« Depuis la tragédie hitlérienne, l'antisémitisme politique a pratiquement disparu de la surface du globe. Non pas, bien sûr, qu'on ait cessé comme par enchantement de détester les Juifs. Mais la malveillance demeure à l'état diffus. Le préjugé ne se constitue pas en vision du monde. Ce qui lui manque pour sauter le pas ? La peur.
« (...) L'idéologie raciste n'a pas résisté au naufrage du nazisme. Unanimement rejetée de la sphère politique, elle n'apparaît, avec une violence d'ailleurs redoutable, que dans le domaine privé. Nous sommes habitués à cette dichotomie : les hommes politiques parlent le langage de la justice et de l'égalité, et c'est aux particuliers qu'il revient d'exprimer brutalement leurs allergies ou leurs préventions raciales. Parions même que nombre de racistes n'aimeraient pas voir ministres et députés utiliser à la tribune les mots qu'ils emploient, eux, dans l'intimité. Ils seraient sincèrement choqués par cette intrusion soudaine, dans le vocabulaire politique, d'une violence ou d'un mépris qui n'ont rien à y faire.
« (...) Ainsi, l'hostilité contre les Juifs n'est plus politisable : leur nom même y fait obstacle, parce qu'il désigne une ethnie et qu'il évoque un martyre. De là, l'importance essentielle du mot : sionisme. Les sionistes, en effet, ne sont pas les membres d'une nation ou d'une race, mais les partisans d'un système. Et l'expérience historique n'interdit pas de trouver ce système nuisible, ni même de hisser ses dirigeants à la hauteur de personnages occultes et tout-puissants qui manipulent l'opinion et qui influent sur le destin mondial. L'antisémitisme doctrinal ne pouvait guère se perpétuer qu'en se débaptisant : il l'a fait, et ce remplacement du “juif” par le “sioniste” est plus qu'un artifice rhétorique ; ce qui se révèle c'est la mutation de la pensée totalitaire. De nos jours, on persécute des idéologies et non des peuples, il n'y a plus de sous-hommes, mais des valets de l'impérialisme, des fascistes sous l'égide de l'étoile bleue, des militants, pour tout dire, d'un “nouveau type de nazisme”. Bref, le racisme n'a droit de cité dans le langage politique contemporain que sous la forme de son contraire. »
Alain Finkielkraut, Le Juif imaginaire, Point-Seuil, p. 177-179.
« (...) L'idéologie raciste n'a pas résisté au naufrage du nazisme. Unanimement rejetée de la sphère politique, elle n'apparaît, avec une violence d'ailleurs redoutable, que dans le domaine privé. Nous sommes habitués à cette dichotomie : les hommes politiques parlent le langage de la justice et de l'égalité, et c'est aux particuliers qu'il revient d'exprimer brutalement leurs allergies ou leurs préventions raciales. Parions même que nombre de racistes n'aimeraient pas voir ministres et députés utiliser à la tribune les mots qu'ils emploient, eux, dans l'intimité. Ils seraient sincèrement choqués par cette intrusion soudaine, dans le vocabulaire politique, d'une violence ou d'un mépris qui n'ont rien à y faire.
« (...) Ainsi, l'hostilité contre les Juifs n'est plus politisable : leur nom même y fait obstacle, parce qu'il désigne une ethnie et qu'il évoque un martyre. De là, l'importance essentielle du mot : sionisme. Les sionistes, en effet, ne sont pas les membres d'une nation ou d'une race, mais les partisans d'un système. Et l'expérience historique n'interdit pas de trouver ce système nuisible, ni même de hisser ses dirigeants à la hauteur de personnages occultes et tout-puissants qui manipulent l'opinion et qui influent sur le destin mondial. L'antisémitisme doctrinal ne pouvait guère se perpétuer qu'en se débaptisant : il l'a fait, et ce remplacement du “juif” par le “sioniste” est plus qu'un artifice rhétorique ; ce qui se révèle c'est la mutation de la pensée totalitaire. De nos jours, on persécute des idéologies et non des peuples, il n'y a plus de sous-hommes, mais des valets de l'impérialisme, des fascistes sous l'égide de l'étoile bleue, des militants, pour tout dire, d'un “nouveau type de nazisme”. Bref, le racisme n'a droit de cité dans le langage politique contemporain que sous la forme de son contraire. »
Alain Finkielkraut, Le Juif imaginaire, Point-Seuil, p. 177-179.
Je prends les trois.
RépondreSupprimerAh, vous aussi ?
RépondreSupprimerJe suis obligé de lire Finkielkraut ?
