Quand on y pense, et presque tout le monde y pense, tout le temps, c'est incroyable, ce pouvoir – ou disons cette emprise – que les médecins ont pris sur nos vies. Ils l'ont d'abord pris par leur imbécile jargon gréco-latin, pour nous en faire accroire, qui veut qu'un rhume (sympathique, le rhume, familier) soit devenu une rhinite – effrayante, la rhinite, pas maîtrisable : un rhume, c'est juste de la morve qui coule dans la cours de récré ; une rhinite, c'est des microbes, des virus, des amibes, que sais-je ? Et je ne dis rien de ce bon vieux mal de tête devenu céphalée. C'est le pouvoir pris par les médecins. La moindre préposée aux prises de sang dans un labo de province (expérience de ce matin) vous ensevelit gentiment sous des termes qu'elle-même ne comprend pas, mais qu'elle maîtrise. Au final (spécial dédicace à Georges), elle se contente de vous faire une piqûre. Mais ce qui l'empêche de voir ce qu'elle est et fait du matin au soir, c'est le jargon qu'elle bafouille : ça la tient debout, je suppose. Ça l'élève.
Ce même jargon permet à nos amis médecins de se prendre pour les curés des temps modernes, avec une efficacité aussi redoutable que celle des prêtres du siècle passé (je parle du XIXe, considérant comme nul et non avenu ce XXIe qui pointe son mufle). Lorsqu'un prêtre catholique (voire un pape nazi...) prône la chasteté, tout le monde ricane, et c'est bien normal : nous sommes tous des esprits forts allemands, comme on disait en mai 68. Mais qu'une blouse blanche se pointe, bardés de virus aux noms incompréhensibles, sujets à des interactions imbitables, etc., vous vous retrouvez menacés du Sida (exemple entre autres) et du coup vous vous agenouillez dans son confessionnal laïque et aseptisé –après douche à la bétadine.
Les médecins et les avocats semblent devoir être nos maîtres-du-monde de demain matin. Les seconds nous puniront très facilement si nous n'avons pas eu le bon goût, le respect, de mourir des amphigouries dont les premiers nous auront menacés. (Je rallume une cigarette et m'interromps une minute, le temps d'aller chercher une bière dans le frigo – permettez, mes seigneurs).
Il y a aussi ce ton, dont ils usent avec nous. Paternel, dieu-le-pèriste en diable, si je puis dire. Toujours oscillant entre la trique et la bonté compréhensive, comme des instituteurs de maternelle. Et nous qui semblons faire exprès – petits cons irresponsables – de les décevoir toujours. Faites l'expérience : Dites que vous continuez à fumer malgré vos trois stents (irruption du personnel dans ce billet...), ou de boire après votre greffe du foie. Oh ! ce visage de réprobation méprisante ! Cette face de grand inquisiteur déçu de ses ouailles ! Rien que cela vaut la peine de continuer à boire et à fumer, à baiser sans capote, que sais-je encore ?
Nos médecins sont généralement très cool, même lorsqu'on les énerve volontairement. C'est qu'ils savent que l'avenir, notre avenir, leur appartient forcément : on finira entre leurs mains. Et, alors, il est probable qu'on leur pardonnera tout, leur morgue, leur sottise, leurs certitudes, leur vocabulaire imbécile. Parce qu'il n'est malheureusement pas impossible qu'à ce moment dont je parle il ne nous restera qu'eux. Et on crèvera de trouille, sous leurs regards compréhensifs.
Ce même jargon permet à nos amis médecins de se prendre pour les curés des temps modernes, avec une efficacité aussi redoutable que celle des prêtres du siècle passé (je parle du XIXe, considérant comme nul et non avenu ce XXIe qui pointe son mufle). Lorsqu'un prêtre catholique (voire un pape nazi...) prône la chasteté, tout le monde ricane, et c'est bien normal : nous sommes tous des esprits forts allemands, comme on disait en mai 68. Mais qu'une blouse blanche se pointe, bardés de virus aux noms incompréhensibles, sujets à des interactions imbitables, etc., vous vous retrouvez menacés du Sida (exemple entre autres) et du coup vous vous agenouillez dans son confessionnal laïque et aseptisé –après douche à la bétadine.
