samedi 24 avril 2010

À propos de Philippe Muray


Ce matin, dans son émission de France-Culture, Répliques, Alain Finkielkraut s'entretenait avec Fabrice Luchini de Philippe Muray – lequel manque chaque jour davantage et plus cruellement aux esprits qui tentent de rester éveillés. Et de rire encore au milieu des ruines.

42 commentaires:

  1. Philippe Muray, l'écrivain français le plus amèrement regretté.

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  2. "le patrimoine est rassuré, la petite enfance respire ..."

    Bonne idée ce lien.
    C'est ce que vous m'aurez - entre autre - apporté, la réflexion de Muray sur notre société festive obligatoire.

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  3. On avait beau s'y attendre et savoir que ce jour arriverait, une terrible angoisse nous prend à l'idée que des Audine puissent trouver "matière à réflexion" chez Muray.

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  4. Tant mieux, peut être arriverez vous à l'ulcère.

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  5. Heureux d'avoir écouté cette émission.
    C'est vrai, Muray est irremplaçable! Le passage où il oppose les vaches à l'art contemporain est extraordinaire.
    Mais Muray nous met en garde contre le carnavalesque du grand guignol et le caractère sinistre de la fête: ce travers , à mon sens, dans lequel vous êtes tombé dans votre précédent billet.

    L'empire du bien dans sa ridicule maïveté et son totalitarisme ne justifient pas qu'on exhibe comme un étendart un cynisme désabusé.Ou bien ce serair réduire Muray à ce paradoxe où le clown dénoncerait le spectacle qu'il donne.
    Au-delà du bien et du mal, de l'optimisme et du pessimisme, de la droite et de la gauche, de la réaction et du progrès, il y a place pour la sagesse et la création. Contre le spectacle et la bouffonerie généralisée du couple Guillon-Sarkozy qui métastase toute forme de pensée, il n'est que temps de sortir de ce conformisme de l'humour obligé et de la provocation auquel nous sommes, malgré nous,sommés de participer.
    Nous sommes aussi ce que nous dénonçons. C'est le seul élément tragique mais il est de taille!

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  6. En hommage à Muray, deux associations (Cœur et Jardins et Les Gais Musette) écrivent un nouveau chapitre de Moderne contre Moderne.

    (figaro.fr)

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  7. Georges : on est d'accord au moins sur ce sujet.

    (Et ne vous moquez pas d'Audine : si le lien que je donne servait à apporter une lectrice de plus à Muray ?)

    Hermès : je vais essayer de vous répondre par un billet...

    Malavita : j'y vais voir...

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  8. Excusez-moi, mais quand je lis que Muray serait un penseur "de la société festive obligatoire", j'ai des doutes sur la possible illumination de celle qui "réfléchit" à de si grandes profondeurs. C'est un peu comme si l'on nous expliquait que Nietzsche pouvait être d'un bon secours contre l'eczéma ou l'alopécie, ou que Céline entraînait chez ses lecteurs une réflexion approfondie sur la broderie.

    Une lectrice de plus à Muray ? Et alors, croyez-vous vraiment qu'il soit absolument indispensable d'amener des auditeurs de plus à Mozart, par exemple ?

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  9. Il me semble que vous mélangez deux choses. Mozart n'a besoin de rien ni de personne. Mais Muray me semble plus "fragile". Et puis, tout de même, qui n'est pas capable de réfléchir ? de revenir en arrière ? Ou d'aller en avant ? Enfin, qui n'est pas capable d'une découverte ?

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  10. Je voulais dire : si nous considérons que Muray est l'un des penseurs essentiels de ce siècle, doit-on se le garder pour soi ?

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  11. Se le garder pour soi, certainement pas, non. Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire.

    Il me semble que Muray est en train d'entrer à son corps défendant dans quelque chose qu'il n'aurait pas aimé. Le spectacle de Luchini, si bon soit-il, je le crois volontiers, en est un des symptômes. Je suis certain que bien des "amis du désastre" vont y aller se régaler, la bouche en cœur et l'esprit tranquille.

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  12. Muray existe-t-il seul, sans la longue tradition des polémistes qui l'ont précédés ? C'est à cette culture-là, à ce regard, à cette empreinte, à cette civilisation pour tout dire, et non pas à l'homme Muray seul, qu'on peut tenir. Parce que l'homme Muray seul, comme n'importe quel autre, si nécessaire soit-il est insuffisant.

