L'un des avantages, lorsqu'on passe une journée et une soirée sobres (avec l'absence de gueule de bois, le fait d'échapper à la honte du lendemain en relisant certains de ses propres commentaires...), c'est qu'on ne s'endort pas devant la télévision. Ce qui tombait bien, hier soir, puisque la chaîne TCM propose tous les dimanches une "intégrale Cary Grant" : trois films dont nous regardons toujours le premier, parfois le second. Hier, je me suis accordé la totale. Demandez le programme ! Voici :
20.45 : L'Impossible Monsieur Bébé, de Howard Hawks (1938) ;
22.30 : Gunga Din, de George Stevens (1939) ;
0.30 : Vacances, de George Cukor (1938).
Mille pardons, mais j'ai la flemme d'aller chercher les titres originaux – mis à part pour le dernier qui se nomme Holidays. Évidemment, pris en tenailles entre Hawks et Cukor, le pauvre Stevens n'a pas la partie facile. D'autant moins que Cary Grant ne semble pas particulièrement à son aise dans cette histoire de thugs, de déesse Kali et d'empire des Indes. Comme je n'ai jamais trouvé que Victor McLaglen était un acteur phénoménal, et encore moins Douglas Fairbanks Jr, et qu'en plus le scénario, invraisemblable et bancal, hésite constamment entre l'épique, l'exotique et le burlesque, on regarde le résultat sans ennui ni passion – on peut même aller se rechercher un carré de chocolat dans l'arrière-cuisine sans manquer grand-chose.
Et puis, Gunga Din souffre d'un grave handicap par raport aux deux autres : il n'y a pas Katharine Hepburn. Je sais bien que l'expression “couple mythique” est galvaudée jusqu'à l'écoeurement, mais, là, franchement... Ils sont si parfaitement accordés, si emphatiquement faits l'un pour l'autre que les malheureux scénaristes des deux films d'ouverture et de clôture peuvent bien s'échiner à dresser des obstacles entre eux, le spectateur le plus ramolli de la bobine comprend dès leur première apparition conjointe que l'affaire est faite. Un peu comme quand vous collez Robert Mitchum et Marilyn Monroe sur le même radeau.
Je ne m'offrirai pas le ridicule de tenter une critique croisée de ces deux films, que chacun a vus au moins cinq fois. Simplement ceci qu'à ce stade d'excellence – et de différences entre les deux réalisateurs – il me paraît difficile, voire vain, de vouloir déterminer lequel on préfère à l'autre. Le film de Hawks est une comédie presque essoufflante à force de rythme, où le principal personnage est la folie douce qui manipule tous les autres comme des marionnettes ; à l'exception de Katharine Hepburn, aussi folle certes, mais jamais à la remorque.
Les Vacances de Cukor sont d'un humour plus fin, plus acidulé, pour ne pas dire acide. Malgré le happy end obligatoire, on ressort de ce presque huis-clos avec une impression de morosité persistante, Cukor nous amenant tout au bord du précipice logique, avant d'expédier la fin heureuse d'un coup de baguette auquel il semble nous sommer de ne pas croire. Et Katharine a rarement été aussi belle que dans ce film. Sauf peut-être dans la Philadelphia story, du même Cukor, et revue dimanche dernier.
Comme quoi, les soirées à l'eau minérale, ç'a ses bons côtés. À condition d'avoir Cary Grant et Katharine Hepburn chez soi.
20.45 : L'Impossible Monsieur Bébé, de Howard Hawks (1938) ;
22.30 : Gunga Din, de George Stevens (1939) ;
0.30 : Vacances, de George Cukor (1938).
Mille pardons, mais j'ai la flemme d'aller chercher les titres originaux – mis à part pour le dernier qui se nomme Holidays. Évidemment, pris en tenailles entre Hawks et Cukor, le pauvre Stevens n'a pas la partie facile. D'autant moins que Cary Grant ne semble pas particulièrement à son aise dans cette histoire de thugs, de déesse Kali et d'empire des Indes. Comme je n'ai jamais trouvé que Victor McLaglen était un acteur phénoménal, et encore moins Douglas Fairbanks Jr, et qu'en plus le scénario, invraisemblable et bancal, hésite constamment entre l'épique, l'exotique et le burlesque, on regarde le résultat sans ennui ni passion – on peut même aller se rechercher un carré de chocolat dans l'arrière-cuisine sans manquer grand-chose.
