mardi 18 novembre 2008

Endormeuses saisons

« Lundi 1er août, neuf heures et quart, le soir. L'été n'avait pas volé sa rime avec éternité, quand j'avais cinq ans, dix ans, quinze ans encore. Aujourd'hui c'est avec rapidité, fragilité, rapacité, férocité qu'il consonne de plus en plus étroitement. Nous n'aurons pas vu les îles grecques, nous n'aurons pas vu les Hébrides, nous n'aurons pas contemplé les plus tardifs couchers de soleil de l'année face aux Summer Isles ; nous n'aurons pas fait le tour de la Baltique comme nous nous sommes un moment amusés à en caresser le projet. Nous ne dînerons pas sur les tables sans nappe et de bois sombre de quelque White Hart ou Devonshire Arms, au profond de la campagne anglaise. Nous n'aurons pas d'entretiens avec des canards auprès de petits étangs bordés d'ajoncs en tentant de nous approcher de Hardwick Hall après l'heure de la fermeture. Notre été ne sera pas triste, notre été ne sera pas laid, notre été ne sera pas malheureux, mais je crains q'il ne soit fini avant d'avoir commencé, et que nous ne le trouvions peu de chose, si nous n'y prenons pas garde.

« Ce matin la pluie était délicieuse, à travers les fenêtres ouvertes. »

(Renaud Camus, Le Royaume de Sobrarbe, Journal 2005, Fayard, p. 405.)

11 commentaires:

  1. Comme disait l'autre, y'a plus d'saisons !

    [smiley, smiley]

    En même temps, chercher l'été en Angleterre et à table, hein ?
    :-))

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  2. Camus est amoureux de l'Angleterre, et davantage encore de l'Écosse. Et puis, un auvergnat de souche se laisse rarement impressionner par les froidures et les pluies...

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  3. Oooopssss...

    J'vous laisse tous les deux.

    [smiley ! smiley !]
    :-))

    "La terre ne ment pas, elle."
    citation sans date de Roger Boudu

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  4. "Petits etangs bordes ajoncs". A la rigueur de "joncs", probablement de roseaux. Il est vrai que souvent Renaud Camus les voit bordes de "bambous" !

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  5. "Petits etangs bordes ajoncs". A la rigueur de "joncs", probablement de roseaux. Il est vrai que souvent Renaud Camus les voit bordes de "bambous" !

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  6. Critiquer un passage non en fonction de ce qu'il est (même quand c'est une simple description de paysage), de la beauté -ou non- de son style, mais de ce qu'il est convenu de dire parce qu'il faut se moquer d'un auteur qu'on est par avance et par lu-dire dégoûté de lire...

    Très[pas]cher[du tout] anonyme :

    Voilà une remarque que tu aurais pu éviter, mais l'anonyme est rarement sensé. Tu n'as jamais vu avec tes petits yeux d'anonyme, dans une région de landes, quelque mare, étang, bordé d'ajoncs et de genêts ? Tu n'es jamais allé te promener avec tes petits pieds d'anonyme dans le marais poitevin ou dans une autre zone humide où s'étalent des hectares et des hectares de bambou ?

    Suzanne

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  7. @Suzanne
    Mais non, l'anonyme est citadin, il reste dans ses quartiers où ne poussent ni bambous ni ajoncs etc....Et il ne s'aventure pas plus loin! (grosses bébêtes possibles)

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  8. Renaud Camus (dont je suis un grand lecteur) avoue lui-meme sa profonde ignorance des plantes. Ne pouvoir reconnaitre les especes courantes d'arbres et de fleurs qu'il rencontre dans ses promenades quotidiennes, c'est ce qui m'etonne et m'agace un peu chez cet ecrivain si cultive. Il n'y a pas de bambou au sens strict a l'etat naturel en France.

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  9. Suzanne,

    "Camus n'a pas besoin de moi pour être défendu, anyway, mais il mérite quand même mieux que des beauferies satisfaites et poisseuses, c'est tout ce que je voulais dire, et je me maudis d'être aussi bavarde, alors qu'il vaudrait mieux ne rien répondre du tout."

    Marcel... le coup de bambou

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  10. Passionnant débat sur les ajoncs et les bambous.
    Ça devient "Rustica" ici...

    Kalle

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  11. Tiens, toujours pas de billet vengeur contre Vincent Lemerre, le petit jeune qui a apostrophé et passablement excédé Renaud Camus dans l'émission de Laurent Goumarre, tout à l'heure sur France Culture...

    http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/rendez_vous/

    Tant pis, je me couche.

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.