Puisque la nôtre devient proprement inhabitable, il faut bien commencer à réfléchir : dans quelle époque du passé allons-nous émigrer ? On n'a que l'embarras du choix, même si les moyens de transports ne sont pas encore tout à fait au point. Donc, il convient de choisir avec soin et circonspection son ère de villégiature, ce à quoi je vous invite : pour quelle époque allez-vous vous embarquer ? Il vous sera demandé une date de naissance précise. Pour la commodité de la chose, on décidera arbitrairement que les hommes vivront tous 75 ans et les femmes 80, car le veuvage leur sied à merveille. Il n'est pas interdit de motiver son choix, bien entendu.
Personnellement, j'ai d'abord été assez tenté par la période 1170 - 1245, pour le plaisir gamin de voir se construire les grandes cathédrales. Et aussi d'aller voir sous le chêne de Vincennes si le bon roi Saint Louis accepterait de me rendre mon permis de conduire. Finalement, j'ai renoncé, lorsque j'ai appris que les dentistes de l'époque étaient de vrais bouchers.
Mon choix définitif est donc le suivant : 1835 - 1910. Long moment de paix, d'opulence (mal partagée certes), de bourgeoisie triomphante et assurée d'elle-même, de christianisme conquérant. Et puis, Louis-Philippe, le Second Empire, tout de même...
Période bénie où les plus aventureux franchissent d'un bond la Méditerranée et vont se couvrir de gloire à seule fin d'apporter la civilisation aux sauvages pittoresques, où les timorés se contentent de faire fructifier le capital dans l'ombre de ce bon baron Haussmann ; véritable âge d'or durant lequel ce n'est pas pécher que de retrousser malicieusement le tutu des petits rats de l'opéra qui ne demandent pas mieux ; ère éclectique où l'on peut passer la même semaine d'Offenbach à Wagner, aller s'empiffrer d'huîtres au Rocher de Cancale avec Balzac ou Flaubert, pour se préparer dignement à terminer au bordel en compagnie de Maupassant ; avant de goûter un repos bien mérité à la campagne, à trois kilomètres à peine, au-delà du pont de Neuilly.
Non, vraiment, quelle magnifique invention, que le XIXe siècle !
À vous...
Personnellement, j'ai d'abord été assez tenté par la période 1170 - 1245, pour le plaisir gamin de voir se construire les grandes cathédrales. Et aussi d'aller voir sous le chêne de Vincennes si le bon roi Saint Louis accepterait de me rendre mon permis de conduire. Finalement, j'ai renoncé, lorsque j'ai appris que les dentistes de l'époque étaient de vrais bouchers.
Mon choix définitif est donc le suivant : 1835 - 1910. Long moment de paix, d'opulence (mal partagée certes), de bourgeoisie triomphante et assurée d'elle-même, de christianisme conquérant. Et puis, Louis-Philippe, le Second Empire, tout de même...
Période bénie où les plus aventureux franchissent d'un bond la Méditerranée et vont se couvrir de gloire à seule fin d'apporter la civilisation aux sauvages pittoresques, où les timorés se contentent de faire fructifier le capital dans l'ombre de ce bon baron Haussmann ; véritable âge d'or durant lequel ce n'est pas pécher que de retrousser malicieusement le tutu des petits rats de l'opéra qui ne demandent pas mieux ; ère éclectique où l'on peut passer la même semaine d'Offenbach à Wagner, aller s'empiffrer d'huîtres au Rocher de Cancale avec Balzac ou Flaubert, pour se préparer dignement à terminer au bordel en compagnie de Maupassant ; avant de goûter un repos bien mérité à la campagne, à trois kilomètres à peine, au-delà du pont de Neuilly.
Non, vraiment, quelle magnifique invention, que le XIXe siècle !
À vous...
1833-1913
RépondreSupprimerTu penses quand même pas que je vais t'abandonner ! Et je préfère mourir avant la Grande Guerre. Je tiendrais un salon, et j'aurai de jeunes amants, de belles robes et des grands chapeaux.
