C'est pour ça que je n'ai pas d'enfant, juste pour ça : ils nous poussent au caveau, ces petits cons. Sinon, j'ai passé, hier, une excellente soirée, à 98 % (les 2 % restant sont constitués par mon genou gauche, mais on l'emmerde).
J'en parlais tout à l'heure avec l'Irremplaçable (en reprenant une bière, tout de même : on appelle ça un “atterrissage en douceur”, ou encore une “remise à niveau”...) : je n'aurais évidemment pas dû aller au restaurant hier midi – c'est ce qui s'appelle commencer la soirée avec un handicap. Pourtant, le sachant, je l'ai fait quand même. Pourquoi ?
Parce que je savais devoir rencontrer deux personnes inconnues de moi. Et que, malgré mes grands airs, mon côté “broyeur d'orteils”, c'est une chose qui m'impressionne toujours. La certitude d'être chiant, con, pas “à la hauteur” – et cette certitude, sans cesse démentie par les faits, que l'on sera forcément plus brillant, drôle, à l'aise, avec un petit coup dans les naseaux. Évidemment, quand j'avais 25 ou 30 ans, ça passait comme une missive dans la boîte à courrier ; plus maintenant. Le résultat est que je n'ai que des souvenirs brumeux de cette soirée – surtout de sa seconde partie. J'ai apparemment rencontré des gens dont je ne conserve pas le moindre souvenir : c'est frustrant et bête. En revanche, je me souviens très précisément de ce groupe de jeunes gens qui, me voyant m'écrouler sur le trottoir (mais quel trottoir ? Où ?) m'ont gentiment tendu plusieurs mains secourables pour renflouer l'épave – qu'ils soient ici remerciés, et que Dieu les ait en Sa Sainte Garde.
Nonobstant, j'ai passé – je persiste – une excellente soirée. Même cette douleur au genou m'est, d'une certaine manière précieuse ; ou, au moins fertile d'enseignements : on découvre son corps ; habitué à l'utiliser sans penser à lui, on se prend à le bichonner ; face à une moindre marche d'escalier, on se surprend à réfléchir sur la manière dont on va l'aborder : par le pied gauche ? Ou plutôt le droit ? On se sent exister pleinement. Et, comme disait Lichtenberg (je crois) : « Passé 60 ans, quand on se réveille sans avoir mal nulle part, c'est qu'on est mort. »
Je suis vivant, donc.
J'en parlais tout à l'heure avec l'Irremplaçable (en reprenant une bière, tout de même : on appelle ça un “atterrissage en douceur”, ou encore une “remise à niveau”...) : je n'aurais évidemment pas dû aller au restaurant hier midi – c'est ce qui s'appelle commencer la soirée avec un handicap. Pourtant, le sachant, je l'ai fait quand même. Pourquoi ?
Parce que je savais devoir rencontrer deux personnes inconnues de moi. Et que, malgré mes grands airs, mon côté “broyeur d'orteils”, c'est une chose qui m'impressionne toujours. La certitude d'être chiant, con, pas “à la hauteur” – et cette certitude, sans cesse démentie par les faits, que l'on sera forcément plus brillant, drôle, à l'aise, avec un petit coup dans les naseaux. Évidemment, quand j'avais 25 ou 30 ans, ça passait comme une missive dans la boîte à courrier ; plus maintenant. Le résultat est que je n'ai que des souvenirs brumeux de cette soirée – surtout de sa seconde partie. J'ai apparemment rencontré des gens dont je ne conserve pas le moindre souvenir : c'est frustrant et bête. En revanche, je me souviens très précisément de ce groupe de jeunes gens qui, me voyant m'écrouler sur le trottoir (mais quel trottoir ? Où ?) m'ont gentiment tendu plusieurs mains secourables pour renflouer l'épave – qu'ils soient ici remerciés, et que Dieu les ait en Sa Sainte Garde.