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  13. Georges : j'ai écouté tout à l'heure l'émission de Finkielkraut mise en lien. Oui, bon, bien sûr, Luchini "fait" du Luchini. Mais il semble avoir lu et compris. Et même s'il a mal compris ? Lui-même paraît (c'est vers la fin de l'émission) peu optimiste quant aux spectacles qu'il produit. Néanmoins, il se dit surpris du succès de ce qu'il fait, du monde qui vient l'entendre, etc. Et je me dis qu'aujourd'hui, s'il était vivant, Muray vivrait peut-être confortablement de ses écrits, sans avoir besoin des BM, ce qui serait déjà encourageant, non ?

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  14. J'avais écouté Luchini l'autre soir dans l'émission de Taddei. Il avait été plutôt bon, avait fait son Luchini bien sûr (il se doit d'entretenir le personnage) mais assez peu au final. Quand j'écris qu'il m'a semblé "bon", je veux dire qu'il m'a semblé avoir compris une certaine idée de Muray.....

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  15. PRR : écoutez l'émission de Finkielkraut, Luchini y est assez étonnant.

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  16. Bonjour les gens,

    j'ai 26 ans, et l'émission d'Alain Finkelkraut,aussi précieuse fut-elle (ce n'est pas tous les jours que l'on parle de Muray ,bien que l'époque parle LE Muray...), m'a fait tiquer , dans le sens où la conclusion à laquelle en vient Lucchini,parlant de nihilisme à l'égard de not' auteur ,me parait pourrite...

    Relisez la toute fin de Festivus Festivus,où Elisabeth Levy le titille là dessus ,en vain... c'est assez explicite ,non? Le bonhomme ne se laissait pas accoler des étiquettes pareilles comme cela...

    Alors je sais que l'émission était consacrée au "Rire" , et que une heure d'échanges entres deux humanoïdes intelligents ,c'est déja rare,mais quand même : en faisant l'impasse sur la chrétienté de Philippe Muray,et sa vision/compréhension/intuition du monde plus LARGE que le seul pan "socio-Delanöéien " auquel on se réfère si souvent, est-ce qu'on n'a pas raté là l'espèce de réponse à la question "que faire/à quoi bon"?

    Je sais pas...

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  17. Lily : vous avez raison, quant à la foi de Muray, qui en effet devait l'empêcher de verser dans le nihilisme qu'évoque Luchini un peu trop complaisamment. Mais enfin, Muray est mort et, comme disait Sartre "on entre dans un mort comm dans un moulin".

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  18. Je me suis très mal fait comprendre. Je n'étais pas du tout critique du Muray luchinisé, tel qu'il nous a été donné à entendre à Répliques. J'allais plutôt dans le sens de Luchini lui-même, quand il s'inquiète du succès de son spectacle. Après Debord, que tout le monde cite aujourd'hui jusqu'à la nausée, je crains qu'on ait désormais du Muray pour bobos.

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  19. Chatouilleux de la luette26 avril 2010 à 11:12

    Combien de bobos ici ? Combien de divisions ?

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  20. "Il me semble que Muray est en train d'entrer à son corps défendant dans quelque chose qu'il n'aurait pas aimé. / Après Debord, que tout le monde cite aujourd'hui jusqu'à la nausée, je crains qu'on ait désormais du Muray pour bobos." (Georges)

    Mais ceci n'est-il pas inévitable ? N'est-ce pas le lot de tous les grands ? Ces récriminations me rappellent les interminables plaintes de Kundera sur le destin posthume de Kafka dans ses pourtant très bon Testaments trahis - ben oui, on a publié, commenté et traduit Kafka à tort et à travers, et surtout à travers - étonnant, non ? C'est la vie (c'est la mort, surtout) - désolé pour le cliché. Mais Kafka est toujours là, dans tout son génie.

    Que nous importe que les bobos lisent Muray, et que Jack Lang lise et prétende aimer Muray ? Pour ceux qui savent lire, Lang n'en sera pas moins à jamais le Baby Jack de Muray, et les bobos, les bobos.

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  21. Et d'ailleurs:

    "Excusez-moi, mais quand je lis que Muray serait un penseur "de la société festive obligatoire", j'ai des doutes sur la possible illumination de celle qui "réfléchit" à de si grandes profondeurs." Oui.

    "Je suis certain que bien des "amis du désastre" vont y aller se régaler, la bouche en cœur et l'esprit tranquille." Oui, encore.

