Franchement, je vous souhaite la bienvenue. Au bout du compte, je ne sais pas trop ce qui vous attend, vous vous démerderez – comme nous. J'ai remarqué que je devenais frileux, avec l'âge : il est possible que ce ne soit pas seulement vrai d'un point de vue physique. Peut-être ai-je désormais besoin d'une petite laine mentale, allez savoir, bande de salopiots.
On devrait se séparer assez vite, vous et moi, mes kékés. Dans les moments où vous commencerez à vous intéresser à certains gouffres féminins (par exemple), et avant de vous aviser du cul-de-sac dans lequel vous vous engagez, je serai, moi, concerné diablement par un autre gouffre, forcément moins tiède et humecté – c'est sans importance.
J'aurais tout de même aimé que vous ayez une vague idée de ce monde disparu (je parle dans le futur, hein ? dans votre âge adulte...), que vous vous sentiez reliés à quelque chose, je veux dire à quelques-uns. Je crains que ce ne soit pas le cas, mais quelle importance ?
Le monde que je quitte sera ce qu'il pourra, vous n'y changerez pas grand-chose de plus que ce que nous en avons fait, vous bricolerez comme nous autres. Parfois, les soirs d'ennui, vous ouvrirez un livre dans lequel on vous racontera ce monde mort. Vous ouvrirez des yeux incompréhensifs, étonnés peut-être, envieux pour certains d'entre vous : ceux-là creuseront jusqu'à plus soif, ils fabriqueront leur malheur, les autres resteront tranquilles, assurés de vivre dans le meilleur monde possible – ce qui sera sans doute vrai.
Enfin, parce qu'il n'y a finalement pas grand-chose d'autre à faire, les armées de kékés se fabriqueront des enfants. Pour meubler leur vie et le monde. Et ils trembleront pour eux, et riront de les voir s'éveiller, et se féliciteront d'avoir fait au moins cela. Ils auront probablement raison.
On devrait se séparer assez vite, vous et moi, mes kékés. Dans les moments où vous commencerez à vous intéresser à certains gouffres féminins (par exemple), et avant de vous aviser du cul-de-sac dans lequel vous vous engagez, je serai, moi, concerné diablement par un autre gouffre, forcément moins tiède et humecté – c'est sans importance.
J'aurais tout de même aimé que vous ayez une vague idée de ce monde disparu (je parle dans le futur, hein ? dans votre âge adulte...), que vous vous sentiez reliés à quelque chose, je veux dire à quelques-uns. Je crains que ce ne soit pas le cas, mais quelle importance ?
Le monde que je quitte sera ce qu'il pourra, vous n'y changerez pas grand-chose de plus que ce que nous en avons fait, vous bricolerez comme nous autres. Parfois, les soirs d'ennui, vous ouvrirez un livre dans lequel on vous racontera ce monde mort. Vous ouvrirez des yeux incompréhensifs, étonnés peut-être, envieux pour certains d'entre vous : ceux-là creuseront jusqu'à plus soif, ils fabriqueront leur malheur, les autres resteront tranquilles, assurés de vivre dans le meilleur monde possible – ce qui sera sans doute vrai.
Enfin, parce qu'il n'y a finalement pas grand-chose d'autre à faire, les armées de kékés se fabriqueront des enfants. Pour meubler leur vie et le monde. Et ils trembleront pour eux, et riront de les voir s'éveiller, et se féliciteront d'avoir fait au moins cela. Ils auront probablement raison.
Un autre monde est possible...
RépondreSupprimer...avec des guillemets et en prenant soin de débrancher la télé.
RépondreSupprimerJ'ai l'impression d'être un personnage de Cormack McCarthy.
RépondreSupprimer"Il n'y a même pas un chariot de supermarché par ici."
Va falloir s'habituer à ça, fiston.
se quitter assez vite ?!
RépondreSupprimerallons allons il y aura bien un kéké qui fera avancer la science, allez savoir juste pour avoir le plaisir de vous demander comment ça se fait que c'est un tel bordel le monde que vous auriez été tenté de leur laisser
Que vous êtes beau parfois Didier !
RépondreSupprimer(Ça va ?)
Zori,
RépondreSupprimerCa ne s'arrange pas, ta vue.
Didier,
Partez en pets.
Mtislav : c'est précisément ce qui m'inquiète, voyez-vous...
RépondreSupprimerEt si en plus on nous prive de chariot, alors là...
Gaël : ce n'est pas à moi que les kékés poseront la question : trop lâche pour en concevoir, je suis en quelque sorte à l'abri. Et heureusement, parce que je me demande bien ce que je pourrais leur répondre, à ces kékés putatifs.
Zoridae : Nicolas a raison : il faut arrêter les drogues dures, maintenant...
Avec ça, je me demande quelle tête doivent faire les parents de l'ex-kéké qui vient d'en bousiller quelques-uns au couteau à Termonde...
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup la photographie qui illustre cet article, je l'ai regardée souvent et longuement. Cet enfant (deux ans ?)a un regard et une expression terribles. Il est peut être, au moment de la prise de vue, contrarié, fatigué. Il va peut-être demander dans les minutes qui suivent qu'on le porte, qu'on lui donne un verre d'eau, mais tel qu'il est sur ce cliché on dirait qu'il regarde notre monde et qu'il nous plaint, qu'il est tout petit, seul, impuissant, malheureux dans ses rêves, debout dans la lumière jaune.
RépondreSupprimerSuzanne
Se perpétuer ? Se "rependre"? Oui? Non? Une question qui me poursuit depuis tant d'années...
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