mardi 18 mars 2008

Lecture au saut du lit

« Je raconte cette histoire du tu dans le livre de Job, car il est pour moi la profonde différence entre ceux qui croient et les autres. Celui qui croit tutoie Dieu, s'adresse à lui en parvenant à trouver en lui le sens, le hurlement ou le murmure, le lieu, église ou maison ou air libre, l'heure, pour se détourner de lui-même et se placer vers son propre orient. À la lettre, l'orient est le lieu où reconnaître sa propre origine, où éprouver une appartenance et un lien avec le reste du monde créé. Celui qui comme moi ne croit pas peut en parler, car il le lit dans les Saintes Écritures, le rencontre autour de lui dans la vie des autres, des croyants, mais garde la distance abyssale de la troisième personne, qui n'est pas seulement un éloignement mais une séparation. »

(Erri De Luca, Première heure, Rivages poche.)

4 commentaires:

  1. Quand je pense que je vous vouvoie et que toutes ces pensées sublimes ne m'étaient jamais venues à l'esprit ...


    iPidiblue quand du seigneur.

    RépondreSupprimer
  2. Quelle clarté... Merci pour cet extrait lumineux Didier.

    RépondreSupprimer
  3. iRachel : à moi non plus...

    Tang : c'est un auteur que je n'ai découvert que très récemment, grâce à un ami. Je n'ai lu pour l'instant que des nouvelles, superbes. L'extrait de ce billet est tiré d'un livre fait de courtes méditations sur l'ancien testament (lu en Hébreu ancien...), auquel De Luca consacre une heure chaque matin. Je n'en suis qu'aux toutes premières pages...

    RépondreSupprimer
  4. Qu'un athée puisse écrire de si belles choses sur Dieu me semble une preuve irréfutable de sa présence...

    La courte notice biographique de l'auteur est assez improbable, et quel beau visage ridé! Autre preuve?

    Il faut autre chose que ces "concettis" pour trouver la foi cependant... Dommage!

    De belles lectures à venir en revanche...

    Bonne lecture à vous et merci encore pour cet extrait.

    RépondreSupprimer

La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.