C'est la question que, pour Philippe Muray, tout romancier se pose. Doit se poser s'il veut avoir une chance de devenir romancier. Bien entendu, il ne s'agit pas, comme semblent le croire nos écrivaillons à perruque poudrée, de se demander : Par quel miracle sommes-nous devenus si beaux dans le miroir magique ?, mais bien plutôt : Comment sommes-nous arrivés à ce stade d'hébétude niaise et de cruauté satisfaite ?
Si Muray a raison dans sa définition, alors (et n'en déplaise à Ygor Yanka) Michel Houellebecq est le romancier essentiel de ce début de siècle, en tout cas jusqu'à La Possibilité d'une île exclusivement. À propos de ce dernier roman (en date), Alain Finkielkraut a déclaré être un “déçu du houellebecquisme” – je le suis aussi. Je ne désespère pas d'une reprise en main, si je puis dire, d'un déségarement houellbecquien, d'un retour à ce qu'il est seul capable de faire pour l'instant. (Peut-être qu'à l'heure où je babille, un jeune homme ou une jeune femme est occupé à dresser le portrait cruel et radical de cette époque, qui mettra à nu ses répugnances, nous la fera voir comme on montre un écorché aux amoureux de l'homme.)
En attendant, Houellebecq est celui qui, tout seul, tout seul pour l'instant, a liquidé les miasmes de 68, dissipé les brumes des années 70, dévoilé ce que pouvaient avoir de proprement démoniaque ces décennies souriantes que j'ai bien connues, et surtout bien subies. Lui le premier a mis à nu cet égoïsme carnivore et bénisseur qui est devenu notre règle de vie, offert aux regards la chair nue et les souffrances dont aucune époque n'avait eu le moindre aperçu avant nous – il a dépiauté le bisounours.
Bien entendu, le bisounours a survécu. Il s'apprête même à dominer le monde. En ce sens, on pourrait donc penser que les écrivains ne servent à rien. Il est vrai qu'il ne servent pas à grand-chose ; ils n'ont, pour les plus hauts d'entre eux, qu'un pouvoir de dévoilement – encore : seulement pour ceux qui acceptent de voir ; et il y faut du temps et de l'application.
Les penseurs non plus ne servent à rien. Par exemple, ce que dit René Girard depuis quarante ans, à propos de l'aliénation du désir, n'a pas empêché les ravages de ce même désir de se poursuivre et de s'amplifier jusqu'à des proportions monstrueuses – ainsi qu'il l'avait prévu et le dit encore. Il n'empêche que ce que l'un a appelé la “propagation du désir mimétique”, l'autre, dans son premier roman, en a fait l'Extension du domaine de la lutte – et qu'ils disent, chacun en son moyen, en son regard, exactement la même chose. Il reste que l'œuvre de l'académicien recoupe parfaitement Les Particules élémentaires du masturbateur sacrificiel. Je doute que ce soit un hasard.
D'autant que les deux “mordent” très peu sur le lectorat féminin, il me semble. Ce qui est à porter à leur crédit.
Si Muray a raison dans sa définition, alors (et n'en déplaise à Ygor Yanka) Michel Houellebecq est le romancier essentiel de ce début de siècle, en tout cas jusqu'à La Possibilité d'une île exclusivement. À propos de ce dernier roman (en date), Alain Finkielkraut a déclaré être un “déçu du houellebecquisme” – je le suis aussi. Je ne désespère pas d'une reprise en main, si je puis dire, d'un déségarement houellbecquien, d'un retour à ce qu'il est seul capable de faire pour l'instant. (Peut-être qu'à l'heure où je babille, un jeune homme ou une jeune femme est occupé à dresser le portrait cruel et radical de cette époque, qui mettra à nu ses répugnances, nous la fera voir comme on montre un écorché aux amoureux de l'homme.)
En attendant, Houellebecq est celui qui, tout seul, tout seul pour l'instant, a liquidé les miasmes de 68, dissipé les brumes des années 70, dévoilé ce que pouvaient avoir de proprement démoniaque ces décennies souriantes que j'ai bien connues, et surtout bien subies. Lui le premier a mis à nu cet égoïsme carnivore et bénisseur qui est devenu notre règle de vie, offert aux regards la chair nue et les souffrances dont aucune époque n'avait eu le moindre aperçu avant nous – il a dépiauté le bisounours.