Tiens, très bonne idée de jeu. En attendant, je ne vote PAS pour la maudite tranche 1898 - 1973 où le malheureux se farcit deux guerres mondiales.
RépondreSupprimerSoyons réalistes et raisonnables, depuis que le monde est monde, nous qui sommes nés entre 45 et (et quoi?), nous vivons la plus heureuse (la moins malheureuse) des périodes de l'humanité.
RépondreSupprimerPatrick
Sobrement, je dirais de 0 à 33...
RépondreSupprimerTelle que vous la décrivez, je prendrais bien la même tranche que vous...
RépondreSupprimerCher Didier, côté permis, aucun problème, vous le récupéreriez aussi sec sous Saint Louis . S'il rendait la justice sous un chêne, nos juges actuels la rendent trop souvent à la façon des glands... ;-)
RépondreSupprimerP.S. : fréquenter Maupassant ne me déplairait point avec toutefois un peu de pénicilline en poche au cas où...
1958-2033
RépondreSupprimerDécouvrir les Beatles, les Pink Floyd, les Rolling Stones et les pavés volants, la libération des moeurs mais pas le patchoulis, faut pas déconner !
:-)
[1910 ? Vous échappez à Proust, c'est magique ! :-))) ]
Dohram : plié de rire !
RépondreSupprimerDidier, le XIXème triomphant que vous décrivez fait envie, surtout quand on voit ce qui s'est tramé, niveau romans et poésies... Mais on a l'impression que "ça" a flambé comme au casino, et qu'après ce siècle de foi absolue dans le progrès, on rembourse la dette...
Je suis d'accord avec Patrick, et surtout avec Monsieur Poireau qui remet mes pendules à l'heure : 1948-... j'aurais fait un très happy hippie...
On peut choisir la Grèce antique, avec toutes les déesses à poil ?
RépondreSupprimerPerso, depuis internet, il est hors de question que je change d'époque.
RépondreSupprimerEt d'accord avec Patrick: une époque où on n'a pas faim, où l'eau est chaude au robinet, où il n'est pas nécessaire de couper son bois, où on ne meur pas de la rougeole, (je parle de l'Occident, bien entendu (hélas))...
Caprice d'enfants gâtés que de vouloir changer d'époque: nous ne savons pas profiter de notre chance (et tous ces livres, tout ce savoir, et ces cours gratuits, ces bibliothèques, ces disques, (je sauve même les musées bien que je déteste ce concept de salles surchargées de gens indifférents)...).
Pour ma part, je préconise simplement la lecture des Latins, de Montaigne et de Pascal pour revenir à un peu de retenue.
Catherine : je vois qu'au passage, tu en as profité pour mesquinement te rajeunir par rapport à moi. Je n'aurai qu'un mot : pff !
RépondreSupprimerBalmeyer : je pensais bien que personne ne choisirais cette personne-là.
Patrick : pas du tout d'accord, mais pas trop le temps de développer.
Dorham et Nicolas : au départ, j'avais plutôt pensé à cantonner le jeu à l'histoire de France, mais pourquoi pas ? Vous serez donc nos "racines"...
Zoridae : je vous préviens un peu avant l'embarquement.
Pluton : oui, évidemment, il y a la vérole... En revanche, pas de sida ! Donc, l'un dans l'autre...
MM. Poireau et Balmeyer : ça me fait un peu bizarre de voir choisir la période qu'il m'a été donné de vivre, et que je ne regrette nullement (sans doute, précisément, parce que j'y ai vécu).
VS : Où avez-vous pris que les Français souffraient de la faim au XIXe siècle ? Et ils avaient de l'eau chaude ! Il suffisait pour cela d'avoir des domestiques capables de chauffer l'eau froide, voilà tout. Quant aux musées, au bibliothèques, à Montaigne et à Pascal, je me suis laissé dire qu'ils étaient déjà disponibles à l'époque.
Vous avez tout à fait le type "franc-or" !
