemps car, pour ce qui est de l'anonyme d'hier, je n'avais, en dehors de son anonymat justement, aucune raison de le censurer : il n'était pas agressif, pas injurieux envers moi ni qui que ce soit d'autre. Il a simplement proféré une ânerie que j'ai entendue mille fois. Et il a joué le rôle toujours peu enviable de la goutte de bière qui fait déborder la mousse (ça, c'est pour tenter de retenir le dit Nicolas).

Car il se trouvera toujours des imbéciles, si vous êtes amené à lire des livres sur le goulag et à en parler, pour vous suggérer finement d'aller voir un peu ce qui se passait dans les camps nazis, sous-entendant comme allant de soi que, bien sûr, vous en ignorez tout puisque vous ne parlez que du goulag. Ils sont de la même race (oui, je l'ai fait exprès) que ces gens qui ne peuvent s'empêcher de vous balancer les Croisades à la figure dès que vous dites un mot de travers sur l'islam. Là encore, il semble entendu que ne pas vouloir d'une mosquée au fond de son jardin implique que l'on ignore tout d'Urbain II, de l'appel de Clermont, de Godefroy de Bouillon, du krak des chevaliers, etc.

Le pithécanthope d'hier m'a d'autant plus énervé que je me suis longuement intéressé aux camps de la mort, et ce bien avant d'avoir jamais lu le moindre livre sur les goulags. Ma première lecture de Primo Levi doit remonter à 1981 ou 82 et je n'ai ouvert L'Archipel du goulag qu'au moins dix ans plus tard. Alors, hein : camembert.

Vous voyez, Nicolas : un avantage collatéral du fait de garder tous les commentaires, c'est qu'ils vous fournissent parfois votre billet du lendemain...

17 commentaires:

  1. Cette idée du blog comme d'"un espace privé" mériterait au moins d'être interrogée.

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  2. C'est ce que je me suis dit en l'écrivant, que cela n'allait pas autant de soi que je semblais le dire.

    Mais pas le temps, là...

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  3. Je pense que si vous censuriez, vous auriez moins de fréquentation : qui a envie de ne lire que des approbations lénifiantes (et parfois exagérément flatteuses) ?

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  4. Je comprends votre énervement, mais citer du François Bérenger dans votre titre, quand même!

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  5. Playboy : Avez-vous grandi en pensant au fait que vous étiez juif ?

    Dylan : Non. Je n'ai jamais eu le sentiment d'être juif. Je ne me suis jamais vraiment considéré comme un juif ou un non-juif. Je n'étais pas immergé dans un milieu juif. Je ne suis patriote d'aucun credo. Je crois en tout comme en rien. Un chrétien dévot ou un musulman peut être aussi juste et valide qu'un dévot juif.
    http://www.bobdylan-fr.com/articles/playboy1978.html

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  6. Anonyme : tant qu'à citer Play Boy, pourriez mettre des photos, merde !

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  7. Olivier : je me demandais si quelqu'un allait relever...

    Fraznssoit : oh, putain d'Adèle ! La honte !

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  8. tout n'est pas perdu si vous citez du François Béranger :)

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  9. "il n'a pas à y tolérer les critiques abusives, encore moins les insultes "
    J'ai été virée du blog de Nicolas sans avoir fait de critiques abusives ni proféré d'insultes. Simplement parce que ce que je disais ne lui plaisait pas.
    Je ne le regrette pas, d'ailleurs.

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  10. Moi non plus. Carine, il y a une manière de dire sans prendre les gens de haut. Mais surtout, pour moi, pour répondre au billet de Didier, mon blog est mon espace de loisir pas mon espace de prétention intellectuelle et je n'ai aucune envie de tolérer qu'on m'y emmerde.

    C'est comme au comptoir d'un bistro, si un casse-couilles vous branche, ça vous gâche votre loisir.

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  11. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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  12. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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  13. Les commentaires supprimés par un "administrateur du blog" n'étaient pas ma réponse à Nicolas, hein!
    Parce qu'il n'y en aura pas.

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  14. Carine : non, c'était juste un con. Ou deux, peut-être.

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  15. Adieu, bloggomonde cruel?18 juillet 2010 à 01:01

    Votre présence sur le Net étant en soi casse-couilles, vous devriez aussi vous virer de ce blog... pour rester dans la logique nicolasque.

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.