Hier, dans le billet que j'ai mis en ligne ici, l'inénarrable Sarkofrance se désolait du fait que toutes les révolutions aient été dévoyées, “confisquées” (c'était son mot) et que, donc, au lieu de déboucher sur un avenir radieux, elles n'entraînaient que les plus odieuses dictatures. Du coup, bien entendu, il trépignait contre les confisquateurs en question. Or, bien entendu, ces confisquateurs n'ont jamais existé, chaque révolution portant en elle-même la dictature qu'elle implique. Mais, recrutant ses adhérents de manière parfaitement irrationnelle, religieuse, elle les transforme en automates mortifères. Ainsi Le Coucou, pourtant garçon mesuré et intelligent, justifie la Terreur (en commentaire) par je ne sais quel danger qu'aurait couru la Révolution française. Or, il me semble évident que cette même terreur était induite par la Révolution même ; par le fait que les révolutionnaires tablent sur l'Homme, avec une H majuscule, c'est-à-dire sur un individu abstrait, n'ayant jamais existé. Et lorsque le chef révolutionnaire s'aperçoit (assez vite généralement) que le peuple refuse de correspondre aux textes qu'il a écrits et auxquels il se réfère, il se fâche tout rouge, et la répression arrive.
Mais revenons à notre ami Sarkofrance et à ses révolutions confisquées. On va lui apprendre l'histoire, à ce pignouf. Le 18 janvier 1918, les membres de l'Assemblée constituante russe se retrouvent à Pétrograd (Saint-Pétersbourg). Il y a là 707 députés, dont 370 socialistes-révolutionnaires, 40 socialistes-révolutionnaires de gauche, 170 bolcheviques et 34 menchéviques, plus une centaines appartenant à de petits partis. Bref, les SR ont la majorité absolue, ils vont pouvoir travailler, les bolcheviks ont perdu la bataille...
Que fait Lénine, alors ? Au matin du 19 janvier, se découvrant minoritaire, il fait disperser par la force cette assemblée constituante : la démocratie, en URSS aura duré vingt-quatre heures.
Qui, mon cher Sarkofrance, a instauré la dictature ? Qui a “confisqué” la révolution sinon Lénine lui-même ? Qui s'est comporté comme un Pinochet au petit pied ? Et qui, dès le 20 décembre 1917, sinon Lénine et Trotsky, avait déjà créé la Tchéka, police politique destinée à traquer les opposants politiques (SR, Menchéviks, démocrates, etc.) ?
On ne confisque jamais une révolution – le réel a toujours tôt fait de la rattraper et de la transformer en ce qu'elle est naturellement : une dictature au nom du Bien, une terreur ayant la pureté pour masque. Tout révolutionnaire devrait être passé par les armes dès qu'il est repéré comme tel : c'est le meilleur et plus court moyen d'éviter les centaines de milliers de morts que sa terrifiante bonté va inévitablement entraîner.
Mais revenons à notre ami Sarkofrance et à ses révolutions confisquées. On va lui apprendre l'histoire, à ce pignouf. Le 18 janvier 1918, les membres de l'Assemblée constituante russe se retrouvent à Pétrograd (Saint-Pétersbourg). Il y a là 707 députés, dont 370 socialistes-révolutionnaires, 40 socialistes-révolutionnaires de gauche, 170 bolcheviques et 34 menchéviques, plus une centaines appartenant à de petits partis. Bref, les SR ont la majorité absolue, ils vont pouvoir travailler, les bolcheviks ont perdu la bataille...
Que fait Lénine, alors ? Au matin du 19 janvier, se découvrant minoritaire, il fait disperser par la force cette assemblée constituante : la démocratie, en URSS aura duré vingt-quatre heures.
Qui, mon cher Sarkofrance, a instauré la dictature ? Qui a “confisqué” la révolution sinon Lénine lui-même ? Qui s'est comporté comme un Pinochet au petit pied ? Et qui, dès le 20 décembre 1917, sinon Lénine et Trotsky, avait déjà créé la Tchéka, police politique destinée à traquer les opposants politiques (SR, Menchéviks, démocrates, etc.) ?
On ne confisque jamais une révolution – le réel a toujours tôt fait de la rattraper et de la transformer en ce qu'elle est naturellement : une dictature au nom du Bien, une terreur ayant la pureté pour masque. Tout révolutionnaire devrait être passé par les armes dès qu'il est repéré comme tel : c'est le meilleur et plus court moyen d'éviter les centaines de milliers de morts que sa terrifiante bonté va inévitablement entraîner.