Bien entendu, le bisounours a survécu. Il s'apprête même à dominer le monde. En ce sens, on pourrait donc penser que les écrivains ne servent à rien. Il est vrai qu'il ne servent pas à grand-chose ; ils n'ont, pour les plus hauts d'entre eux, qu'un pouvoir de dévoilement – encore : seulement pour ceux qui acceptent de voir ; et il y faut du temps et de l'application.
Les penseurs non plus ne servent à rien. Par exemple, ce que dit René Girard depuis quarante ans, à propos de l'aliénation du désir, n'a pas empêché les ravages de ce même désir de se poursuivre et de s'amplifier jusqu'à des proportions monstrueuses – ainsi qu'il l'avait prévu et le dit encore. Il n'empêche que ce que l'un a appelé la “propagation du désir mimétique”, l'autre, dans son premier roman, en a fait l'Extension du domaine de la lutte – et qu'ils disent, chacun en son moyen, en son regard, exactement la même chose. Il reste que l'œuvre de l'académicien recoupe parfaitement Les Particules élémentaires du masturbateur sacrificiel. Je doute que ce soit un hasard.
D'autant que les deux “mordent” très peu sur le lectorat féminin, il me semble. Ce qui est à porter à leur crédit.
"D'autant que les deux “mordent” très peu dans le lectorat féminin, il me semble."
RépondreSupprimerPour Muray et Girard, je ne sais pas, mais pour Houellebecq vous devez avoir raison. Chez mes amies lectrices, il a peu ou pas du tout de succès. Opinions tièdes.
Justement, je suis en train d'essayer de lire La possibilité d'une île, et je peine un peu.
Avez-vous lu Rester vivant?
Suzanne, non ! Abandonnez cette "Possibilité" ! Lisez (si possible dans cet ordre) Extension du domaine de la lute, puis le suivant : Les Particules élémentaires. Si vous avez aimé les deux, alors : : Plateforme.
RépondreSupprimerRester vivant me semble plus anecdotique, mais bon. Sinon, si vous êtes lectrice de Lovecraft, le tout premier livre de Houellebecq est une "sorte de" biographie de cet auteur, intitulée... Bon, j'ai la flemme de me lever pour voir ! Mais enfin, il y a "Lovecraft" dans le titre. Et où on se rend compte que Lovecraft était très houellebecquien.
"(lectorat qui serait peu féminin) Ce qui est à porter à leur crédit": mais pas au vôtre, pour l'instant, il me semble...
RépondreSupprimerFranchement, êtes vous sûr de vos sources? peu fiables, si j'en crois mon expérience, dans mon entourage, ce sont les femmes qui ont été enthousiasmées par H. Houllebecq!
Alors, pas ou peu lu par les femmes? Première nouvelle, vraiment (d'où la sortez-vous, celle-là?)!
Quant à Muray, difficile de répliquer: je n'ai lu moi-même -et ça date- qu'un "Après l'histoire", "l'Empire du bien" (et c'est parti en fumée par le désagrément d'être en désaccord complet avec ses dires assénés comme un vieux dépressif) et parcouru, agacée, le livre de..."conversations" avec Elisabeth Lévy (bizarre, le titre m'échappe). Si les autres (femmes) ont fait comme moi, elles ont fui les déblatérations pessimistes d'un vieux réac qui n'eut de cesse de plaquer sur ses humeurs de vieux grognon des amphigourismes pseudo-philosophiques de "voyant(e)" illuminé(e)...
Au secours! sauvez-nous des charlatans qui projettent sur le monde leurs tourments intérieurs!
"les Bisounours" s'apprêteraient donc à "dominer le monde"? ohohoh... Où, et comment, surtout? Au contraire, il me semble que le monde est partout adepte du requinnat, c'est à qui sera le plus cynique et sans âme, et ça marche, au moins pour "dominer le monde"!
C'est dommage, je n'ai pas sous la main ma bibliothèque et donc aucun livre de Muray pour défendre pied à pied et la mémoire rafraîchie ce que je pense de ce personnage.
