C'est une chose mystérieuse et vaguement inquiétante, dont les buveurs d'eau – race particulière – ne peuvent avoir idée. Que se passe-t-il dans la tête du blogueur, lorsqu'il a ingurgité une bière de trop ? (Ou douze bières, ou trois whiskys : on n'est pas là pour discuter des dosages...) Devient-il un autre, une sorte de monstre à soi-même inconnu, ou au contraire se mue-t-il enfin en ce qu'il est réellement ?
Ainsi, hier soir, après un déjeuner “viril” et un apéritif vespéral normal, je suis allé mettre un commentaire chez une blogueuse. Commentaire lapidaire, douze mots maximum – et ne comptez pas sur moi pour vous donner le lien, je ne suis pas maso à ce point. Je suppose avoir instantanément oublié ce jet de petit venin clairet. La preuve, repassant sur ce même blog ce matin, je fus un peu surpris (et considérablement atterré) d'y découvrir la trace de mon passage. À la suite de quoi, la tenancière n'avait pour ainsi dire laissé qu'un seul mot : navrant. Elle a entièrement raison : mon commentaire, en plus d'être idiot, hors de propos, rattaché à rien du tout, est d'une méchanceté impuissante de petit connard frustré.
La question que je me pose depuis (le gras italique n'est là que pour signifier qu'il ne s'agit nullement d'un appel à débat...) est la suivante : à quel moment suis-je moi-même ? Quand, la mousse (houblonnée) aux lèvres, animé d'une rage qui me demeure obscure, incompréhensible, je me précipite sur la première proie passant à portée ? Ou bien lorsque, le lendemain, j'ai envie de rentrer sous terre en contemplant la face obtuse et ricanante de celui que je fus la veille, durant un moment ?
Qui est Didier Goux ?
Moi je sais. Enfin, je crois...
RépondreSupprimerCa me rappelle quand on s'est connu. La journée vous étiez sympathique et le soir odieux. Il m'avait fallu quelques semaines pour comprendre.
RépondreSupprimerD'ailleurs, depuis j'ai aussi arrêter de commenter le soir.
Moi aussi, en principe. Mais il y a des rechutes.
RépondreSupprimerEt ça laisse entière la question : à quel moment sommes-nous pleinement nous-mêmes ? (Si la question a réellement un sens.)
La réponse m'inquiète un peu, je dois dire...
Catherine : tu n'es pas totalement impartiale...
RépondreSupprimerLa question n'est pas forcément "qui sommes-nous ?", mais "combien sommes -nous ?"
RépondreSupprimerFaites gaffe ! C'est avec ce genre de question à la con qu'on arrête de boire.
RépondreSupprimerla solution étant (lire à ce sujet ce que Bateson a écrit, dans 'Vers une écologie de l'esprit', le chapitre sur "une cybernétique du 'soi' : une théorie de l'alcoolisme" : http://olivier.hammam.free.fr/imports/auteurs/bateson/eco-esprit/ecologie.htm )
RépondreSupprimerd'essayer d'être lorsqu'on est sobre, celui qu'on est quand on est saoul (car c'est lui qui est dans le vrai... ou qui essaie).
Lucia,
RépondreSupprimerTu es sûre ? Damn it, mon vrai moi serait une nymphomane au sourire figé qui part toujours en claquant la porte... Merci pour la référence du bouquin :)
Didier,
Votre trouble est trop mignon !
(Je précise que c'est un commentaire du soir, bonsoir.)
J'ai lu le commentaire en question, c'est vrai que ce n'était guère aimable...
RépondreSupprimerLa boisson aurait plutôt tendance à me rendre joviale et débonnaire. Je bois peu il est vrai quoique bénéficiant sur ce sujet d'une réputation totalement usurpée. Mais j'avoue que certaines fins de soirées fortement éméchées, il m'est arrivé de troller méchamment. On ne m'a pas élevée comme cela mais qu'est ce que ça fait du bien !
Nous avons tous nos instants de faiblesse, cher Didier.
RépondreSupprimerJ'avais remarqué !
RépondreSupprimer;-)
Lucia Mel "d'essayer d'être lorsqu'on est sobre, celui qu'on est quand on est saoul (car c'est lui qui est dans le vrai... ou qui essaie)."
RépondreSupprimerJe trouve ça idiot ! Didier serait un méchant troll 24 h sur 24 ! Ceux qui ont le vin agressif seraient invivables et ceux qui deviennent un gentil "cool" au sourire béat ne feraient plus rien.
Faut pas croire tout ce qui est écrit dans les livres.
D'accord avec Catherine, la levée des inhibitions n'a pas que du bon ni forcément du plus "vrai" ; et on se suiciderait le sourire aux lèvres, etc. L'humain est un être de langage et de raison, pas seulement de pulsions... Donc le "vrai moi" n'est pas exclusivement à chercher du côté de la bête que nous faisons souvent taire. Le vrai Didier Goux est sans doute celui qui se demande qui il est, plutôt que l'un (le sobre) ou l'autre (le saoul).