J'avais écrit quasiment la même chose dans mon mémoire de DEA. J'ai l'impression de me lire (en mieux écrit).
RépondreSupprimerAux temps anciens, il y avait la famine, la peste, maintenant, s'il faut des révolutions pour réguler la démographie mondiale ...
RépondreSupprimerEt on en arrive à la terrible question :
RépondreSupprimerla fin justifie-t-elle les moyens?
Les confisquateurs ne confisquent-ils pas parce qu'ils pensent que la dite confiscation est nécessaire pour mener la révolution jusqu'au bout (que l'on ne voit jamais, du coup), à son terme (que l'on n'atteint jamais puisque confiscation il y a eu).
Il y a confiscation et confiscation.
Pour les uns, c'est l'appel du pouvoir. On ne peut rien pour eux.Pour d'autres, c'est peut-être l'impérieuse envie d'aller jusqu'au bout de ce que certains appelleront une tentative pour que le monde aille mieux, et d'autres un fantasme porteur de mort.
La Bloge est en danger. Sarko veut votre peau. Donnez-moi vos mots de passe et identifiants, je m'occupe de tout.
RépondreSupprimerJ'émettrais une exception pour la Grande Terreur, la notre, la francaiseuh ! (celle qu'ont tant admiré Lenisky et Trokline). Pourquoi ? Parce que Bernanos a écrit que Robespierre n'avait pas le choix. Et Bernanos, c'est du lourd !
RépondreSupprimerTrêve de bêtise, il va faire quoi Sarkofrance après 2012 sans Sarko ?
Paul : ah ben... j'aimerais bien le lire, ce mémoire.
RépondreSupprimerLa Pecnaude : expliquez-moi donc le rapport entre peste et révolution. Juste comme ça, pour voir...
Quant à la famine, je vous rappelle que vos amis soviétiques ont sciemment organisé la famine qui, au début des années vingt, a tué plusieurs millions d'Ukrainiens.
Carine : il se passe une chose, intangible : les gens de gauche éprouvent une véritable fascination pour les dictatures sanglantes. Je ne comprends pas pourquoi, mais c'est ainsi.
Georges : il est manifeste que vous ne bitez rien à la diversité des choses et des hommes...
PRR : en effet, Robespierre n'avait pas LE CHOIX. Les révolutionnaires n'ont jamais "le choix" : c'est ce qui les distingue des hommes politiques.
Ben non, vous avez tort: notre révolution, confisquée par Napoléon, a donné tout de même un régime républicain et non une dictature, à terme. La qualité de ce régime aurait pu être meilleure, si les choix des législateurs de la révolution avaient été retenus, c'est ce que je regrette, pour ma part.
RépondreSupprimerBah c'était du droit constitutionnel, mais j'avais fait tout un paragraphe sur la fin systématiquement autoritaire des révolutions bienfaisantes, comme introduction à la nécessité de garde-fous juridiques pour protéger les libertés... et la diversité ;-)
RépondreSupprimerAvec cette magnifique phrase de Kant : "du bois courbe dont est fait l'homme, on ne fait rien qui ne soit tout à fait droit".
On voit aussi, avec l'exemple soviétique, comment la distorsion de l'histoire sert les idéologies. La plupart des jeunes sont convaincus que Lénine et Trotsky étaient des anges et que c'est le méchant Staline qui a été trop bureaucratique.
Prouvez leur le contraire, il vous regardent d'un air suspicieux.
En fait, au-delà des révolutionnaires "humanistes" et "généreux" TOUS les totalitarismes rêvent d'un homme nouveau. L'homme ancien, hélas, résiste! Alors on l'élimine. TOUS les révolutionnares sont totalitaristes parce que, comme vous le dites, ils rêvent d'un autre Homme...
RépondreSupprimerJ'expliquais ça, en termes polis et mesurés au jeune CSP: mon commentaire fut, évidemment, censuré.
Maintenant, face à une société "imparfaite" la tentation est grande de voir émerger des êtres "meilleurs" débarassés des scories que lui inocule un "mauvais" système.
Personnellement, je pense que la "solution" consiste, premièrement à ne pas noircir la situation, comme le fait l'apocalypsiste de base, et ensuite à camper fermement, sans concessions aucunes, sur l'essentiel.
La véritable et seule révolution a eu lieu il y a un peu plus de 2000ans.
RépondreSupprimerTout le reste est une perversion engendrée par le malin.
Notre révolution "confisquée par Napoléon"…
RépondreSupprimerBen voyons.
