Et le temps semble venu de céder un peu la parole à l'excellent et très recommandable G. K. Chesterton :
« Évidemment, j'excuse ce cher vieux Cholmondeliegh, dit Lord Beaumont, tout en nous aidant à enlever nos pardessus. Il n'a pas l'esprit moderne.
– Qu'est-ce que l'esprit moderne ? demanda Grant.
– Oh !... c'est un esprit de lumière et de progrès, qui envisage sérieusement les réalités de la vie. » À ce moment, un autre accès d'hilarité éclata derrière la porte.
« Je demande cela, dit Basil, à propos de deux de vos récents amis qui avaient l'esprit moderne : l'un croyait mal de manger des poissons, l'autre croyait bien de manger des hommes. Pardon... c'est par ici, si je me rappelle bien.
– Savez-vous, dit Lord Beaumont avec une sorte d'exaltation fiévreuse, en trottinant derrière nous, je n'arrive pas à comprendre de quel côté de la barrière vous êtes. Quelquefois, vous paraissez tellement libéral et quelquefois tellement réactionnaire. Basil, êtes-vous un homme moderne ?
– Non », dit Basil à voix haute et joyeusement au moment où nous pénétrions dans le salon rempli de monde.
Le Club des métiers bizarres, Gallimard – L'Imaginaire, p. 61.
« Évidemment, j'excuse ce cher vieux Cholmondeliegh, dit Lord Beaumont, tout en nous aidant à enlever nos pardessus. Il n'a pas l'esprit moderne.
– Qu'est-ce que l'esprit moderne ? demanda Grant.
– Oh !... c'est un esprit de lumière et de progrès, qui envisage sérieusement les réalités de la vie. » À ce moment, un autre accès d'hilarité éclata derrière la porte.
« Je demande cela, dit Basil, à propos de deux de vos récents amis qui avaient l'esprit moderne : l'un croyait mal de manger des poissons, l'autre croyait bien de manger des hommes. Pardon... c'est par ici, si je me rappelle bien.
– Savez-vous, dit Lord Beaumont avec une sorte d'exaltation fiévreuse, en trottinant derrière nous, je n'arrive pas à comprendre de quel côté de la barrière vous êtes. Quelquefois, vous paraissez tellement libéral et quelquefois tellement réactionnaire. Basil, êtes-vous un homme moderne ?
– Non », dit Basil à voix haute et joyeusement au moment où nous pénétrions dans le salon rempli de monde.
Le Club des métiers bizarres, Gallimard – L'Imaginaire, p. 61.
Prem's.
RépondreSupprimerMais si mais si vous l'êtes.
RépondreSupprimerEt plus encore.
Nous le sommes tous, par la force des choses et bien malgré nous.
Des modernes réactionnaires, voilà ce que nous sommes mon cher Basil.
> Le journalisme consiste pour une large part à dire "Lord Jones est mort" à des gens qui n'ont jamais su que Lord Jones existait.
RépondreSupprimer[Gilbert Keith Chesterton]
Plus de citations ici
Pas tout à fait, du moins à la radio ou à la télé.
RépondreSupprimerCurieusement, à l'occasion d'un décès les journalistes ne construisent jamais leur première phrase. Ils disent par exemple :
La mort d'Untel. Et ils enchainent : Il avait 63 ans et il a succombé à une grave maladie
Je me suis toujours demandé pourquoi ils ne disaient pas carrément :Untel est mort d'un cancer... Pudeur ? tabou ?
Bon d'accord, ça n'a pas grand intérêt et ça ne préoccupe que moi.
Duga
Saviez-vous que lorsque j'étudiais l'anglois au siècle dernier (tendance années 70) G.K. Chesterton était considéré comme un auteur "mineur" ???
RépondreSupprimerMoi c'est bien pire: je n'avais jusqu'à date récente JAMAIS entendu parler de Chesterton. Est-il majeur, mineur? Dans le fond, je m'en fous complètement. Je le trouve un peu sentencieux.
RépondreSupprimerTiens, au passage: je me faisais ces derniers temps la réflexion suivante: on nous dit que tel ou tel écrivain, poète, était (ou est) GRAND. Mais en fait il n'est GRAND que pour les profs de lettres ou ceux qui les écoutent. Ou encore pour ceux qui n'écoutaient pas mais qui s'intéressent ensuite à la littérature. Pour les masses, il n'existe même pas.
RépondreSupprimerRien à voir avec ce billet, mais quelqu'un pourrait-il nous donner l'intégralité de l'article d'Elisabeth Lévy dans Causeur intitulé "Coup de jeûne"?
RépondreSupprimer« Tiens, au passage: je me faisais ces derniers temps la réflexion suivante: on nous dit que tel ou tel écrivain, poète, était (ou est) GRAND. Mais en fait il n'est GRAND que pour les profs de lettres ou ceux qui les écoutent. Ou encore pour ceux qui n'écoutaient pas mais qui s'intéressent ensuite à la littérature. Pour les masses, il n'existe même pas. »
RépondreSupprimerÇa c'est de LA RÉFLEXION à graver au burin dans l'aggloméré et à déposer à Sèvres.
@ Georges: personnellement, je la graverais dans la mie de pain et je la déposerais dans le jardin. Les oiseaux s'en nourissant permettraient alors à ma pensée de s'élever vers des cimes.
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