dimanche 10 janvier 2021

Les frères ennemis totalitaires


Dans un article qu'il publie le 5 avril 1933, intitulé “Quels alliés contre le fascisme ?”, le journaliste tchèque Ferdinand Peroutka écrit ceci (c'est moi qui souligne) : « L'internationale communiste est responsable de cette idéologie de la guerre civile et de la lutte pour le pouvoir où “tout est permis”. Si cette idéologie n'existait pas, jamais une telle barbarie ne se serait développée, ni un tel désir de se jeter dans la lutte pour le pouvoir total. La psychologie du communisme est la mère de toutes les espèces de fascisme. » 

Que le communisme ait, tel un surgeon, engendré le nazisme, que Hitler soit sorti tout armé de Lénine comme Athéna du crâne de Zeus, voilà qui, à une conscience lucide, était donc perceptible dès 1933. On trouvera pourtant encore, de nos jours, quelques esprits attardés pour s'indigner d'un semblable rapprochement, voire hurler au blasphème. 

Peroutka conclut son article en une formule “tranchante” : « Entre le communisme et le fascisme, le seul débat consiste à se demander si la démocratie doit se faire poignarder dans le dos ou dans la poitrine. » 

Comme la lucidité se paie toujours comptant, les nazis expédieront Peroutka à Buchenwald, après quoi les communistes le contraindront à l'exil américain pour les trente dernières années de sa vie ; années durant lesquelles il écrira cet ample et somptueux roman qu'est Le Nuage et la Valse, dont j'ai commencé la relecture dès potron-minet.

31 commentaires:

  1. Lénine et ses sbires avaient également beaucoup d'admiration pour Robespierre et Saint-Just. Ils en avaient aussi tellement pour Marat que, chez les Russes de cette époque, son nom était donné en prénom aux enfants.

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  2. ( version expurgée de trop nombreuses fautes de frappe)

    Etes-vous sûr que les communistes aient été les premier à avoir pensé que " pour la lutte pour le pouvoir,tout était permis" ? Il me semble que non seulement Gengis - Khan ou Assurbanipal eux-mêmes n'avaient rien inventé, que l'idée de justifier la chose ne leur serait même pas venue à l'esprit tant elle leur semblait aller de soi, et,que l'on pourrait leur trouver bien des prédécesseurs et des successeurs.

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  3. Voilà qui me fait ressortir la thèse de Raynald Secher de ma bibliothèque. "La Vendée-Vengé" sous-titré "Le génocide franco-français".
    Dans son avant-propos il écrit : "Vingt ans après, je me souviens d'avoir pris conscience du crime commis en Vendée... Comment rester insensible lorsque 421 massacres sur une population estimée à 3 200 personnes ont été enregistrés ? Mais quand 770 communes sont concernées, on est acculé à se poser des questions de fond... en Vendée, l'impensable y a été fait (tanneries de peaux humaines, fonte des graisses); l'inimaginable a été essayé (mines antipersonnel, empoisonnement à grande échelle, gazage...). La Vendée a été un laboratoire grandeur nature... j'ai dû reconstruire la courroie de transmission afin de répondre aux questions de fond : qui ? pourquoi ? comment ? Personne à l'Université ne s'était jamais posé de telles questions. En pays de droit, la décision n'avait pu être prise qu'au plus haut niveau de l'État, c'est-à-dire par la Convention. Phénomène unique dans l'histoire et comble du paradoxe, la décision d'anéantir la Vendée et d'exterminer sa population a bien été prise par les représentants du peuple souverain...
    En 1985, je ne m'expliquais pas pourquoi on voulait réduire le fait vendéen à un massacre, voire à une bavure. Je m'étonnais encore plus des propositions avancées pour acheter mon silence : argent, honneurs poste à l'Université, au nom d'une pseudo-raison d'État..."