Les médecins et les avocats semblent devoir être nos maîtres-du-monde de demain matin. Les seconds nous puniront très facilement si nous n'avons pas eu le bon goût, le respect, de mourir des amphigouries dont les premiers nous auront menacés. (Je rallume une cigarette et m'interromps une minute, le temps d'aller chercher une bière dans le frigo – permettez, mes seigneurs).
Il y a aussi ce ton, dont ils usent avec nous. Paternel, dieu-le-pèriste en diable, si je puis dire. Toujours oscillant entre la trique et la bonté compréhensive, comme des instituteurs de maternelle. Et nous qui semblons faire exprès – petits cons irresponsables – de les décevoir toujours. Faites l'expérience : Dites que vous continuez à fumer malgré vos trois stents (irruption du personnel dans ce billet...), ou de boire après votre greffe du foie. Oh ! ce visage de réprobation méprisante ! Cette face de grand inquisiteur déçu de ses ouailles ! Rien que cela vaut la peine de continuer à boire et à fumer, à baiser sans capote, que sais-je encore ?
Nos médecins sont généralement très cool, même lorsqu'on les énerve volontairement. C'est qu'ils savent que l'avenir, notre avenir, leur appartient forcément : on finira entre leurs mains. Et, alors, il est probable qu'on leur pardonnera tout, leur morgue, leur sottise, leurs certitudes, leur vocabulaire imbécile. Parce qu'il n'est malheureusement pas impossible qu'à ce moment dont je parle il ne nous restera qu'eux. Et on crèvera de trouille, sous leurs regards compréhensifs.
Je ne crois pas que la médecine (science) gagne à vouloir nous posséder, par contre le 'vouloir-guérir' dénoncé par Murray est,lui, le nazi de cette époque. Relisons, avec délice, le Knock de Romain et même, pour ceux qui ont le bonheur (le vrai) d'avoir la pièce joué par Jouvet de revoir cette petite perle de vérité.
RépondreSupprimerMais le pape nazi, mouais, facile non ?
Le pire aussi, c'est les infirmiers d'hopitaux, y a toujours un truc chez moi qui les énerve : la clope, l'alcool, le sucre, le poids, mes draps souillés...
Les plus jeunes sont clairement les plus cons (les médecins). Ils ont déjà cette vision hygiéniste de la vie qui ne serait qu'une longue maladie à combattre. avec un peu d'effort et en suivant à la lettre leurs conseils, on gagnerait, on finirait un jour par faire reculer la mort ! Les plis viieux surtout dans les campagnes sont bien plus humains. Dans les hopitaux ...... je répondrai dans quelques années ....
RépondreSupprimerJe vous conseille "La France malade de ses médecins", de Jean Peneff.
RépondreSupprimerVous devriez adorer
Souffrant de myoclonie phrénoglottique, de proctalgie et de miction continue avec pyorrhée intermittente, je vous prie, cher Didier Goux, de ne point vous moquer des microbes, fussent-ils diplômés des meilleures facultés de médecine. Je retourne soigner mon érythème fessier, mon hypertrichose et ma parotidite ourlienne.
RépondreSupprimerVous allez vous aliéner votre ami Pluton.
RépondreSupprimerOrage
voirE avec un E...cela m'agace ces références aux papas ! Et les pédophiles rabbins, il y en a plein...on parle des singes comiques et des financiers Juifs mais pas des pédophiles cashers...anttention antisémitisme...
RépondreSupprimerClotaire : faut toujours se mettre bien avec les infirmiers : c'est la condition d'un séjour pleinement réussi.
RépondreSupprimerPRR : c'est valable pour l'ensemble de la population, ce que vous dites là !
Claudio Pirrone : je note...
Yanka : c'est contagieux, toutes ces petites choses ?
Orage : ça m'étonnerait : personne ne saurait être plus dur envers les médecins que lui !
