C'est bien la preuve, irréfutable, que je ne lis jamais Le Monde, et fort distraitement les autres follicules qui passent devant mes yeux : le quotidien de révérence, comme l'appelait Philippe Muray, a changé de directeur de la rédaction en janvier dernier et je ne m'en suis avisé que tout à l'heure. Vous me direz : qu'en a-t-on à foutre ? Normalement rien, en effet, sauf que le nouveau directeur est une directrice et qu'elle s'appelle Sylvie Kauffmann.
Dans les années 1978 - 1983 (à peu près) Sylvie et moi avons été très liés : il s'agissait de liens amicaux, ne commencez pas. En dehors d'être très belle et presque aussi intelligente que moi, Sylvie avait une qualité assez rare chez les femmes : elle était d'une irrésistible drôlerie, et nous fûmes un certain nombre à n'y pas résister en effet. Les liens dont je parlais se sont établis alors que nous étions encore au CFJ. Je me souviens que nous sommes allés un jour, pour l'un de ces “journaux-écoles” que l'on nous faisait fabriquer en temps réel, en reportage ensemble aux usines Renault de Flins, lesquelles étaient en grève et occupées. C'est elle qui a fait tout le boulot, notamment celui de nous faire entrer dans l'usine alors que les vigiles venaient de nous l'interdire formellement. Moi, je me contentais de la suivre et de noter les réponses aux questions qu'elle posait. Résultat, 30 ans plus tard : elle dirige le navire amiral et je turbine dans les soutes.
La période où nous fûmes sans doute le plus proche est l'année 1980. Sylvie travaillait à l'AFP, de six heures du soir à minuit. Environ une fois par semaine, j'allais la chercher place de la Bourse et nous allions tous les deux souper à L'Hippopotamus – parce que c'était à côté, pas trop cher et qu'on y servait encore à minuit et demie. Je ne me souviens pas m'être jamais ennuyé une seconde avec Sylvie, ni d'avoir eu quoi que ce soit à lui reprocher, sur le chapitre de cette amitié. Laquelle a pourtant fini par s'éteindre lorsque je me suis retrouvé tout seul dedans, à la suite d'une désertion de l'autre partie, nommée au bureau londonien de l'AFP.
Nous avons plus ou moins tenté de renouer les fils en 1986, suite à la mort de Philippe Bernalin, qui était aussi de son “fan club”, mais ça n'a duré que quelques mois avant que Sylvie ne prenne à nouveau la tangente – cette fois parce qu'elle venait d'être envoyée à Washington.
J'aimais beaucoup Sylvie Kauffmann. D'ailleurs, voilà plus de vingt ans que nous ne nous sommes vus, et je l'aime toujours beaucoup. De plus, bravant le ridicule, j'affirme que je suis très fier d'elle.
Dans les années 1978 - 1983 (à peu près) Sylvie et moi avons été très liés : il s'agissait de liens amicaux, ne commencez pas. En dehors d'être très belle et presque aussi intelligente que moi, Sylvie avait une qualité assez rare chez les femmes : elle était d'une irrésistible drôlerie, et nous fûmes un certain nombre à n'y pas résister en effet. Les liens dont je parlais se sont établis alors que nous étions encore au CFJ. Je me souviens que nous sommes allés un jour, pour l'un de ces “journaux-écoles” que l'on nous faisait fabriquer en temps réel, en reportage ensemble aux usines Renault de Flins, lesquelles étaient en grève et occupées. C'est elle qui a fait tout le boulot, notamment celui de nous faire entrer dans l'usine alors que les vigiles venaient de nous l'interdire formellement. Moi, je me contentais de la suivre et de noter les réponses aux questions qu'elle posait. Résultat, 30 ans plus tard : elle dirige le navire amiral et je turbine dans les soutes.