RépondreSupprimeriPidiblue baignoire d'époque
Ouai, le moyen-âge ou Sparte me botterait pas mal. Mais quand même, naître aujourd'hui ce serait le grand pied bleu : Avoir en un clic toute l'histoire du monde et les trésors de la vie de nos ancêtres, sous les yeux, dans les oreilles sur le clavier, sous la main et sans jamais avoir mal aux dents ! Et puis tout ce boulot à faire encore et encore, et toujours pour éradiquer tous les cons ! Et enfin être contemporain de Didier Goux, c'est pas de la merde non plus hein ! A+
RépondreSupprimerMartin-Lothar, si vous naissiez aujourd'hui, nous ne serions guère contemporains !
RépondreSupprimerMonsieur Poireau : vous vous faites naître en 1958, ce qui va vous faire rater mai 68 (ainsi que les Beatles et une grande partie des Rolling Stones) : choisissez plutôt 1950...
Naître aujourd'hui... Allez, c'est mon jour optimiste... Pour voir sans quel état va être la presse écrite par rapport à Internet. Je le crois plus moribond que vif...
RépondreSupprimerDidier Goux je vous conseille le site de Ludovic Maubreuil - un garçon très distingué, hétérosexuel et cinéphile de surcroit - qui est à Chicago en ce moment et tient son log-book ... c'est édifiant et c'est ici http://cinematique.blogspirit.com/ !
RépondreSupprimeriPidiblue dans son baggy
iPidiblue : je viens d'aller y faire un saut : ç'a l'air tentant, en effet. Comme il y a beaucoup à lire, je l'ai mis en lien et y retournerai plus tard : là, si je n'ai pas mes 20 feuillets écrits à six heures, l'Irremplaçable me planque ma bière...
RépondreSupprimerMon cher Didier, ça dépend de quel côté de la barrière vous naiss(i)ez. Ma grand-mère a souffert de la faim (naissance 1916) et a été placé comme fille de ferme à huit ans. (Vous connaissant, vous allez m'objecter que ce n'est pas le 19e siècle: épargnez-moi cela et extrapolez, nom de Zeus!)
RépondreSupprimerVous partez du principe que vous seriez du bon côté, statistiquement rien n'est moins sûr. (En fait ça donne un peu envie que vous testiez, pour vous faire les pieds.)
Quant à Montaigne et Pascal, je n'ai pas dit qu'ils n'existaient pas (vous lisez toujours un peu vite, non?), j'ai dit que ce dont manquait notre époque, c'était d'un peu de retenue.
VS : je sais bien tout cela : ma grand-mère paternelle, née en 1902, a également eu une enfance rien moins qu'heureuse et rien moins que bien nourrie. Pas tout à fait orpheline mais presque (la situation était assez obscure), elle a été également, quelque chose comme "fille de ferme". Je me souviens d'elle (et Catherine doit se le rappeler aussi, puisque c'est notre grand-mère commune) nous racontant comment à cinq ou six ans, avec son frère aîné, elle parcourait quatre kilomètres (de chemin) pour aller à l'école, et autant pour en revenir.
RépondreSupprimerJe voulais dire que, sauf exception, au XIXe siècle, on ne MOURAIT pas de faim, en tout cas pas collectivement. C'est notre cher XXe siècle qui a réinventé les famines, mais en les organisant, comme en Russie léninino-stalinienne, au début des années vingt ou en Chine quelque trente ans plus tard. Et puis...
Mais, bon : je proposais juste un petit jeu, n'est-ce pas...
VS encore : pour ce qui est de la "retenue", je crains de ne pas bien comprendre ce que vous voulez dire exactement.
RépondreSupprimerZut, j'arrive quand c'est fini je suppose, mais tant pis. Pour moi ce sera le Paraguay au XVIIe, de 1600 à 1680 par exemple ; le christianisme et l'utopie et, qui sait, une aventure avec un beau jésuite, hum...
RépondreSupprimerP.S. D'ailleurs ça redevient tendance cette mode des cathos gauchisants tout puissants, voyez leur nouveau président.
