L'un des commentateurs de mon billet d'hier, consacré à José Ortega y Gasset, annonçait au monde, avec cette fierté naïve que confère une sorte de rebellitude de naissance, qu'il ne lirait pas cet auteur parce qu'il avait été “un soutien du franquisme”. Outre qu'il est toujours amusant de voir Modernœud se draper dans son refus de la connaissance, il y a tout de même des choses trop énormes et stupides pour qu'on les laisse passer dans le silence.
José Ortega y Gasset ne fut jamais un soutien du franquisme, ce qui s'appelle un soutien. Dès 1936, il part pour l'exil, en butte à la fois aux tracasseries des franquistes – qui ne lui pardonnent pas son non-catholicisme, ni d'avoir signé un appel en faveur de la République – et des communistes. Néanmoins, il est vrai qu'en ce tout début de guerre civile, sa profonde répugnance envers le communisme le conduit à regarder avec une certaine sympathie la “révolution franquiste” – exactement comme Georges Bernanos à la même époque. L'illusion se dissipera vite.
Si Ortega y Gasset revient en Espagne en 1945, c'est parce qu'il partage l'illusion de beaucoup de Républicains espagnols au même moment : que la victoire des alliés et la chute des différents fascismes européens, vont entraîner Franco à l'abîme, ou tout au moins le contraindre à infléchir sa politique vers plus de liberté. Il n'en est rien, Franco ayant été assez habile pour ne jamais s'engager vraiment aux côtés de Hitler et de Mussolini lorsque ceux-ci le pressaient de le faire.
Durant les dix années qui lui restent, le philosophe va vivre une sorte de semi-exil intérieur, en butte à l'hostilité latente mais réelle des pouvoirs en place. Lorsqu'il meurt, le 18 octobre 1955, ses étudiants organisent des sortes de funérailles laïques, qui seront considérées comme la première vraie manifestation sous le franquisme et, à ce titre, sévèrement réprimées.
Je terminerai par un souvenir personnel, si l'on veut bien. J'ai découvert l'existence de José Ortega y Gasset vers 1975. C'est un anarchiste espagnol exilé, exerçant encore, à ce moment-là, des responsabilités au sein de la branche française de la CNT espagnole, qui m'a mis La Révolte des masses entre les mains – j'avais 19 ans et n'en ai pas retiré grand-chose, je le crains. Ce livre, qu'il avait lu en espagnol, il avait dû l'abandonner derrière lui avec tous les autres, pour cause de fuite précipitée de son pays, en 1949 (on pourrait donc dire, si l'on suit mon commentateur à la vertu tatillonne, que cet homme fut un “soutien du franquisme” durant les dix ans qu'il demeura en Espagne après la victoire de Franco en 1939…). Cet anarchiste-là, Monsieur Luc, avait jugé utile, dès que sa maîtrise de notre langue avait été suffisante, de racheter La Révolte des masses afin de le relire et de le garder. Et il n'hésitait pas, donc, à tenter de le faire lire aux jeunes godelureaux de mon espèce et de mon âge d'alors. Ce qui semblerait prouver que l'on peut être très à gauche et disposer néanmoins d'un cerveau en état de fonctionner.
Rajout de cinq heures et demie : J'ai oublié de préciser que c'est le même homme, et à la même époque, qui m'a donné à lire Les Grands Cimetières sous la lune.
José Ortega y Gasset ne fut jamais un soutien du franquisme, ce qui s'appelle un soutien. Dès 1936, il part pour l'exil, en butte à la fois aux tracasseries des franquistes – qui ne lui pardonnent pas son non-catholicisme, ni d'avoir signé un appel en faveur de la République – et des communistes. Néanmoins, il est vrai qu'en ce tout début de guerre civile, sa profonde répugnance envers le communisme le conduit à regarder avec une certaine sympathie la “révolution franquiste” – exactement comme Georges Bernanos à la même époque. L'illusion se dissipera vite.
Si Ortega y Gasset revient en Espagne en 1945, c'est parce qu'il partage l'illusion de beaucoup de Républicains espagnols au même moment : que la victoire des alliés et la chute des différents fascismes européens, vont entraîner Franco à l'abîme, ou tout au moins le contraindre à infléchir sa politique vers plus de liberté. Il n'en est rien, Franco ayant été assez habile pour ne jamais s'engager vraiment aux côtés de Hitler et de Mussolini lorsque ceux-ci le pressaient de le faire.
