mercredi 1 mai 2013

À quoi tu dépenses ? À rien…

Catherine : « Tu es sûr qu'il n'y a pas une fuite à ton bas de laine ? » Didier : « Ben… je ne crois pas, non… »

Au milieu du quatorzième de ses Carnets de la drôle de guerre (dont hélas plus de la moitié ont été perdus), Sartre en vient à tenter de cerner ce que sont ses rapports avec l'argent – passage particulièrement éclairant pour moi car il me semble avoir, ou au moins avoir eu, à peu près les mêmes. Il commence par ceci :

« En ce qui me concerne, il est vrai que je n'ai jamais eu envie de beaucoup d'argent. Il me faudrait juste un peu plus que je n'ai. Ceci, tout simplement parce que je gaspille l'argent que je gagne. Je ne sais pas m'arranger pour répartir mon avoir sur tout le mois. »

Dans le mille. Lorsque, en 1980 – 1981, je suis entré dans le groupe Hachette, je gagnais environ cinq mille francs ; lesquels étaient en général dépensés dès le 15 ou à la rigueur le 20 du mois. Et je me souviens m'être dit souvent que, si je parvenais à gagner sept ou huit mille francs, je serais le roi du pétrole. Mais je ne rêvais jamais de revenus dépassant ne serait-ce que dix mille francs. De toute façon, comme je ne levais pas le petit doigt pour améliorer ma situation, cela ne risquait pas de se produire.

Pourtant, cela s'est produit, mais par le jeu de circonstances, de hasards et de chances tout à fait extérieurs à ma volonté. Lorsque mon salaire a atteint environ douze mille francs, vers 1985 si j'ai bonne mémoire, je “passais en négatif” dès le 10 de chaque mois à peu près. Quand je suis devenu, par une rencontre fortuite avec Gérard de Villiers, écrivain en bâtiment, et que mes revenus ont été multipliés par deux quasiment d'un jour sur l'autre, j'ai commencé à vivre avec un mois d'avance par rapport au temps réel – c'est-à-dire, en pratique, celui de ma banque. Que faisais-je de cet argent, moi qui, lorsque Catherine est venue vivre avec moi, en 1990, ne possédais rigoureusement rien ? Je rends la parole à Sartre :

« J'ai besoin de dépenser. Non pas pour acheter quelque chose mais pour faire exploser cette énergie monétaire, pour m'en débarrasser en quelque sorte et l'envoyer loin de moi comme une grenade à main. »

Ça, pour envoyer l'argent loin de moi, je fus un dégoupilleur de première. Sartre encore :

« Il y a une certaine sorte de périssabilité de l'argent que j'aime : j'aime le voir couler hors de mes doigts et s'évanouir. Mais il ne faut pas qu'il soit remplacé par quelque objet solide et confortable, dont la permanence serait plus compacte encore que celle de l'argent. Il faut qu'il file en feux d'artifices insaisissables. Par exemple en une soirée. »

Ah ! si l'on parle de soirées, alors je dois dire que, là encore, et sans me vanter, je fus pendant des années un artificier au-dessus de tout éloge. Et quand Sartre affirme que ce qu'il aime c'est qu'il ne lui reste rien à la place de l'argent qu'un souvenir, et quelquefois moins, je ne puis que souscrire. De même souscris-je lorsqu'il dit être atterré de lui-même, avant même la mi-mois, en constatant que tout a déjà filé, sans même qu'il se rappelle vraiment où et pourquoi. Et il évoque cet ami de jeunesse, Guille, qui l'avait encouragé à faire comme lui, savoir s'acheter un petit carnet pour y noter scrupuleusement ses dépenses journalières. « Mais je n'ai jamais pu m'y résoudre », conclut-il.

Moi, oui. Car j'ai évidemment eu mon Guille, en la personne de ma mère. En ces temps où les cartes de crédit n'existaient pas encore, elle m'avait vivement encouragé à noter sur mes talons de chèques l'argent qui me restait depuis l'émission du chèque précédent, en dessous la somme dépensée avec celui-ci ; puis à calculer tout de suite le nouveau reliquat et à l'inscrire tout en bas. Je dois dire que, durant de longs mois, je me suis scrupuleusement tenu à cette discipline maternelle, et qu'elle s'est révélée parfaitement inopérante.

Si d'aventure, un soir, parce que gentiment pris de vin et heureux d'être avec mes trois ou quatre commensaux, je décidais sous le coup d'une inspiration budgétairement néfaste d'offrir le dîner à tout le monde, le talon de mon chèque, une fois l'addition réglée, ressemblait le plus souvent à ceci :

Ancien solde :    – 3250 F
Resto :                     420 F
Nouveau solde : – 3670 F

Et la vie continuait, sans une ombre de remords, ni bien sûr la plus petite velléité d'amendement. Je la gagnais de mieux en mieux, cette vie, l'argent entrait et sortait à la faveur d'un courant d'air, je continuais de ne rien posséder : pas d'appartement bien entendu, mais pas de voiture non plus, pas même un meuble en dehors de mon lit. On ne parlera pas des bibelots, bien sûr ; je me moquais des vêtements, je ne partais jamais en vacances en dehors de la maison de Sologne familiale, je détestais voyager, c'est à peine si j'achetais quelques livres. 

Sartre note : « Ce qui frappe surtout, c'est que cet argent que je dépense, je le dépense à rien. » Je ne saurais mieux dire…

Cet état de chose s'est tout de même atténué en vieillissant, et du fait sans doute de mon changement d'existence à partir de 1990. Mais pas tant que cela. Il y a encore deux ans, avant la réduction drastique de mes revenus du fait de l'arrêt des BM, il nous arrivait régulièrement, à Catherine et moi, lorsque nous jetions un coup d'œil rétrospectif sur nos vingt années de vie commune, de nous poser cette question qui, à ce jour, n'a pas encore reçu de réponse définitive :

« Mais où est passé l'argent ? »

56 commentaires:

  1. Il y a chez Dickens, (David Copperfield) un procédé d'économie domestique et catastrophique qu'il appelle "la marge", d'une grande drôlerie.Je retrouve cet extrait:

    "…si nous supposons que les dettes de Herbert montaient à cent soixante quatre livres, quatre shilling, deux pence, je disais : " laisse une marge et inscris deux cents ". Ou si nous supposons que mes propres dettes étaient quatre fois plus élevées, je laissais une marge et inscrivais sept cents livres. J’avais la plus haute opinion de la sagesse de cette marge, mais je suis forcé de reconnaître qu’en regardant en arrière ce fut un procédé coûteux. Car nous contactions immédiatement de nouvelles dettes pour remplir la marge et parfois entraînés par le sentiment de liberté et de solvabilité qu’elle nous donnait, nous la dépassions si bien que nous nous trouvions en présence d’une autre marge."

