mardi 27 décembre 2022

Tomber dans le panneau… mais lequel ?

3 Billboards est un film émouvant, dur et drôle : bizarre cocktail mais parfaitement réussi par Martin McDonagh, déjà auteur d’un savoureux Bons Baisers de Bruges, avec notamment Colin Farrell et Brendan Gleeson, subtil acteur irlandais à trogne de buveur de stout. Ce film-ci est porté par un trio d’acteurs eux aussi parfaits : le toujours remarquable Woody Harrelson, le toujours jubilatoire Sam Rockwell… et Frances McDormand, colonne centrale du dit trio.

Il n’est nullement étonnant que l’actrice se retrouve là, elle qui illumina littéralement le Fargo des frères Coen, ses mari et beau-frère : 3 Billboards doit beaucoup aux deux frangins, plus précisément à leur art presque unique de dessiner des personnages englués dans une bêtise congénitale qui leur est à la fois un cocon et une prison, dans laquelle ils se lovent ou se débattent avec plus ou moins de conviction et d’atouts ; en tout cas, ils tentent de faire avec. Et l’émotion naît – une émotion non sollicitée, non frelatée, et donc singulièrement efficace – lorsque, soudain, parce qu’il s’est passé quelque chose, cette bêtise est déchirée par un brusque et inattendu éclair. Le personnage qui est ainsi brutalement “éclairé” peut alors (c’est souvent) dérailler complètement, mais il peut aussi (parfois) s’acheminer vers une sorte de rédemption, s’élever de quelques centimètres au-dessus de lui-même. C’est ce qui se produit pour le personnage joué par Sam Rockwell, peut-être le plus intéressant des trois que j’évoquais il y a un instant.

 Bref, voilà un film, et ils ne sont pas si nombreux finalement, qui doit fort bien supporter d’être revu trois, quatre, six fois, à intervalles plus ou moins longs, sans jamais en souffrir, et même en y gagnant un peu de patine à chaque fois. C’est d’ailleurs, aussi, le cas de Fargo.

6 commentaires:

  1. Cinéma,littérature ( quand trouvez-vous le temps de lire tous les livres - dont certains pavés- dont vous nous parlez ?), actualité, politique ( bien que vous le niez, car " Tout est politique ", comme auraient dit les anciens Grecs), soins de votre chien et de vos poules ( pour lesquellesje suis inquiet, car vous n'en parlez plus depuis longtemps) , séries ou DVD le soir ( pourquoi ne regarde-t- on la télé que le soir ?) , billet et commentaires sur votre blog, et j'en oublie... C' est matériellement impossible ! Didier Goux est un pseudo derrière lequel se cache toute une équipe !

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    1. OK, OK, nous sommes démasqués !
      En réalité, mon nom est Légion, car nous sommes nombreux…

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  2. ( suite) Alors, puisqu'il s'agit d'un blog polyvalent, et pour le ramener à sa vocation littéraire d'origine,je me permets à mon tour de vous recommander le dernier essai de Régis Debray, " L'Exil à Domicile ", très touchant pour les gens de mon âge ( Debray est né en 1940) également revenus de tout, et dont le seul défaut est de laisser voir l'effort pour qu'il soit " très bien écrit", alors que cela devrait couler de source.
    C'est fou, tout de même, le nombre de gens ( Debray, BHL)qui auront voulu être un 2ème Malraux, cet imposteur de génie, qui, le Goncourt rapidement empoché après 5 romans assez médiocres, une guerre civile d' Espagne réellement menée et une Résistance un peu trop tardive, s'est tourné ensuite vers des choses sérieuses ( " L' Homme Précaire et la Littérature ", etc.)

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  3. Malraux, un scribouillard ? Un imposteur, un copieur ( quoique moins qu' Attali), mais de génie; assez doué, vous en conviendrez, pour les oraisons funèbres : " Entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège..." aidé par le vent qui faisait voltiger les feuilles de son discours... C'était assez hallucinant.

    ; BHL -Botul, le comique de la bande; Debray, entre les deux..

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  4. Je l'ai vu 2 fois seulement : cinéma et tv, Fargo zéro fois
    Bibi

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.