Durant les dix années qui lui restent, le philosophe va vivre une sorte de semi-exil intérieur, en butte à l'hostilité latente mais réelle des pouvoirs en place. Lorsqu'il meurt, le 18 octobre 1955, ses étudiants organisent des sortes de funérailles laïques, qui seront considérées comme la première vraie manifestation sous le franquisme et, à ce titre, sévèrement réprimées.
Je terminerai par un souvenir personnel, si l'on veut bien. J'ai découvert l'existence de José Ortega y Gasset vers 1975. C'est un anarchiste espagnol exilé, exerçant encore, à ce moment-là, des responsabilités au sein de la branche française de la CNT espagnole, qui m'a mis La Révolte des masses entre les mains – j'avais 19 ans et n'en ai pas retiré grand-chose, je le crains. Ce livre, qu'il avait lu en espagnol, il avait dû l'abandonner derrière lui avec tous les autres, pour cause de fuite précipitée de son pays, en 1949 (on pourrait donc dire, si l'on suit mon commentateur à la vertu tatillonne, que cet homme fut un “soutien du franquisme” durant les dix ans qu'il demeura en Espagne après la victoire de Franco en 1939…). Cet anarchiste-là, Monsieur Luc, avait jugé utile, dès que sa maîtrise de notre langue avait été suffisante, de racheter La Révolte des masses afin de le relire et de le garder. Et il n'hésitait pas, donc, à tenter de le faire lire aux jeunes godelureaux de mon espèce et de mon âge d'alors. Ce qui semblerait prouver que l'on peut être très à gauche et disposer néanmoins d'un cerveau en état de fonctionner.
Rajout de cinq heures et demie : J'ai oublié de préciser que c'est le même homme, et à la même époque, qui m'a donné à lire Les Grands Cimetières sous la lune.
Au-delà de ce que Ortega y Gasset fut - et là, j'avoue tout à fait mon ignorance, qui s'étend quasiment à l'ensemble de la littérature espagnole - je ne comprends pas que ce genre de débats persiste encore de nos jours.
RépondreSupprimerA quand un bon vieil autodafé des familles ?
Une bonne partie des anarchistes Espagnols , également comme Gasset , ayant été fortement influencés par Proudhon , on peut aller jusqu'a dire qu'ils partagent un fond idéologique commun . Sans le soutien du P.C. , on peut même dire qu'une authentique utopie révolutionnaire démocratique et participative sans barbelés aurait du voir le jour pour enfin débarrasser le monde du fléau libéral . Et Gasset en aurait été le petit Père .
RépondreSupprimerC'est vrai qu'on peut ne pas comprendre de tels débats, mais si d'aventure on rencontre des Espagnols, qui ont souffert dans leur chair, qui ont subi des injustices nombreuses, qui ont été privés de la parole,empêchés dans leur culture, leur langue, leurs traditions et qui voient encore aujourd'hui,leurs anciens vainqueurs et leur famille, vautrés dans leur conquête illégitime, leurs spoliations, on ne peut pas s'étonner de leur scrupuleuse demande d'une justice à rendre et de leur attention vigilante contre ceux qui ont soutenu ces exactions.
RépondreSupprimerCela ne s'efface pas ainsi. mettez-vous à leur place.
@Prolo de la lite.
RépondreSupprimerMouais, serait-ce une utopie de vous demander de lire OyA d'abord. Non seulement ce livre se lit bien, je veux dire qu'il a en lui comme une certaine poésie tragique, ensuite il se lit ... bien car il est grave.
PRR : Heuuu ... Je n'était pas sérieux , vous savez .
RépondreSupprimerHeeeu et moi je n'étais pas réveillé
RépondreSupprimerBref , je dit simplement que dans les faits , un libéral se rangera plus facilement du côté d'un chef d'état conservateur , voire dictatorial et collectiviste , plutôt que du côté de révolutionnaires , même globalement plus proches de ses idées . Il ne faut pas accorder trop d'importance aux engagements politiques de philosophes ou économistes , ils composent avec l'agencement politique de l'époque , voilà tout , ce ne sont que rarement d'habiles tacticiens .