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    1. Encore plus atteints que Sartre et moi, ces deux-là…

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  2. On a bien fait de s’amuser pendant qu’on le pouvait !
    Où est passé l’argent ?
    Un exemple : « Et si on allait passé un week-end à La Rochelle ? » Et on se retrouvait 4 jours à Florence dans un hôtel de luxe…

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    1. Oui d'accord, mais ce n'était tout de même pas tous les mois !

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    2. Si Catherine travaillait, vous n'auriez pas de problème de pognon. Mais vous auriez d'autres inconvénients. Ce qui prouve que ce sont bien les gonzesses qui foutent la merde. J'appelle Olympe.

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    3. Pas du tout ! Catherine a travaillé au service photo de FD durant à peu près un an : ça n'a rien changé du tout.

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  3. Comme ils vivaient simplement, ce revenu aurait suffi s'il n'y avait eu dans la maison un trou sans fond toujours ouvert, la bonté. Elle tarissait l'argent dans leurs mains comme le soleil tarit l'eau des marécages. Cela coulait, fuyait, disparaissait. Comment ? Personne n'en savait rien. À tout moment l'un d'eux disait : “ Je ne sais comment cela s'est fait, j'ai dépensé cent francs aujourd’hui sans rien acheter de gros. ” Cette facilité de donner était du reste un des grands bonheurs de leur vie ; et ils s'entendaient sur ce point d'une façon superbe et touchante.
    Une vie

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    1. Je crains de n'avoir même pas l'excuse de la générosité…

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    2. ben si quand même un peu.

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  4. Cela me fait penser à ce passage de "Vue d’œil" : « Il y a cinquante ans que tout le monde m'adjure de "repasser positif". On pourra écrire ça sur ma tombe ; ou sur une plaque de cuivre bien astiquée au dossier d'un banc, dans Kew Gardens : "In memoriam Renaud Camus - repassé positif à jamais." »

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    1. Je sortais de cette lecture moi-même. D'où mon “passer négatif”, évidemment.

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  5. Le sens de l'argent c'est comme le sens de l'orientation : on l'a ou on ne l'a pas.

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    1. Je n'ai ni l'un ni l'autre. Et après, on va continuer à me dire que je tiens de ma mère, qui, elle, possède les deux…

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  6. Tout pareil pour moi. En 1972-73, je pouvais atteindre les 8 000 francs/mois (800 000 qu'on disait encore)payés en espèces ! Quantité extrêmement volatile qui prenait le feu entre mes doigts, ce qui m'obligeait à emprunter sans cesse. Je n'ai rien construit de solide avec. En revanche, si la bamboula était un château, ce serait assurément l'un des plus beau de la Loire !

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    1. D'un autre côté, et heureusement, je n'ai pas le plus petit regret de tout cet argent envolé. Et je suppose que toi non plus…

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    2. Absolument pas. Ni regrets ni remords !

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    3. Comme disait la mère de Renaud Camus : « Ce n'est déjà pas drôle d'être pauvre, si en plus il fallait se priver… »

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  7. C'est parce que vous ne voulez rien léguer, parce que vous n'avez pas d'enfants. Quand on en a, et qu'on est un peu sérieux (il me semble), on comprend que l'argent qu'on a entre les mains ne nous appartient pas vraiment. On le doit en grande partie à nos ascendants (pas seulement génétiques), qui ont construit quelque chose, nous ont donné un capital (matériel et spirituel ou intellectuel), mais on le doit aussi à nos enfants.
    Nous ne sommes que des intermédiaires. Personne ne se fait tout seul.
    (J'aime le côté grandiloquent de ces sentences).

    Dilapider le fric peut alors paraître assez immoral, assez immature et égoïste, et même, peut-être, assez antisocial.
    Ce qui serait acceptable, c'est de convertir les richesses reçues en d'autres richesses, bref, de construire quelque chose, de participer à la société humaine, à la civilisation. Je ne sais pas si Sartre avait cette idée, bien qu'il ait, en un sens, construit quelque chose de valable, une oeuvre, avec l'argent qu'il a reçu et qu'il n'a donc pas tout à fait dilapidé. Finalement il n'était pas si jouisseur que ça.

    Ne pas faire n'importe quoi avec l'argent peut sembler une valeur petite bourgeoise, étriquée, loin de la largesse et des grands sentiments fous qui correspondraient mieux, à première vue, à la noblesse humaine. Mais c'est peut-être exactement le contraire.

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    1. Je m'inscris totalement en faux contre votre vision des choses ; moi qui passe mon temps à exhorter ma mère à dépenser l'argent qu'ils ont pour se faire plaisir avec. (Heureusement, elle ne m'écoute pas…)

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    2. Je dois à mes enfants d'être vêtus, nourris, logés, blanchis et éduqués mais pour le reste si je veux dépenser tout ce que je gagne, ça me regarde !
      Mes parents ont à peu près l'âge des vôtres si j'ai bien compris et je dois moi aussi leur dire d'en profiter... étant enfants durant la guerre ils n'ont pas eu l'habitude d'être gâtés je suppose

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    3. S'ils ont été enfants pendant la guerre, alors ils ont connu les Trente glorieuses et en ont profité à fond, nous laissant d'ailleurs dans la merde. Cette génération s'est goinfrée comme aucune autre dans toute l'histoire de l'humanité, et il faudrait qu'en plus on les plaigne, qu'on leur offre des campings-car et des hospices de luxe ?

