lundi 16 juin 2008

Et vivent les mimiles !

J'aime beaucoup les chauffeurs routiers. Autant que les pêcheurs bretons ; peut-être même davantage. Oui, davantage, simplement parce qu'on les remarque beaucoup plus. À les voir sillonner gaiement nos routes et autoroutes, on finit par penser qu'ils ont été inventés en même temps. Et puis, ils mettent de l'animation sur les aires de repos, ils font vivre les putes campagnardes, ils ont une vraie utilité sociale, ils contribuent à la richesse du pays. Ils se crèvent plus ou moins la paillasse douze à quinze heures par jour, afin que les petits cols blanc sale à trente-cinq heures par semaine puissent payer le moins cher possible leurs pizzas surgelées chez Leader Price. Ça dénote une certaine conscience, un goût du travail bien fait et de l'abnégation agro-alimentaire.

Lorsqu'ils jugent que leur métier devient impossible à exercer, les chauffeurs routiers bloquent les routes. C'est tellement festif qu'on se demande pourquoi ça ne séduit pas davantage les petits bobos parisiens, par exemple. Ces jeunes gens qui veulent du lien social, de la solidarité citoyenne, du mieux-vivre-ensemble, ils devraient pourtant bien se rendre compte qu'il n'y a rien de mieux qu'un barrage de gros culs pour prendre le temps de la créer, leur sainte solidarité. Et puis, dites : en voilà du peuple en lutte, non ? Des petits gars de la France d'en bas qui n'hésitent pas à s'en prendre aux compagnies pétrolières et au gouvernement, ils devraient s'en pâmer d'aise, nos petits encartés et sympathisants.

Eh bien, non, étrangement, les mutants progressistes détestent les routiers. Également les marins pêcheurs. Mais surtout les routiers. Peut-être parce qu'avec leurs murs de camions à l'arrêt, ils empêchent de bien voir les défilés à banderolles et ballons multicolores des professeurs des écoles et des conducteurs de locomotives-qui-marchent-toutes-seules. Et, ça, camarade, c'est pas bon pour les luttes !

Ou alors, c'est parce qu'ils puent. Il faut bien avouer qu'un manieur de filets qui débarque de son thonier, ça ne sent pas toujours la rose. Et que le mimile qui saute au bas de son quinze-tonnes a des relents de raffinerie qui peuvent heurter certaines fosses nasales suavement réformistes.

Ou bien encore, et c'est le plus probable car le moins avoué, on leur en veut d'exister. Non seulement d'exister, mais de prétendre continuer à être, et de le gueuler à tort et à travers. Ils s'entêtent, ces méchants cons-là ! Faut-il être borné, tout de même, pour vouloir s'obstiner dans un métier qui va à contre-courant de l'histoire merveilleuse du genre humain ! Alors que ce serait si simple de se reconvertir en masse (je ne l'invente pas : c'est une "proposition" que j'ai lue aujourd'hui sur un blog). Les marins pêcheurs deviendraient chefs du rayon "poissons panés" dans leur hangar à bouffe local, cependant que les routiers seraient chargés de vérifier si les Vélibs ont bien été raccrochés à l'emplacement prévu, par leurs usagers citoyens.

Ils seraient très heureux, ils se fondraient dans le paysage, on ne les verraient plus, on ne les sentirait plus ; les plus malins d'entre eux pourraient même se mettre au roller ou à la trottinette, afin de devenir enfin totalement invisibles, à l'égal de leurs concitoyens. Et c'est sans le moindre effort qu'ils voteraient "oui" à tous les référendums européens qui passeraient à leur portée.

Au lieu de cela, les mimiles font leur mauvaises têtes, avec des arguments confondants de stupidité bornée. Du genre : mon père, mon grand-père et son père avant lui pêchaient la morue au large de Terre-Neuve, je veux pouvoir continuer à prendre la mer à mon tour. Grotesque, non ? Alors qu'il leur serait si simple de se faire gardien dans le joli écomusée voisin consacré à la pêche en mer à travers les âges !

Si encore ces inconscients votaient massivement à gauche, on pourrait leur faire une petite place dans nos manèges associatifs, leur bidouiller un strapontin dans nos meetings participatifs, un bout de trottoir dans nos cortèges solidaires. Mais je t'en fous ! Non contents de sentir mauvais, ils se paient le luxe de penser mal.