Gai savoir : quoi ? J'aurais laissé passer une faute ? Shame sur moi et honte on me !
Merci Didier pour ce billet, que j'apprécie beaucoup, ayant moi-même été victime d'une "maladie idiosyncratique" - l'exacte réponse du spécialiste, qui m'a laissé sans voix.
RépondreSupprimerJe ne vois pas de faute à voirE
RépondreSupprimerJe préférerais un gigot, voire un baron d'agneau,
Voir Venise et mourir...
La preuve que Didier Goux est méchant, c'est que la lecture de ses billets me donne des angoisses et des insomnies, et que j'ai été obligée de demander quelque chose de plus fort au docteur, ce qui a favorisé l'explosion de mon eczéma de réaction.
RépondreSupprimerMerci pour ce billet très cher Didier ! Pour rassurer Orage, j'appartiens à une catégorie de médecins un tantinet atypique, ne crachant pas sur certaines addictions et dont les rapports avec la mort sont très particuliers... Et j'adhère parfaitement à la vision de Pierre Robes-Roule!
RépondreSupprimerIl y a huit ou dix ans, je me suis fâchée avec ma toubib ! Depuis je tourne le dos à la médecine et va voir une "maison de santé" (qui sont à la médecine ce que Mc Do est à la gastronomie) quand l'angine nécessite plus qu'une aspirine...
RépondreSupprimerJe me fous de la santé comme tout un chacun. Seule son absence préoccupe les malades. Le pouvoir des médecins m'amuse. Voir des sexagénaires déclarer sans rire que le docteur leur a interdit ceci ou cela est pathétique. Au non de quel pouvoir?
RépondreSupprimerC'est peut-être que le malade est heureux de retrouver grâce aux petits dérèglements de ses organes une lointaine enfance où le bon médecin tient lieu de ces parents protecteurs et prescripteurs qu'on aime, respecte et craint.
Comme un bon papa d'un bulletin de notes insuffisant, le praticien s'inquiète du résultat des analyses de son petit patient. Normalement, après découverte du taux de cholestérol ou de trigly du père Chombier, le bon médecin doit perdre le sommeil, se réfugier dans l'alcool, planer vers les paradis artificiels des analyses impeccables.
Comment s'étonner alors que le bon Chombier fasse tout ce qu'il peut pour rassurer son cher docteur? Ne tentait-il pas de sècher les larmes de sa maman en adoptant une meilleure conduite?
Tout cela est puéril. Mais mignon.
Gas : une maladie idiosyncratique ? Waouh ! Jaloux je suis !
RépondreSupprimerSuzanne : il y avait bien une faute, corrigée juste avant votre passage.
(Et pardon pour l'eczéma...)
Pluton: si vous pouviez nous expliquer ce qu'(est une maladie "idiosyncratique", vous rendriez service à tout le monde...
Nicolas : le problème est qu'on finit toujours pas se réconcilier avec la médecine... quand on n'a plus trop le choix.
Jacques Etienne : je crois bien que vous êtes dans le vrai, là...
Et mon "spécial dédicace" ? Il ne vous plaît pas, mon "spécial dédicace" ?
RépondreSupprimerDidier, on peut employer ce terme ( vraiment ringard et désuet )pour indiquer la réaction particulière voire atypique d'un individu en réponse à une agression X. Pour simplifier, si vous souffrez d'un rhume ( nez qui coule, fébricule, etc.., tous symptômes habituels et communs dans la population ) mais qu'en plus il vous pousse dans le même temps et à chaque rhume un érythème fessier, votre réaction au rhume peut être qualifiée d'idiosynchratique. Voilà voilà... Cela dit, balancer un terme comme ça à la figure d'un patient sans lui en expliquer le sens revient à le prendre pour un con, à mon humble avis !
RépondreSupprimer@Pluton
RépondreSupprimerC'était juste pour rigoler car Didier ne vous aurait pas comme ami si vous étiez tout ce qu'il dénonce.