Mais comme je sais que mes arguments que vous traiteriez par le mépris comme venant d'une femme ne viendraient même pas réussir une petite piqure d'insecte, qui le regrette? ni vous ni moi (tiens, nous serions d'accord sur ce point?)
Quant au "portrait cruel et radical de cette époque", sans doute faudra-t-il intégrer les déblatérations autosatisfaites des dépressifs heureux (non, c'n'est pas si oxymorique que cela!) de décrire un monde qui se délite en même temps qu'eux, ils pourront ainsi mourir en se disant qu'après eux restera le néant...
D'ailleurs, puisque selon vous "les penseurs non plus ne servent à rien", ni les romanciers, pourquoi en appeler à vouloir décrire (et fustiger) un monde si cela n'aide en rien à le modifier? Ah, une sorte de baume pour les initiés, sans doute?! Une confrérie des "savants" aux idées noires qui remplaceront les prégnants francs-maçons?
Passante
(bon, je devrais peut-être cesser de me faire mouche du coche, ici, ça ne sert à rien, au contraire: v'z'allez bien réussir à me fiche le bourdon, vous!)
Passante : ce n'est pas tant que vos interventions ne servent à rien, je vous assure. Simplement, si vous pouviez y mettre un peu d'ordre avant de les jeter sur le clavier...
RépondreSupprimerTenez, là, par exemple. Beaucoup de femmes avec qui j'ai parlé de Houellebecq m'ont dit l'avoir détesté. En raison de sa "vision de l'amour". Je connais aussi des hommes qui ne l'aiment pas (Yanka, que je cite dans le billet). Mais ce n'est probablement pas pour les mêmes raisons. Les raisons pour lesquelles les femmes détestent Houellebecq me semblent être qu'elle sont toujours du côté du Monsonge romantique et jamais de celui de la Vérité romanesque. ce qui nous ramène à René Girard.
Houellebecq un écrivain essentiel ?
RépondreSupprimerJe suis sciée.
Je ne sais même plus quoi dire..
Ah si..
Non, je vais être vulgaire.
Il y avait une émission de Finkielkraut sur Houellebecq où était invité une petite dinde qui passait d'énormités en inepties et qui, parait-il, avait de plus publié un livre sur le sujet.
RépondreSupprimerEffarant.
Hum.
http://www.nouveau-reac.org/DL/051231_houellebecq.wma
Ah ben si Suzanne n'a pas lu son H., alors, ça va vous faire croire que vous avez raison (mais non: les deux premiers romans, je les avais offert en nombre autour de moi, toutes les filles avaient apprécié et remis une couche pour leur entourage, les mecs aussi, un peu, mais du bout des lèvres: pour certains, c'était même un "livre de raté"!!! j'avais pensé qu'ils devaient être un peu jaloux de l'adéquation des romans en phase avec une époque si... grise. C'est encore une amiE qui l'étudie et participe en intervenante dans des colloques, en Europe et ailleurs... serait-ce alors une histoire de milieu plus que de genre?)! (même conseil en ordre pour les bouquins, c'est reprendre en quelque sorte chronologiquement le chemin des parutions de ses romans, ce qui amène peu à peu à comprendre son cheminement... non je blague, j'ai du mal à comprendre ses détours vers la chanson et la poésie...
RépondreSupprimerQuant au livre sur Lovecraft (je n'ai pu lire ce livre de H.: je n'aime pas trop les critiques sur les auteurs que j'ai aimés petite, impression qu'on ne peut venir que déformer -même en aimant- ce qui semble m'appartenir à jamais... na!), il est même sorti en livre de poche...
(Girard: il est au programme et recommandé sinon au lycée du moins à l'université: comme en lettres, par exemple, il y a plus de filles, il est forcément lu par plus de filles, non? ça marche pas comme ça les stats?)
Didier: je les ai lus. J'ai cherché ce qui pouvait dans ces trois livres provoquer autant de haine, de dégoût ou de ferveur de la part des critiques. Pour un écrivain comme Dantec, je vois assez bien mais pour Houellebecq, non. (Le Stalker a écrit des choses très belles sur Dantec). Ce qu'on a présenté de lui dans les media doit jouer pour beaucoup, ainsi que son physique, ses chansons, tout ce qui n'est pas ses livres.