RépondreSupprimer"Parions même que nombre de racistes n'aimeraient pas voir ministres et députés utiliser à la tribune les mots qu'ils emploient, eux, dans l'intimité"
RépondreSupprimerC'est pourquoi on enfle démesurément les "petites phrases" ou les "dérapages". Comme les mots sont plombés, tout ce que disent les hommes politiques est comme une écriture sous contrainte dans laquelle on n'aurait pas le droit d'utiliser certaines lettres ou certains temps. On les guette alors à l'erreur, au relâchement qui dira le fond de leur pensée puisque le gros du discours est toujours le même.
Nicolas : vous devriez. Cela vous apprendrait des choses sur vos "amis" d'extrême-gauche...
RépondreSupprimerSuzanne : oui, c'est le moment où le particulier reprend la parole au tribun, pour reprendre la division opérée par Finkielkraut.
Mais non, Didier, enfin ! Vous savez bien que je n'ai que des amis fachos.
RépondreSupprimerEh bien justement le débat Badiou/Finkielkraut d'hier évoque ce problème d'une manière fort intéressante.
RépondreSupprimerNicolas : ah oui, c'est vrai, j'oublie tout le temps...
RépondreSupprimerHenri : il paraît, oui. Sauf que, pour l'entendre, on me demande de télécharger je ne sais quel cookie, lequel bien sûr me refuse absolument tout service...
Henri: je l'ai regardé, le débat. J'ai bien aimé la conclusion: pourquoi, malgré nos divergences abyssales, pouvons nous débattre sereinement ensemble ?
RépondreSupprimerà cause de l'esprit de Montaigne, a répondu Badiou.
Très pertinent ce propos de Finkielkraut.
RépondreSupprimerBon, je ne pense pas que l'antisionisme soit une forme larvée ou déclarée d'antisémitisme. C'est seulement une (op)position politique. Point barre.
Or, le problème - s'il n'y avait pas problème, ça se saurait... -, c'est que "bibliquement" l'antisionisme est le "bras armé" de l'antisémitisme. D'ailleurs, chaque année, pour clôturer les fêtes de Pessa'h, le Juif pratiquant répète : "L'an prochain à Jérusalem."
Ce sujet me passionne, donc j'arrête là.
Il me passionne également. J'ai entrepris hier d'écrire ce que je pensais être un billet, pour tenter de voir clair dans ce que j'appelle mon philosémitisme. Mais je n'en suis pas venu à bout et, pour le moment, tout cela "dort" dans le journal de mai...
RépondreSupprimerVous avez lu le billet de Rubin, au fait, Didier ?
RépondreSupprimerhttp://sfadj.com/les-juifs-persecutes-au-venezuela
Merci de me l'avoir signalé ! Je viens d'y aller : l'antisémitisme d'un Chavez n'a absolument rien pour me surprendre, il est dans la droite ligne de celui du camarade Staline.
RépondreSupprimerN'y a t-il pas d'autres problèmes ? N'est-il pas commode de revenir toujours sur ce sujet ? Les juifs d'Israël écrivent leur Histoire depuis à peine un peu plus de soixante ans. Qu'en serait-il de notre histoire si internet avait existé au temps de Charlemangne ?
RépondreSupprimerOui, c'est de la même veine : toutes ces mouvances n'ont comme moteur que la seule haine.
RépondreSupprimerLes bruns et les rouges savent très bien se retrouver dès qu'il s'agit des Juifs.
"De nos jours, on persécute des idéologies..."
RépondreSupprimerJe ne comprends pas le sens de cette phrase, ni même si elle peut en avoir.
On ne persécute jamais que des individus ou des groupes d'individus.
On combat des idéologies.
Il n'y a aucun mal à combattre le sionisme ou l'islamisme.
MAis il faut avoir conscience qu'il est inévitable que certains s'abritent derrière ce combat d'apparence juste pour exprimer leur haine de l'autre, qu'il soit juif ou musulman.
« N'y a t-il pas d'autres problèmes ? »
RépondreSupprimerSi si, il y a un léger souci, on va dire : pourquoi l'anonymat me met-il dans une telle colère ?
"Comme les mots sont plombés, tout ce que disent les hommes politiques est comme une écriture sous contrainte dans laquelle on n'aurait pas le droit d'utiliser certaines lettres ou certains temps."
RépondreSupprimerC'est l'oulipolitique ?
Anoinyme : je ne parle pas aux anonymes. Trouvez-vous un pseudonyme.
RépondreSupprimerAdmin : les bruns et les rouges ont toujours fait bon ménage. D'où le nombre d'ex-socialistes (Doriot et consort) dans la collaboration la plus active et... le pacte germano-soviétique (relire Vassili Grossman).
