« L'hyperdémocratie et son corrélat l'antiracisme dogmatique, qui est à l'antiracisme ce qu'elle est elle-même à la démocratie, ont une même façon de traiter les idées déplaisantes - idéologiquement déplaisantes, car ils s'accommodent très bien des mauvaises nouvelles de l'écologie, par exemple, quand elles n'ont pas de connotations idéologiques - : c'est de poser en principe préalable qu'elles sont fausses, de ne les examiner même pas, de ne vouloir pas les entendre et de déclarer abjects, voire criminels, ceux qui oseraient malgré tout, sinon les soutenir, du moins les avancer pour discussion. Que de façon générale, et avec toutes les exceptions individuelles qu'on voudra, au premier rang desquelles celles du génie, il faille deux ou trois générations pour faire un individu tout à fait accompli culturellement, voilà bien, quoique ç'ait été la conviction tranquille de presque tous les siècles avant les nôtres et de la plupart des civilisation, le genre d'opinions qui ne saurait en aucune façon être reçu parmi nous. S'il était avéré qu'hérédité et culture fussent étroitement liées, on préférerait encore sacrifier la culture, par horreur de l'hérédité, antidémocratique par excellence dès lors qu'elle revêt la forme d'un privilège. Or c'est à peu près ce qui est arrivé, car le lien est bel et bien attesté, comme en atteste à l'envi tout le vocabulaire métaphorique gravitant autour du mot culture : héritage, patrimoine, transmission, etc. La culture est la culture des morts, des parents, des grands-parents, des aïeux, des ancêtres, du peuple, de la nation ; et, même, de cela qu'on ne peut même plus nommer, d'autant qu'il est convenu qu'elle n'existe pas, la race. Celle-là, il est significatif qu'elle soit interdite de séjour. Mais à travers elle, entraîné dans sa chute et dans sa proscription, c'est tout ce qui relève de la lignée, de l'héritage, du patrimoine, qui est visé ; et la culture, par voie de conséquence, qui est atteinte. »
Renaud Camus, La Grande Déculturation, p. 64-65, Fayard.
Renaud Camus, La Grande Déculturation, p. 64-65, Fayard.
Comme ça faisait longtemps que je n'avais pas joué à l'odieuse troll, je dirais, histoire de chipoter, qu'au mot hérédité je préfère celui d'atavisme, qui, à l'opposé du premier se situe dans le registre de la conduite, de l'habitude, de la "culture" familiale, plutôt que dans ses caractéristiques génétiques.
RépondreSupprimerDom : le mot "hérédité" ne fait pas obligatoirement référence à la seule génétique (tout comme le mot "race" d'ailleurs).
RépondreSupprimerEmma : qui est Paul Villach ?
Merci, Emma de me le dire. C'est gentil.
RépondreSupprimer1 - Hello Didier Goux. Bonne semaine !
RépondreSupprimer2 - Dom, sans vouloir exploser ton troll en plein vol, génétiquement ou au sens figuré, l'atavisme est tout ce qui est susceptible de sauter une ou plusieurs générations. Ex : ta grand-mère était blonde , ta mère brune, et tu es blonde > réapparation d'un handicap, heu... d'une blondeur atavique.
Shoot again :D
Scusez-moi, j'm'a gourrée de Dom.
RépondreSupprimerOn me dit off que c'est pas ma Dom.
Toutes mes confuses.
Oui, il y a deux Dom, ici : l'une commente, l'autre pas...
RépondreSupprimerEuh, je suis désolée de ne pas savoir faire des "liens" ; j'ai trouvé cet article dans les "nouveautés" affichées sur le site de la SLRC à la date du 21 juin.
RépondreSupprimerEt qu'est-ce qu'elle fera cette classe héréditaire, cultivée pendant 3 générations en vase plus ou moins poreux ? Quelle utilité – oui je sais le terme même fait mal !-, aura cette collection d'individus ayant atteint, alentour de leur 70ème année et après une ascèse telle qu'elle interdira toute vie familiale (et donc toute oeuvre de transmission « héréditaire »), une "claire conscience de la préciosité du temps". Elle produira des oeuvres nouvelles cette classe cultivée ? A l’usage de qui ? Elle conservera le patrimoine culturel (au sens de Fort Knox) en se gardant de diffuser quoi que se soit sous peine de ruiner son mécanisme de reproduction de classe et, donc, son essence même ? Elle éclairera le monde, le dirigera ? Mais à partir de quelle compétence démocratiquement contrôlable –oui ça fait mal aussi-, puisque la culture lui sera consubstantiellement réservée ? A-t-elle un projet politique ou n’est-elle, au fond, que la revendication d’un entre-soi de plus dans notre société atomisée où l’on dissertera en colloques perpétuels et consanguins de la « claire conscience de la préciosité du temps » ? Inutile d’en faire un fromage ou un parti, une association gentiment savante et une paire de blogs y suffiront.
