Il y a aussi que Daudet est vraiment charmant. Pas seulement lui : son écriture, les histoires qu'il raconte, ces façons enveloppantes de sa phrase, les séductions de son Midi, ainsi que la grâce de ses descriptions – salons parisiens, paysages provençaux ou autres...
Et c'est pourquoi, il me semble, on ne le lit pas ou plus ou peu : il est charmant. En regard, Balzac est tout hérissé, rugueux, râpeux, parfois pénible. Mais Balzac justement ne décrit pas, il ne place jamais de morceaux, ce que Daudet fait parce qu'il sait savoir le faire – et juste pour ça. (Je crois avoir déjà dit cela il y a quelques jours, mais c'était peut-être dans le journal : je finis par m'y perdre un peu, je l'avoue.)
J'attends de lire les Goncourt, dans leurs œuvres romanesques, avant de me prononcer, étant certain de trouver des correspondances entre eux et Daudet – mais peut-être uniquement par l'amitié que je sais les avoir réunis, sortant du Journal des deux frères.
Revenons à Daudet. Sa phrase ondoie un peu trop élégamment pour mon goût (mais je n'ai pas encore lu La Doulou), elle cherche l'effet (le trouve d'ailleurs, le plus souvent, mais sans forfanterie, jamais) et se montre satisfaite de son travail. Rien de tel – pour suivre la comparaison – chez Balzac, qui ne le cherche ni ne le trouve : Balzac est un génie parce qu'il ne travaille pas sur la phrase. Il manie des blocs, et accepte à cause de cela l'idée d'être parfois massif. – Et j'ai de nouveau quitté Daudet. Revenons-y : sa langue est parfaite, en adéquation minutieuse avec ce qu'il veut raconter. Alors que celle de Balzac se bat avec lui, regimbe, proteste, se plie finalement, mais à des prix très élevés. Flaubert disait en substance (voir sa Correspondance) : « Quel écrivain aurait été Balzac s'il avait su écrire ! » Deux ou trois décennies plus tard, on a dit la même chose de Dostoïevski – en tout cas en France. C'est l'une des sottises proférées par Flaubert, ce maître du thème.
Et, en effet, peut-être que Balzac ne savait pas écrire (non plus Dostoïevski), et qu'Alphonse Daudet savait, ce qu'il prouve quasiment à chaque paragraphe. Mais la comparaison reste cruelle pour le second – et gardons le Russe pour une prochaine fois.
Et c'est pourquoi, il me semble, on ne le lit pas ou plus ou peu : il est charmant. En regard, Balzac est tout hérissé, rugueux, râpeux, parfois pénible. Mais Balzac justement ne décrit pas, il ne place jamais de morceaux, ce que Daudet fait parce qu'il sait savoir le faire – et juste pour ça. (Je crois avoir déjà dit cela il y a quelques jours, mais c'était peut-être dans le journal : je finis par m'y perdre un peu, je l'avoue.)
J'attends de lire les Goncourt, dans leurs œuvres romanesques, avant de me prononcer, étant certain de trouver des correspondances entre eux et Daudet – mais peut-être uniquement par l'amitié que je sais les avoir réunis, sortant du Journal des deux frères.
Revenons à Daudet. Sa phrase ondoie un peu trop élégamment pour mon goût (mais je n'ai pas encore lu La Doulou), elle cherche l'effet (le trouve d'ailleurs, le plus souvent, mais sans forfanterie, jamais) et se montre satisfaite de son travail. Rien de tel – pour suivre la comparaison – chez Balzac, qui ne le cherche ni ne le trouve : Balzac est un génie parce qu'il ne travaille pas sur la phrase. Il manie des blocs, et accepte à cause de cela l'idée d'être parfois massif. – Et j'ai de nouveau quitté Daudet. Revenons-y : sa langue est parfaite, en adéquation minutieuse avec ce qu'il veut raconter. Alors que celle de Balzac se bat avec lui, regimbe, proteste, se plie finalement, mais à des prix très élevés. Flaubert disait en substance (voir sa Correspondance) : « Quel écrivain aurait été Balzac s'il avait su écrire ! » Deux ou trois décennies plus tard, on a dit la même chose de Dostoïevski – en tout cas en France. C'est l'une des sottises proférées par Flaubert, ce maître du thème.