RépondreSupprimerDorham : ah, le réflexe de l'autodafé ! c'est peut-être ce qu'il y a de mieux partagé, entre les excités de gauche et les excités de droite…
RépondreSupprimerGasset en "petit père", j'adore !
Luc : si vous aviez mieux lu la seconde partie de mon billet, au lieu de vous empresser à débiter votre catéchisme, vous auriez vu que, précisément, à une époque déterminante de mon existence (déterminante pour ma “formation intellectuelle”…), soit approximativement entre 17 et 25 ans, j'ai vécu non seulement en contact étroit avec l'homme dont je parle mais également sous la profonde influence de sa culture : presque tout ce que j'ai pu lire de grand et de beau à cette époque, je le dois à lui et à son fils.
PRR : vous voulez que je vous serve un petit café bien serré ?
Robespierre qui n'a pas la tête sur les épaules , c'est tout de même le comble .
RépondreSupprimer@Luc
RépondreSupprimerTa gueule Robin.
@Didier
Allons allons, tu n'as pas reconnu notre vieil ami?
J'avais une vingtaine d'années, et je me suis rendue à Mexico durant un bon mois, j'ai beaucoup aimé l'histoire des incas, ces bons mayas attachés au temps et aux astres, mais,..ce que j'ai le plus aimé, c'est tout ce que les espagnols y ont laissé, et heureusement si bien conservé et chéri par les mexicains de la city, cette grande vallée, comme un énorme trou de vestiges et de ruines : Richesses !
RépondreSupprimerVous pouvez appeler la souffrance de certains, un catéchisme, c'est bien dans votre façon de penser.
RépondreSupprimerMoi j'appelle catéchisme, cette volonté de l'extrême droite, d'attribuer aux humbles, une voix univoque, monocorde, indifférenciée, "l'homme masse", seulement motivé par les problèmes de sa libération,jamais préoccupé par la culture ou l'art de vivre,"homme masse", réduit à sa bestialité,chassant en meute, par opposition à une "minorité exemplaire" (désignée par qui?)élite tour à tour assimilable à l'aristocratie, ou aux forts, ou aux riches, ou aux patriotes, ou aux blancs, ou aux catholiques, ou aux représentant d'un ordre moral, seuls détenteurs quant à eux d'une vision intelligente de la société, artisans uniques de ses progrès et de la civilisation.
C'est le discours sempiternel de la droite, son catéchisme en tout lieu et en tout temps, et il m'étonne que vous le receviez comme une novation, ou une lumineuse démonstration.
@Luc
RépondreSupprimerClap clap clap.
Magnifique, Henri. L'une de vos plus belles couillonades.
Il faut savoir que la particularité de la gauche, dans ses critiques, n'est pas de savoir qu'est-ce qui est dit, mais QUI le dit. C'est assez insupportable, d'une grande bêtise... et cela amène à toutes sortes de dérapages un peu staliniens.
RépondreSupprimerXP : purée, je me fais avoir à chaque fois !
RépondreSupprimerHugo Compagnon : oui, c'est bien ce qui rend inutile et dérisoire toute tentative de discussion. Ici, par exemple, dans le cas de Luc, je me retrouve à discuter d'Ortega y Gasset avec quelqu'un qui se targue de n'avoir jamais lu Ortega y Gasset.
D'ailleurs j'arrête.
Encore ceci, pourtant : je recommande au sieur Luc de ne surtout jamais lire la moindre ligne du journal d'Otto Klemperer. Voici en effet un garçon qui a non seulement vécu en Allemagne de 1933 à 1945 (Berk !), mais qui, en plus, est ensuite resté à Dresde, où il a retrouvé sa chaire de philologie alors même que cette partie de l'Allemagne sombrait sous la dictature bolchevique (re-berk !) : vous vous imaginez la crapule ?
C'est même fondamentalement stalinien.
RépondreSupprimerLa philosophie politique de ces gens-là se résume dans le fond chez eux à la recherche DU coupable. Celui dont l'éradication permettra l'avènement de la paix et de la concorde.
