La tolérance n'est, en dernier ressort, qu'une coquetterie d'agonisants.
vendredi 22 octobre 2010
Demain, déjà ? T'es sûre ?
Vous je ne sais pas, mais moi, j'ai un certain mal à me faire à cette idée que je me marie dans un peu plus de vingt-quatre heures. D'ailleurs, s'il se trouve, je n'ai fait que rêver toute cette histoire. On verra bien demain...
« Mariage et sympathie. Il faut prendre garde aux « gens simples ». Rien de plus subtil et raffiné parfois que leur comportement. Le père Siméon vient de m'en donner un bel exemple. C'est l'ébéniste du village, un artisan à l'ancienne. Ah, ce n'est pas lui qui marierait dans un même meuble essences nobles — chêne, acajou, ébène — et bois légers — aulne, bouleau, marronnier. Et il faut le voir ajointer les pièces et les morceaux avec une attention presque amoureuse, faire pénétrer lentement dans la mortaise le tenon auquel il a donné la forme gracieuse d'une queue d'aronde. Vivant depuis quarante ans avec l'Eugénie, ils ont eu trois enfants qui ont pris chacun leur envol. Mais ne voilà-t-il pas que la plus jeune s'est mise une bizarre idée en tête ! Décidée à se marier, elle s'est aperçue — mais sans doute le savait-elle depuis longtemps — que ses parents, eux, n'étaient jamais passés devant Monsieur le maire et encore moins devant Monsieur le curé. Un couple libre en somme, indépendant, moderne, disent certains, un couple « à la colle », disent d'autres. Et mademoiselle a conçu le projet de marier ses parents, et ce en même temps, le même jour qu'elle-même épousera son Bernard. Elle n'avait pas prévu, hélas, la réaction de papa Siméon. Se marier, lui ? jamais ! Un homme à principes, et qui n'en démordrait pas. Eh bien non, il s'agissait d'autre chose, et là je dois dire que l'ébahissement a arrondi ma bouche quand je l'ai entendue. J'accompagnais chez Siméon l'ancien maire, un copain à lui, un camarade de l'école communale. C'était une ultime démarche entreprise à la supplication de la fille. Il ne fallait pas heurter de front le vieil entêté. On parla de choses et d'autres. Comme on dit, on tourna autour du pot. Finalement l'ancien maire se hasarda. « C'est bien d'avoir des principes, dit-il, et de s'y tenir. Mais enfin il faut savoir faire plaisir aux autres parfois, surtout aux enfants. Tu es sans doute braqué contre le mariage, mais ça fait quarante ans que tu vis avec l'Eugénie, et il ne s'agit finalement que d'une formalité. Qu'est-ce que ça changera pour toi? » Siméon fixait le bout de ses chaussures, le visage durci. — J'ai rien contre le mariage, finit-il par articuler. Ce serait plutôt l'Eugénie. — L'Eugénie ? Qu'est-ce qu'elle a l'Eugénie ? Elle est d'accord avec sa fille, non ? Brusquement Siméon tourna vers nous un visage ému, presque blessé. — Elle a que je ne la trouve pas sympathique, prononça-t-il. »
Ce petit conte tiré du Journal extime de Tournier et tous mes vœux vous accompagnent à l'autel.
Moi aussi, tiens, je vous envoie mes voeux, hop. (Et respirez profondément, tranquillement, là, tout va bien, on ne vous demande pas de sauter d'une falaise, hahahahaha !)
Mère Castor : ah mais c'est que c'est parfois bien pratique, les phrases toutes faites ! Surtout aujourd'hui où je n'ai absolument pas le temps de les faire moi-même...
