vendredi 3 juillet 2009

Soir d'été, bourdonnements d'insectes et autres considérations sans importance

Bien entendu, ne travailler que trois jours par semaine – et ce, depuis plus d'un quart de siècle – est une chance inouïe. Rien n'est plus doux à l'âme que de revenir chez soi le vendredi soir, sachant que l'on n'aura pas à en ressortir avant le mercredi matin suivant, vous pouvez me croire. Il est, pour l'esprit, très important d'avoir davantage de jours de congé, de repos, d'absence, que de journées de travail : c'est le prix de la liberté de l'esprit, d'une certaine forme de non-implication dans le monde tel qu'il va, le tribut réglé pour une certaine forme de non-appartenance : ne pas appartenir, ou juste s'efforcer de ne pas, est un luxe invraisemblable.

Ce soir, particulièrement, allez savoir ; temps d'été, tourterelles dans le tilleul, calme humain relatif, insectes bourdonnant mezza voce dans l'enchevêtrement du sureau et des ronces, avant l'endormissement qui tarde à venir, en cette période de l'année. Bientôt, d'ici une très longue heure, les merles vont signifier l'extinction des feux, et tout ce peuple presque invisible obéira à leur injonction péremptoire. De même, juste avant l'aurore, demain, les mêmes éveilleront tout le monde, et personne ne leur en voudra de cet appel de clairon.

Nous autres, esprits forts entortillés de draps, négligerons l'appel pour dormir une demi-heure de plus, peut-être davantage. Au bout du compte, nous finirons par obtempérer. Mais il n'y aura pas cette agitation malsaine qui conduit l'homme vers les villes et les labeurs imbéciles. On restera tranquillement ici, à tricoter des phrases inutiles – cependant que les merles, dans un sursaut de tout le corps, piqueront l'herbe et les feuilles déjà tombées du cerisier à la recherche de leur petit-déjeuner ; ou bien cantine ouverte pour leur progéniture encore au nid.

20 commentaires:

  1. Ça nous dit pas si vous avez pris une cuite hier soir.

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  2. Pourquoi ? Vous n'étiez pas là, hier soir ? Merde, alors : c'était qui, le gros Frisé à côté du nègre ?

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  3. Bel éloge de la liberté, qui m'a fait quelque peu penser à "Qu'il n'y a pas de problème de l'emploi". Le non-emploi envisagé comme source des possibles, de vie pour soi, de travail, même, pour soi.
    Et cette motivation hédoniste, dans la simplicité, la joie d'être là.

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  4. Tout cela est bien dit.
    Il faut évidemment à la liberté quelques moyens de subsistances, je vous en sais conscient, je souligne néanmoins !
    :-)

    [Je lisais il y a peu sur un blog cette phrase : La bonne quantité de sommeil, c'est toujours dix minutes de plus ! - mais je ne sais plus où !].

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  5. Suis-je vraiment une bille, ou votre billet concernant la pie du voisin a-t-il disparu, ainsi que ses commentaires ?

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  6. Pascal : oui, bien sûr... Il n'empêche que, ce matin, il faut tout de même se remettre au Brigade mondaine !

    Monsieur Poireau : c'est l'évidence même ! D'où les Brigades comme "complément". Mais travailler chez soi est devenu, à mes yeux, un vrai luxe.

    Francis : non, vous n'êtes pas une bille ! Catherine, hier, c'est avisée qu'un habitant de notre village pouvait par hasard tomber sur ce billet et m'a demandé de le virer. Ce que j'ai.

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  7. @ Didier Goux:
    Quand je serai réincarnée, j'aimerais bien être un chien ou un merle chez vous!
    Bon week-end!

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  8. Marine : vous pouvez vous réincarner en n'importe quel oiseau : nous nourrissons tout le monde tout l'hiver !

    PS : vous aimez les graines de tournesol ?

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  9. Marine, vous n'êtes pas la seule. Kent et son épouse voulait être réincarner en chats chez nous !

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  10. Ou en chat, oui, j'adore aussi.
    Va pour le tournesol, mais je préfère la tarte au citron, pour le moment.

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  11. ou un bon casse-croûte plein de cochonaille ;)

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  12. Marine : pour la cochonnaille, il faudra vous réincarner en humain ! Ou bien pointer votre nez dans votre avatar actuel...

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  13. ahhh oui je suis de votre avis, je défend mes trois jours et demi avec la dernière énergie .. ben entendu la valeur de mes rêves ne se mesure pas avec de l'argent.. condition sine qua non de l'hédonisme ;-)) Geargies

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  14. zzzut je défendS... DG

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  15. venais de lire le billet d'eMeRY, intitulé "Samedi matin"

    http://mry.blogs.com/les_instants_emery/2009/07/samedi-matin.html

    suis fascinée par les "résonnances" ignorées, les billets "en mirroir"

    merci messieurs

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  16. Super Didier,

    Vous venez de comprendre que le progrès humain se situe pile poil dans ce que l'on pourrait appeler : la "délaborisation"

    Vive la réduction du temps de travail,
    vive la fin de la déshumanisation des travaux inutiles,
    encore un effort, vous allez devenir marxiste !

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  17. - merci Didier pour la correction du lien ;)
    - pour une fois que j'ai un clavier azerty, c'est celui d'un eeepc asus mal installé sur le lit défait d'une chambre d'hôtel sans étoiles et sans clim, à Toulouse...
    - mes copier coller s'en ressentent
    - si ça c'est pas du commentaire trivialisé ?

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  18. Didier Goux et Martine Aubry, même idées.

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.