dimanche 28 mai 2023

Camus, Houellebecq et le Zébulon criticomane


 Expérience éprouvante – mais heureusement de plus en plus en plus rarement tentée –, je viens de lire coup sur sur coup quatre ou cinq des indigestes tartines du Zébulon criticomane Juan Asensio, dont celle qu'il consacra (en apparence car, comme d'habitude, le point d'appui qu'il prend sur tel ou tel écrivain n'est guère là que pour lui permettre d'étaler en phrases molles et amphigouriques ce qu'il croit être, ce grand naïf, sa culture) au dernier roman de Michel Houellebecq, Anéantir. En réalité, sur le fond, je serais plutôt d'accord avec les critiques qu'il formule, du moins certaines d'entre elles, si, pris par son désir de faire le malin, de jouer les anges exterminateurs, il ne poussait les dites critiques jusqu'à l'imprécation vide… mais bruyante.

Du reste, ce n'est pas cela qui m'a amusé et qui justifie que je parle ici de ce cuistre, finalement assez folklorique. Au beau milieu de son pavé gras, Asensio ne résiste pas au plaisir gamin de taper sur la tête de l'une de ses figures obsessives préférées, j'ai nommé Renaud Camus. Pour montrer à quel point le maître gersois est bien une vieille baderne ne comprenant rien à rien, ni l'inverse, il cite un extrait de ce que disait Camus, dans son journal, à propos de Houellebecq :

« Je ne comprends pas – écrivait donc Renaud Camus – les gens qui trouvent que Michel Houellebecq n’a pas de style. Faut-il qu’ils manquent d’oreille ! Houellebecq a le style imperturbable, c’est bien différent — le style Buster Keaton, deadpan, pince-sans-rire, tongue-in-cheek. En fait c’est un des tons les plus difficiles à trouver et surtout à garder, à tenir sur la distance. Lui s’acquitte de cet exercice de haute voltige avec une virtuosité sans égale, qui forcément se doit de rester discrète, comme tout le reste : il y a là une contradiction dans les termes, cette maestria pataude, qui fait toute la tension de la phrase et de la page, page après page (je suis en train de lire Sérotonine). Un autre avantage, c’est un effet comique permanent. On connaissait l’Apocalypse en riant, voici la dépression planétaire à se tordre : plus c’est triste, plus c’est drôle ; plus c’est désespéré et désespérant, plus on s’amuse. »

Et c'est ainsi que la massue qu'il levait bien haut pour fracasser le crâne du monstre de Plieux retombe implacablement sur le gros orteil de Juan Asensio. Car les quelques lignes de Camus que ce lourdaud cite pour s'en moquer sont d'une parfaite justesse et témoignent, dans leur concision et leur finesse, de la compréhension que peut avoir un écrivain d'un autre, sitôt qu'il le lit avec… de l'oreille.

Mais comment voudrait-on que Juan Asensio ait encore de l'oreille, lui qui, depuis au moins vingt ans, n'a jamais cessé un seul jour de hurler ?

12 commentaires:

  1. Vous voilà juanophobe maintenant ? C'est du propre, tiens !

    DG

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  2. Ah ben je l'avais oublié, celui-là ! J'avais échangé avec lui à un moment où il vous en voulait, si ma mémoire est bonne.

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  3. Je corrige mon commentaire. J'ai fouillé mes mails, ce n'est pas du tout à vous qu'en voulait ce lascar.

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    1. Ah mais si, mais si : à une époque pas si éloignée, il ne perdait jamais une occasion de me baver dessus !
      DG

      (Saloperie de Blogger qui refuse de me reconnaître même quand je suis sur l'ordinateur !)

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    2. Là, ça date de 2010 mais je dois avouer que je ne comprends plus rien à ses mails. Je me demande ce que je foutais dans cette histoire (je m'étais probablement foutu de la gueule d'un des protagonistes dans les commentaires de votre blog).

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    3. Personne ne peut comprendre ce qu éructe cet enragé ! Même en étant dans le feu de l'action, si je puis dire, Alors, 13 ans après...

      DG

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  4. Mon dieu, que cette prose est lourde, si c'était sur papier, pas sûr que je puisse la mettre dans mon cartable...

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    1. Oui, c'est toujours une difficile (et long…) moment à passer.

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  5. Il arrive que le diable porte pierre : c'est justement grâce à votre dévastateur, salutaire et hilarant billet "Quand Jean Ascenseur lève la patte arrière" que je vous ai connu.

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    1. Tiens, je l'avais oublié, ce billet !

      DG

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  6. L'épatant est qu'il continue à écrire.
    A-t-il tenté d'intervenir et l'avez-vous censuré, ou a-t-il acquis la sagesse de se taire?

    Nous lui devons quand même de bons moments de rigolade qd il s'énervait tout seul et qu'il n'arrivait pas à comprendre ou à admettre que nous nous moquions de lui. Dommage que tout cela est dégénéré.

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    1. Sagesse ou distraction ? En tout cas, il ne s'est pas manifesté.

      Finalement, il est comme tout le monde : il vieillit...

      DG

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