J'imagine, après la cérémonie: lui, dans son habit noir, elle dans sa robe blanche à traîne, avec un joli petit sac sur le côté où elle aura planqué son appareil photo nanti du dernier objectif de la mort qui tue que lui aura offert son amoureux, j'imagine donc la manif locale, menée par une horde joyeuse surmontée de ballons et de drapeaux rouges, suivie à petits pas par des Ruminants vociférants, vociférant mais pas trop fort pour garder du souffle ... et le jeune couple ému, enlacé, pris dans la manif, poussé, tiré... et pour finir en une de Libé: Les mariés de La Grève...
Avec mon ex, nous n'avons pas eu idée de mariage, avant d'aller travailler à l'étranger. Après nous être séparés, nous n'avons pas eu idée de divorce, avant que notre fille ne nous y force...euh... pousse, afin de bénéficier d'une bourse d'études. Inutile, donc, d'aller à l'échafaud, Didier. Je vous embrasse très fort tous les deux, et double dose pour Catherine !
Tous mes vœux pour que ça se passe au mieux, alors ; que le curé ne soit pas beurré lui-même, et puis qu'il pleuve pour compléter votre billet d'hier sur les proverbes non menteurs: "mariage pluvieux, ménage heureux" —ça doit être pour ça que vous avez choisi d'habiter en Normandie…
Vous imaginer en chapeau ... claque ! Quand à la dernière, çà ne le jurez pas devant l'autel, pas la peine de vous renier encore. Tous mes voeux quand même et de bon coeur.
La Pecnaude : non, non : c'est un mariage "non déguisé" !
Mtislav : le changement est tout de même mesuré : on est marié "civilement" depuis 16 ans...
Pluton (merde, je réponds dans le désordre, là...) : on a fait le plus gros (si je puis dire), donc plus aucune raison de se casser maintenant.
Le Coucou : la pluie est prévue, me dit-on dans l'oreillette. Ce dont je me fous : je connais bien le restau où nous sommes attendus et le toit en est parfaitement étanche (et le chablis fréquentable...).
Fidel : tu parles d'un changement...
PRR : je ne suis pas sûr de bien comprendre votre intervention. Et vous pensez que c'est le moment de me perturber ?
Carine : en fait, sous le trac, il y a la certitude qu'en effet ce sera une journée parfaite – ne serait-ce que grâce aux gens présents.
Ce n'est pas trop tard pour changer d'avis.
RépondreSupprimerAllez demain fais comme pour la cérémonie , dans la sobriété, enfin jusqu' à 19h .
RépondreSupprimerEt dimanche souviens toi que tu es passé à l'église la veille ;)
(ils vont se racheter au moins cent ans de Purgatoire, en ne vivant plus en état de péché)
RépondreSupprimer« Mariage et sympathie. Il faut prendre garde aux « gens simples ». Rien de plus subtil et raffiné parfois que leur comportement. Le père Siméon vient de m'en donner un bel exemple.
RépondreSupprimerC'est l'ébéniste du village, un artisan à l'ancienne. Ah, ce n'est pas lui qui marierait dans un même meuble essences nobles — chêne, acajou, ébène — et bois légers — aulne, bouleau, marronnier. Et il faut le voir ajointer les pièces et les morceaux avec une attention presque amoureuse, faire pénétrer lentement dans la mortaise le tenon auquel il a donné la forme gracieuse d'une queue d'aronde.
Vivant depuis quarante ans avec l'Eugénie, ils ont eu trois enfants qui ont pris chacun leur envol. Mais ne voilà-t-il pas que la plus jeune s'est mise une bizarre idée en tête ! Décidée à se marier, elle s'est aperçue — mais sans doute le savait-elle depuis longtemps — que ses parents, eux, n'étaient jamais passés devant Monsieur le maire et encore moins devant Monsieur le curé. Un couple libre en somme, indépendant, moderne, disent certains, un couple « à la colle », disent d'autres.
Et mademoiselle a conçu le projet de marier ses parents, et ce en même temps, le même jour qu'elle-même épousera son Bernard. Elle n'avait pas prévu, hélas, la réaction de papa Siméon. Se marier, lui ? jamais ! Un homme à principes, et qui n'en démordrait pas.
