lundi 17 novembre 2008

Pour en finir (peut-être) avec "L'Affaire"...

À Audine, sans désir polémique...

Hier, sur le site de la Société des lecteurs de Renaud Camus, M. Henri Bès a mis en ligne le billet suivant. Je le reproduis parce qu'il me semble, sinon mettre un point final à une fatigante et stérile polémique (la mauvaise foi et la bonne conscience sont pareillement inépuisables), du moins lui apporter un éclairage décisif, notamment en raison de la source dont provient l'article qu'il cite.

Le mensuel israélien de langue française Israël Magazine, dans son numéro 94 de décembre 2008, publie dans ses colonnes (page 36) la recension que voici, écrite par David Reinharc, de La grande déculturation :

« Renaud Camus est ce grand écrivain qui, accusé d'antisémitisme, ne fut défendu que par les Juifs, et lynché en notre nom par les collaborateurs de l'insidieuse pénétration de la pensée petite bourgeoise dans la société française à qui les vérités dérangeantes, le respect de la langue française, l'art et la culture, l'usage des bonnes manières, la revendication assumée de valeurs, de codes, de rites voire même, de l'origine, faisaient horreur.

« Dans ce dernier ouvrage d'une oeuvre qui en contient une soixantaine, l'auteur dénonce l'hyperdémocratie - c'est-à-dire "la transposition du système démocratique du champ politique à divers autres champs où selon moi il n'a rien à faire", et son corrélat l'antiracisme dogmatique, qui, alliés dans une entreprise de sabotage, veulent empêcher la constitution d'enfants incultes, par essence, en êtres raisonnables, aptes à penser le monde, à réfléchir et à s'inscrire dans " la claire conscience de la préciosité du temps ". Car l'homme cultivé, face à l'immensité qu'offre la connaissance, n'a pas le temps de tout lire, de tout voir, de tout entendre et doit opérer un choix - ce qui implique aussi l'élimination et l'exclusion de ce pour quoi il refuse de perdre son temps.

« Mais une société qui s'est donné pour but de faire accéder 80% d'une génération au baccalauréat a pour le coup parié sur le recul des savoirs élémentaires et l'abandon de l'apprentissage de la langue par la connaissance des grands textes. Nos généreux contemporains ne détestent rien tant que les hiérarchies, la médiation, le détour par les oeuvres, le délai, et tous les protocoles de " l'aliénation positive qui mettent de l'ailleurs dans l'ici, du pas-moi dans le moi. "

« Le Judaïsme est avant tout principe organisateur, différenciateur, générateur d'oppositions et de hiérarchies et notre monde, friand de différenciations, passionné par l'égalité et le métissage, la haine de la différence des sexes et des générations, ne peut être que révolté par une religion ou un auteur refusant la compromission avec la " dictature du présent, l'adhésion toujours plus étroite au moment. "

« Contre les "soi-mêmistes triomphants", il propose de faire oublier à l'enfant qui il était la veille pour l'élever et lui apprendre à "voir les choses et le monde de plus haut."

« Renaud Camus, en défendant l'intégration des individus à un monde plus vieux qu'eux, pour les libérer de l'actualité immédiate, s'inscrit dans ce qu'il y a de meilleur dans la pensée juive. »

Cet article me cause un plaisir sensible, même si le premier paragraphe peut sembler mal informé sur l'identité des protagonistes de l'Affaire, qui, certes, n'avaient avec le judaïsme au sens concret du terme que de fort lointains rapports (bien décrits à l'avance dans Le Juif imaginaire d'Alain Finkielkraut).

www. israelmagazine.co.il

13 commentaires:

  1. Quand on a lu un tome du Journal de R.Camus, même le tome impliqué censuré depuis, on ne voit rien de fondé à cette accusation d'antisémitisme. C'est le dernier des travers dont on peut accuser cet auteur, à moins d'être lecteur rapide ou idiot, ou mal intentionné, ou le tout à la fois. Ce genre d'affaire a un avantage pour le commun des lecteurs : montrer qui est honnête ou pas.

    Suzanne

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  2. Merci beaucoup Didier pour cette mise au point.
    Suzanne, je suis entièrement d'accord avec vous !

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  3. A ce sujet, il faut également lire le bel article de Bruno Chaouat, intitulé "Langues de terre : au-delà du philosémitisme", paru dans Critique (n°714, novembre 2006, p.912-927), où il se livre à de brillants développements sur le sionisme de Renaud Camus.

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  4. "Renaud Camus est ce grand écrivain qui, accusé d'antisémitisme, ne fut défendu que par les Juifs"

    un peu excessif. mais, comme vous le dites, un peu d'honnêteté intellectuelle est rafraichissant.

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  5. Cette accusation d'antisémitisme est vraiment pratique quand on souhaite clore un débat dont on ne sort pas. Accuser l'autre permet souvent de dévier les questions en cours et de ne plus en parler.
    Ainsi, il y a de plus en plus d'antisémites, nous dit-on par voie de presse…
    :-))

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  6. Ainsi, il y a de plus en plus d'antisémites, nous dit-on par voie de presse…
    :-))

    mékilécon !
    mékilécon !
    mékilécooooon !
    :-))

    [mékilécon !]

    On aime les avis éclairés sur les blogs des intellos.
    Si si.

    Gros bizoux.

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  7. Poireau : ce qu'on ne nous dit pas, par exemple, c'est qui sont précisément ces "nouveaux antisémites"...

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  8. Hoplite : excessif, oui, c'est du reste ce que signale M. Bès en conclusion de son billet, reproduit ici.

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  9. Didier Goux : ah mais c'est là tout le jeu ! Un antisémite est caché par ici, saurez-vous le retrouver ?
    :-)))

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  10. Je vous remercie beaucoup, cher Didier, de l'écho que vous donnez à cet article. Bien amicalement, Henri II Bès.

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  11. Merci de publier cet article qui fait la part belle à l'intelligence. Sans être lecteur de Reanaud Camus, je n'aime pas les procès en sorcellerie, et il est toujours bon de rappeler que les Fouquier-Tinville de carnaval emploient des étiquettes simplistes, sans lien avec la réalité des choses.

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  12. T'es chouette Didier quand tu fais du social.
    Et pourtant, on sait ce qu'il t'en coûte.

    Gros bizoux.

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  13. Je VEUX cette bibliothèque !!!

    Quant au reste (au texte veux-je dire), s'il s'agit par là de montrer que M. Camus n'est pas antisémite, cela me semble assez raté. Mais comme il n'est de toute façon pas dit que cette question ait un quelconque intérêt...

    Bref, la seule chose intéressante, c'est bien sûr que je VEUX cette bibliothèque.

    [Euh, comment dites-vous ? Smiley ?]

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.