jeudi 23 avril 2009

À part les cravates, je ne vois pas ce qu'on pourrait lui reprocher

J'ai mis l'illustration à droite juste pour le faire chier. Pour l'entendre, mentalement, me traiter de vieux con. J'aime bien quand Nicolas me traite de vieux con : ça me donne l'impression d'exister un peu. Certaines fois – passons aux aveux –, j'écris un billet juste pour le plaisir d'imaginer sa bouille consternée (ou le museau furibard de Dorham, c'est selon).

C'est une sensation curieuse, d'avoir un ami d'enfance d'un an ou deux ; ça ne m'était encore jamais arrivé. Pourtant, il me semble que c'est le cas. Nicolas J et Didier Goux sont amis d'enfance : ça vous la coupe, non ? J'en connais que ça défrise hautement (pas lui, visiblement), parce qu'ils aimeraient bien faire entrer mon ami d'enfance dans l'une ou l'autre de leurs petites cases en préfabriqué (avec plein d'amiante dedans, je subodore). Mais Nicolas n'aime pas tellement les petites cases – il préfère la bière, et moi aussi. Nicolas ne prend pas au sérieux ce dont il parle, et très au sérieux ce qu'il tait ; moi aussi. Nicolas a une gueule de mec vivant ; et moi aussi, j'espère.

Nicolas, ce soir, a 43 ans : c'est une maladie que je connais bien, je l'ai eue – on s'en remet aisément, à condition de savoir se montrer léger. Or, justement, n'ayons pas peur de manier le paradoxe qui fait rire : Nicolas est indubitablement un garçon léger ; moi aussi, je crois – j'essaie.

En outre, Nicolas est un passeur efficace. Essayez par exemple de lui demander, au comptoir de la Comète, de vous passer votre verre : il le fera sans difficulté, et avec un naturel souriant qui trahit une longue habitude. Plus essentiellement, il peut aussi se révéler passeur d'âmes. À l'instar de saint Michel : psychostase et psychopompe (à bière, évidemment). Ainsi, il a réussi à me rendre ami d'enfance avec un gros nègre, moi dont, pourtant, il est de notoriété publique que je méprise profondément ces semi-gens à la peau anormalement sombre : c'est fort.

Nicolas est un homme avec qui on peut, parfois durant plusieurs heures, ne parler de rien ; moi aussi. C'est sans doute pour ça qu'on a envie de le revoir dès qu'on reste un moment sans le faire. Et, en général, on y revient : Nicolas J aurait pu s'appeler Félix Potin, même si la mentalité d'épicier lui est assez étrangère.

Enfin, bien que de gauche, et nonobstant ses cravates, Nicolas est un homme élégant – je n'ose dire : moi aussi, ce serait par trop inélégant. Il a l'élégance du sourire, du regard, l'élégance du comptoir, une certaine élégance de vie.

Et puis, il paie volontiers sa tournée, ce qui reste inestimable.

23 commentaires:

  1. Joli hommage. Il ne manque pas une tourterelle turque à sa perruque.

    Moi qui ne suis son ennemie d'enfance que depuis trois ou quatre jours, je trouve que son portrait sur la droite est bien ressemblant. Enfin tel que je l'imagine un lendemain de fête, ou un lendemain tout court, car c'est tous les jours la fête chez Nicolas.
    Toutes les ressemblances que vous notez avec les "moi aussi" me feraient presque croire qu'on n'aime jamais quelqu'un que par rapport à soi-même?

    Il vous traite de vieux con? Quelle chance vous avez ^^. Moi, il ne m'aime pas. Comment peut-on ressentir cela à travers un écran? Etrange non? En plus, quelle importance? je me poserai toujours ces questions.
    Bon Anniversaire Nicolas.

    RépondreSupprimer
  2. Mince, très bon billet d'anniversaire que j'ai failli louper!

    RépondreSupprimer
  3. Bon anniversaire à Nicolas. Et moi je peux le dire : tu es, toi aussi, un homme élégant, Didier.

    RépondreSupprimer
  4. Allons bon ! Une vieille pédale nazie me fait une déclaration d'amour.

    Bon me voilà à moitié ému, ça me donne soif.

    RépondreSupprimer
  5. Nicolas, on ne peut lui faire qu'un seul reproche, et encore pas à lui directement...
    Sa mére aurait attendu quelques jours pour le faire naître, la semaine prochaine je pouvais monter au KB pour boire un gorgeon avec lui

    RépondreSupprimer
  6. Bon anniv' au pape de la Comète. Un rapport avec Galileo Galilei ? Ou avec le gallicanisme ? Ce qu'il a surtout que les Normands n'ont pas, c'est qu'il est Breton. Yeac'h mad.

    RépondreSupprimer
  7. Whouah c'est vrai que c'est émouvant.
    C'est pas tous les jours qu'on a des belles cartes d'anniversaires comme ça.
    Bon anniversaire Nicolas !

    RépondreSupprimer
  8. A votre santé Nicolas !

    Catherine : oui, Didier est un homme élégant.

    RépondreSupprimer
  9. Christine,

    Merci !

    Audine et Pluton,

    Pareil !

    Marine,

    Soyez pas fâchée ! La Marine me gonfle encore moins que la Royal, c'est une chance.

    RépondreSupprimer
  10. Tonnegrande,

    De qui tu parles ? Didier ?

    Je ne sais pas si tu es sérieux, mais je l'ai perdu de vue, ce soir. On m'a dit qu'il est parti de la Comète en voulant voter Mélenchon, c'est te dire !

    RépondreSupprimer
  11. Un garçon léger, un garçon léger, faudrait voir à ne pas prendre vos lecteurs pour plus naïfs qu'ils ne sont !
    :-))

    RépondreSupprimer
  12. Le pire, c'est que je le trouve vraiment touchant ce billet...Vraiment.

    Bonne journée

    RépondreSupprimer
  13. Bel hommage.

    Avec quelques heures de retard, bon anniversaire Nicolas

    RépondreSupprimer
  14. Oui, moi aussi je trouve ce billet très beau et très émouvant. Sérieusement aussi.

    RépondreSupprimer
  15. "soyez pas fâchée"
    Si, avec ce que tu me sors sur ton blog, si, je suis fâchée.

    RépondreSupprimer
  16. On a arrêté de s'engueuler chez moi, on ne va pas recommencer ici : Didier a la gueule de bois.

    RépondreSupprimer
  17. Quelques filets de harengs marinés huile d'olive, carottes et oignons crus et ça repart !

    RépondreSupprimer
  18. En fait, Nicolas, c'est vous...

    (Vous en avez de la chance d'avoir un tel ami d'enfance)

    RépondreSupprimer

La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.