Déjà, cette méfiance avouée - que dis-je ? re-ven-di-quée ! - envers l'Europe : louche, non ? Il n'y aurait pas là comme une tentation diabolique de replis identitaire, hmm ? Un malsain désir de demeurer ce que l'on a été ? Pas bon, ça, pas bon. C'est se prendre le vent du progrès en pleine poire, au lieu de se laisser par lui gentiment pousser dans le dos, les yeux mi-clos, les narines palpitantes.

Et c'est qu'ils polluent, en plus ! Pour pouvoir livrer leurs dérisoires marchandises, les routiers n'hésitent pas à asphyxier les coquelicots et les violettes de leurs gaz d'échappement avec un cynisme rare. Quand aux pêcheurs, c'est presque pire : ils seraient prêts à voir disparaître maquereaux gentils et frétillantes sardines, dans le seul but de survivre et d'assurer leur descendance. On n'est pas plus égoïste.

Le comble est que ces misérables semblaient s'attendre à ce qu'on les défendît, à ce qu'on prît fait et cause pour eux ! Ils n'ont pas encore exigé la présence d'Emmanuelle Béart sur le pont du chalutier, ni un concert de soutien de Cali au péage de Dourdan, mais c'est tout juste. Une prétention complètement irréaliste : tout le monde sait très bien qu'ils ont des papiers en règle. Faut pas nous prendre pour des pigeons, les mimiles !

44 commentaires:

  1. Salauds de travailleurs !


    iPidiblue ne nous salissons pas les mains avec le vil peuple, restons à Neuilly et à Levallois avec nos amis Sarkozy et Balkany d'ailleurs c'est Darty qui fait le service après-vente.

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  2. heu...c'est quoi une pute campagnarde?

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  3. Didier: Magnifique billet. Vous avez bien du talent. C'est ça qui est bête, ça rend malheureux de n'être pas d'accord avec vous, mais quand même... ça, c'est de la gueulante torchée, de la chronique au vin de Loire!

    Suzanne

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  4. "on ne les verraient plus"

    Vraiment ? Je les vois encore...

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  5. Ce qui me fait penser que le célèbre slogan de campagne "Travailler plus pour gagner plus" a été appliqué à la lettre par Sarkozy fils qui fait des heures supplémentaires la nuit ... toute peine mérite salaire !

    iPidiblue petit farceur de Neuilly

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  6. Et oui le plouc, le pestiféré du siècle. L'immigré fait world culture, le nanard fait honte. Tout est là dans le fond : dans le fard (pour le champ lexical) !

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  7. Didier,

    Vous devriez mettre des liens sur les blogs des bobos qui critiquent les routiers et les pêcheurs. Je ne les ai pas vu.

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  8. Didier, vous devriez mettre des liens vers la vie, la vie, la vivie, la vivivie, sans les bloblogs, où c'est qu'on clique, bordel, pour sortir de ce trou ?

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  9. Chat Huant : je voulais parler des prostituées que l'on peut voir oeuvrer sur certaines aires d'autoroutes ou le long de certaines nationales très fréquentées.

    Suzanne : cette "chronique" a été entièrement arrosée à l'eau minérale...

    M. Cingal : oui, on les voit encore, et c'est bien ce qui semble en contrarier certains.

    iPidiblue : ne traînez pas trop du côté de Neuilly. Notamment aux abords du pont.

    Ludo Lefebvre : on a inventé d'autres mots, pour désigner ce plouc : beauf, franchouillard, petit blanc, etc. On n'a que l'embarras du choix.

    Nicolas : comme je me moquais gentiment, j'ai pensé préférable de n'en point mettre. Mais j'en tiens deux ou trois à votre disposition...

    Georges : la petite porte métallique derrière le double mur de 35 tonnes...

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  10. Cela étant, nous n’avons pas encore vu de manifestation sauvage de poissons surgelés, mais ça ne va tarder, je le crains. (4 selon la police et 10 par boîtes selon la ligue syndicale des cons gelés)

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  11. Je serai concise : j'adore.

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  12. rat des villes , rat des champs, pute de ville, pute des champs, oui en somme, cela, je l'avais compris.
    mais bon c'est le bon gros cliché du routier votre billet

    votre mauvaise humeur est en tous cas communément répandue, on n'entend que cela
    le français n'a jamais supporté les grèves qui l'empêche de se mouvoir au volant de sa voiture, il doit faire un complexe d'infériorité, les gros culs le font paraître tout petit et impuissant
    je ne vois qu'une solution : expatriez vous (je n'arrive plus à vous retrouver une vidéo sur le net de deux déjantés qui chantaient une de leur composition sur la france et ses grèves, ça vous plairait bcp)

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  13. Madame Chat-Huant,
    vous n'avez pas du tout compris le billet de Didier Goux.