Ils croient que l'homme est bon. Qu'il y a juste une poignée de salauds parmi eux à supprimer. Cette poignée, c'est parfois un peuple tout entier (les Koulaks), mais on ne s'arrête pas aux points de détails, quand on a des rêves si merveilleux dans la tête.
Tout ce qu'écrit Luc est bel, bon et totalement à côté de la plaque. On se demande même si avant d'y "répondre" il a lu ce que vous écriviez. Une chose est certaine : s'il l'a lu, il n'y a rien compris.
RépondreSupprimerIl ne réalise même pas que le seul fait qu'il puisse s'exprimer ici démontre la fausseté de ses théories.
On peut également se demander d'où il tire la moindre légitimité à s'ériger en porte-parole des victimes du franquisme...
"C'est vrai qu'on peut ne pas comprendre de tels débats, mais si d'aventure on rencontre des Espagnols, qui ont souffert dans leur chair, qui ont subi des injustices nombreuses, qui ont été privés de la parole,empêchés dans leur culture, leur langue, leurs traditions et qui voient encore aujourd'hui,leurs anciens vainqueurs et leur famille, vautrés dans leur conquête illégitime, leurs spoliations, on ne peut pas s'étonner de leur scrupuleuse demande d'une justice à rendre et de leur attention vigilante contre ceux qui ont soutenu ces exactions.
RépondreSupprimerCela ne s'efface pas ainsi. mettez-vous à leur place."
Et voilà, on attendait que ça. J'en connais, justement, des gens qui ont fui le franquisme (et Didier aussi, lisez mieux le billet). Je connais aussi des juifs et je lis Céline, et Drieu. Une partie de ma famille a fui la dictature de Mussolini et vous savez quoi ?, il m'arrive de lire Malaparte... Puisque vous parlez de l'extrême droite, je me permets de vous faire remarquer que vous semblez partager son goût pour la division du monde en deux parties bien distinctes...
Une dernière chose : n'étant que trentenaire, j'évite soigneusement de porter des jugements moraux sur ceux qui ont vécus en ces périodes sombres. Pourquoi ? Parce que je ne suis pas en mesure de savoir quel genre d'homme j'aurais été.
@Didier
RépondreSupprimerTu es un grand enfant, dans le fond.
XP : ton commentaire est tout à fait “raccord” avec ma nouvelle lecture "post-orteguesque” : La Guerre civile européenne, 1917-1945, d'Ernst Nolte, dont j'aurai sûrement l'occasion de parler un de ces jours prochains.
RépondreSupprimerJacques Étienne : un homme de gauche est TOUJOURS légitime, quelle que soit la lubie qui lui traverse la tête. Même son berceau était déjà plus légitime que celui d'un bébé de droite.
Et puis, c'est vrai, tiens, quelle conversation à la con. C'est inutile.
RépondreSupprimerXP : un gros enfant, plutôt.
RépondreSupprimerDorham : oui, hein ?
RépondreSupprimerPlus j'y pense, plus je me dis que ça va loin. Peut-on encore lire un seul des philosophes des Lumières, quand on sait en quels tyrans ils ont parfois espéré ? Ou Platon, quand on sait que certains (abrutis) prétendent que "La République" préfigure les gouvernements fascistes ? Là, ce n'est plus la police de la pensée, c'est carrément la littérature au défoliant.
RépondreSupprimerBlague à part, Dorham (les autres aussi naturellement), je vous encourage vivement à lire La Révolte des masses qui reste un fantastique élan d'intelligence et de clairvoyance. Et en plus, ce n'est même pas écrit en jargon…
RépondreSupprimerMince, nos commentaires n'arrêtent pas de se croiser !
RépondreSupprimerPersonnellement, je m'en tiendrai à la position de Léon Daudet (un gros vilain méchant) dont j'ai déjà parlé ici ou là : à ses camarades de l'Action française qui lui reprochaient d'avoir soutenu Proust pour le prix Goncourt, Proust, ce juif apatride, il cloua le bec en quelques mots :
« Quand il est question de littérature, la patrie je l'emmerde ! »
Il me semblait qu'il avait dit ça à propos de Céline et du Voyage, non?