      Je crois que l'on doit plus à ses enfants que ce vous dites. On leur doit de leur transmettre ce que nous avons reçu, si possible un peu augmenté, sans quoi il serait inutile de faire quoi que ce soit en cette vie. L'idée de la chaîne, dont nous ne sommes qu'un maillon, est nécessaire à toute action qui ne se veut pas gratuite. Elle nous donne l'impression (l'illusion peut-être) de ne pas seulement remuer du sable, et qu'il restera quelque chose de nos dires et de nos faits.

      Quant à pouvoir dépenser comme on veut ce que l'on gagne, il faudrait d'abord établir ce que nous gagnons vraiment, nous tout seuls. A mon avis pas grand-chose, quand on défalque ce que nous percevons grâce à la société. Un commerçant travailleur ne serait rien s'il n'y avait pas de routes pour conduire les chalands chez lui, et ce n'est pas lui qui, tout seul, a fait la route. Nous devons tout à la société, et si ce n'est tout, disons beaucoup, énormément même. C'est la justification des impôts, mais aussi une leçon de vie. Sans les autres nous ne sommes rien, et rien ne nous appartient vraiment. Il faut tout rendre un jour.

      Ceux qui claquent "leur" pognon s'amusent toujours aux frais des autres.

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    4. Je ne comprends pas bien votre raisonnement ; le commerçant paie des impôts aussi, moi également; quand je lui achète quelque chose, je lui évite de mettre la clef sous la porte et je ne vois pas bien à qui je fais du tort

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    5. Après avoir lu un message de Marco Polo, j'ai toujours l'impression que le regretté Jacques Rouland va débouler d'un instant à l'autre pour lancer un rassurant : « Allez, reprenez vos esprits, c'était juste une plaisanterie pour la "Caméra invisible"... »

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    6. Vous ne faites aucun tort au commerçant quand vous lui achetez quelque chose, bien sûr. Je voulais simplement dire qu'une bonne part de ce que nous gagnons par notre travail, nous la gagnons grâce à des infrastructures que nous n'avons pas créées, mais dont nous héritons. C'est pourquoi "notre" argent ne nous appartient pas complètement, même si nous l'avons honnêtement "gagné". Nous n'aurons d'ailleurs jamais de quoi rembourser notre dette à la société, tant ces infrastructures dont nous profitons dépasse notre capacité. C'est pour cela, au passage, que notre société est en droit de nous demander le sacrifice suprême en cas de guerre. Parce que nous lui devons plus que nous ne sommes capables de rembourser.

      Cela fait rire Manu F., mais ce ne sont là que des évidences, rendues certes plus obscures en nos temps d'individualisme jouisseur.

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    7. Robert Marchenoir3 mai 2013 à 21:03

      Toujours l'égoïsme radical du fonctionnaire, qui reste de gauche même quand il affecte des positions de droite. Toujours le deux poids, deux mesures. Toujours le : donne-moi, donne-moi, donne-moi, toi tu me dois tout et moi je ne te dois rien.

      D'un côté, Marco Polo, vous prétendez que ce qu'on gagne, on le doit aux générations qui précèdent, aux "infrastructures" qu'elles ont créées (toujours les fameuses "routes" que l'on doit à l'Etat, je suppose... peu importe qu'elles aient été construites par les Romains, mais c'est encore un autre débat).

      De l'autre côté, vous prétendez que les générations des Trente Glorieuses "ont profité", "se sont goinfrées", et que par conséquent "on ne devrait pas leur donner de camping-cars ni d'hospices de luxe".

      Comme s'il y avait des garages d'Etat où l'on "donnait" gratuitement des camping-cars, comme si les "hospices de luxe" étaient financés par la Sécurité sociale...

      Heureusement que vous nous avez prévenu que vous représentiez l'Altruisme, la Générosité, l'Humanisme, le Don de soi et le Respect des Ancêtres. Qu'est-ce que ça serait si vous étiez un profiteur égoïste, hargneux, jaloux et mesquin, irrespectueux des vieillards et des générations précédentes...

      Ainsi donc, les "générations des Trente Glorieuses" ont "profité" des Trente Glorieuses. C'est un truc qui leur est tombé sur la gueule, comme la vérole sur la bas-clergé et les congés-maladie de complaisance sur les fonctionnaires. Du temps des Trente Glorieuses, les gens se levaient vers trois heures de l'après-midi, allaient chercher leur chèque au guichet de la Banque de France, l'encaissaient à la Caisse d'Epargne, puis allaient faire les magasins.

      Il vous a échappé que si Trente Glorieuses il y a eu, c'est que les générations correspondantes ont trimé pour cela. Contrairement à votre génération –- allons-y dans les comparaisons personnalisés et ad hominem, puisque vous tenez absolument à remplacer la lutte des classes par la lutte des générations --, ces gens-là n'ont pas bénéficié des droizaki que vous considérez comme sacro-saints.

      Contrairement à votre génération, ces gens-là n'avaient pas de téléphone portable, bien souvent pas de téléphone du tout, pas d'ordinateur, pas d'Internet, pas de voiture, ne partaient pas en vacances (et encore moins trois fois par an et souvent à l'étranger), pas de 35 heures, pas de RTT, pas de prime de Noël quand ils étaient chômeurs, pas de formations gratuites, rien de tout cela.

      Ils ont connu la faim, ce que vous et les vôtres avez tendance à oublier : la faim pendant la guerre, la faim après la guerre. Les tickets de rationnement plusieurs années après la Libération. Le linge lavé à la main au lavoir municipal en plein milieu des années soixante. Le champ labouré à la main en marchant derrière le cheval. Les toilettes au fond du jardin, ou, au mieux, sur le palier. La crise du logement, qui n'a jamais cessé en France depuis 1918, malgré les pleurnicheries des abrutis dans votre genre, qui pensent que tous les gens qui sont plus vieux qu'eux ont touché un bon de l'Etat, dans leur jeunesse, pour devenir gratuitement propriétaires d'un 120 mètres carrés dans le seizième arrondissement de Paris.

      Et ils ont construit, de leurs mains, avec leur fatigue et leur sueur, ces fameuses Trente Glorieuses que vous avez le culot de leur reprocher aujourd'hui, et dont vous bénéficiez vous-même, espèce d'andouille franchouillardo-poujadiste.