RépondreSupprimerDésolée pour le désordre, l'ordre a tendance à sentir l'éther et l'hôpital, et le trop-vide, du coup, j'évite...
RépondreSupprimerok: "Les raisons pour lesquelles les femmes détestent Houellebecq me semblent être qu'elle sont toujours du côté du Mensonge romantique et jamais de celui de la Vérité romanesque."
Les femmes que vous connaissez.
Mais pourquoi mes amies aimaient-elles?
Débarrassées du mensonge romantique, sûrement...?
(mais alors franchement,opposer vérité romanesque/mensonge romantique pour expliquer pourquoi les fe déteste(rai)nt H. et pourquoi les mecs l'aiment... et ne pas parler de mensonge érotique afin d'expliquer l'adoration des mecs pour San A. et Dard: c'est de la partialité porté à un haut degré de mauvaise foi!)
Il Sorpasso: je m'en rappelle! (mais de son nom, non) Je crois que beaucoup de femmes se vengent de son côté "petit mec moche qui se la joue irrésistiblement supérieur".
RépondreSupprimer"Ce qu'on a présenté de lui dans les médias doit jouer pour beaucoup, ainsi que son physique, ses chansons, tout ce qui n'est pas ses livres."
RépondreSupprimerOui, il me semble aussi: tout cela forme un brouillard -mais il en responsable aussi pour une part- qui donne l'impression qu'il surfe sur une vague pessimiste et ne pense pas le monde comme un philosophe. S'il semblait ne pas avoir un parti pris, ou ne faisait pas mine de prendre part au monde qu'il décrit, qu'il restait plus énigmatique, plus inaccessible, le brouillard se dissiperait et les jugements sur ses livres seraient débarbouillés de la pellicule de polémiques qui lui collent à la peau.
En quelque sorte, peut-être sera-t-il lu avec plus de détachement quand il sera... mort!
(je ne le lui souhaite pas cependant, et pourtant il m'énerve aussi parfois dans les médias!)
Passante: vous l'avez vu, ou lu un entretien avec lui,ou entendu récemment à la radio, à la télé ? Moi non... sinon, on cause, on cause autour... on est toutes les deux comme deux bonnes femmes d'un roman de Houellebecq !
RépondreSupprimerRécemment non (je n'ai pas la télé depuis longtemps)... je sais qu'il est passé sur Canal pour son "livre" avec BHL... ça date aussi. Le clash avait été lors de ses concerts, et autour de la polémique sur le fait qu'il réalisait lui-même un film sur son roman (la Possibilité...). Me souviens aussi de nombreuses interviews spectacles censées faire scandale (où il parlait de l'islam, ça a dû plaire à... mais bon, j'ai dit que j'arrêtais de faire mouche du coche!)...
RépondreSupprimerSi en ce moment il était moins souvent appelé dans les médias, ce n'est qu'un creux qui sera vite comblé... il semble qu'on l'ait pour l'instant rangé mentalement dans les has-been (aux yeux des médias mais pas pour les spécialistes de la littérature, apparemment) mais il rebondira bien un jour, je ne me fais pas de mouron pour lui.
(comme deux bonnes femmes? plutôt comme deux bonshommes narrateurs de roman de Houellebecq! ça bavasse pas mal, chez lui aussi!)
Comment on en est arrivé là?? Ben avec des gens comme vous qui jaboter jour et nuit bien assis sur le cul .
RépondreSupprimerJ'ignorais qu'on pût s'asseoir sur une autre partie de son anatomie...
RépondreSupprimerAh toujours ce constat du dégoût du présent et la théorie de la dégradation progressive que nous subirions par la faute à 68 ! Bon sang, ça devient une platitude, un gimmick, voir un panurgisme de la pensée réactionnaire !
RépondreSupprimerComme les gens étaient formidablement heureux en 1967, comme ils s'amusaient follement dans une société idéalement idéale !
:-))
[Par ailleurs, Houellebecq fut bon au début, ses 2 premiers romans mais par la suite, il est tombé dans la société du spectacle de lui-même ! :-)) ].