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  14. Emma a été plus rapide que moi : chat-huant, je crois que vous m'avez lu un peu hâtivement...

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  15. Un peu hâtivement ??? Mais elle avait pourtant passé deux heures sur la copie !

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  16. 16/20 pour Georges à son bac option "Bon Goût" !

    iPidiblue correcteur sévère mais juste.


    PS Je ne remonterai pas les notes même après objurgation du ministre de ces dames ! Je suis impartial, inutile de relever vos jupons, mesdames ...

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  17. non georges, un oeil sur l'écran, l'autre sur mon boulot, comme un exercice d'orthoptie, ça doit être pour cela
    ceci dit la video dont je parle est plutôt dans le (bon) sens du billet de DG, càd , au 2d degré

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  18. Chat Huant,

    Je pense qu'il faut croire que vous pensez certainement à bon droit pour le coup on va dire que la raison d'une telle méprise ne peut être que déduite en amont de votre synthétique esprit d'analyse mais je vous jure que le sort d'un tel affront à mon objurgation ne va sans doute pas dans le sens que vous vouliez donner après coup au retournement bathmologique de votre téléologie instinctive et néanmoins dévoyée.

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  19. eh eh... georges ne vous fatiguez pas le ciboulot...(vous etes qd même impayable dans votre ténacité à me voler dans les plumes, vous ne pouvez pas me laisser caqueter tranquille non ?)
    je n'en ai que convenu de ma méprise,
    mais j'ai réfuté la raison que vous invoquiez, pas trop vite, MAIS en biais la lecture du billet, c'est différent que voulez vous

    sinon je vais la retrouver cette satanée vidéo pour DG, parce qu'elle colle au billet du taulier de ce blog.

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  20. Dis-donc ma petite poule, ça caquète les chats huants ? Allez tenez bon ! Georges est vieux. Il n'en a plus pour si longtemps que ça.


    M-L patient.

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  21. Ça "caquette" bougre d'âne, mécréant.

    M....l

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  22. Ah les blogueurs, on ne s'en lasse pas !

    Je pose ma montre sur la table, je me donne 15 secondes, pas une de plus. Je tape à toute vitesse une longue phrase sans queue ni tête, sans réfléchir, je corrige tout juste deux coquillettes, et j'envoie…


           Un moment après, Chat Huant RÉPOND, LE PLUS SÉRIEUSEMENT DU MONDE.

    On n'en sortira pas vivants !

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  23. oui, G. vous avez raison,je suis sérieuse au possible, pas marrante et ne vous pas drôle cet am.
    sur ce, je vais boire un petit chardonnay avec des p'tites fèves à la croque au sel sous le tilleul qui embaume
    ça m'égaiera peut - etre, ne désespérez pas

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  24. Ben, c'est bien la première fois que Georges concède qu'il écrit sans réfléchir !

    Marcel... écroulé de rire

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  25. "Espace pour Georges" et ses écrits dénués de réflexion.


    "Je tape à toute vitesse une longue phrase sans queue ni tête, sans réfléchir, je corrige tout juste deux coquillettes, et j'envoie…"























    ....


    Georges... merci

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  26. Jamais, non, jamais je ne réfléchis avant d'écrire ! Vous êtes fou ! Si je réfléchissais, je n'écrirais jamais rien.

    Vous en avez mis, du temps, à vous en apercevoir !

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  27. Oui, je voulais dire qu'on est tous frères, routiers ou sardiniers et qui faut être solidaire avec les frères. Voilà, donc, je cherche PLUTON, c'est ça que je voulais dire, celui qui un gros cigare et un melon sur son profil.
    Pas Poireau, Pluton !

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  28. Un gros cigare et un melon ? C'est Marcel, alors ? Je l'ai croisé une fois, Marcel, il revenait de son PMU, mais il a fait semblant de ne pas me reconnaître, le snob !

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  29. @ georges :
    un truc bizarre qd même ds votre tête , cela fait plusieurs fois que vous dites que les blogueurs vous désespèrent, mais pq penser que les internautes et les blogueurs sont des gens différents de ceux que l'on rencontre au hasard de notre quotidien ? Mis à part le don d'ubiquité que nous avons sur le net en ayant le pouvoir d'ouvrir plusieurs fenêtres pour être ici et là en même temps, réels ou virtuels nous sommes tristement identiques..c'est à dire une construction mentale, donc des êtres virtuellement réels.