La période où nous fûmes sans doute le plus proche est l'année 1980. Sylvie travaillait à l'AFP, de six heures du soir à minuit. Environ une fois par semaine, j'allais la chercher place de la Bourse et nous allions tous les deux souper à L'Hippopotamus – parce que c'était à côté, pas trop cher et qu'on y servait encore à minuit et demie. Je ne me souviens pas m'être jamais ennuyé une seconde avec Sylvie, ni d'avoir eu quoi que ce soit à lui reprocher, sur le chapitre de cette amitié. Laquelle a pourtant fini par s'éteindre lorsque je me suis retrouvé tout seul dedans, à la suite d'une désertion de l'autre partie, nommée au bureau londonien de l'AFP.
Nous avons plus ou moins tenté de renouer les fils en 1986, suite à la mort de Philippe Bernalin, qui était aussi de son “fan club”, mais ça n'a duré que quelques mois avant que Sylvie ne prenne à nouveau la tangente – cette fois parce qu'elle venait d'être envoyée à Washington.
J'aimais beaucoup Sylvie Kauffmann. D'ailleurs, voilà plus de vingt ans que nous ne nous sommes vus, et je l'aime toujours beaucoup. De plus, bravant le ridicule, j'affirme que je suis très fier d'elle.
S'ils commencent à filer la direction des journaux aux gonzesses, maintenant...
RépondreSupprimerAh oui, mais celle-là, c'est du surchoix !
RépondreSupprimerJe rêve où vous venez de me catapulter sur le site du Nouvel Obs ?
RépondreSupprimerJe sais, c'est cruel...
RépondreSupprimerinterviewer des ouvriers, beurk!
RépondreSupprimerQue serait devenu Le Monde (ou l'inverse: vous), si vous aviez bossé davantage… Si vous vous retrouviez aujourd'hui à la tête de la rédaction?
RépondreSupprimerA lire le titre et le début de la note, je me suis dit "il va lui tailler un des ces costards!".
RépondreSupprimerEt puis non, c'est tout amical et nostalgique. Bravo à elle et à vous, pour avoir conservé de si jolis souvenirs.
au moins on ne peux pas vous accuser d'avoir couché pour réussir
RépondreSupprimerVous avez vu qu'un chaleureux hommage lui est rendu sur Causeur par Luc Rosenzweig ? c'est ici :
RépondreSupprimerhttp://www.causeur.fr/deux-femmes-du-monde,6901
Tonnégrande : C'était terrible, oui.
RépondreSupprimerLe Coucou : même dans mes pires cauchemars je n'ose imaginer un truc pareil !
Carine : ben oui, on ne peut pas toujours éructer, hein !
Olympe : moi, j'aurais plutôt été du genre à réussir pour pouvoir coucher...
Agnès : j'ai vu. Et c'est même comme ça que j'ai appris la nouvelle.
Merci Didier pour ce charmant billet. En lisant le titre, j'ai eu la même réaction que Carine...
RépondreSupprimer@Agnès : merci pour le lien !
On se croirait chez les bisounours , ici ! :) Ca change, c'est frais !
RépondreSupprimerjoli billet,
bon week end
@Didier:
RépondreSupprimerEructer quand il le faut, ça soulage. Dire des choses gentilles quand on les pense, ça fait du bien.
C'est bon pour vous dans les deux cas. Et on aime !
@Corto74 : on n'est pas chez les bisounours ; on est chez les gousounours (c'est pas moi ! c'est Catherine qui a commencé !)
RépondreSupprimerOh bon sang! horreur! Et si, en souvenir du "bon" vieux temps, Sylvie K. appelait D. Goux pour lui offrir quelques milliers de signes pour continuer à éructer?
RépondreSupprimerLes humanistes sincères ne sont pas sortis de l'auberge...
Luc Rosenzweig parle d'elle avec autant d'enthousiasme que vous dans son dernier billet de Causeur : http://www.causeur.fr/deux-femmes-du-monde,6901
RépondreSupprimerMarcel Meyer : oui, c'est même en le lisant que j'ai appris la nomination de Sylvie.
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