Tombé dans la société du spectacle, oui, et le pire fut aussi cet impensable livre à quatre "mains" avec BHL: ou comment présenter soi-même les travers (de l'individu et de la société) qu'on a habilement et abusivement dénigrés...
RépondreSupprimer(Mince, si j'ai en plus -même momentanément- le même avis que Finkielkraut [sur le Houellebecq décevant), où va-t-on?!])
Passante
"Les raisons pour lesquelles les femmes détestent Houellebecq me semblent être qu'elle sont toujours du côté du Monsonge romantique..."
RépondreSupprimerToutes?
Passante et ses amies montrent que non.
Vous êtes très zemmourien Didier.
Emmanu : sincèrement je le crois. Ou du moins je l'ai cru jusqu'à ce que je lise La Possibilité d'une île (je ne parle même pas des palinodies avec BHL...).
RépondreSupprimerIl Sorpasso : je vais aller voir ça...
Passante : oui, pour Girard, j'ai sans doute parlé un peu trop vite. Quant à Houellebecq, je ne suis pas statisticien, hein ! C'est juste une impression globale que j'ai. Du reste, je connais des femmes qui l'aiment beaucoup, en effet... et des hommes qui ne le supportent pas.
Suzanne : quelqu'un qui dévoile ce qu'on ne veut surtout pas voir, qui vous tend un miroir non déformant, celui-là suscite forcément de la haine, non ?
Philippe Lemoine : moi aussi !
Poireau : je rajouterais Plateforme, dans les bons romans.
Marine : mais non, pas toutes, évidemment ! Je parlais d'une tendance générale. Du reste, après une nuit de réflexion (traduisez : de sommeil), il me semble que les hommes le sont aussi, du côté du mensonge romantique, mais que cela ne se traduit pas de la même manière. Les "signes extérieurs" sont différents.
@Didier:
RépondreSupprimerque voilà une belle repentance. Vous êtes pardonné. Bon Dimanche à vous, L'Irrempe et la meute féroce.
Dans la série "La messe est dite" :
RépondreSupprimer"Il faut donc ne pas craindre, d'abord, de tancer la multitude d'imbéciles ayant clamé haut et fort que les romans de Houellebecq n'en étaient point (ils lorgneraient, paraît-il, du côté de l'essai sociologique, ce qu'est n'importe quel bon roman bien sûr, de Balzac à Broch) et qu'ils se contentaient de décrire la pure béance de l'homme moderne confronté à l'absence de sens. Rien n'est plus faux et si une thématique est bien absente des romans de Michel Houellebecq, c'est justement, ma foi, l'indifférence. Lui-même d'ailleurs remarque judicieusement que c'est au contraire la honte, cette écharde n'en finissant pas de s'enfoncer dans la chair et constituant une espèce de bubon gonflé des sucs les plus nocifs, qui est à la source de chacun de ses livres : «Il y a depuis l’origine quelque chose, dans ma littérature, qui a partie liée avec la honte»."
(Juan Asensio, 14 décembre 2008)
Didier, je suis plus optimiste que vous sur le pouvoir du Verbe. Les écrits d'hier portaient en germe le monde d'aujourd'hui, ceux d'aujourd'hui celui de demain. C'est ce décalage d'une à deux générations qui nous fait penser que les choses de l'esprit sont vaines. Mais une fois qu'elles ont été assimilées par une génération, transmises à la suivante, elles font leur effet. C'est comme cela que la tumeur soixante-huitarde a produit ses métastases à partir des années 1990. Soyons patients, donc.
RépondreSupprimer"Tumeur 'soixante-huitarde'"! Quelle pose! Que les vieux regrettent le bon vieux temps, on peut comprendre leurs gâteux accès d'attendrissement pour un temps et une époque de leur vie dont les témoins disparaissent (ou disparaîtront) peu à peu, mais que des jeunes qui n'ont aucune expérience réelle et vécue de cette époque la regrettent, ça fait vraiment rire!
RépondreSupprimerFranchement, je préfère vivre aujourd'hui dans ce que vous appelez "métastase" (analogie délirante et psychédélique, vous êtes un "soixante-disard-nostalgique", en fait!) que dans la grille "antésoixantehuit" antédiluvienne fade, morose, contraignante et sans joie, bien souvent!