Eh bien non, il s'agissait d'autre chose, et là je dois dire que l'ébahissement a arrondi ma bouche quand je l'ai entendue.
J'accompagnais chez Siméon l'ancien maire, un copain à lui, un camarade de l'école communale. C'était une ultime démarche entreprise à la supplication de la fille. Il ne fallait pas heurter de front le vieil entêté. On parla de choses et d'autres. Comme on dit, on tourna autour du pot. Finalement l'ancien maire se hasarda. « C'est bien d'avoir des principes, dit-il, et de s'y tenir. Mais enfin il faut savoir faire plaisir aux autres parfois, surtout aux enfants. Tu es sans doute braqué contre le mariage, mais ça fait quarante ans que tu vis avec l'Eugénie, et il ne s'agit finalement que d'une formalité. Qu'est-ce que ça changera pour toi? »
Siméon fixait le bout de ses chaussures, le visage durci.
— J'ai rien contre le mariage, finit-il par articuler. Ce serait plutôt l'Eugénie.
— L'Eugénie ? Qu'est-ce qu'elle a l'Eugénie ? Elle est d'accord avec sa fille, non ?
Brusquement Siméon tourna vers nous un visage ému, presque blessé.
— Elle a que je ne la trouve pas sympathique, prononça-t-il. »
Ce petit conte tiré du Journal extime de Tournier et tous mes vœux vous accompagnent à l'autel.
Ce sera sans aucun doute une belle journée !
RépondreSupprimerUn peu le trac quand même, c'est normal, croyez en l'expérience que je n'ai pas !
tous mes voeux alors.
Ne soyez pas inquiet: ce n'est qu'un mauvais moment à passer.
RépondreSupprimerNicolas : je crois qu'un "non" de ma part serait diversement apprécié...
RépondreSupprimerFidel : ah parce qu'en plus il faut s'en souvenir le lendemain ? Putain, ça fout la trouille...
Suzanne : ça va nous faire tout drôle.
Fabrice : merci pour ce petit texte ! Et pour vos vœux, bien entendu.
Corto : merci, mais il paraît qu'il va tomber des hallebardes (des hallebardes de Suisse, évidemment).
Moi aussi, tiens, je vous envoie mes voeux, hop.
RépondreSupprimer(Et respirez profondément, tranquillement, là, tout va bien, on ne vous demande pas de sauter d'une falaise, hahahahaha !)
Mariage pluvieux, mariage heureux. Ah non, mince, vous n'aimez pas les phrases toutes faites.
RépondreSupprimerSophie K : merci bien !
RépondreSupprimerMère Castor : ah mais c'est que c'est parfois bien pratique, les phrases toutes faites ! Surtout aujourd'hui où je n'ai absolument pas le temps de les faire moi-même...
Mais ça fait 16 ans que vous êtes mariés devant nous!
RépondreSupprimerDemain, c'est devant Dieu, qui est bien patient, je trouve.
Carine a dit...
RépondreSupprimerDemain, c'est devant Dieu, qui est bien patient, je trouve.
Il a l'éternité pour lui.
Et vous avez prévu quoi pour le voyage de noces?
Je vous souhaite à tous deux un bonheur qui perdure, sanctifié ou pas...
RépondreSupprimerMoi je lui ai dit ça à ma belle.
RépondreSupprimerElle a très bien compris.
Carine : Fredi Maque m'a volé ma réponse, ce gougnafier !
RépondreSupprimerFredi : le voyage de noces, ce sera un Brigade mondaine à écrire...
Jacques Etienne : merci bien.
