C'était prévu depuis plusieurs jours déjà : ce lundi matin, je devais sauter dans mon automobile fidèle pour me rendre à Paris, dans le quartier chinois du XIIIe arrondissement, afin d'y faire quelques emplettes, notamment de sauce de soja Kikkoman et de plusieurs gros pots de cette purée de piment thaïe dont je fais une consommation hallucinante. J'ai dit “je” car Catherine avait courageusement déclaré forfait dès qu'il a été question de ce déplacement.
Quant à moi, même si cet aller-retour sous la pluie ne m'enchantait guère, pas plus que les prévisibles difficultés de stationnement et le fait de devoir affronter des hordes piaillantes et oculairement bridées dans les allées étroites et crasseuses du supermaché des frères Tang, je m'estimais largement payé de ce pandemonium de corvées par le fait que j'allais, ensuite, pousser la porte du Hawaï de l'avenue d'Ivry et m'y régaler d'une soupe phò, laquelle serait peut-être suivie, si je basculais dans le déraisonnable, par une assiettée de travers grillés, sans doute accompagnés de porc émincé (certains restaurants du quartier le prétendent laminé, ce qui m'a toujours mis en joie) et de riz succulent. Je pense qu'aucun plat d'aucune cuisine du monde et d'ici ne m'a jamais procuré des jouissances plus intenses et plus régulières que ce plat vietnamien tout simple, la soupe phò : depuis sa découverte, vers 1985, j'ai dû en avaler plusieurs mètres cubes – autant que Nicolas de bière ou peu s'en faut.
Eh bien, malgré cette perspective gustativement enchanteresse, le cheval a refusé l'obstacle, l'écrivain en bâtiment est resté rivé à son clavier, le réac tapi au fond de sa tanière nauséabonde. Adieu autoroutes, encombrements, parcmètres, soupes odorantes et hordes siniques : j'ai finalement décidé que l'on pouvait très bien vivre sans purée de piment et sauce Kikkoman – au moins pendant un temps. Et je suis resté chez moi, fuyant tel le sage baudelairien le tumulte et le mouvement.
Quant à moi, même si cet aller-retour sous la pluie ne m'enchantait guère, pas plus que les prévisibles difficultés de stationnement et le fait de devoir affronter des hordes piaillantes et oculairement bridées dans les allées étroites et crasseuses du supermaché des frères Tang, je m'estimais largement payé de ce pandemonium de corvées par le fait que j'allais, ensuite, pousser la porte du Hawaï de l'avenue d'Ivry et m'y régaler d'une soupe phò, laquelle serait peut-être suivie, si je basculais dans le déraisonnable, par une assiettée de travers grillés, sans doute accompagnés de porc émincé (certains restaurants du quartier le prétendent laminé, ce qui m'a toujours mis en joie) et de riz succulent. Je pense qu'aucun plat d'aucune cuisine du monde et d'ici ne m'a jamais procuré des jouissances plus intenses et plus régulières que ce plat vietnamien tout simple, la soupe phò : depuis sa découverte, vers 1985, j'ai dû en avaler plusieurs mètres cubes – autant que Nicolas de bière ou peu s'en faut.
Eh bien, malgré cette perspective gustativement enchanteresse, le cheval a refusé l'obstacle, l'écrivain en bâtiment est resté rivé à son clavier, le réac tapi au fond de sa tanière nauséabonde. Adieu autoroutes, encombrements, parcmètres, soupes odorantes et hordes siniques : j'ai finalement décidé que l'on pouvait très bien vivre sans purée de piment et sauce Kikkoman – au moins pendant un temps. Et je suis resté chez moi, fuyant tel le sage baudelairien le tumulte et le mouvement.
C'est bien beau, mais j'ai rien prévu pour ce midi !
RépondreSupprimerJe ne voudrais pas surcharger ce blog hautement littéraire de considérations purement mathématiques mais sur la base de 15 bières par an, 350 jours, depuis 25 ans, le résultat est assez décevant puisque nous arrivons à 35 m3.
RépondreSupprimerCela dit, si vous aviez mangé cette cette quantité de porc, vous feriez un bien mauvais musulman.
Et en plus, Catherine n'a rien prévu pour ce midi, c'est bien la peine de l'avoir épousée deux fois.
Parfois j’aimerai vivre à Paris, dans ce quartier et ne manger QUE ce genre de choses midi et soir… surtout là : http://www.selectionrestaurant.com/restaurants/Sala-thai
RépondreSupprimeron l 'a découvert il y a quinze ans et depuis n 'avons jamais rien trouvé de mieux , nulle part.
15 bières par an ? Wouarf : )
RépondreSupprimerSans tabac, alcool, pulée de piment, sauce Kikkoman, méfiez-vous lolsque vous allivelez à l'oxygène petit con d'occidental !
RépondreSupprimerOups ! Par jour, Catherine, par jour...
RépondreSupprimerEt commander sur internet ?
RépondreSupprimerLa généralisation de la tentation amazone ?
J'ai cherché : Tang Frères n'a pas de boutique en ligne apparemment ;(
La sauce Kikkoman est en vente sur le site de La Grande Epicerie de Paris, mais pas bon marché : 6,55 euros. La pâte de piment Blue Elephant à 3,80 euros).
