mercredi 5 mai 2010

Donnez-nous des barreaux en bois dur !

Ce qu'on appelle – et désormais pour s'en moquer – la tradition, la règle, la jurisprudence ou encore l'enseignement des morts, tout cela est comme le parc de l'enfant. Le considérant clos sur lui-même et essentiellement fait de barreaux, on peut toujours le nommer prison et se scandaliser de son existence. Ce serait oublier qu'il a été conçu et réalisé pour que l'enfant puisse s'y accrocher afin de se hisser sur ses pieds, de s'élever pour prendre la mesure du monde par-delà les barreaux, en projetant son regard au-dessus d'eux – ce qui revient à les supprimer, mais au prix d'un effort, d'un raidissement de la volonté et des muscles. Le barreau devient la promesse d'une liberté proche, mais nullement garantie et qui attend d'être conquise.

Ôtez donc parc et barreaux à l'enfant : il restera planté sur son cul – inerte, bienheureusement hébété. À la rigueur, il apprendra la reptation, s'essaiera à la progression à quatre pattes : animal tranquille, tout satisfait de se croire mobile. Et toujours le nez au sol, comme l'exigera sa morphologie. Plus d'avant ni d'après, plus d'extérieur, plus d'obstacles irritant sa fierté : un vide pur, un présent étale, uniquement ponctué par la survenue des biberons.

33 commentaires:

  1. C'est une façon de voir les choses. C'est, je suppose, un paradigme. Pour apprendre la liberté à l'enfant, il faut d'abord mettre sur son chemin des obstacles, de la difficulté, des embuches, lui donner l'envie de devenir autonome, de se montrer apte au libre arbitre.

    Voilà qui marche mieux avec les adolescents qu'avec les enfants il me semble, car le petit enfant, lui, n'a pas besoin de parc pour vouloir se dresser sur ses jambes, il n'est que soif d'apprentissage, que volonté pure de maturation.

    Jusqu'à - mettons 6 ans - il n'y a aucun effort à faire pour faire naître de la curiosité chez l'enfant. C'est sans doute ce qui le rend de très loin supérieur à l'adulte qui pense trop souvent n'être plus à cultiver...

    Combien de fois on entend par jour ce fabuleux adage ? : "c'est trop tard désormais, rien ne le changera" ; ou pire : "c'est son tempérament"

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  2. Très jolie je ne sais pas quoi. J'allais risquer métaphore, mais je me retiens, c'est sûrement pas ça le terme.
    En tout cas, ça parle!

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  3. Dorham : je me refuserai toujours à considérer l'enfant comme supérieur à l'adulte ! C'est là une aberration moderne (et récente) à laquelle je ne puis souscrire.

    Pour le parc, il n'est pas qu'un obstacle : également un domaine. Quelque chose de rassurant dans sa limitation, où l'on prend des forces avant d'aller plus loin. Si l'univers vous est donné d'un coup, il y a de fortes chances pour que vous n'alliez nulle part.

    C'est comme ces "citoyens du monde" qui ne sont plus citoyens de rien du tout.

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  4. Carine : pourquoi pas métaphore ? Ou peut-être "comparaison", qui serait somme toute plus juste.

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  5. Le parc est rassurant pour tout le monde. L'enfant y trouve un monde à sa mesure, se redresse, fait des essais de marche, expérimente des limites. Les parents savent que tout danger est écarté (sauf se coincer la tête entre les barreaux pour les plus délurés)

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  6. Je me méfie, Didier, on est chez des puristes de la langue. Vous êtes indulgents, mais pas forcément vos lecteurs.

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  7. Moi, du moment que le frigo est accessible à travers les grilles...

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  8. L'Autre disait que l'Homme était un animal social...

    Hors la culture, donc hors la contrainte de la culture, il ne peut par conséquent pas y avoir d'homme.
    D'aucuns ont d'ailleurs démontré que pour un bon nombre d'animaux, c'était pareil... enfin pas qu'ils étaient hommes... mais qu'ils ne pouvaient s'accomplir qu'au sein de la culture d'un groupe.

    L'homme est donc un animal social comme un autre.

    Laurent

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  9. Purée, Laurent, c'est de la haute voltige, ça !

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  10. Notre époque a, en tout cas, quelques difficultés avec les notions d'autorité et de contraintes qui sont pourtant absolument nécessaire à l'exercice de la liberté.

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  11. y'en a même qui sont plus Hommes que d'autres, puisqu'ils ne peuvent s'épanouir que dans une bande leur tenant lieu de groupe. On appelle ça des modèles d'animaux sociaux.

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  12. C'est le salon des philosophes, cette après-midi !

    Beuche, t'en as pas une, par hasard, à nous souffler dans les bronches ? Allez, step', un p'tit aphorisme beuchien, pour affronter la vie qui vient !

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  13. Bon j'ai des copies qui n'attendent que moi... bons délires !

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  14. Un p'tit aphorisme beuchien ? Allons-y alonzo (pas Isabelle) :
    « Plus je beuche, plus je réalise qu'il faut beucher pour être Beuche. »

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  15. Tu es beau tonton quand tu aphorises.

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  16. Mais j'ai pas aphorisé, moi ! De toute façon, j'ai pas l'temps : je suis en train de régler une partouze où une ex-présentatrice du journal de 20 heures chevauche le membre énorme d'un joueur de l'équipe de France de foot, alors...

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  17. Elle s'appellerait pas Claire, par hasard, votre spikerine ? Je l'ai bien connue autrefois, quelle forme, dans les partouzes !