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    8. Robert Marchenoir3 mai 2013 à 21:05

      Et maintenant, maintenant, vous avez le culot de vous ramener avec la gueule enfarinée, votre emploi garanti à vie et votre retraite dorée de fonctionnaire calculée sur les dernières années, en disant à ces gens-là : l'argent de votre retraite qui vous permet d'acheter des camping-cars (pour la minuscule frange des retraités du privé qui en ont les moyens), c'est moi qui vous le donne, il m'appartient, et je vais le garder.

      Mais quelle sorte de trou du cul êtes-vous, Marco Polo, précisément ?

      Et quand, exactement, avez-vous milité pour la suppression de la retraite par répartition, le passage à la retraite par capitalisation, le recul de l'âge de départ à la retraite (y compris le vôtre, bien sûr ! pas seulement celui des autres...), la mise en concurrence de la Sécurité sociale, la réduction du nombre de fonctionnaires, l'alignement de leurs conditions de retraite, scandaleusement favorables, sur les conditions de retraite du privé ?

      Je ne vous ai pas beaucoup entendu les réclamer, toutes ces réformes libérales, qui permettraient de donner un minimum de crédibilité à vos appels à affamer les vieillards (à défaut de les laver de l'ignominie qu'ils représentent)...

      Non, vous et les vôtres, vous vous êtes gobergés tant et si bien en tapant dans la caisse, en volant le fruit du travail des autres par le biais de l'Etat, en refusant pendant des décennies la moindre réforme libérale, en ignorant délibérément les milliers de rapports officiels, de signaux d'alarme, d'articles d'économistes, de livres, d'études d'organismes internationaux, de droite, de gauche, de partout, qui, tous, disaient la même chose : ça ne pourra pas tenir, acceptez des réformes tant qu'il en est encore temps.

      Pendant des décennies, vous et les vôtres vous vous êtes moqués de nous, moqués de ceux qui appelaient à la raison, moqués de ceux qui faisaient des additions, qui vous montraient les chiffres, qui vous disaient qu'on ne peut pas marcher sur l'eau, que ça n'a qu'un temps, que ce n'est qu'une illusion.

      Pendant des décennies, vous et vos représentants, les officiels, les Merluchon et les autres, vous vous êtes moqués de notre "logique comptable", vous avez dit explicitement : on va continuer à taper dans la caisse, et la dette, on ne la remboursera jamais, les emprunteurs iront se faire enculer, parce que nous on est la Frônce.

      Et maintenant, maintenant que vous voyez le mur arriver, maintenant que vous commencez à comprendre que c'est vous qui allez vous faire enculer, maintenant vous commencez à serrer les fesses et à chier dans votre froc.

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    9. Robert Marchenoir3 mai 2013 à 21:06

      Vous pourriez avoir un minimum de dignité, et, à défaut de reconnaître publiquement votre erreur, à défaut de vous excuser, à défaut de faire amende honorable, vous pourriez ramper légèrement sous le tapis, bref, essayer de vous faire oublier pendant quelque temps.

      Penses-tu ! Le gauchiste, y compris le gauchiste d'extrême-droite, a ceci pour lui qu'il a une inébranlable bonne conscience. Il a toujours raison. La morale est toujours de son côté, quoiqu'il arrive. C'est comme le Syndicat de la magistrature : on lui découvre un mur des cons, tu croirais qu'il essaierait de se faire oublier cinq minutes. Pas du tout ! Il grimpe aux rideaux et hurle même contre la mère Taubira, qui est pourtant à fond de son côté.

      Le Marco Polo, c'est pareil. Il hurle à la mort pendant des années quand on essaie de lui expliquer gentiment que ses privilèges, ça peut pas durer, puis quand la prédiction se confirme, et qu'il finit par comprendre que ça va se terminer, il s'empresse de chercher à qui il va piquer du pognon pour ne pas avoir, lui, à se priver, et il trouve : il va le voler aux plus faibles, à ceux qui ne sont plus en activité, aux vieillards, à ses parents, à ses grands-parents, à ceux qui n'auront plus jamais, pour seule ressource, que leur retraite, celle-là même dont tous les Marco Polo de France et de Navarre leur ont chanté sur tous les tons, pendant des décennies, que c'était un drouadlôm, une garantie en béton, un gage de justice sociale, la preuve de la Bonté Morale de la France, etc, etc.

      Aucun libéral n'a jamais milité pour que la nation renie les engagements pris dans le passé sur la retraite des travailleurs. Ils ont tous réclamé un changement de régime assorti d'une période de transition, qui permette de sortir progressivement de la répartition pour passer à un régime durable, par capitalisation.

      Le gauchiste, non ! Le gauchiste commence à refuser énergiquement tout changement, puis, quand il finit par comprendre qu'il a tort et que le changement est inéluctable, il milite encore pour que ce soient les autres qui en subissent les inconvénients, et de préférence les plus faibles et les plus vieux, ceux qui n'ont aucun moyen de se défendre !

      Tout cela est d'une bassesse inimaginable. La crise de la France, c'est une crise morale avant d'être une crise économique.

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    10. C'est un peu long, Robert, mais j'imagine que c'est fait exprès pour noyer le poisson.
      Tout ce que vous dites ici est faux.
      J'ai le plus grand respect pour les vieux et pour les morts, auxquels je pense devoir à peu près tout. Mais il se trouve que la génération des tickets de rationnement n'est peut-être pas la plus intéressante de notre histoire, voilà tout, et cela dit en toute objectivité : c'est la génération de mes défunts parents. Vous faites comme si j'avais insulté mes défunts parents, donc, et peut-être les vôtres. C'est idiot, surtout au moment où j'énonce qu'il faut vouer une sorte de culte à ceux qui nous ont précédé sur cette terre.
      Il y avait en outre, dans la référence aux camping-car et aux hospices de luxe, une part d'humour qui vous a peut-être échappé.

