mardi 15 juillet 2008

Comme disait Zelda (le paréchème est offert)

« Je n'aime guère les personnes qui usent d'un ton bonhomme. Si elle dépendait d'elles, la littérature aurait disparu de la surface de la terre. Cependant, les gens "normaux" sont partout très appréciés. Les assassins sont tous, pour leurs voisins, comme on ne cesse de le voir à la télévision, des gens bonhommes et normaux. Les gens normaux sont complices du mal de Montano de la littérature. Voilà ce que j'ai pensé, ce midi, dans le taxi de Pico, tandis que je me remémorais une phrase que Zelda avait coutume de dire à son mari Scott Fitzgerald : "Personne n'a plus que nous le droit de vivre, et eux, ces fils de pute, détruisent notre monde."

« Je hais cette grande partie de l'humanité "normale" qui détruit de jour en jour mon monde. Je hais les gens qui sont d'une grande bonté parce que personne ne leur a donné la possibilité de savoir ce qu'est le mal et donc de choisir librement le bien ; il m'a toujours semblé que les braves gens de ce genre sont d'une extraordinaire méchanceté potentielle. Je les déteste, je pense très souvent comme Zelda et les tiens tous pour des fils de pute. »

Enrique Vila-Matas, Le Mal de Montano, Christian Bourgois, p. 99-100.

4 commentaires:

  1. Un paréchème c'est comme un café-crème ? Comme disait si bien mon ami George, What else ?

    iPidiblue netpresso

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  2. Il est très fort ce passage et tellement juste ! Tiens, il me semble que j'ai ce livre dans ma bibliothèque... il faudrait que je le lise !

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  3. Mon ami Carlos me l'a apporté lors de son dernier passage. Je n'en ai encore lu qu'une centaine de pages, mais je trouve cela très excitant. On ne m'aurait pas dit que Vila-Matas était un Espagnol contemporain que j'aurais pu jurer qu'il s'agissait d'un Sud-Américain des années soixante (un Argentin, plus précisément). Il y a tout un jeu de miroirs, de mises en abyme, entre la fiction et le réel, chacun débouchant sur l'autre dans une spirale qui paraît sans fin, chaque personnage étant tour à tour vrai ou faux, etc. Enfin, bref, c'est jouissif en diable.

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  4. Tiens ma mère disait un truc dans ce genre sur le bien et le mal ...

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.