Tzatza : précisément, on ne comprend pas. Faire croire qu'on s'en prend à une idéologie permet de masquer qu'on s'en prend toujours à ce bon vieux Juif inusable, en matière de persécution.
Georges : parce que vous êtes né en colère.
Malavita oui, c'est en quelque sorte La Disparition de l'antisémitisme.
Christophe,
RépondreSupprimerJe ne suis pas vraiment d'accord. Tous ceux qui remettent en cause le sionisme ne sont peut-être pas nécessairement antisémites. En revanche, il me semble en effet indubitable que le sionisme constitue un paravent, en tout cas un vecteur de transformation des idéologies antisémites. Un déguisement en somme.
S'cusez la plate question pratique mais: quel est donc ce débat Fink-Boudiou auquel des commentaires font allusion ? Reconnaissance à la bonne âme qui voudra bien m'éclairer !
RépondreSupprimerD'accord avec tout ce qui est dit dans votre citation, même si en effet, toute critique d'Israël ne cache pas forcément de l'antisémitisme. Quant à la remarque sur la virulence des propos privés que l'on ne voudrait pas entendre dans la bouche des politiques, je me suis senti visé, figurez-vous: il m'arrive d'en tenir qui vous feraient rougir :-)) (Comme dit Poireau)
RépondreSupprimerInnocent,
RépondreSupprimerEmission de France 3 "Ce soir ou jamais" du 20 mai 2010
Visible en plusieurs parties sur Dailymotion notamment.
J'ai eu le même problème que vous pour regarder le débat Badiou / Finkielkraut.
RépondreSupprimerJe crois avoir lu un message de vous chez les In-nocents, il y a peu, concernant une autre émission que vous n'aviez pu voir, pour les mêmes raisons - tout comme moi...
J'imagine que nous avons tous les deux un iMac et déjà un peu ancien. Il faut accepter de télécharger un plug-in ou un truc comme ça, mais le premier qui nous est proposé n'est pas compatible avec nos versions de Mac OS. Je crois avoir cliqué sur un bouton proposant de refuser le plug-in en question (Silverlight, si je me souviens bien). Une nouvelle proposition m'a alors été faite pour un autre plug-in, d'une autre marque : Flip4Mac. Celui-ci fonctionne sur mon Mac et j'ai pu visionner l'émission tant vantée. J'espère que cela pourra vous aider.
Cela dit, le débat n'est tout de même pas bouleversant à ce point. Ceux qui aiment Finkielkraut seront heureux de l'entendre. Ceux qui aiment Badiou le seront tout autant d'entendre leur champion. Voilà. Chacun se contrôle et fait très attention à ce qu'il dit. J'ai simplement été touché par l'allusion faite par Finkielkraut à la frégate de Bougainville "La Boudeuse", merveilleux nom si pleinement français et qui fait remonter à la surface tout un monde. J'ai été heureux de cette toute petite phrase - ce qui n'intéressera personne.
Harald,
RépondreSupprimerComme convenu, ma reconnaissance vous est acquise!
C'est toujours la cour de récré ici, allez prendre l'air sur Daily motion en regardant le film Défamation où la fabrique de l'antisémitisme et de l'enfer me ment !!!
RépondreSupprimerJe n'échangerais pas mon baril de Norman Filkensteïn contre 10 barils de Finkielkraut.
Quand au Débat ils ont réussi a m'endormir ce qui n'est pas rien.
Le sionisme c'est la bible atomique, good flight everyone.La révolution du rire est en marche.
Le Coucou : oh, pour me faire rougir, vous savez...
RépondreSupprimerJacques : je vais peut-être refaire une tentative en suivant vos conseils, dans ce cas.
Quand on aimerait simplement que les plus grandes gueules de la Communauté la mettent en veilleuse avec la Shoah et de tacler les patriotes sur ce thème, est-on antisémite ? J'aimerais l'avis d'un philosémite sur cette délicate question.
RépondreSupprimerD'ailleurs, aimer ou détester les Juifs pour ce qu'ils sont, ça paraît, pour paraphraser l'autre, les deux fesses d'un même cul.
Que les Israéliens et les Palestiniens s'étripent comme bon leur semble, et que les fétichistes de la chambre à gaz nous lâchent enfin la glande lacrymale : vous verrez comme les choses deviendront simples.
Même le che guevarra françàis Regis Debraire s'y attèle mais il n'a pas encore découvert le mot sionisme, ce sera sans doute pour un prochain livre, l'attra peur de rat renégat El Quabach était très remonté sur Europe1, on y vient, on y vient, les 1ers seront les derniers, rira bien qui pourrira le dernier.
RépondreSupprimerEt le Fanta citron, vous avez essayé ?
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