vendredi 1 janvier 2021

L'Aigle et le Petit Duc

En décembre, nous ne fûmes pas à l'abri de Meaux.

(Je sais, je sais…)

 

43 commentaires:

  1. Normalement, avec l'habitude, on finit par s'y faire, au français de Montaigne. Moi ce sont quelques-unes de ses idées que j'ai du mal à avaler. Il est quand même le père de tout ce relativisme idiot qui nous oblige à admirer le cannibalisme et autres coutumes du même tonneau...

    Dites, vous n'auriez pas laissé un "peuvent entrer de plein pied", dans cette livraison, à seule fin de voir qui vous humilierait le premier en vous le signalant bruyamment ?

    Pour finir : jolie lettre reçue d'une de vos fans. Éloge pleinement mérité.

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    1. Ah, non, zut de flûte : il m'a échappé, ce "plein"-là !

      Tant pis pour moi, je le laisse.

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    2. Sinon, vous avez raison, pour ce qui concerne le "relativisme" de Montaigne. Heureusement, ça n'occupe qu'une très petite part de l'œuvre.

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    3. @Marco Polo: belle illustration involontaire de la justesse du relativisme de Montaigne ! La question n'est-elle pas plutôt " En quoi le cannibalisme devrait-il être condamnable en soi ?" Uniquement par tout ce que nous y mettons de symbolique... et que certains (les catholiques) ont d'ailleurs conservé à la messe "Ceci est ma chair, mon sang, etc. ".
      Vous me direz: " IL y a le risque de choper un Kreuzfeld-Jacob", mais croyez-vous que nous le savions, à l'époque où nous l'avons abandonné pour le conserver symboliquement dans l'ostie, comme nous avons abandonné les sacrifices humains pour passer au bouc émissaire.

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    4. (suite et fin) ... tout comme nous avons abandonné les sacrifices humains de beaux jeunes gens pour rendre la terre fertile, comme en témoignent les légendes de Hyacinthe et de Narcisse devenus fleurs...

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    5. Cher M. Arié : on se demande un peu pourquoi on a abandonné les sacrifices humains, si tout se vaut, et ce qui nous empêche d'y revenir. Si vraiment l'habitude faisait seule la valeur d'une coutume, comment expliquez-vous qu'on en change quelquefois, et qu'il nous arrive (à nous occidentaux en tout cas) de critiquer nos propres valeurs ?
      Élève Arié, vous avez deux heures.

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    6. Une dissert' en pleines périodes de vacances : vous êtes dur avec ce pauvre Arié, je trouve !

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    7. @Elle Arie : "pour le conserver symboliquement dans l'ostie" Mais non ! Pour un vrai catholique la chair du Christ est REELLEMENT présente dans l'hostie (transsubstantiation).

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    8. 2 heures, pour constater qu'il n'existe aucun pays où des gens ne critiquent leurs propres valeurs ( lorsqu'on leur laisse la parole ) ?
      Mais revenons au point de départ : en quoi le rejet du cannibalisme serait-il un usage qu'il faudrait admirer davantage que sa pratique ?

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    9. Je crois que vous vous illusionnez sévèrement sur les capacités d'autocritique en dehors de notre Occident, où elles sont d'ailleurs aujourd'hui poussées outre mesure.

      Quant à votre question sur le cannibalisme, elle m'étonne un peu, car vous devriez préciser de quel type de cannibalisme vous parlez. Il y en a au moins deux : le cannibalisme "négatif", comme dit Lévi-Strauss, où il s'agit de manger de la chair humaine parce qu'il n'y a rien d'autre à se mettre sous la dent, et le cannibalisme "positif" (mais ici cela ne veut pas dire que c'est bien), où il s'agit de récupérer quelque chose du défunt, en l'ingérant (généralement on ne consomme qu'une petite partie du bonhomme), alors qu'il y a pléthore de choses à manger par ailleurs.

      Le cannibalisme "négatif" n'est pas vraiment un scandale moral; c'est un expédient auquel des gens très bien ont pu avoir recours, à condition de ne pas tuer des hommes spécialement pour cela, bien entendu (car tuer un innocent pour survivre, c'est mal). Mais s'il s'agit de manger des morts plutôt que de crever de faim, je crois que cela peut se concevoir.

      Le cannibalisme positif est plus difficile à justifier, mais cela nous place sur un plan métaphysique. Disons que la civilisation qui distingue le corps (et donc la chair) de l'esprit me paraît objectivement supérieure à celle qui les confond et qui croit qu'en mangeant un bout de viande de lapin (ou de bonhomme) on ingère son "esprit", ses vertus, sa force, ou bien (autre version), que l'on neutralise ainsi ses forces susceptibles de venir nous jouer de vilains tours post mortem.

      Je reconnais qu'il est possible, comme le fait Lévi-Strauss (mal inspiré par Montaigne sur ce point), de considérer comme moralement acceptable cette croyance en l'identité du corps et de l'esprit. C'est en effet une croyance comparable à celle qui est traditionnellement la nôtre, en Occident, qui pour en être l'inverse n'en reste pas moins du même type. Il me semble, à moi, que le dualisme se défend mieux, même s'il n'est plus à la mode.