Nonobstant, j'ai passé – je persiste – une excellente soirée. Même cette douleur au genou m'est, d'une certaine manière précieuse ; ou, au moins fertile d'enseignements : on découvre son corps ; habitué à l'utiliser sans penser à lui, on se prend à le bichonner ; face à une moindre marche d'escalier, on se surprend à réfléchir sur la manière dont on va l'aborder : par le pied gauche ? Ou plutôt le droit ? On se sent exister pleinement. Et, comme disait Lichtenberg (je crois) : « Passé 60 ans, quand on se réveille sans avoir mal nulle part, c'est qu'on est mort. »
Je suis vivant, donc.
"La certitude d'être chiant, con, pas “à la hauteur” "
RépondreSupprimeret ça par exemple, ça vous rappelle pas un bac que vous avez tendance à repasser fréquemment ?
Ben, si, évidement : je ne suis pas totalement abruti, non plus...
RépondreSupprimerMilles excuses dans ce cas !
RépondreSupprimerNon, non, on ne s'excuse pas ici : on n'est pas sur un blog de gauche, on peut dire ce qu'on veut...
RépondreSupprimerEt quand t'as trop bu, t'es pas à la hauteur ! La preuve, tu t'écroules sur le trottoir !
RépondreSupprimerTout n'est pas méprisable chez les jeunes : s'ils nous poussent au caveau, il leur arrive aussi de nous sortir du caniveau pour renflouer l'épave.
RépondreSupprimerCatherine : si, je suis à la hauteur du trottoir...
RépondreSupprimerMalavita : qui a dit que TOUT était méprisable ? Ce qui est insupportable, en fait, c'est la certitude qu'ils vont s'approprier un monde que nous considérons comme NÔTRE (alors que nous avons fait la même chose avec nos parents).
Vous êtes vivant donc et c'est tant mieux.
RépondreSupprimerJe viens de passer une super journée de printemps dans les ptites fleurs que Catherine photographie si joliment, ça fait du bien. J'espère que vous avez fait de même dans votre Normandie, pour faire passer tout ça.
En même temps, on s'en fout de ma vie, hein !
Sinon, y a : "passé 60 ans, quand on se réveille et qu'on sent rien, c'est qu'on s'est lavé la veille"
RépondreSupprimer"Passé 60 ans, à quoi bon avoir des genoux ?"
"Non, non, on ne s'excuse pas ici : on n'est pas sur un blog de gauche, on peut dire ce qu'on veut..."
Oh l'autre !
Poseur !
RépondreSupprimerPutain, le gros ! Vous z'allez pas nous faire trois billets par cuite, sinon, on n'a pas fini...
RépondreSupprimerC'est très aimable à vous de m'avoir listée dans votre blogosphère et je vous en remercie.
RépondreSupprimerJe ne suis pas sociable, ne désire pas le devenir, ne recherche pas la notoriété, ni les relations.
Merci de bien vouloir m'effacer.
Bonne continuation.
Je mettrais plutôt la barre à 50 ans mais c'est une vue toute personnelle...
RépondreSupprimerMarine, mais non, je ne m'en fous pas de votre vie ! Je vous aime bien, moi.
RépondreSupprimerMerci Catherine!
RépondreSupprimerJe vous aime bien aussi, vous êtes un vrai être humain avec ce que cela comporte de chaleur et de délicatesse, choses qui se font rares...
Didier, ce charmant bambin utilise un drôle de biberon...
RépondreSupprimerC'est Tino Rossi qui chantait : «la vie commence à 60 ans» et qui en est mort juste après, non ?
RépondreSupprimer:-))
[Je ne souhaite la mort de personne, hein ? C'est juste pour dire un truc en passant ! :-)) ].
La certitude d'être chiant, con, pas “à la hauteur” – et cette certitude, sans cesse démentie par les faits, que l'on sera forcément plus brillant, drôle, à l'aise, avec un petit coup dans les naseaux.Tout pareil !
RépondreSupprimerMlle Ciguë : vous aviez du retard, on dirait ! Bon, j'ai lu aussi vos autres commentaires sur les billets précédents, mais j'ai laflemme d'aller répondre à chaque.
RépondreSupprimerPour la profondeur, je suis d'accord : fuck the profondeur et rions en attendant la mort !
Un certain retard... pour ne pas dire un retard certain !
RépondreSupprimerQuant à la flemme, faites comme chez vous ! ;-)