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    1. A peine posté ce commentaire voici ce que je découvre dans ma boîte à mails :

      http://r.m.guillaumepeltier.fr/mk/mr/LdW4yIVPLOI3MXvUIgZDZPteyUfepgl29nTdLnJ96J7BX3KJRx0JnkRuUk2f1TamNsNGbElk2HUoiceHQwISCk37eZiAmhPjwd64IFVaTC96PS_j2A

      Ceci compensant sans doute cela ?

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    2. On vous dira ça quand vous daignerez faire des liens utilisables…

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    3. Oui, j'ai vu que le lien était pourri.
      En fait il s'agissait d'une lettre de Guillaume Peltier commençant ainsi :

      "Chers amis,
      Je viens de découvrir que le Gouvernement entend contraindre nos villes et nos villages à accueillir des milliers de migrants qui arrivent en France..."

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    4. Fredi, je vous remercie ! Un simple "Bravo !" ne rend pas assez hommage à votre dévouement. Si vous me le permettez, j'irai demain dès l'aurore, traîner mes guêtres chez vous ?

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  4. Le fascisme et le communisme ne sont pas de même nature, même s'ils peuvent en avoir quelques formes communes quant au contrôle et au cadenassage de la société. La différence est très forte sur le plan économique et social, domaine dans lequel nos p'tits fachos sont assez libéraux. Il y a chez les cocos une haine de l'argent, accessoirement. La Chine d'aujourd'hui est-elle d'ailleurs encore communiste ? Ne serait-elle pas plutôt fasciste ?

    A l'exception notoire de Mussolini, les fachos sont de surcroît antisémites. Pas forcément chez les communistes, qui peuvent l'être à l'occasion quand ça les arrange.

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    1. Pas bien convaincant, tout cela…

      Par exemple, Franco n'était nullement antisémite (du reste, il n'était vraiment fasciste non plus)… alors que, la veille de sa mort, Staline était occupé à déclencher un véritable pogrom.

      Sur le plan économique, vous avez raison : les pays tombant sous la coupe fasciste sont plutôt prospère, pendant que ceux qui sont sous la botte communiste sombrent rapidement dans la misère.

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    2. Vous mélangez tout. les économies autarciques (fascistes ou communistes)ont toutes connu l'échec. elles étaient pratiquement fondées sur des politiques d'expansions et de guerres. Les fachos ont juste l'heur de s'être écroulés plus rapidement que les cocos.

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    3. Expansion et guerre dans l'Espagne franquiste ? expansion et guerre au Chili de Pinochet ?

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    4. Vous avez raison sur Franco et son rapport aux juifs. De là à dire qu'il n'était pas fascistes...

      Quant à la richesse, il faudrait l'analyser selon les niveaux de revenus. N'oubliez pas quand même que les cocos ont toujours eu un système éducatif et sanitaire supérieur.

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    5. Franco s'appuyait essentiellement sur l'Église (en plus de l'armée, évidemment), chose qui était assez étrangère aux fascismes.

      Quant à l'excellence médicale ou éducative des systèmes communistes, j'entends répéter ça comme un mantra depuis que je suis en âge d'avoir des oreilles… mais je continue à douter assez fortement. Bref, je demande un réexamen sérieux et documenté sur cette affaire !

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  5. @ Mildred : Bien incapable de trancher entre les thèses de Raynald Sécher et des nombreux historiens qui s'y sont opposés, je note qu'il était Chevalier du mérite de l'ordre sacré et militaire constantinien de Saint-Georges, institution qui fut dirigée par un certain Jean de Mayol de Lupé (1873-1955), aumônier militaire de la Légion des volontaires français puis de la Division SS Charlemagne pendant la Seconde Guerre mondiale... ce qui témoigne d'un engagemet idéoloique susceptible de perturber l'objectivité nécessaire au travail d' historien.