RépondreSupprimerEnfin, tu dois avoir raison cette fois-ce encore, et ça ne change rien.
Moi, je pense que l'enracinement, d'une façon générale, ne va pas bien à la littérature.
La phrase de De Gaulle, à propos du "Volapuk integré", disant que Goethe, Shakespeare, Molière, Dante, ont contribué au génie européen parce qu'ils étaient d'abord allemand, anglais, français, italien... est tout assez fausse. Séduisante, mais fausse.
C'est la comparaison entre Nabokov et Soljénitsyne, qui est la plus éclairante, à ce sujet: le premier est à mon sens un immense écrivain parce que l'exil, dans le fond, lui est indifférent. Il n'est pas Russe, ni Américain, il est écrivain.
XP : tu as raison, je viens de vérifier : c'est bien à propos de Céline (et de son antimilitarisme) en 1932.
RépondreSupprimerÇa m'énerve, j'aimais mieux quand c'était avec Proust…
Pour le reste, il ne t'étonnera sans doute pas que je sois plus d'accord avec De Gaulle qu'avec toi, quant à la littérature “enracinée”.
Question pour un prochain bac de français : Corneille était-il enraciné ?
RépondreSupprimer"si d'aventure on rencontre des Espagnols, qui ont souffert dans leur chair, qui ont subi des injustices nombreuses, qui ont été privés de la parole,empêchés dans leur culture, leur langue, leurs traditions" (Luc/Robin)
RépondreSupprimerOh la barbe ! J'en connais, des Espagnols comme ça, j'en ai même dans ma famille. Et vous savez quoi ? Ils sont rances, plus rances que la pire grenouille de bénitier espagnole des années 50.
À propos des "lois mémorielles" de Zapatero, je remarquais qu'on ne tenait pas compte des crimes commis par les Républicains, les communistes et les anars...
Un de ces Espagnols rances m'a répliqué : "on s'en fout, les crimes des républicains, on en a parlé durant le franquisme..."
Cet homme a une fille née en 1990, totalement endoctrinée à gauche. Vous croyez qu'elle a connu la propagande franquiste qui parlait des crimes républicains ?
Mais son père s'en fout. Il pratique ce que pratiquait le franquisme, ce franquisme qu'il passe son temps à rappeler obsessivement : la propagande à sens unique.
Pour finir : ces Espingouins dont je vous parle sont des Catalans. Tout ce qu'ils disent sur le fait qu'ils "ont été privés de la parole,empêchés dans leur culture, leur langue, leurs traditions" est au mieux une exagération, au pire de fieffés mensonges. Le catalan n'a jamais interdit, non seulement en pratique, mais ni même officiellement. Il est d'ailleurs remarquable et grinçant de savoir que la Generalitat (gouvernement catalan) interdit depuis des années aux commerces d'écrire leur enseigne en castillan... vous avez dit à sens unique ?
J'aime d'ailleurs emmerder mes amis catalans républicains en leur disant que c'est grâce à la monarchie et à Franco que les langues régionales se sont conservées, contrairement à la France. Simpliste, certes, mais jouissif à dire, pour observer l'air interdit que prennent alors les têtes de mes petits républicains en herbe.
Enfin bref : ta gueule Robin !!!
Gil, pour apporter un peu de Rioja à votre moulin manchego : l'Espagnol dont je parle dans le billet était un Madrilène pur jus. En 1939 il est parti s'installer en Catalogne. Lorsqu'il a dû fuir l'Espagne en 1949, il parlait parfaitement le catalan (et le parlait encore lorsque je l'ai connu 25 ans plus tard), preuve s'il en est que cette langue n'était pas traquée autant qu'on veut bien le dire.
RépondreSupprimerJe crois que "obsessivement" n'existe pas. Emporté par la passion, j'ai fait un castellanisme (?) à partir "obsesivamente"^^
RépondreSupprimerEh bien, moi, je l'adopte, votre obsessivement, et bien haut, encore !
RépondreSupprimer(C'est le syndrome : Napoléon buvant l'eau de son rince-doigt pour ne pas coller la honte à son grognard…)
D.Goux : j'avais fait à une époque certaines recherches, étonné que j'étais par la vitalité du catalan, contrairement au breton ou à l'occitan, et malgré la persécution dont on m'assurait qu'il avait été victime...