      On pourrait également évoquer le cannibalisme pathologique qui anime quelques-uns de nos meilleurs criminels psychopathes, mais je suppose que vous n'aurez pas le mauvais goût de venir en défendre le principe.

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    10. Et voilà : finalement c'est moi qui ai fait la dissertation... Vous êtes un roublard, M. Arié !

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    11. À propos de cannibalisme, il y en a une troisième sorte : le cannibalisme "prévoyant", si je puis dire. Dans ses Récits de la Kolyma, Chalamov raconte que quand un "droit commun" voulait tenter de s'évader de son camp sibérien, il prenait parfois la précaution de s'associer avec un "politique", par nature moins soupçonneux et retors. Le but était, pour le truand, une fois que leurs maigres "provisions de voyage" auraient été épuisées, de tuer et de manger son co-évadé.

      C'est à ce genre de détail qu'on comprend mieux en quoi le communisme est l'avenir radieux du genre humain.

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    12. Les "politiques" ont toujours été de grands naïfs...

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    13. @ Marco Polo : allez, comme on commence à se connaître, je vous mets la moyenne ( pas plus, parce que le cannibalisme psychopathologique mériterait d'être développé : on qualifie trop facilement de psychopathologique ce que l'on ne comprend pas; pour moi, il s'apparente beaucoup à votre 2ème variante du "cannibalisme positif")

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    14. @ Marco Polo, suite : n'y a-t-il pas, dans le cannibalisme psycho-pathologique, une composante sexuelle et pédophile, que nous partageons lorsque nous disons d'une belle fille ou d'un bel enfant qu'ils sont " à croquer" ?

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    15. Vous avez oublié de distinguer ce qui se fait classiquement : l'anthropophagie exogamique de l'endogamique, qui consiste à manger ses morts, littéralement, probablement plutôt pour des raisons rituelles plutôt qu'alimentaires.

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    16. "A croquer" : le fait que vous rappeliez cette expression vous désigne comme un heureux natif d'avant-guerre, M. Arié ; aujourd'hui on dit d'une jolie fille qu'elle est "bonne", tout simplement. Ce qui ne manquera pas de vous donner du grain à moudre.

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    17. # dsl: et la preuve que c'était pour des raisons rituelles plutôt que gastronomiques,c'est qu'ils ne se gardaient pas les diabétiques pour le dessert.

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    18. « A croquer » -> croquis -> esquisse = faire une esquisse de ...

      Hélène

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  2. De l'Histoire encore de l'Histoire et pour finir nous serons vaincus !
    Merci pour ce rappel à Hélie de Saint-Marc que je croisais quelquefois dans le métro de Lyon à la fin de sa vie. Je ne connaissais pas ce film mais j'avais lu "Les Champs de Braise" à leur sortie.
    Et évidemment rien sur Hervé Le Tellier et son roman : "L'anomalie" ? Pensez-donc il a eu le Goncourt !
    Pourtant son roman est intelligent, intrigant, et si passionnant et distrayant à lire qu'il vaut sans doute mieux n'en pas parler ?

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    1. Mais enfin, comment voulez-vous que je parle d'un livre que je n'ai pas lu ?

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    2. Je n'avais jamais entendu parler de cet auteur, mais je l'ai vu à La Revue de Presse et j'ai eu envie de voir ce qu'il en était de ce personnage qui m'avait paru un peu décalé dans ce milieu chansonnier.
      Au bout de 78 pages je suis conquise, moi qui me croyais devenue incapable de lire des romans. Je vais de surprise en surprise, et cela ne fait que commencer !

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    3. @ Didier Goux : mais n'est-ce pas ce que font tous les critiques et les membres de jurys qui décernent les prix littéraires ?

      En tous cas, j'en tiens la preuce pour un critique musical d'un grand quotidien de référence du soir. Critique des 2 parties d'un concert de musique classique, donné une seule fois. Manque de bol: j'y étais ( et pas unique spectateur !): suite à une indisposition du soliste, la 2ème partie a été remplacée par un autre morceau que celui qui avait été critiqué... Ne vous moquez pas, ce critique est très fort, pour savoir ce qu'il aurait été s'il avait été joué !

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  3. Continuez, vous êtes sur la bonne voie pour gagner votre rond de serviette !

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  4. "Époque de merde" me paraît à la fois trop faible et inadapté.

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  5. Si vous continuez à faire du mauvais esprit, on va lui refiler le vôtre, de rond de serviette !

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  6. Mais si, vous êtes prescripteur de lectures : c'est grâce à vous que j'ai lu Les Messieurs Golovleff et que j'ai acheté l'œuvre intégrale de Mrs. Gaskell
    C'est dommage que Madame de Rennes ne commente pas

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    1. Je crois bien qu'elle a fait une timide apparition il y a quelques jours…

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  7. C'est normal : pour comprendre Didier G., il faut d'abord posséder son Robert H. à fond.

    (Entre nous, quel mauvais film que ces Misérables-là : la scèbe des barricades au ralenti : on ne fait pas plus kitsch. Je ne sauverais que Michel Bouquet en Javert, là-dedans.)