RépondreSupprimerLes filles, a font rien qu'à m'embrouiller...
RépondreSupprimerQui est Didier Goux ... ?
RépondreSupprimerUn artiste ? Incompris ? (en un seul mot !)
@Catherine : c'est le 'gentil' moi, celui qui nous plaît bien, celui qu'on arbore à la boutonnière, qui rend l'autre 'méchant', à force d'être caché comme un vieux mouchoir au fond de la poche... Bateson (mais ça fait bien longtemps que je l'ai lu) insiste sur le fait que c'est la distorsion des deux qui pousse à 'mal' boire, que le 'gentil' accepte de dialoguer avec le 'méchant' serait une attitude préférable. Etre le même "bourré" ou pas, ne veut pas dire être le 'méchant' tout le temps... mais quelque chose à mi-chemin dans nos contradictions (la voie du milieu, ou Tao). Le langage du changement (cf Watzlawick et l'école de Palo Alto), pardon pour l'excès de citations...
RépondreSupprimerBon dimanche à vous ! (avec modération ;-))
"On n'est jamais à ce point quelque chose, que l'on ne puisse décider de devenir autre chose" (à quelque chose près) JP Sartre
RépondreSupprimerIl ne faut jamais boire ce qu'on sert dans les livres.
RépondreSupprimercette explication est utile, la prochaine fois que l'un de vos commentaires me dépite je vous chercherai une excuse en pensant que vous êtes juste bourré
RépondreSupprimerOlympe,
RépondreSupprimerAprès 19 heures, ce n'est plus la peine de se poser la question.
C'est amusant votre questionnement. Je me fais la même réflexion par rapport aux médocs. Si je ne les prenais pas, est-ce que j'arriverai à être dans ce même état d'esprit ? Est-ce que j'arriverai à 'forcer' mon cerveau pour atteindre ce niveau de sérénité ? Est-ce qu'on fond, j'ai ce niveau de sérénité en moi ?
RépondreSupprimer(dur , dur comme réflexion pour un dimanche... Je vais prendre un dafalgan codéïne la-dessus...)
ça me rassure. J'avais failli écrire, d'ailleurs, à la place de "navrant", "vous étiez bourré ?"...
RépondreSupprimerEt j'ai même pensé que ce n'était pas vraiment vous...
:)
Olympe : ne généralisons pas : il peut m'arriver de dire des choses désagréables à jeun...
RépondreSupprimerNicolas : pochtron toi-même !
Mademoiselle Ciguë : les médocs, ce sont des vins de Bordeaux ?
CC : Ni tout à fait le même ni tout à fait un autre...
Didier,en cette période de doute vous avez une Foi , d'airain , 3 raisons de boire Contrex.
RépondreSupprimer« Didier, en cette période de doute vous avez une Foi, d'airain »
RépondreSupprimerOui ben des reins, on en a qu'une fois, même s'ils vont par deux, comme les ivrognes d'une célèbre chanson de Brel (Jeff).
Vous devriez essayer le Cacolac.
RépondreSupprimerMais c'est "lire les blogs", la question. On va toujours plus vite que la musique : vous faites les réponses, mais les autres n'enchainent pas à re-faire les questions. Vous vous retrouvez un peu à causer tout seul, face à des avatars durs d'oreille.
Dans ces conditions, lire des blogs bourré ne doit pas aider à dissiper cette "impatience", j'imagine.
"mon vrai moi serait une nymphomane au sourire figé qui part toujours en claquant la porte..." (Marie-Georges)
RépondreSupprimerJ'essaie d'imaginer la femme: Catherine Deneuve dans un vieux Bunuel.
Une solution pour ne pas se trouver dans l'embarras du lendemain: répondre sur un brouillon le plus librement possible, enregistrer, relire quand l'alcoolémie a baissé, et aviser.
RépondreSupprimerC'est une consolation pour les blogueurs agressés, aussi, de se dire que l'invectiveur était bourré, qu'il est souvent bourré, ça excuse le malfaisant et ça amoindrit son propos.
Et puis, même bourré, on peut être -hélas - parfaitement lucide.
Suzanne : votre solution serait en effet la bonne. Mais elle est rendue impraticable par l'impatience que note justement Balmeyer...
RépondreSupprimerLa question voudrait laisser supposer qu'il n'y aurait qu'une seule forme possible de Didier Goux quand par nature, celui-ci est multiple. Pourquoi vouloir simplifier ?
RépondreSupprimerC'est le blogueur trollé qui doit se dépatouiller avec ça et non le commentariste aviné !
:-))
Boire ou danser la bourrée, il faut choisir.
RépondreSupprimerLaure : une soirée mojito de juillet dernier ? ;-)
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