L'idéal serait sans doute de partir pour nulle part, embarquer les chiens, monter sur un bateau ventru – fuir l'avion, fuir ! – pour s'évanouir dans un ailleurs imprécis et à peine noté sur les cartes. Oublier l'ensemble du monde tel qu'il fut, est et sera ; lui tourner le dos, mais sans même un mouvement d'humeur, comme on dévie légèrement son pas devant une merde fraîche – avec une indifférence teintée de soulagement et même de joie. On débarquerait au couchant sans doute, et la première nuit on attendrait sans impatience la survenue des brumes matinales, qui ne manqueraient pas au rendez-vous.
La maison serait petite et ancienne, inoccupée de mémoire d'homme (mais très bien chauffée : elle connaîtrait nos âges et les froids dont nous arrivons tout juste), et tous ses anciens habitants seraient morts depuis longtemps, leurs tombes même deviendraient difficiles à identifier. Les fenêtres en seraient étroites, mais commanderaient un paysage résolument immobile sous les assauts des vents. Ceux-ci viendraient de la mer, faute d'un autre choix. Il n'y aurait plus ni surprise, ni déconvenue, ni grandes sautes d'allégresse. Non plus de rencontres fortuites – peut-être même, avec un peu d'entraînement et de sagesse, plus de rencontre du tout.
Les chiens eux-mêmes se lieraient familièrement aux brouillards, et, petit à petit, ils perdraient l'habitude de marcher jusqu'à la mer.
Les chiens eux-mêmes se lieraient familièrement aux brouillards, et, petit à petit, ils perdraient l'habitude de marcher jusqu'à la mer.
On part quand ?
RépondreSupprimerJe travaille, moi, Madame !!!
RépondreSupprimerC'est l'Irlande ça, non ?
RépondreSupprimerNon ?
Bon ok..
Moi je préfère les chats de toute manière..
(j'aime bien trolliser votre blog avec mes com's idiots finalement)
Vous avez largement dépassé le stade de S-P&M. Il vous reste la plus belle des terres françaises, une sorte de Bretagne sans bretons (mon rêves), un Corse froide sans touristes, de Plieux océanique sans étages à monter (ni à descendre, c'est encore mieux), terres innommables mais baptisées, l'avion y est proscrit, le RAP bannit, seul Dieu peut vous aider, je ne vous donne que les chiffres magiques pour y parvenir : 49.18S 69.47E
RépondreSupprimerSavez-vous à quoi votre rêverie me fait penser, non sans mélancolie? A la migration des Celtes vers l'Ouest, toujours plus à l'ouest, repoussés qu'ils sont par les nouveaux peuples qui les chassent de chez eux. A l'Ouest de l'Ouest, les îles d'Aran, ou bien plus loi, St Pierre, en effet.
RépondreSupprimerHenri Bès
Si j'ai bonne mémoire, il y a un an vous vouliez partir en Norvège. Je ne viens pas tous les jours vous lire mais je me rappelle de cette envie de prendre le large. Ne serait-ce pas une dépression automnale ?...
RépondreSupprimerJ'y pense aussi...
RépondreSupprimerEmmanuelle : non, Saint-Pierre-et-Miquelon...
RépondreSupprimerPRR : mais alors, il me reste quoi ? Je veux m'exiler, un pays presque sans habitants, sans immigrés, sans cailleras, sans musulmans (il fait trop froid pour ces cons-là, mais ils s'adapteront sans doute...), sans encapuchonnés exigeant le respect, and so on ; un truc pour finir sa vie à peu près tranquillement, comme dans l'ancienne France, voyez ? Un truc, même, sans internet, pour ne plus entendre toutes ces conneries célestines qui m'écœurent. Vous avez mieux que Saint-Pierre-et-Miquelon ? Je prends !
Henri Bès : on vous gardera une chambre, promis...
Anaïs : on a rejeté la social-démocrat!e de ces grands cons de Scandinaves, qui ne le savent pas encore mais qui ont déjà, virtuellement, disparu – et qui ne manqueront à personne.
les Kerguelen, les Iles d'Amsterdam ou de Saint Paul, nos magnifiques poussières d'Empire ......
RépondreSupprimerMerde, vous faites chier ! faut que j'aille voir ça, maintenant !
RépondreSupprimer(J'en ai marre, qu'on me perturbe...)
Je me permets de vous signaler une petite faute de frappe à la troisième phrase de votre texte :
RépondreSupprimer« [...] la première nuit on attendrait sans impatience la survenue des brumes matinales, qui ne manqueraient pas au rendez-vous. »
Il fallait évidemment lire « brunes ».
C'est un très beau texte, qui fiche le bourdon. Heureusement que Chieuvrou est là.
RépondreSupprimerSi vous êtes aussi solitaire, pourquoi tenir des blogs ?
RépondreSupprimerOu alors, interdisez-y les visites.
Vous m'énervez, ces jours-ci, mais rassurez vous (quoique vous vous en foutez), vous êtes loin d'être le seul, et la réacosphère n'a rien à y voir, je ne fais jamais de discrimination politique dans mes crises de ras-le-bol.
Pas lu les commentaires.
RépondreSupprimerAh la volonté de se dégager de cette humanité !
Mais bon, comme disait l'autre- en attendant !-, l'humanité, qu'on le veuille ou non, à cet instant, c'est nous !
:-))
On sait pourtant qu'ailleurs l'herbe n'est jamais plus verte ; mais qu'importe, puisqu'on ne choisit pas une destination : on choisit un rêve.
RépondreSupprimer@Mifa
RépondreSupprimerTrès belle phrase!
" Je veux m'exiler, un pays presque sans habitants, sans immigrés, sans cailleras, sans musulmans (il fait trop froid pour ces cons-là, mais ils s'adapteront sans doute...)
RépondreSupprimerCela s'appelle "voter avec ses pieds", ou ses rames, en l'occurence. Et c'est très tendance...
Suzanne : Chieuvrou est grassement rémunéré pour ça !
RépondreSupprimerMonsieur Social : oui, on a tous des périodes, comme ça...
D'autre part, le blog reste en effet une faiblesse.
Monsieur Poireau : en effet, difficile de s'extraire de cette glu...
Mifa : pour éviter la déception, on peut aussi choisir une destination où l'on sait d'entrée qu'elle sera MOINS verte.
Marine : voter avec ses rames : j'aime beaucoup !
J'avoue qu'il y a une chose qu'on ne peut pas vous retirer, c'est votre honnêteté.
RépondreSupprimerMais en voila un joli billet tout plein de poésie et d'enchantement...
RépondreSupprimerCa nous change