    Conclusion: qu'importe ? Et plus: tout ceci est parfaitement murayen ! C'est une illustration d'une des grande thèse murayenne: le rebelle institutionnalisé. Il était nécessaire que tous nos rebelles se délectent de Muray. Dans la société omni-avalante (pardon) que décrit PM, comment Muray n'eût-il pas lui-même été avalé ? (non pas que Muray soit un rebelle, mais il était inévitable que nos bobos l'interprètent comme un rebelle, et donc l'intègrent à leur "pensée")

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  22. il me semblait "que la réflexion de Muray SUR" ne voulait pas dire "penseur DE". Mais je me trompe sûrement.

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  23. Georges : mais il me semble que nous devrions souhaiter cette récupération : vous imaginez combien risquent d'être réjouissantes les contorsions et les déglutissements de ces clowns lorsqu'il leur faudra avaler Muray ?

    Gil : la différence est que l'on n'aurait pu récupérer Muray vivant, parce qu'il ne se serait jamais trouvé là où on aurait essayé de le croquer. Mort, évidemment, il se retrouve dans la situation du moulin de Sartre.

    Carine : je ne suis pas sûr de comprendre votre distingo...

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  24. Oui, vous savez sans doute raison tous les deux. Il s'agit d'une dialectique éternelle et inévitable. Disons simplement que certains morceaux du festin sont difficiles à avaler (pour moi).

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  25. @Didier Goux: ah oui, bien sûr, mort. Je viens de voir votre allusion au moulin de Sartre et c'est en effet une bonne image.

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  26. Didier:
    réflexion SUR: on se situe à l'extérieur
    Penseur DE: on se situe au plein centre du truc
    Marx: théoricien DE la lutte des classes
    CSP: réflexions SUR...
    Vous voyez le distingo? (toutes proportions gardées, of course^^)

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  27. Ah penser quelque chose à propos, sur, de... moi je comprends votre distingo Carine. Mais penser, quel ennui ! Quelle perte d'énergie ! La table est mise ? Et bien il vaut mieux dîner dans le noir en se passant de Goethe. On s'habitue... Le murmure va s'atténuant. L'électro-encéphalogramme rêve d'asymptote

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  28. Didier Goux, Carine et À table :

    distinguo, si je peux me permettre.

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  29. Tu peux pas te permettre ! En vertu des lois ludiques de l'étymologie : va fa enculo !

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  30. Si je puis me permettre, Hors d'œuvre avec un E dans l'O, comme dans Tête de Nœud.

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  31. Cela étant, tu peux t'exciter tout seul en m'attendant car je vais au cinéma.

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  32. Comment fait-on un E dans l' eau avec azertyuiop?
    En caractère spécial?

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  33. Sinon, Chieuvrou:
    "O VANAS HOMINUM MENTES, O PECTORA CÆCA !"

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  34. Ce qui en français de chez nous signifiait:
    "j'espère que le film est bon"

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  35. Carine, je vous répondrais bien, mais mon petit doigt me dit que vous avez un PC…

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  36. Georges oui, j'ai prêté mon tit mac à un ami. Ca m'apprendra.

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  37. Chabichou

    Hors-d'oeuvre avec un trait d'union comme dans enculé.

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  38. Ah, enfin un vrai débat comme on les aime.

    Je te conseillerai simplement, petit être si spirituel, de te rendre ici.

    Cela étant, tu me surprends un peu car je croyais, après avoir lu ton commentaire d'hier, qu'on pouvait écrire comme qu'on veut parce que quand même on est sur les blogs et qu'on a même pas le droit d'être embêtés parce qu'on est créatifs et puis parce qu'on joue et que ça c'est vraiment la meilleure des raisons.

    Pour le reste, toujours aussi étonnante cette fascination pour les viriles enculades chez les petites merdes de ton espèce. Tu sais, si ça te travaille autant, passe à l'acte une bonne fois pour toutes plutôt que de fantasmer inutilement sur des inconnus trouvés sur les blogues. Ça te sera certainement plus profitable.

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  39. Ah là ! Du calme, quoi ! Les enculades, c'est meilleur en silence.

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  40. Pour information, je rappelle que Du grain à moudre, l'émission de Brice Couturier et Julie Clarini, sur France Culture, tentera aujourd'hui de répondre à la question suivante (de mémoire car, depuis qu'il a été paraît-il amélioré, le site de France Culture n'indique plus le sujet des émissions que lorsque celles-ci sont à l'antenne ou bien sont passées) :

    « Pourquoi Philippe Muray, qui fut conspué de son vivant, fait-il aujourd'hui l'objet d'un engouement général ? »

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.