      Il y a aussi votre charge traditionnelle sur mon métier de fonctionnaire. N'avez-vous pas peur de lasser ? Vous avez parfaitement le droit de parler des fonctionnaires, de leurs avantages, etc. C'est légitime. Ce qui ne l'est pas, ce qui ne l'est jamais, c'est d'attaquer un homme que vous ne connaissez pas sur ce que vous supposez être sa morale, son attitude à l'égard des retraites et autres détails de ce genre. Il se trouve que je ne fais jamais grêve, par exemple, comme quelques autres collègues plutôt de droite et beaucoup d'autres qui, de gauche, ne veulent plus voir écorner leur salaire pour rien. Moi c'est par conviction et souci du service public. Vous n'êtes même pas obligé de me croire, d'ailleurs, mais le fait que je sois ce type de fonctionnaire est une possibilité qui devrait vous interdire moralement de me reprocher d'emblée d'être un fonctionnaire forcément semblable aux pires caricatures (et ces fonctionnaires-là existent aussi, je le sais). Mais non, vous préférez personnaliser vos attaques, ne pas parler à un interlocuteur rationnel mais à un fonctionnaire-selon-vos-vues, pour vous faciliter les choses et surtout ne pas devoir changer d'un iota vos préjugés. C'est à la fois trop facile et malhonnête, et vous le savez forcément, puisque vous n'êtes pas un sot.

      Tout se passe comme si vous écriviez pour essayer d'enfoncer dans la tête des lecteurs le clou de votre anti-fonctionnarisme maladif, sans tenir aucun compte jamais de ce que je pourrais avoir à vous objecter. Votre discours est doublement inefficace, parce qu'il n'y a plus grand monde pour le lire (sauf moi et un ou deux autres peut-être, qui ont la curiosité de revenir sur ce fil plus vraiment d'actualité), et parce qu'un discours-fleuve où l'on ne tient jamais compte de ce que disent les autres, où l'on déverse seulement son fiel, a peu de chance d'intéresser vraiment l'homme épris de vérité.

      Moi par exemple, je ne vous attaque pas sur le fait que vous êtes un retraité profiteur. J'ignore qui vous êtes, le métier que vous avez exercé, les avantages dont vous avez pu bénéficier, et c'est très bien ainsi. Je n'ai pas à supputer et à pratiquer l'attaque ad personam. Vous le faites systématiquement, ce qui enlève toute pertinence à votre discours.

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    11. "Notre argent ne nous appartient jamais complètement". Une fois qu'il est gagné, il est à nous, merde!

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    12. Vous montrez inévitablement la faiblesse de votre position en concentrant vos attaques sur la personne (que vous ne connaissez pas) plutôt que sur ses dires.
      Mieux : vous faites parler votre interlocuteur, pour ensuite attaquer ce que vous lui avez fait dire. C'est profondément choquant de la part de l'homme intelligent que vous êtes. Comment pouvez-vous croire que quiconque se laissera prendre au piège ? Ainsi j'ai, moi personnellement, Marco Polo, milité toute ma vie pour un système de retraite des fonctionnaires qui a ruiné la nation, pour l'embauche de toujours plus de fonctionnaires, pour l'augmentation systématique des cotisations des autres, etc. Je suis donc, moi, Marco Polo, une ordure.

      C'est risible.

      Sur le fond, des fois que cela vous intéresse un tantinet, vous prenez bien soin de ne pas répondre à cet argument que j'ai d'ailleurs déjà proposé au sujet des impôts et de ce que nous devons à la société, argument qui ruine totalement votre individualisme et en partie votre libéralisme, dans la mesure où le libéralisme suppose l'individualisme. Vous n'avez pas la culture historique et philosophique nécessaire pour débattre avec moi sur ces questions de fond, du moins tout, dans ce que vous dites, le montre, puisque vous ne parlez jamais sur ce terrain. J'allais vous reprocher de trop vous contenter de la prose inepte d'Ayn Rand, mais je me ravise, car j'ai cru vous lire la critiquer ici ou là, et je ne voudrais pas pratiquer les mêmes méthodes que vous. Mais enfin, vous devriez comprendre que les discussions techniques sur le meilleur modèle économique et social n'épuisent pas le sujet, qu'elles sont certes nécessaires, mais insuffisantes à comprendre ce qu'est vraiment une société, et donc qu'il faut faire un peu de philosophie, ou d'anthropologie.

      Je vous parle anthropologie fondamentale et vous me répondez retraites par capitalisation. On ne parle pas de la même chose. Et n'allez pas me dire que j'intellectualise à outrance, que je me réfugie dans les hautes sphères pour mieux éviter d'être concret. Votre misologie à deux francs, nous la connaissons aussi par coeur. Soyez original.

      Pardonnez, enfin, que je vous adresse ainsi directement la parole, alors que vous prenez soin, vous, de parler de moi comme si je n'étais pas là, et même de me faire parler, pour que mes dires correspondent mieux à ce que vous voulez qu'ils soient. C'est un procédé que l'on peut comprendre après une féroce engueulade et une distribution de noms d'oiseaux, mais nous n'en étions pas encore là, il me semble. Encore un aveu de faiblesse de votre part : vous faites comme si vous aviez déjà perdu la bataille et qu'il fallait seulement sauver la face en tentant de salir celle de l'autre.

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    13. Fil : comment expliquez-vous que l'Etat puisse exiger que vous payiez des impôts sur cet argent que vous avez "gagné" ? Comment l'avez-vous gagné, d'ailleurs ? Si vous êtes charpentier, avez-vous payé personnellement votre formation auprès du professionnel ? Si ce n'est vous, alors qui est-ce ? Ceux qui l'ont payé l'ont-ils fait pour vos beaux yeux ?
      Nous naissons débiteurs, voilà tout.

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    14. Mon commentaire concernait uniquement le travail. Pas la formation. Vous travaillez, vous gagnez une somme d'argent.
      Je perçois cela comme une équation. Un travail effectué, une somme d'argent correspondante.
      Si notre salaire ne nous appartient pas complètement, autant dire que nos salaires sont des crédits.
      L'Etat exige des sous sur nos salaires car on nous force à être altruistes. Les impôts c'est pour l'aide, et le reste c'est notre fric.
      Je ne m'estime pas être né débiteur. Je ne dois pas ma vie à l'Etat mais à mes Parents. A leur travail.