Il paraît que c'est Bruxelles qui a imposé des ritournelles obsédantes comme "Pour votre santé, bougez plus" ou "mangez 5 fruits et légumes par jour" ou "l'alcool est dangereux pour la santé".
Ce qui me fait marrer c'est qu'ici ces injonctions sont suivies au pied de la lettre. Ma soeur qui habite l'Espagne et qui écoute la radio autant que moi n'a encore jamais entendu ça!
Orage
(désolée mais l'openID ne veut plus fonctionner)
Je suis idiosynchratique complet au final.
RépondreSupprimerPar exemple, tiens, le finalE de la Huitième, à chaque fois je m'enrhume. Mon médecin a beau me s****, dans ces cas-là, y a rien à faire…
"Les seconds nous punirons très facilement..." Rhooooo
RépondreSupprimer'...dont les premiers nous aurons menacés." Rhaaaa
Je pense que c'est dû à la frayeur de la prise de sang ;)
"à baiser sans capote" : mauvaise idée
@yanka: ça va, vous?
RépondreSupprimerN'oubliez pas le coryza, le catarrhe et autres rhinorrhées !
RépondreSupprimerVous maugréez, pourtant l'arrêt du tabac vous protégera au moins autant qu'un autre stent, à vous de voir...
Et on crèvera de trouille, sous leurs regards compréhensifs.
RépondreSupprimerTout est dit dans cette dernière phrase.
Quand on a été victime d'un infarctus et qu'on "revient à la vie" après avoir connu un "épisode limite" dans l'ambulance, on est effectivement mort de trouille.
Et tout ce que l'on a pu penser et dire sur le sujet que vous évoquez, s'évapore en un instant.
Suspendus que nous sommes aux paroles et au regard de l'homme en blanc qui nous examine.
Qu'il dise ce qu'il veut comme il veut, pourvu qu'il soit compétent et qu'il ne fasse pas un faux mouvement pendant qu'il nous enfile un stent dans les artères.
Particularité métallique que je partage avec vous, Monsieur Goux.
Duga
tant que je bande, je fuis, les médecins
RépondreSupprimer(putain le vérificateur me demande de rentrer le mot "dead" !, saloperie !)
Tant que je fuis, je bande.
RépondreSupprimer(mirem)
Pas très d'accord avec l'anonyme Duga. Je me souviens qu'après m'être endormi au volant (suite à un excès de whisky)et avoir conséquemment rencontré deux arbres, un d'un côté de la nationale, le second de l'autre, j'ai fini par me retrouver à l'hosto, un peu fracassé de partout. On m'a dit "Vous allez passer à la radio". A quoi j'ai répondu: "La célébrité, enfin!"
RépondreSupprimerC'est un peu nul, je le concède, mais ça me paraît quand même plus noble que la peur...
PS: Il faut dire que sur ma civière et saignant des oreilles, j'avais bougrement fière allure!
RépondreSupprimerBien... Que dire de plus, cher Didier ?
RépondreSupprimerJ'ai rendu mon tablier , comme vous le savez, et tout ce monde est déjà loin, pour moi.
Mais, merci pour ce billet plein d'esprit !
« @yanka: ça va, vous ? »
RépondreSupprimerBoââââh... Un coup couci, un coup couça. Beaucoup de coucous et peu de soucis. Du saucisson, du salami, quelques salamalecs et pas de kopecks, mais du couscous à satiété, du pain rassis, du vin raciste (ben oui : français), je sens le roussi et la bière rousse, mais ça va, oui. Plutôt bien, même.
Tiens, je me suis encore laissé déborder par les commentaires... Mais comment font les ceusses qui en ont 250 à chaque billet ?
RépondreSupprimerBin ils ne les lisent pas ;)
RépondreSupprimerSi vous aviez lu, vous auriez vu.
RépondreSupprimerEt vous auriez rectifiu.
Rectifiu !
RépondreSupprimer"Je ne crois pas que la médecine (science)"
RépondreSupprimerLa médecine n'est pas une science exacte!
Désolée.