Et puis, Gunga Din souffre d'un grave handicap par raport aux deux autres : il n'y a pas Katharine Hepburn. Je sais bien que l'expression “couple mythique” est galvaudée jusqu'à l'écoeurement, mais, là, franchement... Ils sont si parfaitement accordés, si emphatiquement faits l'un pour l'autre que les malheureux scénaristes des deux films d'ouverture et de clôture peuvent bien s'échiner à dresser des obstacles entre eux, le spectateur le plus ramolli de la bobine comprend dès leur première apparition conjointe que l'affaire est faite. Un peu comme quand vous collez Robert Mitchum et Marilyn Monroe sur le même radeau.
Je ne m'offrirai pas le ridicule de tenter une critique croisée de ces deux films, que chacun a vus au moins cinq fois. Simplement ceci qu'à ce stade d'excellence – et de différences entre les deux réalisateurs – il me paraît difficile, voire vain, de vouloir déterminer lequel on préfère à l'autre. Le film de Hawks est une comédie presque essoufflante à force de rythme, où le principal personnage est la folie douce qui manipule tous les autres comme des marionnettes ; à l'exception de Katharine Hepburn, aussi folle certes, mais jamais à la remorque.
Les Vacances de Cukor sont d'un humour plus fin, plus acidulé, pour ne pas dire acide. Malgré le happy end obligatoire, on ressort de ce presque huis-clos avec une impression de morosité persistante, Cukor nous amenant tout au bord du précipice logique, avant d'expédier la fin heureuse d'un coup de baguette auquel il semble nous sommer de ne pas croire. Et Katharine a rarement été aussi belle que dans ce film. Sauf peut-être dans la Philadelphia story, du même Cukor, et revue dimanche dernier.
Comme quoi, les soirées à l'eau minérale, ç'a ses bons côtés. À condition d'avoir Cary Grant et Katharine Hepburn chez soi.
Je ne résiste pas à rappeler qu'il existe une autre version, certes un peu moins édifiante, de la fameuse scène finale de Gunga Din, avec Peter Sellers (dans La Party, de Blake Edwards, bien sûr). Pour la bonne bouche, je vous mets également celle-là, qui n'est pas mal non plus...
RépondreSupprimerAlors, là, Monsieur Chieuvrou, je suis scié : j'ai dû voir au moins trois fois le film d'Edwards, pourtant, hier, je n'ai absolument pas fait le raprochement avec ce que je découvrais dans Gunga Din ! Faut-il être con, tout de même...
RépondreSupprimerI'll be with you in a minute, Mr Peabody...
RépondreSupprimerUn régal.
Oui, hein ?
RépondreSupprimer« Faut-il être con, tout de même... »
RépondreSupprimerN'allons pas jusque-là. Disons simplement que le lien entre les deux films est sans doute plus facile à établir quand on voit Gunga Din avant La Party plutôt que l'inverse. Ainsi, en ce qui me concerne, je me souviens avoir vu la première de ces deux œuvres un après-midi de mon enfance – à cette lointaine époque où la télévision pouvait encore passer à une heure de grande écoute un tel film (ou son grand frère Les Trois Lanciers du Bengale, ou n'importe lequel des Tarzan des années 30) sans craindre d'être aussitôt accusée de cautionner un affreux message ouvertement impérialiste, voire raciste (message que véhiculaient en effet bien souvent ce type de fims, ou tout au moins les romans dont ils pouvaient être tirés, mais à quoi ces mêmes films ne sauraient évidemment être réduits). Or il se trouve que, ayant gardé en mémoire la fameuse scène du sacrifice de Gunga Din, j'ai dû voir pour la première fois seulement quelques années après, toujours à la télévision, le film de Blake Edwards. L'allusion du second film au premier devenait alors plus qu'évidente.
Oui, c'était les films des après midis de jours de fête (les Trois Lanciers du Bengale le 1er Janvier, paraît-il).
RépondreSupprimerChieuvrou : oui, sans doute. Je m'étais d'ailleurs fait à peu près la même réflexion que, si la parodie passe avant l'original, celui peut demeurer plus ou moins indiscernable ensuite.
RépondreSupprimerEt j'ai les mêmes souvenirs télés que Marine et vous.