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  30. Ah bon, on peut être snob ET jouer au PMU ?
    C'est une combinaison vraiment terrible...
    Marcel, vous dites ? Celui qui a un espace-de-parole, c'est lui ? En melon et barreau de chaise ?
    Bon, on laisse tomber alors.
    Pluton, je le voyais plus entier quoi, plus viril, je sais pas moi, on va dire plus astral, plus tout, voilà, plus tout.
    Tant pis.

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  31. Cha hu, non c'est pas par parcq le net c'est pas la réal. Pq ? parcq. C'est tt.

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  32. virtual trip, yes, dodo it

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  33. "Au lieu de cela, les mimiles font leur mauvaises têtes, avec des arguments confondants de stupidité bornée. Du genre : mon père, mon grand-père et son père avant lui pêchaient la morue au large de Terre-Neuve, je veux pouvoir continuer à prendre la mer à mon tour."

    C'est en effet confondant de stupidité bornée.

    Variante: "Mon père, mon grand-père et son père avant lui conduisaient des locomotives à vapeur, je veux pouvoir continuer à conduire des locomotives à vapeur à mon tour."

    De toutes façons, il est inutile de s'égosiller à leur tenir un discours de bon sens. Il suffit d'attendre que les poissons s'en chargent.

    Quand il n'y en aura plus, ils s'aviseront bien que faire ce que son père et son grand-père faisaient n'est pas un drouadlôm.

    A ce moment-là, il sera sans doute trop tard pour se reconvertir. Mais, bon. On les aura prévenus.

    Au fait: sauf erreur de ma part, il n'en reste plus, de la morue, à Terre-Neuve.

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  34. Didier,

    Vous êtes où ? Il va falloir répondre à tout ça maintenant.

    Pour Marchenoir, vous avez droit à l'abstention. Vous l'avez trouvé où ?

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  35. Tiens, pour le plaisir de contrarier un peu l'excellent Nicolas, je ne vais répondre QUE à M. Marchenoir :

    Votre exemple des locomotives à vapeur n'est pas pertinent : les pêcheurs ne demandent nullement à revenir aux chalutiers à voile, il me semble ! Ils veulent juste ne pas DISPARAÎTRE, ce qui me paraît tout à fait légitime.

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  36. Non seulement je ne suis pas contrarié mais le poisson me disait l'autre jour également qu'il ne voulait pas disparaitre.

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  37. Vous enculez les mouches, M. Goux. Essayez donc de vous attaquer à des cibles plus dignes de vous.

    Tout d'abord, personne ne demande aux pêcheurs de disparaître. Vous allez disparaître, vous, si vous ne travaillez plus pour France Dim? Si Gérard de Villiers s'arrête de vous commander des bouquins?

    Ca va vous faire chier considérablement, ça c'est sûr.

    Mais vous passerez ce cap. Vous ferez autre chose. Comme tout le monde; comme des milliards de gens avant vous, qui n'en sont pas morts.

    La moindre corporation de merde, aujourd'hui, hurle qu'elle va "mourir" si on lui déplace son cendrier de trente centimètres vers la droite de son bureau.

    Dans le quartier où j'habite, il y a un marché en plein air. Sur une partie de ce marché, il y a des chiffoniers et des brocanteurs. Ils sont là depuis le dix-huitième siècle, environ.

    Un ou deux marchands de légumes sont là (je veux dire les mêmes personnes) depuis la Libération.

    Il y a quelque temps, la municipalité qui gère ce marché a décidé de le rénover. De refaire la chaussée, de mettre des prises électriques pour les commerçants, de refoutre tout ça aux normes pour que les camions de pompiers puissent passer si ca crame, toussa toussa.

    Bien entendu, il était hors de question de procéder à des bouleversements aussi révolutionnaires sans des mois et des mois de "concertation citoyenne".

    J'ai assisté à l'une de ces séances publiques. Pour rénover le marché, il fallait, temporairement, déplacer les commerçants, par zone, chacun son tour.

    Ca paraît assez difficile, même dans un pays ou règne le socialisme démocratique de progrès, de défoncer le sol avec un bulldozer (même tout petit) sans enlever avant de dessus le mec qui y vend ses trois revues pornos dépareillées et son stock de masques africains antiques fabriqués en Chine.