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  8. A propos du retour de Marco Polo parmi nous, souhaitons que l'Aigle ne fasse pas trop d'ombre au Petit Duc !
    Quant à ma lecture, j'en suis rendue à la page 127, et là, force m'est de constater que c'est un livre pour mecs, ce qui réduit sensiblement le nombre de lecteurs potentiels puisque paraît-il, ce sont les femmes qui forment la cohorte la plus importante des lect.eur.rice.s de romans !
    Et quand je dis "livre pour mecs", je dois même ajouter pas n'importe quels mecs !
    Car de même qu'il n'y est question ni de marivaudages, ni même de ravaudages qui pourraient éventuellement intéresser les femmes, de même, il rebutera tous ceux que les enfantillages sexuels - style Brigade Mondaine, bien représentée ici - excitent.
    Je lis, page 120 : "... Son désir, sa tristesse, ses angoisses ont fait peu à peu perdre à André toute prudence, et plusieurs fois, il a maladroitement insisté, mais existe-t-il une insistance habile ? Nié dans son être, frustré dans son corps, il n'a plus su où trouver un second centre de gravité. Combien de temps lui reste-t-il encore pour être un homme ? L'âge le fragilisait, avec ce fichu 6 pour chiffre des dizaines..."

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    1. Sérieusement, c'est avec ce genre de phrases que vous comptez recruter des adeptes pour votre poulain goncourisé ?

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    2. J'en ai une autre qui peut-être vous parlera plus : "Toute gloire ne saurait être qu'une imposture, sauf peut-être dans la course à pied. Mais je suspecte quiconque affirme la dédaigner d'enrager d'avoir seulement dû y renoncer."
      Mais ne vous y trompez pas, je ne cherche pas à "recruter des adeptes" à cet auteur qui n'a pas besoin de moi pour cela. Monsieur Gallimard s'en est très bien chargé comme chacun sait.
      J'essaie seulement de parler d'un livre très mystérieux pour moi, au fur et à mesure que je le lis, et ce n'est pas facile.

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    3. « Mais je suspecte quiconque affirme la dédaigner d'enrager d'avoir seulement dû y renoncer. »

      Six verbes à la queue-leu-leu. Tout cela pour exprimer une "pensée" nettement mieux dite par un certain La Fontaine voilà plus de trois siècles : « Ils sont trop verts et bons pour des goujats. »

      Et tout cela au service d'un paradoxe tels qu'on croit brillant d'en former quand on a 16 ou 17 ans et qu'on cherche comment faire le malin auprès des parents (toute gloire est imposture sauf la course à pied).

      Non, décidément, je vous le laisse, votre Gallimardeux !

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  9. Le 2 Décembre, pas un mot sur Austerlitz,pourtant quelle victoire, très peu fêtée en France mais très bien reconstituée souvent par les descendants de ceux qui ont pris une branlée.

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  10. Ne dit-on pas "n'en avoir rien à fiche" plutôt qu'"à ficher" ? De ma lointaine enfance banlieusarde m'est venue ce soupçon que des recherches sur le Net ont confirmé.

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    1. On rencontre les deux (chez les écrivains, veux-je dire). Mais je vous accorde que l'infinitif "fiche" est plus usité.

      Du reste, on y réfléchissant, dans la mesure où, au passé composé, on dit "je m'en suis fichu", la forme du participe passé semblerait indiquer que l'on a affaire à un verbe du troisième groupe, pour lequel l'infinitif "ficher" serait donc inadapté.

      Mais enfin, il n'est pas clair, ce verbe ! Je propose que, la prochaine fois, on le remplace par "foutre". au moins, là, on sait où on met les pieds… si je puis dire.

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    2. En principe, vous utilisez plus souvent l'expression "contrepignoler" qui revient à peu près au même.

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  11. Question 2021:
    Qui a dit que les spouts sont transformés en tuples avant d'être envoyés à un ou plusieurs bolts.
    Réponse :
    Juvénal

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  12. Je me suis régalée en lisant votre journal de décembre. La dame de Rennes a raison, n'importe comment, il faut le dire !
    Même si je n'ai pas toutes les billes (loin s'en faut !)pour vous recevoir 5 sur 5, tout m'intéresse (plus ou moins), m'amuse, me fait rire (l'histoire de la boulangère...sadique), me donne à réfléchir...
    Je ne me sens pas écrasée ni exclue, c'est le principal...
    Je voudrais dire bien d'autres choses, mais ce n'est pas facile à commenter, un journal...
    Meilleurs voeux pour la nouvelle année à vous et Catherine, sans oublier votre chien Charlus !

    Bibi

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    1. Merci beaucoup. Et je vous souhaite également une année aussi peu catastrophique que possible…

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  13. Bonne année les Goux le chien les chats et les poules. Le truc sur la muselière m' a bien fait rire. Et les discours des lecteurs sur l'anthropophagie comme ci ou comme ça aussi.

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    1. L'anthropophagie est un sujet que l'on néglige trop souvent, en effet !

      Excellente année à vous, au Père Castor et à toute la bande !

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.