Au lendemain de la mort d'un être ayant compté pour nous – mais à condition qu'il ne nous soit pas trop proche tout de même –, ou de l'annonce de celle-ci, vient se mêler au chagrin, toujours présent, un appétit renouvelé et accru pour la vie qui va, celle qui s'écoule sans que nous ayons à y penser plus que cela. Tout ce qui se laisse oublier les jours ordinaires prend maintenant un relief particulier, dont on sait bien qu'il ne durera pas. C'est le plaisir de constater au thermomètre mural que la température a baissé de quelques degrés par rapport à hier, et qu'une brise inattentive fait bruisser les branches des sureaux qui ont poussé dans l'épaisseur de la haie mitoyenne ; ce sont ces deux petits papillons blancs dont le volètement devient de la danse, en raison de la parfaite symétrie de leurs arabesques compliquées ; c'est même le plaisir étrange, un peu bête, qui vous gonfle la poitrine durant une seconde, que l'on éprouve à se dire : « Tiens ? Il est déjà onze heures ! » – et il nous vient des envies de relire tel poème de Verlaine, un ou deux paragraphes de Proust, et des désirs de clarinette mozartienne. Mais, par instants, on se trouve aussi cinglé par la honte de se rouler ainsi dans l'existence, quand justement l'autre... Néanmoins, l'appétit est toujours là, discret mais tenace, attendant son heure, tandis que les nuages semblent ralentir leur cheminement d'ouest en est afin de nous laisser le temps de jouir de leur passage.
Didier,
RépondreSupprimerJe voulais vous remercier (je ne sais pas si c'est le bon mot) d'avoir fermé les commentaires à voter billet d'hier. On devrait le faire plus souvent pour certains billets personnels qui n'attireraient que des commentaires de compassion qui mettent plus dans l'embarras l'auteur que le destinataire.
Bon week-end.
c'est vraiment pour ça que j'aime votre blog, votre façon sans pareille de parler du temps qui passe
RépondreSupprimer"qui est cette femme qui marche dans les rues ? qui est-elle ? vers quel rendez-vous d'amour mystérieux se rend-elle?" je l'aperçois de plus en plus souvent... mais, comme Barbara autrefois, je la reconnais maintenant : "c'est la dernière épousée, celle qui vient sans qu'on l'appelle, la fidèle... cette femme, c'est la mort".
RépondreSupprimerElle sait aussi prendre les traits d'un homme... et les évangiles nous préviennent d'être prêts à la venue du fiancé...
Nicolas : c'est exactement cela, oui.
RépondreSupprimerVous êtes breton, ce week-end ?
Olympe : merci beaucoup.
Lucia Mel : il y a néanmoins des noces fâcheusement précoces...
Emouvant billet cher Didier. Merci encore. Ce texte là gomme instantanément "l'écrivain en bâtiment".
RépondreSupprimerDidier : non. Bicetre.
RépondreSupprimerPluton : merci. Malheureusement, l'écrivain en bâtiment va bientôt devoir retrouver son établi...
RépondreSupprimerDidier : oui, je le sais... ma soeur est partie l'année dernière, elle avait 47 ans. Et nous, nous restons là, un peu comme des orphelins.
RépondreSupprimerJe n'avais pas oublié...
RépondreSupprimerNous sommes en deuil, à la maison, la grand-mère paternelle de mon épouse est partie et c'est elle qui avait élevé icelle. Quand je me suis installé avec ma chère et tendre je l'ai emmenée de chez sa grand-mère pas de chez ses parents. Et bien tout ce que vous dites, Didier, ça fonctionne même pour les personnes qui furent très très proches, surtout lorsque la déchéance s'est emparé d'elles les vidant de leur substance, de leur force pendant quelques courtes années qui paraissaient être des décennies ! La mort, bien que douloureuse, toujours douloureuse, est vécue dans ces cas-là comme une délivrance. Et puis les cérémonies clôturées quant à la dépouille, lorsqu'on se retrouve chez soi, vidé, anéanti par la douleur, on se surprend bien vite à éprouver ce que vous décrivez, à respirer simplement l'air et à trouver remarquable qu'il vienne gonfler nos poumons, à regarder le ciel, même s'il est gris et que des nuages menacent, à savourer de caresser un chat qui quelques jours auparavant nous laissait presque indifférent... et je me dis, moi, que c'est signe de santé et que le défunt ou la défunte nous y invite, que c'est ce qu'il ou elle aurait souhaité, que notre vie se poursuive et que nous parvenions juste, à l'occasion, à nous souvenir de lui ou d'elle et des instants privilégiés que nous avons eu ensemble, jadis, quand la Vie nous parait encore de nos meilleurs atouts.
RépondreSupprimerVoyez-vous, je ne suis pas un inconditionnel des films de Claude Lelouch, mais il y en a quelques uns que j'ai aimé et que j'aime revoir avec un immense plaisir... "L'aventure c'est l'aventure", "La Bonne Année" et "Itinéraire d'un enfant gâté" en font partie... et bien chaque fois que je reverrai ce dernier j'aurai une pensée pour Jean-Philippe Chatrier, et du coup... une pensée pour vous. Le Vie est ainsi faite, de surprenants tissages nous dépassent de loin... mais la Vie, malgré la Mort, est magnifique Didier.
Nebo : merci pour ce témoignage. En fait, vous avez raison : je me souviens avoir ressenti la même chose au moment de la mort de ma propre grand-mère paternelle, il y a tout juste 25 ans.
RépondreSupprimerQuant à la vie... Qui sait si nous la trouverions aussi passionnante (et désespérante parfois) sans la mort qui la borne ? Allez savoir...
Comme dit le proverbe russe : « Dieu connaît la vérité, même s'il ne la dit pas vite. »
l'amour ne disparait jamais,
RépondreSupprimerla mort n'est rien,
je suis simplement passé dans la pièce à côté
je suis moi et tu es toi
ce que nous étions lun pour l'autre
nous le sommes toujours
donnes moi le nom que tu m'as toujours donné
parles moi comme tu l'as toujours fait
n'emploie pas un ton différent
ne prends pas un air solennel où triste
continue à rire de ce qui nous faisait rire
souris, pense à moi
Que mon nom soit toujours prononcé
comme il l'a toujours été
sans emprase d'aucune sorte
sans trace d'ombre
la vie signifie ce qu'elle a toujours signifiée
elle est ce qu'elle a toujours été
le fil n'est pas coupé
pourquoi seris je hors de ta pensée
simplement parce que je suis hors de ta vie?
je t'attends,
je ne suis pas loin,
juste de l'autre côté du chemin
tu vois, tout est bien
CHARLES PEGUY
Je ne veux pas faire du mauvais esprit, mais tout de même, votre ami avait bon goût : la sodomie sur Duruflé, c'est le grande classe.
RépondreSupprimerhttp://www.qunl.com/rees0007.html
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