C'était il y a une petite heure. Me laissant tomber dans mon fauteuil fatigué, après m'être transporté à la cuisine pour me doser un deuxième pastis, j'ai expiré cette phrase : « Mais quelle vie heureuse que la mienne ! »
Et c'est pure vérité, c'en est presque insolent. Songez à cela : je vis depuis vingt ans (presque : il s'en faut d'une poignée de mois) avec une femme que je n'ai jamais méritée et dont vous ne pourriez même pas rêver tellement elle est faite pour moi, exclusivement. J'ai aussi un travail qui ne m'occupe que trois jours par semaine, et pas plus de deux ou trois heures par jour, et pas trop aliénant, et en compagnie de gens que j'aime beaucoup, intelligents, aussi charmants que je puis l'être moi-même quand je veux bien m'en donner la peine.
J'ai des parents vivants et en bonne santé, avec qui je m'entends comme jamais enfant ne s'entendit avec ses parents (ci-dessus, photo prise le jour de mon cinquantième anniversaire, au restaurant d'Acquigny dont je crois avoir déjà parlé (ah, c'était dans le journal, au 2 janvier, après vérification...), et ils étaient venus, et en secret, pour me faire la surprise – je déteste ce genre de surprise, mais je m'en étais trouvé ému tout de même, à mon propre étonnement). Pour faire résolument folklorique, on peut même ajouter que j'ai aussi une grand-mère qui va fêter ses 100 ans d'ici quelques jours, l'une des dernière personnes qui peut témoigner que j'ai été enfant, mais, encore plus incroyable, que ma mère l'a été aussi.
J'ai quoi d'autre ? Un frère et une sœur. Lui, je le vois rarement, mais on s'aime beaucoup, je pense. Je crois que je serai toujours son “grand” frère même quand on aura respectivement 100 et 96 ans. De même, Isabelle sera toujours ma “petite” sœur, éternellement mineure à mes yeux, toujours fragile, un peu folle, merveilleusement complice avec sa fille, ma nièce, ma filleule.
J'ai en outre, ce qui n'est pas donné à tout le monde, cette ombre agissante de Philippe Bernalin, qui a eu le mauvais goût de mourir en bas âge, mais à cause de qui il ne m'est guère possible de devenir un salaud intégral, dans la mesure où, ne croyant pourtant pas en Dieu, je sens néanmoins son regard sur moi – bienveillant, certes, mais tout de même juge, et jamais en sommeil malgré son état.
J'ai, en outre, cette richesse d'une demi-poignée d'amis comme je vous en souhaite à tous.
Et encore ? Non, rien d'autre, rien de plus, pas d'éclats de voix ni de hauts faits. Juste ces quelques personnes que nul ne connaît sauf moi. Et, pour finir, à l'ultime minute, la vie se retirant, calmement ou dans la tempête, on verra bien, le visage de Catherine – et elle seule, l'ultime vérité.
[Le titre de ce billet m'a été donné par une chanson écrite par Jacques Prévert pour Édith Piaf, en 1958...]
Et c'est pure vérité, c'en est presque insolent. Songez à cela : je vis depuis vingt ans (presque : il s'en faut d'une poignée de mois) avec une femme que je n'ai jamais méritée et dont vous ne pourriez même pas rêver tellement elle est faite pour moi, exclusivement. J'ai aussi un travail qui ne m'occupe que trois jours par semaine, et pas plus de deux ou trois heures par jour, et pas trop aliénant, et en compagnie de gens que j'aime beaucoup, intelligents, aussi charmants que je puis l'être moi-même quand je veux bien m'en donner la peine.
J'ai des parents vivants et en bonne santé, avec qui je m'entends comme jamais enfant ne s'entendit avec ses parents (ci-dessus, photo prise le jour de mon cinquantième anniversaire, au restaurant d'Acquigny dont je crois avoir déjà parlé (ah, c'était dans le journal, au 2 janvier, après vérification...), et ils étaient venus, et en secret, pour me faire la surprise – je déteste ce genre de surprise, mais je m'en étais trouvé ému tout de même, à mon propre étonnement). Pour faire résolument folklorique, on peut même ajouter que j'ai aussi une grand-mère qui va fêter ses 100 ans d'ici quelques jours, l'une des dernière personnes qui peut témoigner que j'ai été enfant, mais, encore plus incroyable, que ma mère l'a été aussi.
J'ai quoi d'autre ? Un frère et une sœur. Lui, je le vois rarement, mais on s'aime beaucoup, je pense. Je crois que je serai toujours son “grand” frère même quand on aura respectivement 100 et 96 ans. De même, Isabelle sera toujours ma “petite” sœur, éternellement mineure à mes yeux, toujours fragile, un peu folle, merveilleusement complice avec sa fille, ma nièce, ma filleule.
J'ai en outre, ce qui n'est pas donné à tout le monde, cette ombre agissante de Philippe Bernalin, qui a eu le mauvais goût de mourir en bas âge, mais à cause de qui il ne m'est guère possible de devenir un salaud intégral, dans la mesure où, ne croyant pourtant pas en Dieu, je sens néanmoins son regard sur moi – bienveillant, certes, mais tout de même juge, et jamais en sommeil malgré son état.
J'ai, en outre, cette richesse d'une demi-poignée d'amis comme je vous en souhaite à tous.
Et encore ? Non, rien d'autre, rien de plus, pas d'éclats de voix ni de hauts faits. Juste ces quelques personnes que nul ne connaît sauf moi. Et, pour finir, à l'ultime minute, la vie se retirant, calmement ou dans la tempête, on verra bien, le visage de Catherine – et elle seule, l'ultime vérité.