RépondreSupprimerJ'ai conclu de ces recherches que la catalan sous le franquisme était grosso modo interdit dans les administrations. C'est tout.
Remarquons qu'actuellement, c'est le castillan qui est interdit dans les administrations (ou plutôt, le catalan est la seule langue autorisée). Et je ne critique pas cette décision de la Generalitat, elle me paraît même logique. Mais voilà, c'est ainsi.
J'ai d'ailleurs un ami français qui travaille dans une boîte d'informatique à Barcelone. Il a été affecté à un poste d'aide technique par téléphone, où il devait répondre spécifiquement à des demandes de fonctionnaires de la Generalitat. Au bout d'une semaine, ces derniers ont demandé qu'il soit remplacé, car s'il maîtrise le castillan, il a de graves lacunes en catalan.
RépondreSupprimerIl a été viré (bon, du poste, pas de la boîte). Yerk yerk.
Vous êtes bien bon, mon général.
RépondreSupprimerJ'ai oublié le principal : merci de donner envie de lire Ortega y Gasset. Moi aussi je l'ai parcouru vers 20 ans sans grand bénéfice. Ces deux articles m'ont donné envie de m'y remettre immédiatement, joder !
Salut i força al canut !
Gil : bonne lecture ! Je viens pour ma part de commander La Déshumanisation de l'art…
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerBon, je vais peut-être écrire une bêtise. Il me semble que la raison numéro un pour lire un écrivain c'est... que ce soit un bon écrivain : style, idées, etc.
RépondreSupprimerSi l'on commence par mettre au rebut un livre parce qu'il a été écrit par (cochez la bonne réponse): un anarchiste, un fachiste, un franquiste, un royaliste, un libertin, un catho intégriste, un homo, etc., ça va faire du vide dans les bibliothèques.
Geneviève
Geneviève : le problème est que si vous lisez un écrivain pour son style, ses idées, sa hauteur de vue, sojn sens de l'humain et de nos fins dernières, etc., vous tomberez forcément sur un écrivain réactionnaire.
RépondreSupprimer(Smiley pour Dorham.)
Dans tout ce fatras de choses très intéressantes et passionnantes il y a quand même des conneries qui s'écrivent.
RépondreSupprimerAinsi Céline aurait été un juif apatride et les grognards de Napoléon se servaient de rince-doigts !
Céline apatride? D'une certaine manière, oui.
RépondreSupprimerIl est évident, et il l'a dit abondamment, qu'il ne s'inscivait pas dans une tradition littéraire française mais qu'il entendait au contraire la faire exploser.... Ce qu'il a fait en partie, surtout dans la seconde partie de l'oeuvre, la plus aboutie.
Rapppelez-vous cette phrase: "Le Voyage au bout de la Nuit, c'est encore à 80% du Paul Bourget".
Je pense -et je ne suis pas le seul, que les fameux trois petits points ont pour vocation d'angliciser la langue française, assez pauvre en mots évoquateurs et plutôt fournie en mots descriptifs, ce qui est un handicap en littérature.
RépondreSupprimerC'est un débat recurrent en France depuis Boileau, puis Rivarol, les romantiques, Sainte-Beuve...
Juan H.
RépondreSupprimerXP,
RépondreSupprimerSi Céline "ne s'inscrivait pas dans une tradition littéraire française", il s'y trouve donc inscrit malgré lui, puisque beaucoup de ceux qui lisent Céline aujourd'hui, ne liront jamais Paul Bourget.
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerBon, ça y est, après les billets de Baroque et fatigué et Pierre Robes Roule, vous avez achevé de me convaincre: j'ai commandé un exemplaire de La révolte des masses et j'espère pouvoir le lire prochainement. Merci.
RépondreSupprimer@milded
RépondreSupprimer"Si Céline "ne s'inscrivait pas dans une tradition littéraire française", il s'y trouve donc inscrit malgré lui, puisque beaucoup de ceux qui lisent Céline aujourd'hui, ne liront jamais Paul Bourget."
Putain, mais c'est pas vrai...