« Il faudrait ne jamais débattre. Le débat, comme le reste, dans notre univers d'intransitivité galopante, a perdu son complément d'objet. On débat avant de se demander de quoi : l'important est de se rassembler. Le débat est devenu une manie solitaire que l'on pratique à dix, à cinquante, à cent, un stéréotype célibataire en même temps que grégaire, une façon d'être-ensemble, un magma d'entreglose qui permet de se consoler sans cesse de ne jamais atteindre, seul, à rien de magistral.
« (...) Une nouvelle pensée, une pensée magistrale du monde ne peut être discutée, pesée tranquillement, soupesée entre gens de bonne compagnie, amendée, corrigée, nuancée, tripotée, faisandée de pour et de contre jusqu'à ce qu'elle ressemble à une motion de compromis dans une assemblée syndicale ou à la misérable synthèse terminale d'un congrès de parti socialiste. Toute proposition originale est menacée, dans le débat, par ce qui peut lui arriver de pire : un protocole d'accord. Une nouvelle pensée du monde peut et doit être assénée comme un dissentiment irrémédiable, comme une incomptatibilité d'humeur. Il ne faut pas argumenter, il faut trancher dans le vif. Penser, c'est présenter la fracture. »
Philippe Muray, Moderne contre moderne (Exorcismes spirituels IV), p. 164, Belles-Lettres.
[Ce texte, recopié par moi, peut être lu comme une sorte de "critique au miroir", de vague remords, d'aveu de lâcheté, de faiblesse reconnue et pas totalement assumée...]
« (...) Une nouvelle pensée, une pensée magistrale du monde ne peut être discutée, pesée tranquillement, soupesée entre gens de bonne compagnie, amendée, corrigée, nuancée, tripotée, faisandée de pour et de contre jusqu'à ce qu'elle ressemble à une motion de compromis dans une assemblée syndicale ou à la misérable synthèse terminale d'un congrès de parti socialiste. Toute proposition originale est menacée, dans le débat, par ce qui peut lui arriver de pire : un protocole d'accord. Une nouvelle pensée du monde peut et doit être assénée comme un dissentiment irrémédiable, comme une incomptatibilité d'humeur. Il ne faut pas argumenter, il faut trancher dans le vif. Penser, c'est présenter la fracture. »
Philippe Muray, Moderne contre moderne (Exorcismes spirituels IV), p. 164, Belles-Lettres.
[Ce texte, recopié par moi, peut être lu comme une sorte de "critique au miroir", de vague remords, d'aveu de lâcheté, de faiblesse reconnue et pas totalement assumée...]
On attend les commentaires... dans une exquise angoisse.
RépondreSupprimerMaîtresse : les votres peut-être, non ?
RépondreSupprimerDidier : Ph.Muray a une force indéniable, mais pourquoi vous battez-vous la coulpe ?
J'oubliais : du Muray moi j'en redemande, quelle bonne idée de nous en donner des extraits ces jours prochains ; du La Bruyère aussi, et de tout ce que vous pouvez trouver de bien (pas de Bégaudeau, laissez-le à vos relations gauchistes, ils doivent nager dans une satisfaction totale).
RépondreSupprimerFaites comme Georges. N'acceptez que les faisandages de basse cour. Maîtresse y est experte.
RépondreSupprimerMarcel
Pfff
RépondreSupprimerpensée magistrale du monde mon cul.
Emma : il y en aura d'autres. Au moins pour vous...
RépondreSupprimerMarc : je suppose que votre commentaire est à lire comme une approbation de ce que dit Muray ?
Non, pas du tout ! Quand je lis de gros prétentieux (comme P. Muray) qui se prennent pour Nietzsche (qui, lui, est si difficile à saisir vraiment qu'il réchappe effectivement de tout débat) et qui parlent de "pensée magistrale du monde" alors qu'ils n'ont jamais produit que de grotesques caricatures sociales, alors comme Zazie devant Napoléon, plutôt que d'enlever mon chapeau, je préfère montrer mes fesses.
RépondreSupprimerJe ne connais pas Muray, j'en avais seulement entendu parler. Un peu déçu. C'est de l'anticonformisme assez conformiste ma foi. Je voyais ça plus percutant.
RépondreSupprimerJe pense à la harangue d'un directeur de marketing s'adressant à ses cadres commerciaux, réunis un lundi matin, dans un salon de Novotel sis dans une zone industrielle.
Le reste sera sans doute (je l'espère) plus à la hauteur de sa réputation.
Henri : il ne faut pas accuser Muray, mais plutôt mettre en doute la pertinence du choix de son actuel compilateur...
RépondreSupprimerMarc : j'ai vu que vous préfériez aller chercher votre "vision du monde" dans Le Monde diplomatique et chez Noam Chomsky. Par conséquent, tout est cohérent.
Le Diplo et Chomsky : entre autres, entre autres !
RépondreSupprimerC'est que je ne me prive jamais d'une bonne lecture. Ensuite les gens mettent leurs étiquettes, ça les rassure et leur fait plaisir, qu'y puis-je moi mon bon monsieur ?
RépondreSupprimerVous n'y pouvez rien, en effet...
RépondreSupprimernon, Henri, détrompez-vous, les harangues d'une bande de commerciaux ne ressemblent en rien à ces exorcismes. Je n'en connais pas un, qui aurait trouvé l'expression "les mutins de Panurge".
RépondreSupprimerPour la minuscule anecdote.