J'imagine, après la cérémonie: lui, dans son habit noir, elle dans sa robe blanche à traîne, avec un joli petit sac sur le côté où elle aura planqué son appareil photo nanti du dernier objectif de la mort qui tue que lui aura offert son amoureux, j'imagine donc la manif locale, menée par une horde joyeuse surmontée de ballons et de drapeaux rouges, suivie à petits pas par des Ruminants vociférants, vociférant mais pas trop fort pour garder du souffle ... et le jeune couple ému, enlacé, pris dans la manif, poussé, tiré... et pour finir en une de Libé: Les mariés de La Grève...
RépondreSupprimer"Auguri"! Comme on dit ici.
RépondreSupprimerAvec mon ex, nous n'avons pas eu idée de mariage, avant d'aller travailler à l'étranger. Après nous être séparés, nous n'avons pas eu idée de divorce, avant que notre fille ne nous y force...euh... pousse, afin de bénéficier d'une bourse d'études.
RépondreSupprimerInutile, donc, d'aller à l'échafaud, Didier.
Je vous embrasse très fort tous les deux, et double dose pour Catherine !
Allons, allons, cela va bien se passer.
RépondreSupprimerSuzanne : vous avez un sens aigu de l'apocalypse...
RépondreSupprimerFloréal : très joli mot, merci !
Mifa : c'est parce que c'est inutile qu'on le fait.
Dorham : ah mais ce n'est pas parce que tout va en effet bien se passer que ça empêche de traquer à mort !
N.B. Je vous trouve très mignons tous les deux, sur cette photo !
RépondreSupprimerBonne cuite !
RépondreSupprimerTous mes vieux. Heu, mes vœux !
RépondreSupprimerGuillaume : on va essayer de ne pas décevoir. D'autant que, en principe, ce devrait être la dernière de mon existence.
RépondreSupprimerHank : les deux fonctionnent, dans notre cas...
Bon, je penserai à vous deux et surtout, cher Didier, ne fichez pas le camp à l'instant fatidique...
RépondreSupprimerTous mes vœux pour que ça se passe au mieux, alors ; que le curé ne soit pas beurré lui-même, et puis qu'il pleuve pour compléter votre billet d'hier sur les proverbes non menteurs: "mariage pluvieux, ménage heureux" —ça doit être pour ça que vous avez choisi d'habiter en Normandie…
RépondreSupprimerVous imaginer en chapeau ... claque !
RépondreSupprimerQuand à la dernière, çà ne le jurez pas devant l'autel, pas la peine de vous renier encore. Tous mes voeux quand même et de bon coeur.
Vive le changement ! Demain Didier Goux sera un homme neuf et la France en marche.
RépondreSupprimerJe dirai même plus.
RépondreSupprimerVive le changement ! Demain Didier Goux sera un homme en marche et la France neuve.
mais quel est le plus cruel de ces deux propos :
RépondreSupprimer"on va se marier ? t'es subir(e) ?"
ou
"on s'est marié ?" t'es sur(e) ?"
J'hésite. Et vous.
Allez, Catherine et Didier, passez une excellente journée demain.
RépondreSupprimerTous nos voeux vous accompagnent.
La Pecnaude : non, non : c'est un mariage "non déguisé" !
RépondreSupprimerMtislav : le changement est tout de même mesuré : on est marié "civilement" depuis 16 ans...
Pluton (merde, je réponds dans le désordre, là...) : on a fait le plus gros (si je puis dire), donc plus aucune raison de se casser maintenant.
Le Coucou : la pluie est prévue, me dit-on dans l'oreillette. Ce dont je me fous : je connais bien le restau où nous sommes attendus et le toit en est parfaitement étanche (et le chablis fréquentable...).
Fidel : tu parles d'un changement...
PRR : je ne suis pas sûr de bien comprendre votre intervention. Et vous pensez que c'est le moment de me perturber ?
Carine : en fait, sous le trac, il y a la certitude qu'en effet ce sera une journée parfaite – ne serait-ce que grâce aux gens présents.
Une pensée amicale pour vous deux !
RépondreSupprimerTchin, tchin :-)
Belle journée à vous deux !
RépondreSupprimerBon courage papa !
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