      Si on suit votre logique, ça voudrait dire alors que notre travail, celui qu'on a effectué, ne nous appartient pas non plus. Jusqu'à preuve du contraire, ce sont le cerveau et les mains dune personne qui effectuent le travail. Un savoir-faire, lorsqu'il est acquis, appartient à personne d'autre que vous.

      Autrement, vous êtes peut-être un fonctionnaire intègre, n'empêche que combien de jeunes, en sortant des études, cherchent à exercer le métier de fonctionnaires? Combien sont-ils à chercher d'abord un statut avant de chercher quelle professions les rendra épanouis et assez riches pour se payer un toit et à manger?

      Un travail, un salaire.

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    15. Oui, je regrette que beaucoup deviennent fonctionnaires pour des raisons assez éloignées de l'esprit de service, mais il faut reconnaître que c'est de moins en moins le cas, du moins dans l'enseignement où, pour la première fois je crois, la crise ne provoque pas d'engouement pour cette profession.

      Sur le fond :

      Je ne pense pas que l'on puisse ainsi distinguer travail et formation. Si je suis charpentier, il a bien fallu que j'apprenne le métier, donc mon travail est rendu possible par quelque chose d'autre que moi-même. Pour commencer, bien sûr, il faut que je vive, mais je ne me suis pas donné la vie moi-même ; et il faut que je survive, grâce aux médecins par exemple, et je ne risque pas à huit ans de pouvoir payer à quiconque les huit années d'étude que cela réclame. Mes parents en sont bien incapables eux-mêmes, d'ailleurs, le plus souvent. C'est donc à la société que je dois la vie. Les seuls individus qui ne sont pas dans ce cas sont les enfants sauvages, tel Victor de l'Aveyron, découvert vers 1800 nu, marchant à quatre pattes, ne sachant rien faire. Voilà bien le seul self-made-man véritable !

      Vous dites qu'un savoir-faire, une fois acquis, n'appartient qu'à nous. Je ne suis pas d'accord. On le doit à ceux qui nous l'ont donné, et donc on doit s'occuper des vieux par exemple. C'est une dette que nous acquittons (jamais entièrement). Mais on le doit aussi à nos enfants ; il faut transmettre ce que nous avons reçu, non ? Sans quoi c'est la fin de la société elle-même. Ceux qui ne le font pas, qui gardent tout pour eux, peuvent à bon droit être taxés d'égoïsme. On peut le leur reprocher, ce qui ne serait pas légitime s'ils possédaient vraiment tout ce qu'ils gagnent. A vous de voir si un charpentier qui claque tout son blé sans s'occuper de payer pour les vieux ni de transmettre son savoir-faire est un type bien ou un pauvre type.

      (Note pour Robert : si l'exemple des routes vous lasse, raillez donc celui du médecin maintenant, ou mieux : essayez de nous expliquer que vous ne devez pas à la société mais à vos seules ressources les compétences de votre médecin).

      Cela ne veut pas dire dans mon esprit que la société a tous les droits sur l'individu, ce qui serait pur collectivisme et totalitarisme, mais la société a des droits sur l'individu. Une société digne de ce nom, formée en nation par l'histoire, a par exemple le droit de m'envoyer me faire trouer la peau pour se préserver.

      C'est cela que les individualistes comme Marchenoir et, bien pire que lui, les libertariens et autres anarchistes, mais aussi les socialistes et une bonne part des gens qui se disent de droite, refusent, semble-t-il, de voir. Parce qu'ils ont tous intégré cet individualisme foncièrement mensonger.

      Je précise au passage que l'individu a également le droit de se révolter contre les contrefaçons du pouvoir social, par exemple de contester l'usage qui est fait de ses impôts. Plus qu'un droit c'est même parfois un devoir, comme Thomas d'Aquin, pourtant peu susceptible d'être confondu avec un anar anti-Etat, l'a affirmé clairement.

      J'ajoute que sur un plan métaphysique je ne crois pas non plus que nous nous appartenions. Notre existence n'est pas entièrement à nous, raison pour laquelle le catholicisme fait du suicide un horrible péché. Mais cela nous entraîne trop loin.

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    16. Quand on reçoit une formation, c'est un être humain qui nous l'enseigne, pas l'Etat. L'Etat n'est pas une personne. L'Etat n'est pas un Dieu à qui on doit tout.
      J'estime qu'il n'y a pas de sale type ou de bon type. La vie est assez dure comme ça pour en plus être obligé de consacrer sa vie aux autres. Pire, pour quelle raison, vous, Marco Polo, auriez-vous le droit de juger qui est un sale type, et qui est un mec bien?
      Je pense que vous idéalisez un peu trop la Nature humaine. un peu comme chez la dame qu'on ne cite pas, qui se plaignait que les gens ne s'arrêtaient pas devant les clochards. C'est bon, faut arrêter de vouloir culpabiliser à un moment. La vie est assez dure comme ça.

      Le travail existe indépendamment des humains. C'est comme les idées, elles existent déjà, elles sont dans un petit monde, et quand un penseur en développe une bonne, c'est qu'il est allé la chercher dans le monde des idées. L'idée existe intemporellement. Il en est de même pour un métier. Il y a un savoir faire, une méthode, qu'on va aller chercher pour l'enseigner. En gros, les métiers, les idées existent, et les humains n'en sont que des vecteurs. Je suis d'accord avec vous.

      Je vais essayer de couper la poire en deux. Un métier, un savoir-faire, une fois acquis, il nous appartient, ça j'en suis intimement convcaincu, c'est comme faire du vélo. En revanche il se partage, et ça se fait naturellement. Je ne vois pas bien pourquoi vous dîtes qu'il faut faire ça alors que les choses se font indépendamment de votre volonté. La transmission du savoir-faire est une chose naturelle, et pourquoi en faire un combat?
      Mais de grâce, aucun humain ne peut juger de qui est un sale type et qui est un type bien.

