dimanche 28 septembre 2008

Putassier d'homme !

« Voilà bien la suprême imbécillité du monde : lorsque notre fortune est malade, souvent du fait des excès de notre propre conduite, nous accusons de nos déboires le soleil, la lune et les étoiles, comme si nous étions scélérats par fatalité, sots par compulsion céleste, crapules, voleurs et traîtres par ascendant astral, ivrognes, menteurs et adultères par soumission forcée à l'influence des planètes ; et tout ce que nous faisons de mal, c'est par instigation divine. Admirable dérobade de ce putassier d'homme que de mettre son instinct de bouc à la charge d'une étoile ! »

Shakespeare, Le Roi Lear, I, 2. Trad. Jean-Michel Deprats.

12 commentaires:

  1. Et les horoscopes ? C'est qui, qui les fait les horoscopes à FD ?

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  2. Marie-Georges : pourquoi ? Vous pensez qu'on a l'exclusivité de ce type de comportement ?

    Dorham : on ne peut pas, c'est interdit par la police des lettres.

    Mlle Ciguë : et il passe souvent ? il est cool ?

    Catherine : pas William, en tout cas !

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  3. Je l'ai presque pensé. Mais à ma décharge, mes viles considérations sont régies par Pluton (qui peut geindre à son tour, déchue depuis peu de son statut de planète).

    Mais enfin William, il faut bien trouver un bouc émissaire à l'origine de celui de son instinct...
    (C'est beau, "instinct de bouc")

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  4. Marie-Georges : c'est intéressant que vous parliez de bouc émissaire : je suis en train de terminer le livre de René Girard, Shakespeare, les feux de l'envie, une étude de près de 600 pages dans laquelle il montre avec un grand brio, sur une bonne vingtaine de pièces, que Sakespeare avait déjà parfaitement compris les phénomènes de désir mimétique, processus sacrificiel, meurtre fondateur, bouc émissaire, etc

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  5. Il faudrait toujours le répéter, ce William S. est un sommet un peu comme Bach l'est en son genre.
    Après on remonte ou on descend, qu'importe : On aura toujours un pic pour s'orienter et des cailloux pour faire nos cairns.

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  6. Il ira loin, ce petit Shakespeare...
    :-)

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  7. Martin Lothar : comparaison très pertinente, il me semble. Cela me fait penser à ce que dit cet auteur dont le nom à consonance polonaise m'échappe (il a écrit "éloge de la femme mûre") :

    « Le plus grand dramaturge français, c'est Shakespeare traduit en français. »

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  8. d'une étoile... ou d'un Dieu... non ?

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.