jeudi 16 avril 2009

... et une qui font cinq mille !

« Robert a toujours trois téléphones portables sur lui. Il prétend que c'est ainsi que le monde fonctionne de nos jours. Deux ou trois fois fois j'ai essayé d'emprunter celui de Vivian, mais on aurait dit que le boulot de la ferme m'avait insensibilisé les doigts, et puis les touches sont si petites que j'ai du mal à enfoncer la bonne. Au fil de notre mariage le téléphone de Vivian est devenu une pomme de discorde. Elle refusait même de l'éteindre quand nous devenions romantiques. Son argument était le suivant : à quoi bon rater une commission de dix mille dollars afin de me faire baiser pour la cinq millième fois ? »

Et ceci, une page plus loin :

« Un jour que nous pêchions du poisson à friture dans un petit lac des environs, nous avons entendu un huard. Papa m'a troublé en déclarant que chaque huard abritait l'âme d'une jolie fille morte jeune. Quand j'ai fondu en larmes, il a ajouté pour me consoler que toutes ces jeunes filles préféraient vivre dans le corps d'un huard et s'envoler chaque année vers le Sud plutôt que de grandir pour épouser un gros plouc. »

Jim Harrison, Une odyssée américaine, Flammarion.

10 commentaires:

  1. Un gros plouc sans téléphone portable, je trouve ça plutôt sympathique, à vrai dire…
    :-))

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  2. Pour peu qu'il aime boire un bon coup, il devient fréquentable !

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  3. Je veux bien la même commission à chaque fois que je réponds à une vibration de mon portable...

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  4. Je viens d'aller visiter le pays natal de Jim (péninsule nord du Michigan) où il n'y a pas grand chose d'autre à faire que de chasser, de baiser (pour la 10 000ème fois) et de regarder la neige tomber.

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  5. j'adore Jim Harrison !!!! "nous devenions romantiques"=" se faire baiser une cinq millièmes fois"... c'est sûr c'est pas la même longueur d'onde..
    Geargies

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  6. Remarque hors sujet en passant :

    S'il y a des auteurs pour les gars et d'autres pour les filles, Jim Harrison est pour les gars.

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  7. Suzanne : Catherine adore Jim Harrison. Et Dalva est un superbe portrait de femme...

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  8. Catherine et Didier : bon, alors, au temps pour moi, c'était juste une impression. Je n'ai lu que l'excellent De Marquette à Vera Cruz, de lui.

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  9. Suzane : si vous le voulez bien (car le sujet m'intéresse), on reparlera demain de cette idée de "écrivains pour garçons" et "écrivains pour filles".

    Pour l'instant, c'est dodo...

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.