Et, en effet, peut-être que Balzac ne savait pas écrire (non plus Dostoïevski), et qu'Alphonse Daudet savait, ce qu'il prouve quasiment à chaque paragraphe. Mais la comparaison reste cruelle pour le second – et gardons le Russe pour une prochaine fois.
Bien vu ! Et comment va votre rhume idiosynchratique... wouarff !
RépondreSupprimerJe serais si bien dans mon moulin. Daudet donne envie de lire.
RépondreSupprimerBen non. Et archi non ! 'La recherche de l'absolue' justifie tout. Et tout... Nom de nom.
RépondreSupprimerPluton : il m'a laissé idiot...
RépondreSupprimerCerise : Donne envie de lire autre chose ?
Clotaire : vous dites non à quoi, au juste ?
"Ce qui étonne dans Balzac, et ce qu'il fait qu'il règne absolument sur les romanciers, c'est que la pensée n'y prend jamais la forme triomphante d'une idée. J'oserais dire que toute pensée en Balzac reste bête, même la sienne (...). Mais on ne trouvera pas dans toute l'oeuvre un seul discours qui ne porte la marque de l'homme par une confusion respectée (...). Et par là j'aperçois que son génie consiste à s'installer dans le médiocre, et à le rendre sublime sans le changer. Cette autre dimension des pensées en profondeur, sans aucune clarté extérieure, est remarquable aussi dans Shakespeare. On n'est pas accoutumé à la trouver dans le roman, ou l'analyse ne cesse d'exténuer la nature. En Balzac il me semble que l'analyse épaissit la nature."
RépondreSupprimerAlain - Balzac.
Un texte comme La Doulou échappe aux "reproches" que vous faites à Daudet.
Avez vous lu Tartarin sur les Alpes ? C'est pas du Dostoïevski, mais c'est drôle.
P/Z
Pascal : j'ai bien pris soin de préciser que je n'avais pas encore lu la Doulou (ce qui va être fait aujourd'hui ou demain). D'autre part, en le relisant ce matin, je m'aperçois que mon billet peut paraître plus sévère pour Daudet que je ne souhaitais l'être. En effet, Tartarin sur les Alpes est tout à fait réjouissant. Dans un autre genre, j'ai bien aimé aussi Numa Roumestan. En revanche, Sapho m'est tombée des mains, si je puis dire...
RépondreSupprimerDisons que, à mon sens, Daudet est un écrivain qu'on est content d'avoir lu, mais vers lequel on ne revient pas – en tout cas moi.
J'avais bien compris pour La Doulou.
RépondreSupprimerPour le reste nous sommes globalement d'accord pour dire que c'est un écrivain mineur (et comme j'aime à le préciser dans le sens où mineur est un genre).
Je crois que je vais enchaîner sur les Goncourt (les Goncourt romanciers), avant de quitter un peu le XIXe...
RépondreSupprimerVous auriez pu corriger vos "ons" dans le billet précédent quand même, par respect pour Daudet!
RépondreSupprimer(cf mon comm)
Ça va, ça va, on arrive ! Y a pas la presse, quoi...
RépondreSupprimerJe n'ai lu que les lettre de mon moulin. Je vois plutôt ça comme de la poésie en prose, en pensant notamment à ma lettre préférée, "Les oranges".
RépondreSupprimerLes contes et Lettres de mon Moulin, et Le Petit Chose au collège, pour moi. (J'avais froid en lisant la vie de Daniel Esseyte)
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