mardi 23 juin 2009

Le terrifiant virus de la grippe églogale

Ça y est, chus pogné ben raide, comme dirait un Québécois ! Ayant terminé L'Isolation – journal 2006 (dont je compte reparler ici : vous ne vous en tirerez pas comme ça...) il y a deux jours, je pensais avoir plus ou moins payé mon tribut camusien jusqu'à la fin de l'été. Sauf qu'à force de voir l'auteur se démener pour terminer dans les délais impartis L'Amour l'Automne, je n'ai pu résister à l'envie malsaine de me replonger dans ce cinquième volume des Églogues, paru en 2007.

Pourquoi “malsaine” ? Parce qu'à chaque fois que j'ai tenté de lire l'une de ces églogues (ex logos...), ou que je l'ai lue effectivement, ce n'a jamais été sans y couler à pic ou, au mieux, y boire de très copieuse tasses – bref, de me sentir parfaitement idiot face au texte énigmatique, dense, bifurquant jusqu'au vertige et à la folie, obéissant à des règles que l'on devine d'autant plus strictes qu'elles nous échappent à peu près complètement. Dans ce cas, s'immerger à nouveau dans une telle mer démontée relevait au mieux du masochsime, au pire de la pulsion suicidaire. Et pourtant, surprise, cette fois, je surnage. J'ai l'eau au ras des naseaux, je sens des forces obscures prêtes à me saisir par les pieds afin de m'entraîner par le fond, mais enfin, pour l'instant, fluctuam nec mergor.

Même, dans ce brouillard qui tend à me repousser avec dédain vers les conforts de la côte, je commence à apercevoir parfois telle lueur pâle et giratoire d'un phare (Promenade au phare), à isoler l'appel lointain d'une corne de brume. Mais, sachant que je n'ai encore parcouru que 76 des 530 pages du livres, j'ai tout de même ceint, par précaution et modestie, ma petite bouée à tête de canard.

Il reste que, à la page 49, je suis resté un long moment arrêté sur ces deux courtes phrases qui, plusieurs minutes durant, m'ont empêché de poursuivre, à cause de l'abîme de mélancolie vague dans lequel elles m'ont plongé :

L'ombre est maintenant tout à fait installée entre les livres. Pourtant le vieil homme ne s'en aperçoit pas, et demande qu'on lui fasse la lecture.

Elles font bien sûr référence à Jorge Luis Borges (dont il est déjà question quelques pages auparavant), mais elles me semblent en outre avoir le pouvoir étrange de plonger insidieusement, quoique avec beaucoup de délicatesse et de douceur, le lecteur dans une nuit semblable à celle où trône le grand Argentin.

Ensuite, le courant m'a entraîné ailleurs.

15 commentaires:

  1. Je croyais que Charon m'avait piqué le bateau et voilà que je le retrouve à sec et en photo ! Pffff...

    Pluton dans le Styx.

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  2. Vous n'avez qu'à mettre un contrat sur la tête de Marcheschi...

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  3. La mort rôde, la mélancolie gagne,

    La chair est triste, hélas et j'ai lu tous les livres

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  4. Exelmans Logosse24 juin 2009 à 10:05

    You are a clown.

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  5. Didier, pour le contrat, j'ai une petite idée...

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  6. Disparitus : reprenez une bière, ça passera...

    Christine : oui, tiens, je n'avais pas fait le rapprochement !

    Exelmans : Sir, yes Sir !

    Pluton : Ah ?

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  7. Les pigeons ! Plus besoin de hibou ...

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  8. J'ai visité le château de Plieux il y a quelques années, je me rappelle bien la barque, mais pas l'arrière-plan. J'ai la mémoire qui flanche ? C'est la Salle des Vents ?

    (je ne peux pas commenter intelligemment, je n'ai pas encore lu le livre, mais ça viendra. (la lecture, pas l'intelligence.))

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  9. C'était pas la salle des ventes ?

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  10. Suzanne : l'oeuvre de Marcheschi a pour nom La Carte des vents. Du coup, la pièce que l'on voit s'appelle en effet La salle des vents.

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  11. @DG

    Hips, hips, j'en ai pris pas mal de bières et cela ne passe pas...

    vivre là bas vivre, je sens que des oiseaux sont ivres

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  12. Disparitus : Ah ? Vous étiez avec Nicolas ?

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.