    Vous croyez que les mecs ils auraient dit merci? Merci de nous faire un beau marché tout neuf, avec des beaux pavés, des prises électriques pour nous, plus de place pour étaler nos merdes, et de façon générale un environnement plus plaisant qui par conséquent risquerait de nous amener plus de clients?

    Tout ça avec les impôts des autres, sans qu'on n'ait rien à payer ni que le prix des emplacements augmente?

    Naaaaan... pensez-vous...

    La délégation des brocanteurs faisant bloc, front de taureau, air buté, puisant son inspiration dans deux siècles de "luttes révolutionnaires", se prenant pour Victor Hugo ou je ne sais quoi, a dépêché son "leader" pour bramer solenellement: "Vous voulez nous faire mourir!"

    En fait de "faire mourir" le monde, il s'agissait de leur permettre d'occuper toute une avenue voisine, quelques mois durant, le temps que leur morceau de bitume soit rafraîchi à grands frais (les nôtres).

    Pis après, ils seraient revenus au même endroit.

    Ce qui est le fascisme en marche, on en conviendra. La nouvelle Shoah. On voulait "les faire disparaître", eux aussi.

    Ben, le maire a emballé son truc proprement, il leur a répondu: vous nous cassez les couilles, ça sera comme ça et on vous emmerde -- ou quelque chose d'approchant, enfin l'équivalent en langue politicienne.

    Et pis les travaux ont eu lieu. Et pis les brocanteurs ont été déménagés. Et pis les travaux ont fini. Et pis les brocanteurs sont revenus exactement au même endroit qu'avant.

    Et pis la foudre est pas tombée, l'Apocalypse a été reportée à une date ultérieure, les brocanteurs sont pas "morts", ils ont pas "disparu". Ils sont toujours là. Et je gage que dans un siècle, leurs successeurs y seront toujours.

    Vous trouverez d'innombrables exemples infiniment plus stupéfiants de l'ahurissant conservatisme français. Des trucs qui ont pas changé depuis deux siècles parce que. Parce que c'est comme ça. Parce qu'on a toujours fait comme ça.

    Pas parce que c'est mieux, hein. Je parle pas de la cathédrale de Chartres ou de l'enseignement de la langue française.

    Les pêcheurs, c'est pareil. Même connerie à front de taureau, même théâtre bon marché -- rôôô, le peuple opprimé qui se révolte, tout ça et mon cul.

    Mon Dieu que c'est digne et impressionnant, tout ce malheur, vraiment ils sont très malheureux et très en colère et c'est vraiment pas bien. Il faut envoyer un ministre qui va faire la gueule à la télé et compatir et marteler: poisson, salaud, le peuple aura ta peau.

    La grosse différence, c'est que vous et moi on pourra toujours échanger tous les arguments qu'on veut là-dessus, ça n'y changera rien: comme je l'écrivais, ce sont les poissons qui décideront.

    La locomotive à vapeur, on peut toujours décider de la subventionner au-delà de sa date de péremption en saignant la France à blanc au nom des "avantages acquis", de la "justice sociale" ou je ne sais quoi. C'est ce qui se passe dans d'innombrables secteurs.

    Le poisson, non. Vous pourrez toujours mobiliser des bataillons d'énarques ou de cégétistes pour se branler frénétiquement dans la mer au large de Terre-Neuve, ça fera pas revenir la morue.

    Y'a un moment où le stato-gauchiste se fracasse le crâne sur le mur de la réalité. Hélas, ce moment n'est pas encore venu, puisque, pour l'instant, le stato-gauchiste arrive encore à s'en tirer en creusant le compte en banque des enfants non encore nés.

    Mais côté poisson, même baiser la vie des enfants à naître (ce qui est activement en cours) ne suffira pas. Le poisson sauvage ne se crée pas avec du pognon. Même du pognon socialiste.

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  38. Belle démonstration de R.Marchenoir. Mais elle ne concerne que les brocanteurs et les petits marchés de ville.
    Je me demande si les mimiles, eux, n'ont pas un avenir très sombre, et qu'il faille vraiment pour eux faire autre chose.
    De toute façon si c'est pour transporter des chiffons qui doivent être livrés en 24 heures chrono, ou des tomates à travers des milliers de kilomètres, il y a de l'abus.