J'ai trouvé dans une boutique qui se pique d'être équitable et durable, le 19ème siècle à travers les âges pour une somme modique (4 euros).
M.Goux, vous avez des lecteurs de compilation exigeant!
Tiens ! J'arrive en retard. Mais je suis presque d'accord. Le débat dans les blogs n'est jamais très intéressant ! D'ailleurs, mon blog s'appelle "Partageons mon avis"... aussi quand d'autres viennent débattre en étant totalement opposé à ce que je dis m'amuse beaucoup : ils dépensent de l'énergie pour rien.
RépondreSupprimerJe ne suis pas d'accord avec vous Didier, mais je ne le ferai pas avoir ...
RépondreSupprimeriPidiblue dégoût du monde et des couleurs
Je tiens à préciser une nouvelle fois (et cela vaudra pour les jours à venir) que je me contente de soumettre des extraits à l'appréciation générale : ce n'est pas moi qui parle.
RépondreSupprimerIl peut donc m'arriver de ne pas être tout à fait en accord avec ce que je donne à lire, voire de ne pas très bien le comprendre. C'est notamment le cas, en ce qui concerne Muray, avec ses théorie sur la fin de l'Histoire.
Moi non plus je ne suis pas d'acord avec moi tous les jours, mais vous savez je passe là-dessus ...
RépondreSupprimeriPidiblue vieil habitué de soi-même
"grotesque caricature sociale"
RépondreSupprimerhihihi, Nietzsche aussi, dans un sens n'a fait que cela (et il n'est pas si difficile à lire, allons) d'ailleurs, n'importe qui voulant décrire le monde actuel, doit produire de la "grotesque caricature sociale" qu'il le veuille ou non, car il n'y a plus que cela qui fasse office de réalité. Finalement, il n'y que les impuissants qui ne peuvent pas grossir les traits, ceux qui se prennent terriblement au sérieux, incapable de rire, car pures caricatures.
il sorpasso : c'est en tout cas exactement la position de Muray lui-même, comme vous le savez forcément.
RépondreSupprimerBien, je ne sais pas. Pour ma part, je demande à voir, les extraits sont, il est vrai, toujours trompeurs, mais pour l'instant, rien qui m'inclinerait particulièrement à la lecture de cet auteur... Cependant, comme vous avez, Didier, promis une série, je m'en réjouis, cela tombe bien.
RépondreSupprimerJe réserve donc mon jugement :-)...
Bonne journée !
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimer(Suivi mail, pardon : deux fois, car deux fois même erreur, aie, suis tête en l'air..)
RépondreSupprimerPour "l'aveu de lâcheté", comme d'ailleurs, pour ce qui est dit ici : de ce que les conditions de débat soient rarement réunies (sur les blogs comme ailleurs) faut-il réellement conclure qu'"il ne faudrait jamais débattre" ou... que les conditions du débat sont rarement réunies ;-) ?
Pour ce qui est de "la pensée magistrale du monde" (dont il faudrait toutefois déterminer plus avant la "nature" me semble-t-il) qu'elle ne puisse sans dommage être soumise à "n'importe quel" débat, certes, mais, de la même manière, n'est-il pas de toute façon absurde d'en placer le lieu d'entente comme étant d'abord celui des assemblées ou des congrès ? D'où vient cette idée saugrenue qui fait (apparemment) naître tant d'amertume ?
Je crois chère Albertine que la pensée du politiquement correct c'est de la pensée magique !
RépondreSupprimeriPidiblue farces et attrapes
"Ce texte, recopié par moi, peut être lu comme une sorte de "critique au miroir", de vague remords, d'aveu de lâcheté, de faiblesse reconnue et pas totalement assumée..."
RépondreSupprimerVous conformez-vous à l'anti-conformisme ? ça craint...
Bon ! Vue la masse de commentaires, - "à côté" ou pas d'ailleurs -, on a bien compris qu'aucune "nouvelle pensée, ou pensée magistrale du monde" n'avait surgi de ce billet.
RépondreSupprimerMarcel... silencieux...parfois
Bon, je vais faire pencher la balance de l'autre côté. J'ai adoré "Exorcismes spirituels IV", même si tout n'est pas d'égale qualité (et même si je ne partage pas toujours les opinions de l'auteur).
RépondreSupprimerJe me régale de sa plume incisive qui, tel un scalpel, met à nu bien des travers - rigolos ou dramatiques - de notre société.
Voir, par exemple, les chapitres suivants : "Nul n'est tenu de rester dans l'incarnation", "Le mariage transformé par ses célibataires mêmes", "Précaution (Principe de) in "L'avenir tel qu'il parle, "Nuit blanche gravement à la santé", etc., etc. Pour les soirs de cafard, je recommande la lecture de "Le sourire à visage humain" ! Personnellement, j'ai un petit faible pour "Dieu merci" dont voici les premières phrases (pardonnez-moi Didier, j'empiète un peu sur votre terrain ...) :
"Les dernières nouvelles de Dieu ne sont pas bonnes. J'entends le vrai Dieu, je veux dire le mien, non l'un ou l'autre des bouffons démiurgiques plus ou moins excités qui prétendent s'égaler à Lui, et même le surpasser, et convertir tout le monde à coups d'explosions islamiques ou d'amargeddonisme pour obèses américains et véliplanchistes nés deux fois".
Sinon, j'ai aussi beaucoup aimé un autre ouvrage de Muray, celui intitulé "Festivus, Festivus", livre d'entretiens (conversations) avec Elisabeth Lévy.