Service !
http://www.lagrandeepicerie.fr/#fr-FR/e-boutique/Cuisine_Thematique/L_Epicerie_Thai,76
RépondreSupprimerFaites vous livrer, Didier ! ça doit bien exister l'Amazon de la purée de piment.
RépondreSupprimerSi vous étiez venu, la population du 13ème vous aurait fait bon accueil, vous le savez bien. Je recommande toutefois à dxdiag ne pas mettre ses menaces à exécution, parce que nous pensons pour notre part, gauchisants ultramajoritaires du 13ème, que "un réac, ça va, c'est quand y en a beaucoup qu'il y a des problèmes".
Catherine : les lentilles au saucisson de Lyon pistaché, c'était parfait…
RépondreSupprimerNicolas : les 15 bières par an m'ont également bien diverti !
dxdiag (votre lien) : mais je préfère la cuisine vietnamienne, moi ! Cela dit, à l'époque où je n'habitais pas très loin du XIIIe, j'y déjeunais ou dînais au moins quatre fois par semaine.
Tilly : le problème c'est le prix : tout est moins cher, chez Tang (ou assimilé). Et puis, si je commande par internet, je me prive de la soupe phò !
Dorham : des réacs, chez les Chinois, c'est pas ça qui doit manquer…
Dorham : étonnamment le fait de vous emmerder en y allant ajoute à mon envie d’y aller.
RépondreSupprimerPour ton prochain essai je te recommande BigStore, en face, beaucoup mieux pour les produits frais et spécialités thaïes.
RépondreSupprimercf cette recette de crabe mou
http://cuisineexperimentale.blogspot.com/
Ce billet de blog est encore pire que le Journal d'Annie Ernaux qui raconte qu'elle va à Auchamp et s'étend sur ses achats, la caissière et le bruit. Didier Goux raconte qu'il va aller au supermarché chinois, embraye et conclut par le non-aller au supermarché chinois.
RépondreSupprimerLe Yi-King a dit: L'homme se pose et médite. L'herbe pousse. La tondeuse sait que son heure arrive.
Emmanuel : j'ai dit Tang pour être sûr d'être compris. en fait, on change souvent d'échoppe…
RépondreSupprimerSuzanne : ah ! s'il vous plaît, ne mêlez pas ma tondeuse à tout ça !
(Clin d'œil pour les fervents de La Conjuration des imbéciles…)
@ Suzanne : et voilà ! Maintenant vous vous moquez d’ Annie Ernaux : ça nous fait encore une raison de plus ne pas être très copines vous et moi.
RépondreSupprimer"des réacs, chez les Chinois, c'est pas ça qui doit manquer…"
RépondreSupprimerC'est vrai, ça, mais on s'en branle, ils ne votent pas. Ils ont déjà du mal à déclarer leurs morts, alors, le vote, vous savez...
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Dxdiag,
Ce n'était qu'une boutade, très cher. Il en faut un petit peu plus pour vraiment m'emmerder. Et puis, je serais vous, je ne préjugerais pas de l'identité du plus casse-couille de nous deux. Je suis très doué et j'ai des années de pratique.
Ne préjugez pas non plus svp du nombre de mes testicules à la lecture de mon dernier commentaire. J'en ai bien deux en parfait état de marche.
RépondreSupprimerDorham : félicitations ! Vous êtes donc équipé comme un être humain sur deux, c’est formidable. De mon coté j’avoue volontiers n’être pas couillue… et vraiment très très peu poilue. Pour jouer à la petite peste j’ai toute la panoplie par contre.
RépondreSupprimerMéfiez-vous, j'adore les femmes qui font du karaté.
RépondreSupprimerBingo ! Catherine vient de trouver un site (Asia) de commande en ligne !
RépondreSupprimerCe qui ne fait pas mes affaires de mangeur de phò, par exemple…
Dites lui que c'est livré à pied par la Chine : ça n'arrive pas très frais, comme mes contrepèteries.
RépondreSupprimerDorham, ah, vous aussi ?
RépondreSupprimerCatherine,
RépondreSupprimerOui. Enfin, pas seulement, j'aime aussi les filles qui aiment les armes à feu, les filles qui maitrisent parfaitement la clé de bas...etc...Les bagarreuses, les teigneuses, les emmerdeuses, les chieuses, les gueulardes... Voilà quoi... Je devrais peut-être aller consulter. Je le ferais probablement si je ne pensais pas que la psychanalyse n'est qu'une vaste fumisterie.
Ha comme je vous comprends Didier ! J'ai la même relation avec le Bo Bun.
RépondreSupprimerJustement en parlant de chinois, voici qui pourrait vous fâcher : la politique du chien unique, vient de faire son apparition. ici http://echopolitique.wordpress.com/2011/02/27/une-idee-pour-les-ecologistes-la-politique-du-chien-unique/
RépondreSupprimerMarion : quand on va dans le XIIIe, c'est plutôt l'Irremplaçable qui se shoote au Bo Bun…
RépondreSupprimerLolik : tant que votre affaire reste "cantonnée" aux Chinois, ça va ! Et puis, celui qui est en photo est réellement magnifique.