jeudi 2 avril 2009

Goitre et multiplier

L'été dernier, François (mon rédacteur en chef) et moi nous étions fait un ami. Ou une mascotte. Un gimmick. C'était un moineau affligé d'un goitre que nous voyions – et nourrissions – lorsque nous allions nous abreuver déjeuner à L'Ambiance d'à côté. Puis, l'hiver est arrivé (comme chacun sait), la terrasse a fermé ses volets (les joyeux triolets, etc.), nous-mêmes nous sommes rapatriés à l'intérieur de l'établissement ; et les moineaux ont pris leurs quartiers.

Depuis quelques semaines, que le temps est redevenu propice au vin café en terrasse, François et moi cherchions notre ami goitreux des yeux : nulle trace. Face à cette absence, François se montrait plutôt optimiste (c'est normal : parti de rien, il est devenu rédacteur en chef, ça colore forcément la vie d'une certaine façon), tandis que je cédais au pessimisme (parti grouillot, grouillot je demeure : ça colore aussi, mais différemment).

Hier matin, l'Irremplaçable et moi fûmes boire un café en terrasse, à cette même Ambiance. À deux table de la nôtre, une vieille dame, bourgeoisement vêtue, nantie d'un chien yorkshire – elle nous tourne le dos. Nous observons la ronde des piafs picorant les miettes de croissant de nos prédécesseurs. À Catherine, me voyant tourner la tête dans tous les sens, j'explique : « Je continue à chercher notre préféré... »

À ce moment, la vieille dame pivote sur elle-même, me regarde et demande : « Vous parlez du moineau goitreux ? »

Une confrérie secrète venait de prendre forme.

11 commentaires:

  1. comme quoi il ne faut pas juger trop vite les propriétaires de Yorkshire. Et prem's, tiens.

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  2. Didier, au Plan-de-Dieu, nous avons remarqué une mésange charbonnière non point goitreuse mais obèse ! Rien d'étonnant vu son ardeur gastronomique.

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  3. Mère Castor : ah, mais, je ne l'ai "jugée" à aucun moment ! Elle était du reste fort aimable et agréable de conversation, cette Levalloisienne.

    Pluton : c'est peut-être l'influence de mon passage chez vous ?

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  4. Je parlais pour moi, j'ai du mal avec les p'tits chienchiens à la voix aigue.

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  5. Mais je vous assure Didier, elle ne boit ni sauvignon ni breuvage houblonné..! Et puis, vous n'êtes pas obèse que je sache !

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  6. Tout ça c'est bien, mais qui est ce volatile à jabot rouge sang ? Très impressionnant.
    Anna R.

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  7. Pluton : d'après les critères établis par vos collègues, je suis très précisément à la frontière entre la grossitude et l'obésité (et en plus, je m'en fous).

    Emma : je n'en sais fichtre rien : je l'ai trouvé chez Mme Google...

    Mère Castor : d'accord de chez d'accord : je n'aime que les gros pépères qui font des aboiements graves...

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  8. Pluton et Emma: votre maison a un très beau nom.

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  9. L'oiseau est une frégate, un mâle précisément, qui fait son intéressant pour épater la galerie.
    Je commente beaucoup, mais comme ce billet est à ma hauteur intellectuelle, j'en profite.

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  10. Suzanne, l'origine en vient du moyen-âge : le coin était couvert de bois et infesté de brigands. Le traverser nécessitait l'aide de Dieu pour rester en vie... d'où l'appellation !

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  11. Méfiez-vous c'est comme ça qu'on finit franc-maçon sans même s'en être aperçu ... !

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.