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  18. C'est du vol : vous n'y connaissez rien en foot et en grosses bites.

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  19. Bon, Carine, je vous laisse, moi aussi j'ai des petites ados à corriger !

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  20. "je me refuserai toujours à considérer l'enfant comme supérieur à l'adulte ! C'est là une aberration moderne (et récente) à laquelle je ne puis souscrire."

    Didier, comme vous y allez ! J'étais sûr que vous bondiriez (comme un cabri à la chasse).

    Supérieur SUR CE POINT. Et c'est faux que de penser que c'est une idée moderne.

    Penser que l'enfant a primauté sur tout ou plutôt que la jeunesse est en tout point préférable à la vieillesse, c'est une idée moderne. D'accord.

    Et je n'y souscris pas plus que vous.

    Mais ce n'est pas ce que j'ai écrit. J'ai seulement émis l'idée que l'enfant était dans une posture plus favorable vis à vis du savoir que l'adulte, qui s'enferme dans le confort de pensée, ou de grandes illusions telles que l'expérience ou le "caractère" (pire, ce que l'on appelle absurdement la nature...).

    Ce n'est pas la même chose du tout que ce que vous évoquez. C'est une idée bien moins moderne. Un exemple : Kant évoque cette idée avec le concept "d'état de tutelle".

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  21. Jules Ferry n'a pas dit exactement ça sur la colonisation.....

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  22. Du bois dont on fait..5 mai 2010 à 17:29

    Dans son vieux paradigme râpé
    il s'en allait l'hiver, l'été... mon vieux.
    Chez nous y avait pas la télé c'est sur les blogs qu'on allait chercher...

    Et y a même Georges qui ratisse de nouveau du côté de l'Educ Nationale. Sont plus chiantes que les femelles atrabilaires mais pas trop farouches les profs. Elles aiment bien les fesseurs dans son genre. Souvenirs d'enfance...

    - Et vot' barreau M'sieur Georges, il est de bois dur ou pas ? Des fois qu'y m'vienne une volonté pure de maturation.
    - Ah ça ! Tâtez-y ma p'tite dame ! C'est fait pour grimper dans une posture plus favorable vis à vis du savoir. J'vous f'rai entendre du Michelangeli ou du Guichard par la même occasion.

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  23. À l'évidence inspiré par la vache (voir hier), et ça va même jusqu'au surgissement du biberon.

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  24. Bordel, vous avez aussi votre Jane, Didier ???

    Eh bien… je vois que les sangsues ont la vie dure.

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  25. Les jumeaux, à deux, ont réussi à casser leur parc! J'ai mis alors des barrières devant la porte de leur chambre mais là aussi, elle n'a pas résisté longtemps... J'ai galopé derrière eux un nombre infini de fois.

    Sinon, pour en revenir aux barreaux donc aux prisons, Badinter avait déclaré (en gros) l'année dernière sur des ondes : après la peine de mort, il faut maintenant en terminer avec les prisons...

    Pour beaucoup aujourd'hui la prison est ce qui rend l'homme mauvais ("une bête sauvage" entend-on souvent) sans réaliser que celui qui est dedans était a priori une vraie bête pour certaines de ses victimes... Mais on oublie cela, on oublie.Le prisonnier est une victime de la société, des barreaux etc... La vraie victime, elle est.. Ben parfois elle est morte.Mais elle est libre hein! Faudrait pas qu'elle se plaigne en sus!

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  26. ce paternaliste vous va comme un gant, cette parabole permet de capter proprement.
    Vous êtes maintenant notre Par terre Noster

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  27. « J'ai seulement émis l'idée que l'enfant était dans une posture plus favorable vis à vis du savoir que l'adulte, qui s'enferme dans le confort de pensée, ou de grandes illusions telles que l'expérience ou le "caractère" (pire, ce que l'on appelle absurdement la nature...). »

    "L'adulte qui s'enferme dans le confort de pensée", s'il y a bien une idée idiote et stéréotypée, c'est bien celle-là. "Les grandes illusions de l'expérience"… décidément, Dorham ne nous épargnera aucune crétinerie, aucun défonçage de portes grandes ouvertes sur des friches vides et puantes qu'il investit témérairement de son intrépide "pensée". Si "l'enfant est dans une posture plus favorable vis à vis du savoir que l'adulte", Dorham, on imagine facilement la vôtre, de posture, dont vous nous faites la faveur avec cette hauteur surplombante qui vous caractérise.

    Bien sûr, aucune révélation essentielle ne nous sera épargnée, et surtout pas "l'absurde [de l']idée de la Nature"

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  28. L'état de tutelle, Georges, l'état de tutelle. Ton commentaire prouve que la porte est encore bien verrouillée.

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  29. Le parc, c'est vraiment très bien pour les enfants, surtout si on met un tigre avec le poupon. Sinon ben, ma foi, un enfant qui se promène à quatre pattes, c'est pas mal intéressant non plus quand on surgit par derrière, qu'on peut prendre son élan avant de fiche un grand coup de pied dans l'arrière-train (généralement rebondit, lourd de... bon !) du quadrumane. Prononcer alors, tandis que plane dans les airs le poupon et le sac à merde qui lui pendouille au cul, ces mots historiques : « Il ira loin, ce petit-là ! »

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  30. @ Dorham : vous êtes un très mauvais joueur.
    @ Didier : un billet comme je les aime, merci.

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