      Vous critiquez l'individualisme, mais ça fait le beurre de la gauche. Faire croire aux gens que leurs problèmes se régleront en dehors de leur volonté, c'est un mensonge. Combien sont-ils à attendre de l'Etat alors que sils se bougeaient le cul et faisaient une introspection, méthode individualiste, ils comprendraient que la source des problèmes n'est pas à l'extérieur, bien souvent, mais en eux.

      L'individualisme, le bon, le vrai, est une solution et non un problème à mon avis. L'individualisme qui se bat pour accéder à ses besoins a souvent plus de couilles que celui qui attend que tout arrive comme par magie. Les individualistes sont des débrouillards, pas forcément égoïstes, et les stigmatiser revient à cracher sur ce qui pourrait être la solution à de nombreux problèmes.

      En dehors du Catholicisme, vous parlez du suicide, mais savez-vous le mal que ça fait aux proches quand vous avez un ami ou un membre de votre famille qui se suicide? Il n'y a pas besoin d'être catholique pour dire que le suicide témoigne d'une profonde tristesse, mais aussi d'un très gros égoïsme. Un père de famille qui se suicide et qui pense à ses problèmes avant de penser au mal qu'il va faire à ses enfants, nul besoin d'être catholique pour deviner le choc que provoque la vision d'un père pendu quand sa fille rentre chez elle.

      L'individualisme est une solution. Vous estimez que seul le partage prévaut, mais je pense que c'est une erreur. Chacun doit se faire une introspection pour comprendre quelle sera la meilleure place qu'il pourra occuper dans la société. Où est-ce que je me réaliserai en tant qu'humain? Quel domaine me correspondra le mieux pour accomplir un maximum son existence. Vraiment, il ne faut pas négliger l'individualisme.

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    17. Dans la vie les choses se prennent. L'existence est un combat, c'est le contraire de ce que racontent les féministes et lobbys gays qui laissent croire que vous avez le droit à ça parce que vous êtes une femme ou parce que vous êtes homo! Ce sont des conneries!
      Les choses se méritent, il faut combattre pour accéder à la place qu'on mérite, et seul l'individualisme permet ça. Après on partage, certes, impôts, savoir-faire, mais un individu ne s'accomplit qu'en passant par l'individualisme.

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    18. Pour résumer, je pense que l'individualisme n'est pas opposé partage. Je dirais même qu'ils sont intimement liés.
      Il faut penser à soi à un moment dans sa vie, être égoïste même, pour pouvoir accomplir au mieux sa destinée. Et ensuite on peut partager, tout ce que vous voulez, mais l'accomplissement de la foule passe par la réalisation des individus en tant qu'être à part entière.
      Oui, l'humanité forme un tout, mais cette humanité n'est rien si chacun ne s'est pas penché sur sa petite personne pour apprendre à se connaître.

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    19. Bon, il faut songer à s'arrêter sinon Didier va nous gronder.

      Je suis d'accord avec vous sur le fait que chacun doit agir et ne pas attendre que tout lui tombe dans le bec. Seulement les valeurs de travail et d'accomplissement ne sont pas spécialement individualistes.
      Vous dites qu'on n'a pas le droit de juger les autres, pourtant vous le faites avec l'exemple du suicidé. Bien sûr qu'on a le droit de distinguer entre un brave type et un sale type. Moi, par exemple, je n'irais pas confier mes gosses à Marchenoir.
      Vous pensez que critiquer l'individualisme fait le beurre de la gauche. Mais la gauche est individualiste ! Comme une bonne part de la droite, certes. La mariage homo est une valeur individualiste (pas de loi supérieure à la volonté de l'individu ; au nom de quoi interdire à chacun de faire ce qu'il veut ? etc.)

      Bien à vous

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    20. Pour résumer encore plus, je priviligierai toujours l'individu au groupe. Un individu vit pour lui avant de vivre pour un groupe, ou même pour sa famille.
      Par moments, faire preuve d'égoïsme, refuser une situation qui pourrait vous mettre dans l'embarras, peut vous empêcher de faire une connerie. Je ne suis pas convaincu qu'il faille tout donner pour les autres.
      Pour le suicide je ne juge personne, je décris comment est perçu un suicide par les proches. Je ne juge pas. Tout ce dont je vous parle je le dis de manière détachée. C'est mon opinion, mais j'essaye de la coller aux faits. Nulle part je n'ai jugé un suicide. Je disais que ça causait de la douleur pour l'entourage. Seriez-vous de ceux qui n'aiment pas entendre la réalité?
      Bien penser à soi permettra d'agir bien avec les autres ensuite. Il ne faut pas mésestimer l'intérêt de l' individualisme comme vous semblez le faire.

      L'individualisme et l'humanisme ne sont pas des topics politiques pertinents car ils ne sont qu'affaire de sentiment et préjugés. Ca ne peut pas organiser un pays ce genre de thème. Et pourtant c'est la vitrine des socialos.
      Si un groupe veut bien se porter, le bonheur passe d'abord par l'individu. On ne rend pas les gens heureux en les forçant à être heureux.

      Les hommes sont des individus avant d'être un groupe. Et juger les gens reviendrait à se prendre pour Dieu. Si vous n'êtes pas un être parfait, juger autrui peut faire de vous quelqu'un de hautain. APrès si vous êtes juge, je dis pas..
      Vous faîtes sans doute erreur au sujet de Marchenoir....

      Bien à vous également.

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  8. Heureux homme, j'ai trop "manqué" (enfin je le croyais) dans mon enfance alors j'épargne, j'accumule, je thésaurise pour quoi ? Pour rien, au mieux une belle tombe.

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    1. Je me demande si on peut réellement expliquer ceci par cela, sinon a posteriori. Car, en fait, le raisonnement inverse fonctionne aussi bien : « Comme je n'ai jamais vu d'argent à la maison dans mon enfance, je brûle systématiquement celui qui arrive entre mes mains. »

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  9. Etre riche ce n'est pas avoir de l'argent - c'est en dépenser.

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  10. « Mais où est passé l'argent ? »

    La question fut posée un jour à Steven Tyler (que vous ne connaissez probablement pas), leader du groupe Aerosmith - que vous ne connaissez sans doute guère plus malgré son record mondial de ventes d'albums de toute l'industrie pop/rock contemporaine. Il répondit : "dans mon nez".