Bah laissez tomber, Didier, excusez-moi: je ne devrais pas intervenir "sérieusement", je suis juste agacée (mais prodigieusement) par ce que je considère comme une illustration de ce qu'il y de plus benêt dans le camusisme (et que certains prennent très au sérieux (non, le plus benêt, c'est encore cet incapacité à supporter qu'on ne parle pas en toute occasion comme Mme de Sévigné)).
RépondreSupprimerEnfin bon. Je sors, comme on dit ailleurs.
J'en profite pour rentrer et déclarer que, pour moi, ce serait le Paléolithique supérieur (oui, je reviens cinq minutes à notre petit jeu), disons entre – 21965 et – 21930.
RépondreSupprimer(je sais, ça fait une espérance de vie de seulement trente-cinq ans, au lieu des soixante-quinze que vous nous avez généreusement accordés, mais bon, vu l'époque, il vaut peut-être mieux ne pas être trop gourmand non plus)
Cela me permettrait de ne plus avoir à supporter le pénible boum-boum de mes voisins, de ne plus voir l'autre crétin d'en face garer son horrible quat'-quat' sur le trottoir devant chez moi, et de pouvoir bouffer du mammouth en toute saison et me tailler une paire de bottes fourrées tout terrain en rhinocéros laineux. J'ajoute que la perspective de faire chaque jour usage de mon gros gourdin ne serait pas non plus pour me déplaire.
Vous m'avez bien fait rigoler, tous là dans vos commentaires. Du coup je ne sais pas quoi ajouter qui serait spirituel et juste. De toutes façons je suis satisfaite de ma date de naissance bien que je doive user de crème anti-rides chaque matin ce qui, dans d'autres périodes n'eût pas manqué de se produire...
RépondreSupprimerC'est une colle ça !
RépondreSupprimerJe préfère ne pas changer, la bourlingue de mes ancêtres pendant les deux derniers siècles m'intéresse et me permet des comparaisons, mais comme je connais le mot de la fin pour eux, j'aime mieux avoir encore un peu de suspense pour moi.
Avoir des racines profondes, une famille qui vit dans le même endroit depuis la nuit des temps c'est le rêve !
Dohram,
RépondreSupprimer0 a 33, c'est bien, mais, si tu confisques le marteau et les clous, tu augmentes ton espérance de vie
Monsieur Chieuvrou, si vous me défendez avec votre gros gourdin, je pars avec vous ! Pourrions nous mettre d'accord sur l'époque où Néhanderthal a disparu ? Ça m'intrigue, cette histoire. Et on pourait aussi aller voir les peintres de Lascaux ?
RépondreSupprimerJe préférerais l'époque où il n'y avait pas d'hommes sur Terre - même pas de femmes - l'atmosphère "arche de Noé" me plait assez, de jolis dinosaures qui broutent tranquillement sans penser à Steven Spielberg me conviendraient tout à fait !
RépondreSupprimeriPidiblue retour à Jurassique Parc
Ah ! j'oubliais pas de religion, je piqueniquerais sans l'autorisation des saints-écologistes et de monsieur le rabin avec de la viande pas casher du tout !
RépondreSupprimeriPidiblue no faith, no charity
On va tâcher de vous organiser un Paleolithic Tour...
RépondreSupprimerDidier je vous autorise à m'accompagner si vous ne faites pas de remarques sur ma cuisine !
RépondreSupprimeriPidiblue cordon bleu du Jurassique et même bien avant !
PS Didier au Paléolithique il y avait déjà de ces emmerdeurs qu'on appelle des bipèdes parlants !
Ah oui, c'est vrai ! Mais, à la maison, ce n'est pas moi le spécialiste de ces époques reculées...
RépondreSupprimerOlivier P,
RépondreSupprimerconfisquer les clous et les marteaux, et les planches en bois ???
et me couper de mon droit à l'éternelle postérité ?
ça va pas, non ?
Catherine, si M. Chieuvrou a un gros gourdin, je veux bien venir avec toi!
RépondreSupprimerDidier, le Pastis existait-il déjà en 1833? Va falloir se mettre à l'absinthe!
Sinon, le point de ralliement est toujours le même...le parvis (je n'en dis pas plus, tout le monde va vouloir venir)?