« Je m'en vais dans le champ avec un jeune pommier à planter.
« Je le pose par terre, je le tourne, je regarde ses branches à peine ébauchées prendre leur place dans l'espace qui les entoure.
« Un arbre a besoin de deux choses : du substance sous terre et de beauté extérieure. Ce sont des créatures concrètes mais poussées par une force d'élégance. La beauté qui leur est nécessaire, c'est du vent, de la lumière, des grillons, des fourmis et une visée d'étoiles vers lesquelles pointer la formule des branches.
« Le moteur qui pousse la lymphe vers le haut dans les arbres, c'est la beauté, car seule la beauté dans la nature s'oppose à la gravité.
« Sans beauté, l'arbre ne veut pas. C'est pourquoi je m'arrête à un endroit du champ et je lui demande : "Ici, tu veux ?"
« Je n'attends pas de réponse, de signe dans la main qui tient son tronc, mais j'aime dire un mot à l'arbre. Lui sent les bords, les horizons et cherche l'endroit exact pour pousser.
« Un arbre écoute les comètes, les planètes, les amas et les essaims. Il sent les tempêtes sur le soleil et les cigales sur lui avec une attention de veilleur. Un arbre est une alliance entre le proche et le lointain parfait. »
Erri De Luca, Trois chevaux.
« Je le pose par terre, je le tourne, je regarde ses branches à peine ébauchées prendre leur place dans l'espace qui les entoure.
« Un arbre a besoin de deux choses : du substance sous terre et de beauté extérieure. Ce sont des créatures concrètes mais poussées par une force d'élégance. La beauté qui leur est nécessaire, c'est du vent, de la lumière, des grillons, des fourmis et une visée d'étoiles vers lesquelles pointer la formule des branches.
« Le moteur qui pousse la lymphe vers le haut dans les arbres, c'est la beauté, car seule la beauté dans la nature s'oppose à la gravité.
« Sans beauté, l'arbre ne veut pas. C'est pourquoi je m'arrête à un endroit du champ et je lui demande : "Ici, tu veux ?"
« Je n'attends pas de réponse, de signe dans la main qui tient son tronc, mais j'aime dire un mot à l'arbre. Lui sent les bords, les horizons et cherche l'endroit exact pour pousser.
« Un arbre écoute les comètes, les planètes, les amas et les essaims. Il sent les tempêtes sur le soleil et les cigales sur lui avec une attention de veilleur. Un arbre est une alliance entre le proche et le lointain parfait. »
Erri De Luca, Trois chevaux.
Tiens, j'ai pensé à vous hier lors de mon opération razzia chez le libraire: suis repartie avec les Noyaux d'olive et m'en suis déjà délectée sur le chemin du retour.
RépondreSupprimerMerci! Et bon dimanche.
Vous êtes bizarre Élise ! Moi les noyaux d'olives je les recrache !
RépondreSupprimerLes Noyaux en question, Mme Amazon doit me livrer la semaine prochaine, si tout va bien...
RépondreSupprimerCertes, l'expression de Luca est choisie pour évoquer son rapport à la parole, qu'il garde en lui tout le jour, comme un noyau d'olive qu'il garderait en bouche pour en épuiser la saveur!
RépondreSupprimerJe ne suis pas cap de faire pareil, moi, je vais me contenter de lire (dans le train demain... miam miam!)
Je suis prêt à parier que le pommier qui a rendu transparent le phénomène de la gravitation universelle pour mon chercheur préféré, Isaac Newton, avait été planté par un jardinier aussi consciencieux qu’Erri de Luca.
RépondreSupprimerCertes, Newton en avait neuf cents quatre-vingt un de cette sorte, ce jardinier a dû bien galérer quand même. Nous lui en sommes d’autant plus reconnaissants. D’autre part, le moteur qui pousse la lymphe vers le haut, c’est surtout la capillarité.
Mais la beauté aussi un peu, sans doute. Il faudra étudier ça.
Dites donc, cher Cochonfucius, vous avez une vocation de spéléologue rentrée pour plonger aussi profond dans ce blog ?
RépondreSupprimerRemontez donc quelques bières, s'il en reste...
En fait, j'étais en train de mettre à jour la fiche de mon pote Io Kanaan, avec une référence à cette fameuse histoire de pommier et de beauté antigravitationnelle. Votre blog était un point de passage obligé.
RépondreSupprimerC'est vrai qu'il fait un temps à boire un peu de bière. :-)