Vous avez vraiment les yeux encrassés par de miteux mythes!?
Mais si l'on suit votre raisonnement, ce que nous préparerait votre génération pour les années 2030 et suivantes sera madmaxien, et vous en serez coupable générationnellement...?! et bien bravo!
"Tumeur 'soixante-huitarde'"! Quelle pose! Que les vieux regrettent le bon vieux temps, on peut comprendre leurs gâteux accès d'attendrissement pour un temps et une époque de leur vie dont les témoins disparaissent (ou disparaîtront) peu à peu, mais que des jeunes qui n'ont aucune expérience réelle et vécue de cette époque la regrettent, ça fait vraiment rire!
RépondreSupprimerFranchement, je préfère vivre aujourd'hui dans ce que vous appelez "métastase" (analogie délirante et psychédélique, vous êtes un "soixante-disard-nostalgique", en fait!) que dans la grille "antésoixantehuit" antédiluvienne fade, morose, contraignante et sans joie, bien souvent!
Vous avez vraiment les yeux encrassés par de miteux mythes!?
Mais si l'on suit votre raisonnement, ce que nous préparerait votre génération pour les années 2030 et suivantes sera madmaxien, et vous en serez coupable générationnellement...?! et bien bravo!
(Je n'ai cliqué qu'une fois, le commentaire apparaît en double: il bégaie, ce blogspot, ou il a bu?)
RépondreSupprimerPassante, vous vous méprenez fort.
RépondreSupprimerJe ne suis pas nostalgique de l'avant Mai 68, puisqu'il a été incapable de résister à Mai 68, précisément...
Ce qui est mortifère, maintenant, c'est Mai 68. Je propose donc d'extirper la tumeur soixante-huitarde avant qu'elle n'ait achevé le malade occidental. Vous pigez ?
Je pige, en effet, parfois, mais pas pour le blog...
RépondreSupprimerNe suis pas certaine, contrairement à vous, que la dégénérescence que vous semblez craindre soit due à Mai-68: trop simpliste.
Je me demande même si l'Occident est vraiment "malade"... Il vieillit, certes, et meurt peut-être de ne pas savoir se recréer différent, trop compassé dans son histoire et ses désirs de grandeur ancienne: on dirait (à lire les reproches des néofranchouillards) une vieille star rance et fatiguée se remémorant sa gloire passée en se repassant éternellement ses films qui firent sa beauté. (oui, c'est vrai, ça fait cliché, mais en écoutant les "jeunes" "vieille France" cravachant sans modération pour retrouver une gloire passée entamée par Mai-68, c'est l'image qui vient immédiatement en analogie)
mais si vous voulez voir des métastases partout, je ne vais pas vous en empêcher (pigé?)...
Le "Bisounours" n'est peut-être pas une espèce récente:
RépondreSupprimer"I have always found that Angels have the vanity to speak of themselves as the only wise ; this they do with a confident insolence sprouting from systematic reasoning." (William Blake, The Marriage of Heaven and Hell)
Ceux qui se remémorent leur « gloire » passée, ce sont surtout les soixante-huitards, qui croient avoir accompli une révolution en donnant des coups de hache en polystyrène dans la souche pourrie de l'arbre occidental... Oui, la maladie est plus ancienne, mais elle s'est manifestée, entre autres choses, par l'apparition de la tumeur de 68...
RépondreSupprimerCriticus : il m'étonne de ne pas lire un seul mot contre le siècle des Lumières, tant qu'à y être…
RépondreSupprimer:-))
Pour moi le mal ne vient pas de là, mais du dévoiement de la pensée libérale à partir du XIXe siècle.
RépondreSupprimer" En attendant, Houellebecq est celui qui, tout seul, tout seul pour l'instant, a liquidé les miasmes de 68,..."
RépondreSupprimerJe crois que vous vous méprenez et oubliez un peu vite l'excellent Benoît Duteurtre et sa brillante démonologie de l'époque.
Je vous conseille vivement la lecture de "La petite fille et la cigarette" et de "Requiem pour une avant-garde". Je soupçonne cependant que ce ne soit qu'un oubli passager de votre part.
Houellebecq est à la fois un grand écrivain et un beauf. Ça arrive!
RépondreSupprimer