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  39. Monsieur Marchenoir : plaisante démonstration en effet, Emma a raison de le noter ! Mais, vous savez, je me réjouissais surtout du côté "emmerdeur" des routiers et des pêcheurs, et du porte-à-faux dans lequel ils mettaient la gauche, et les progressistes en général, contraints de plus ou moins les défendre (ce sont des travailleurs écrasés par le grand capital, gnin gnin) alors qu'au fond ils les détestent et les méprisent (ce sont des "beaufs" réacs, pas festifs pour deux ronds, etc.).

    Quant aux poissons, vous avez raison sans doute. Mais on peut difficilement imputer aux marins pêcheurs leur raréfaction (dont je me fous, dois-je l'avouer ?). Après tout, s'ils continuent à remplir leurs filets, ce n'est pas par l'effet d'une haine personnelle envers les poissons, mais bien parce que certains hommes les leur achètent, afin que d'autres (vous, moi, même Georges et Chat Huant si ça se trouve) puissent les manger.

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  40. Didier,

    Je crois que vous êtes dans l'erreur...

    "du porte-à-faux dans lequel ils mettaient la gauche, et les progressistes en général, contraints de plus ou moins les défendre"

    Non ! On n'est pas contraints de les défendre. Ce ne sont pas des employés qui sont emmerdés mais les patrons (et ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, quand les patrons n'ont plus de sous ce sont aussi les employés qui trinquent).

    Ca n'a rien à voir avec une "défense" ni de "progressisme", c'est juste l'occasion de se foutre de la g... du gouvernement qui patauge...

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  41. Je suis pourtant un petit blanc, pas bobo pour un sou... Je n'ai même pas un sans-papier dans mon loft, c'est vous dire.
    Il n'empêche que les camionneurs et les marins pêcheurs restent de fieffés trous du cul. Ils sont assez cons, ces esclaves, pour se faire les barbouzes de leurs négriers de patrons. Les plus cons étant de loin les pêcheurs.
    Pendant que nous arrosons les patrons pêcheurs de subvention pour les prier gentiment de ne pas ravager nos océans (une prime à la casse ?), ces derniers vivent confortablement sur nos impôts, étant incapables de penser leur activité autrement. Mais leurs esclaves, incapables de se dire qu'ils se font entuber par leur patron, en bons neuneus disciplinés, vont faire leurs barbouzes en intimidant les commerçants (petits blancs également), en bastonnant les opposants et les flics (dont votre serviteur) et bien sûr avec la bénédiction d'un Etat sans couille qui préfère les voir comme des victimes de la sôôciété.
    Le poujadisme a de beaux jours devant lui...

    Une pensée pour le CRS qui ne marchera plus comme avant, victime de ces abrutis de pêcheurs qui sont trop cons en crachant dans la soupe qui les nourrit !

    Salvatore, Petit Blanc en bleu

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  42. Je crois avoir compris le point de vue anti "gauche caviar" que vous exposez.
    Je trouve l'argument facile. Taper sur le bobo ne résout rien, n'aide même pas à la prise de conscience, et reprocher au bobo de n'être pas un saint est une réaction peu glorieuse.

    On peut en dire autant des bienpensants de droite, qui défendent leur égoïsme et leur rentes en faisant moultes références à la "valeur travail" sans jamais avoir soi-même servi un sandwich dans un macdo ou démonté un moteur.

    Concernant nos amis les mimiles, la réaction à leur situation est forcément embarassée: d'un coté on ne peut qu'être désolé pour eux, qui devront changer de métier, sauf intervention du saint esprit, de l'autre, on ne peut que relever que les mêmes mimiles ont royalement ignoré pendant des années les avertissements des "bobos" gauchistes -qu'ils méprisent-, lesquels s'étaient rendu compte de façon puremetn intellectuelle de ce qui les attendait au tournant.

    Maintenant qu'on sait que Cassandre avait raison, que fait-on? On embrasse les mimiles pour les consoler? On leur dit que c'est pas grave et qu'ils vont pouvoir continuer à vivre comme ils le faisaient, qu'on lâchera des poissons d'élevage dans la mer pour qu'ils puissent les capturer avec leur superbes chalutiers industriels suréquipés que leurs grand-parents pêcheurs ne pouvaient même pas imaginer? Ou qu'on arrachera les rails des trains de marchandises pour payer un peu plus de pétrole un peu plus longtemps pour qu'on puisse bien continuer à dépasser les horaires de conduite sur la route?

    C'est peut-être pour ça que les réactions sont embarrassées, non?

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.