Ah, "camper sur l'essentiel", comme c'est beau…
RépondreSupprimerEt cet Essentiel, il pousse où, exactement, que j'aille y planter ma tente ?
Le Coucou : révisez donc votre histoire. Napoléon n'a rien "confisqué" du tout : le Directoire avait (par chance) déjà mis fin à la Révolution, lorsqu'il a débarqué sur scène...
RépondreSupprimerPaul : n'empêche que j'aimerais bien lire le tout...
Jacques Etienne : évidemment ! L'homme "ancien" résiste d'autant plus qu'il n'est ni ancien ni moderne, ni passé ni futur : juste l'homme – avec une petite "h"...
Tzatza : je pense que nous sommes d'accord à ce sujet. Mais, n'étant pas croyant, je m'interdis d'en parler.
moi ce que je dis c'est qu'il est parfaitement possible que la Terreur qui vient (oh oui elle vient ! Vous la sentez ma grosse Terreur ! ) commence naivement par la modération sur les blogs !
RépondreSupprimerS'il n'y avait pas de pensée révolutionnaire, il n'y aurait nul besoin de pensée réactionnaire. Que deviendriez-vous?
RépondreSupprimerMais qui vous a dit qu'il existait une "pensée réactionnaire" ? C'est dans votre esprit malade de progressiste qu'elle existe, cette pensée !
RépondreSupprimer"Et cet Essentiel, il pousse où, exactement, que j'aille y planter ma tente ?"
RépondreSupprimerSoyez conséquent, Georges! Si vous plantiez votre tente sur l'essentiel, il en crèverait.
Si je vous soupçonnais d'imbécilité, je vous expliquerais le sens de "camper" dans cette acception...
Ah, ça, il faut bien reconnaître que pour trouver quelque part une “pensée réactionnaire”...
RépondreSupprimerM'enfin, si ça fait plaisir à Henri, d'un autre côté...
Bon, désolé pour la modération, mais je vais me confronter à moi-même sous la couette, là...
(Pour Georges uniquement : c'est très séduisant, ce que fait François Bayle. Mais je crois que j'aime mieux ce que je connais de vous.)
Bien je doute que Finkielkraut, Zemmour, Murray, Adler, Renaud Camus, Houellebeccq, Dantec soient classés (en tout cas par moi, par vous je ne sais pas)comme des penseurs progressistes ou révolutionnaires, et avant eux Bonald, de Maistre etc...
RépondreSupprimerHenri : je vous rappelle que vous avez été un lecteur assidu de Renaud Camus.
RépondreSupprimer(Ben oui, il m'arrive de lire votre blog...)
Didier, je crois qu'il faut arrêter la bibine. Je me fiche un peu de faire, croire, vouloir, regretter la révolution. Je n'ai même pas écrit regretter qu'elle ait pu être confisquée. J'ai écris quasiment le contraire des propos que vous me prêtez.
RépondreSupprimerJuan : en effet, vous n'avez pas employé le mot "confisqué". Mais vous avez parlé de révolutions "instrumentalisées", ce qui revient à peu près au même, non ?
RépondreSupprimerPour ce qui est de la "bibine", et en passant outre la grande élégance de l'insinuation, je vous signale que mon billet date de quatre heures de l'après-midi. Et, si vous me connaissiez un peu, vous sauriez que je ne bois jamais avant six heures du soir...
is ici que Monsieur Goux prend ses aises... avec les adjectifs. Mais il ne prend pas les mêmes risques que l'ami Bonnet en utilisant Inénarrable, qui décidément ses derniers temps devient fort à la mode...
RépondreSupprimerPs. vu la vacuité du sujet, et la manière scabreuse dont il est psoé, je suis bien obligé de trolller, pas le choix !
Trollez, mon cher, trollez tout à votre aise !
RépondreSupprimerOh putaing cong encore un fada, mais qu'est-ce qui se passe en ce moment, ça pleut des crapauds ?
RépondreSupprimerAh oui, le sieur « Gauche de Combat » c'est du lourd, du modèle sport : même les autres blogueurs de gauche ont du mal à le supporter.
RépondreSupprimerJe ne vois que les résultats démographiques de ces bouleversements, il n'y a pas évidemment d'autres rapports entre eux, sauf peut-être le vecteur de la contamination. Où avez-vous pris cette idée de "mes amis soviétiques" ? Parce que je suis (un peu) vos conseils de lecture ?
RépondreSupprimer"ça pleut des crapauds ?"
RépondreSupprimerShakespeare le Grand l'avait bien dit! Pluies de crapauds et de grenouilles avant la fin du monde.