[Le titre de ce billet m'a été donné par une chanson écrite par Jacques Prévert pour Édith Piaf, en 1958...]
Sans compter Roselyne !
RépondreSupprimerJ'en suis tout émue !
RépondreSupprimerTiens, content de vous croiser dans le jardin d'Epicure, profitez de ce(ux) que vous avez à loisir, à gaieté, à satiété et oubliez de vous plaindre de ce qui vous manque(rait). Je vous préfère ainsi, agnostique (ou athée), et vaguement philosophe (sur le plat).
RépondreSupprimerBertrao : Je ne me plains pas : grande cataracte de bonheur, ce soir, allez savoir pourquoi...
RépondreSupprimer"Grande cataracte de bonheur"… ben, vous pouvez, avec le tableau que vous venez de brosser. C'est qu'on pourrait presque vous envier, mon cher!
RépondreSupprimerTiens puisqu'on est dans un moment heureux j 'en profite pour vous glisser à Catherine et à vous que je viens de passer dans la case grand parent depuis le 4 février .. Oui c'est un bonheur... bizarre enfin absolument nouveau mais bonheur y'a pas de doute ... Donc bon anniversaire à vous à tout hasard ... ;-))
RépondreSupprimerTiens, je vais vous dire : je crois être TRÈS enviable. En dehors du fait que je serai probablement mort dans 15 ans...
RépondreSupprimerGeargies : Je ne peux vous féliciter puisque vous n'y êtes pour rien, évidemment. Mais bon, si ça vous amuse...
RépondreSupprimerDevenir grand-père "par alliance", il y a six ou sept ans, ne m'a fait absolument aucun effet, je dois dire. Et tout le monde a compris, je crois, que je ne jouerai pas le jeu. Je ne l'ai pas joué en effet.
Vous filez un mauvais coton. Trop de bonheur peut rendre totalement idiot, un peu comme ces amoureux ridicules. Bref allez chez le docteur..... sauf si vous trouvez un curé, c'est moins cher, et il vous remettra en place ce petit bonheur bourgeois là où est sa place : parmi les péchés ! Non mais ! Es-ce que je suis heureux moi ? Hein, je vous le demande ! Le bonheur est la malédiction des Grandes Civilisation. Rien de grand ne se fait dans le bonheur et surtout aucune littérature digne de ce nom. Décliniste ! Décliniste !
RépondreSupprimerAbandonnez cette idée de bonheur tout de suite !
Bon futur anniversaire quand même !
"une femme que je n'ai jamais méritée"
RépondreSupprimerC'est bien d'en être conscient!
Je n'aime pas trop le titre du billet, toutefois (si je peux me permettre). J'aurais plutôt pensé à "Count your blessings."
Orage
Après ce texte qui m'en arrache les larmes aux yeux, vous n'aurez plus jamais le droit de vous plaindre Didier...
RépondreSupprimerC'est effectivement un grand bonheur d'avoir rencontré celle qui porte si bien son nom d'Irremplacable... et d'avoir tous les membres de votre famille à vos cotés.
Vous avez quand même oublié la meute que toute la blogosphère vous envie, et dont votre bien être transparait en elle.
Beau week end à tous.
C'est fou comme le pastis est euphorisant ! Je m'en vais faire quelques essais thérapeutiques tiens..!
RépondreSupprimerGeargie, n'écoutez pas le vieux grognon. Vous avez raison, c'est un vrai bonheur d'être grand-père (mère). Que des joies sans les tracas !
RépondreSupprimerOui c'est un peu l'impression que j'ai aussi: être très moyennement concerné par l'affaire...
RépondreSupprimerJe répondais à Didier! Mais je suis aussi d'accord avec vous tous les avantages sans les inconvénients!!
RépondreSupprimerMince, pas une bouteille de vin sur la table, c'était carême ou quoi!
RépondreSupprimerSi j'étais perfide, je dirais : tout ça parce que Catherine vous a offert de la dînette.
RépondreSupprimerMais je ne le suis pas, et vous salue, humblement et bien bas.
Bon, je me suis encore laissé déborder par les commentaires, moi ! Merci à tous d'être passé : pas le courage de faire des réponses individuelles...
RépondreSupprimertout ceci vaut bien la peine de faire quelques efforts .....pour en profiter plus longtemps !
RépondreSupprimerémouvant...
RépondreSupprimerQue vous a-t-il fait, Mahler, pour mériter tant de haine ?
RépondreSupprimerMa requête est peut-être de la dernière inconvenance, mais j’avoue que je serais curieux d’en connaitre davantage sur votre ami Philippe Bernalin tant il semble être, quelque chose comme 25 ans après sa disparation, une influence encore à ce point vive pour vous.
RépondreSupprimerTiens... J'ai oublié de virer mon "à ce point".
RépondreSupprimer(Oui, je relis mes commentaires. Et je fais bien d'autres choses honteuses encore.)
Sans même parler du iPod et du Gps comme cerises sur le gâteau ! Z'êtes gâté !
RépondreSupprimer:-))
Ah ! Philippe B... Je pensais à lui pas plus tard qu'hier. J'avais retrouvé dans un tiroir des piles de faire-part de naissance de Lucie (27 ans aujourd'hui) et de Léa (25 ans et des brouettes) dessinés par lui.En BD, bien sûr.
RépondreSupprimerC'est sympa de retrouver sa trace sur la Toile, au hasard (le hasard, vraiment ?).Comme un petit signe discret de sa part.
On ne se connait pas mais je suis bien heureuse de savoir que quelqu'un qui est l'ami d'un mien ami peut "prendre ses aises". Grand bien vous fasse. Moi j'aime Mahler. Surtout les Kindertotenlieder et le Chant de la Terre.
La Mère Michel