    Alors, 250.000 Fr/an ou 25 millions de dollars, c'est finalement un grand plaisir que d'avoir fait chanter le gosier (ou le nez) de ses amis et le sien.

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    1. Détrompez-vous, je sais parfaitement qui est Tyler ! J'ai même eu un disque d'Aerosmith, à une époque…

      Cela dit, voilà une chose que j'ai oubliée, dans mon passage en revue des choses qui ne m'intéressaient pas et ne m'ont donc rien coûté : la drogue.

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  11. La belle générosité de LFC pour Sartre ou comment vider son portefeuille.

    A Roger Nimier

    Le 13 janvier 1950

    Ah cher jeune maître vous avez une sacrée veine de pouvoir voyager ainsi ! Si je pouvais foutre le camp moi ! oh la la ! ça serait pour plus loin que l'Angleterre je vous assure et pour de bon ! Oh Sartre je lui ferais une rente s'il n'était devenu si riche et moi si pauvre juste pour sa phrase des Temps nouveaux (lapsus fréquent chez Céline) - ! Pensez que je lui en veux pas ! ah loin ! Cette belle franchise de haine moucharde mais c'est très rare médicalement parlant ! cette forme " ouverte "... Mais c'est à montrer aux " étudiants " ! pour combien de cas invisibles. Quand je pense aux larves je suis ému. Combien éclosent ?...
    (...)
    Votre bien amical.
    LF Céline

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    1. Sartre était beaucoup plus généreux que Céline, assurément. et ce dernier est franchement pénible avec sa façon de tout le temps pleurer misère, s'habiller en clodo, etc., surtout quand on sait les sommes que lui versait Gaston Gallimard.

      Il reste que Céline est sans doute un plus grand écrivain que Sartre…

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    2. Sartre plus généreux que Céline ? Peut-être. Difficile de comparer sans parti pris hélas. Céline le fut indiscutablement pour des amis comme Abel Bonnard ou Albert Paraz, avec des revirements spectaculaires, comme avec Gen Paul. Et j'en passe...

      Tout son cirque autour de l'argent agace, Nabe y voit un des nombreux traits de son génie, pas moi. Ce fric il ne l'a pas volé malgré tout.

      Pour le reste nous sommes d'accord.

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  12. Malheureusement la générosité de Sartre était absente pour ceux qui avaient à souffrir des régimes communistes, et qui se sont adressés à lui.

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    1. Disons que l'aveuglement idéologique était plus fort que la générosité personnelle…

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  13. Robert Marchenoir2 mai 2013 à 19:48

    Sartre n'a jamais eu envie de beaucoup d'argent ? Dans une interview tardive publiée par le Nouvel Observateur, il expliquait qu'il adorait avoir des liasses de billets dans sa poche.

    Mais je suppose que lorsqu'un intellectuel de gauche avoue aimer le contact physique de l'argent, c'est une bizarrerie de dandy qui ajoute le délicieux frisson de la transgression à la noblesse de son rôle. Si un chef d'entreprise expliquait, dans une interview, qu'il aime sentir des liasses de billets dans ses poches, cela serait jugé, par les mêmes, comme le comble de la vulgarité et de l'arrogance capitalistes.

    En somme, Sartre était bling-bling bien avant Sarkozy.

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    1. Le fait d'aimer avoir de l'argent numéraire sur soi ne me paraît pas du tout contradictoire avec ce qu'il dit de son rapport à cet argent, et même au contraire : quelqu'un qui veut expédier l'argent loin de lui "comme une grenade à main", ou à la voir "couler hors de ses doigts", a tout intérêt à l'avoir, précisément, sous la main et entre les doigts…

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    2. Cela étant, que Sartre ait bénéficié d'indulgences que l'on refuserait à un "patron", ça va de soi.

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  14. Sartre a quand même refusé le prix Nobel, et le gros paquet de pognon allant avec. C'est l'une des choses qui m'empêchent de détester cet homme. Personnellement, bien que j'aime assez dénigrer l'argent, je ne suis pas sûr que je refuserais. C'est pourquoi je m'oblige à ne faire que de petits livres insignifiants et dénués de grandes qualités littéraires (ce qui est assez difficile, vous l'imaginez).

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  15. « C'est pourquoi je m'oblige à ne faire que de petits livres insignifiants et dénués de grandes qualités littéraires (ce qui est assez difficile, vous l'imaginez). »

    Pas du tout difficile, non ! j'y arrive très bien moi-même…

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  16. J'adore tellement dépenser mon pognon que je n'ai jamais pris soin de mes billets!
    Toujours froissés et toujours prêts à être dépensés!

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  17. Mais peut etre sera t il lu mon commentaire anonyme..mais par quoi commencer?et tellement de choses a dire!et peut etre meme que dû fait que je sois en wifi total,le commentaire arrivera meme pas!
    Bref commentaire d'un smicard pour et depuis toujours,petite gens je suis et reste(on est nombreux,peu de blogueurs le savent)j'ai donc fatalement eu PLUSIEURS emplois au fil des decennies,dans ma vie comme mes emplois,j'ai dû TOUT apprendre,seul;pére inconnu(origine Polonais..)mére "instable",j'ai relevé des sermons de pacotille chez Marco,bien chez Marchenoir par contre..
    J'ai compris certains "trucs" dans notre systéme deliquescent,par exemple pour utiliser le savoir de Bloy:la medecine est un sacerdoce(les medecines dirais-je);Aurelien Scholl est plus explicite dans son Tableaux Parfaits(ou Vivants,lapsus du lecteur)quant a ces sacerdoces;je vais résumé mes pensées:je crois qu'en effet nous sommes au début du lessivage de notre éspéce(titre d'un livre,ecrit par un docteur,qui lui soupçonne l'industrie agro-alimentaire dans ce livre que je n'ai pas lu)moi je soupçonne fortement l'un et moins l'autre d'etre responsable;d'avoir créer terrain pour le grand remplacement,irreversible il est enclenché depuis pas mal de lustres.
    Je pense qu'il est vain de vouloir mettre du plomb dans la tête des gens,ses proches y compris;bon courage Didier,dans le marasme.
    Dominique.

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.