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    1. C'est amusant ce côté "petit flic" qui s'éveille régulièrement en vous. On croirait voir le camarade Gauche de Combat, par moment…

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    2. Et moi je note que votre aumônier de la Légion Charlemagne est mort précisément l'année de la naissance de Raynald Secher, ce qui m'amène à continuer ma citation de l'avant-propos de Secher là où je l'avais laissé :

      "... Il faut dire que nous étions à la veille du bicentenaire de la Révolution.
      Comment pouvait-on imaginer que je pouvais vendre mon âme ? Renier le fruit de mes recherches et la confiance de mes professeurs ?Comme je n'avais pas mordu aux appâts, calomnies et rumeurs leur ont succédé. Heureusement, j'avais été mis en garde par le professeur Pierre Chaunu, membre de mon jury, qui avait matérialisé son pressentiment par écrit à l'occasion de son rapport relatif à ma soutenance de thèse, le 21 septembre 1985 : "Ce travail sera bientôt publié. Nul ne peut douter que le succès qu'il remportera vaudra à son auteur la haine tenace de ceux qui voient petit et pensent sur commande. C'est dire que la carrière de Raynald Secher dans l'enseignement supérieur, où il a sa place, sera, selon toute vraisemblance, efficacement entravée par ceux qui sont, comme chacun sait, orfèvres en la matière."
      (A suivre)

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    3. (Suite et fin de l'Avant-Propos de Raynald Secher)

      "Aujourd'hui je sais qu'on tentait d'étouffer un double scandale : d'un génocide et d'un mémoricide, crime imprescriptible pour le premier et qui pour le second sera, à plus ou moins brève échéance, considéré comme un crime contre l'humanité.
      Comment peut-on encore refuser à la Vendée la reconnaissance de ce génocide ? Comment peut-on imaginer que des criminels comme Robespierre, Carnot... aient donné leur nom à des collèges, à des lycées, à des rues; ou d'autres, comme Amey,
      Turreau... aient leur nom sur l'Arc de Triomphe ? Comment peut-on accepter que l'histoire officielle, notamment celle enseignée aux élèves, fasse des bourreaux des "saints laïcs" et des victimes des brigands, des traîtres à la patrie ? Cette inversion tenace des faits n'est pas seulement intolérable, elle justifie, à mon sens, que ce livre continue d'être lu et discuté."

      Raynald Secher 29 mai 2006
      La Vendée-Vengé - Le génocide franco-français - Editions Perrin

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    4. Oui,c'est mon côté "violences policières ".

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  6. Pourquoi "SNCFP" en bas de la plaque ?

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    1. Confiné pour confiné, j'ai un peu cherché, mais rien trouvé d'éclatant... Il semble probable que les 2 dernières lettres soient pour Ferdinand Peroutka, la première S pour Société quant à NC, no sé tampoco... (peut être deux mots pour exprimer "Souvenir" ou "Mémoire" ?).

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    2. Je sens qu'on ne va encore pas fermer l'œil de la nuit, avec ces conneries tchèques !

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    3. Google ne donne que "Société Nationale de Colo-Proctologie Française ", mais j'ai un doute: l'ordre des lettres de la réponse ne correspond pas à celles du sigle.

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    4. SNCFP = Společnost Nositelé Ceny Ferdinanda Peroutky
      https://ferdinandperoutka.cz/

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    5. Eh bien voilà ! au moins, maintenant, tout est parfaitement clair.

      Et, pour la peine, un joli lien

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    6. Cela dit, je me demande bien pourquoi le Peroutky tchèque est devenu Peroutka en français. Il n'était quand même pas transgenre, le Ferdinand, si ?

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    7. Je tiens à vous rassurer, la transformation de Ferdinand en Ferdinanda n’est pas due à un traitement hormonal éventuel mais plutôt au fait que la langue tchèque est une langue à déclinaisons.

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    8. En fait, je m'étonnais davantage de la "féminisation" du nom de famille. Mais je suppose que l'explication est la même ?

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    9. C'est comme en russe: Si je parle du téléphone de Vladimir Poutine, alors je dirai « Телефон Владимира Путина. (Tiéliéfôn Vladimira Poutina) » Si maintenant je veux dire que je suis avec lui alors je prononcerai la phrase suivante : « Я с Владимиром Путином. (Ya s Vladimirom Poutinom)

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