RépondreSupprimerMarcel… collection de molécules provisoirement ordonnées et attachées à la démocratie. Pas disposé du tout à se laisser dissoudre dans un procès en hyperdémocratie.
Pour ne pas faire de place à un malentendu : Le caractère atomisé de la société et le développement de "groupes", de mouvements, de "sociétés" sur des bases affinitaires ne me pose aucun problème.
RépondreSupprimerMarcel... atomisé
J'ai revu hier soir "Devine qui vient dîner? " c'est un excellent film mais ils ont fait une faute de goût, ils ont mis un noir dans la distribution !
RépondreSupprimeriPidiblue retourne en enfance
Les mécanismes de reproduction ou d’amplification « héréditaires » -au sens camusien non génétique- de l’accès à la culture sont à peu près inchangés et conformes à "...la conviction tranquille de presque tous les siècles avant les nôtres...". La discrimination (sens camusien) dans l’accès AUX OEUVRES culturelles n’a guère été modifiée par la démocratisation de l’accès AUX LIEUX où ces œuvres sont présentées. Les portes ouvertes de la « grande déculturation », mais bien au-delà de l’école publique, c’est le théâtre d’ombres de la conservation des mécanismes de transmission de la culture et, plus généralement, de la verticalisation acceptable de la société. C’est de la compensation hyperdémocratique, de la méthadone culturelle. En matière de culture, de privilège et d’hérédité, j’ai lu mon petit Bourdieu illustré moi aussi et je suis tout disposé à en retourner les liens causaux. Mais là Camus se trompe de cible, victime d’un leurre hyperdémocratique dans lequel il n’aurait vu que le chiffon rouge ? Le problème n’est pas le mode (inchangé) de (re)construction d’une élite culturelle, ni l’apparent statut de la « culture » mais bien le rôle (c’est pas le statut) de ceux qui se revendiquent d’une « classe cultivée » dans notre société. C’est de cela qu’il faut débattre et c’est d’un tel débat que peut naître le fondement d’une démarche politique.
RépondreSupprimerMarcel
mais bien au-delà, de l’école publique,
RépondreSupprimerLa virgule oubliée est ici capitale. Pardon au taulier de bouffer de la place.
Marcel
Conviction tranquille ?
RépondreSupprimerCe qui caractérise la "classe cultivée" et son mode de reproduction pas si tranquille que ça, c’est bien (aussi si on préfère) son statut auquel sont associés d’autres privilèges que la joie immense d’être cultivé et d’avoir une claire conscience de la préciosité du temps. Sa préoccupation essentielle a bien été de reproduire ce statut et non pas les conditions d’une amplification de la culture. L’incroyable stagnation (tranquille) des savoirs à certaines périodes et dans certaines civilisation est directement corrélable à la tranquillité avec laquelle les élites culturelles se reproduisaient sur une confiscation et une sclérose totale des savoirs. Ce sont des privilèges tout à faits matériels qui ont conduit à capter, comme on ferait d'un héritage, le privilège d’être cultivé. Comme le maintien de ces avantages ou l’accès à d’autres n’est plus dépendant de cet « héritage », il a été laissé aux va-nu-pieds, aux nouveaux riches, aux parvenus du savoir. Que ces derniers réclament aujourd’hui un statut de classe cultivée et les privilèges afférents, appartient à la circularité des mouvements de déclassement/reclassement dans une société.
Marcel... pas tranquille du tout
L'autre ne commente pas, mais elle lit avec assiduité.
RépondreSupprimeret je suis bretonne.
Emma: l'orthographe, si elle n'a pas été apprise à l'école primaire sous la férule, c'est irattrapable à l'âge adulte.
RépondreSupprimerMais non !
D'abord, les enfants ne sont pas égaux devant l'orthographe, même au sein d'une même famille, même avec le même maître, même s'ils sont grands lecteurs. Mémoire visuelle ? structures cervicales ? ensemble de prédispositions en partie héréditaires, en partie congénitales? mélange du tout ? On ne sait pas trop. N'empêche qu'il y a des minots qui ont une orthographe intuitive remarquable, et d'autres qui pousseraient leurs parents et instituteurs au suicide.
Garcia Marquez avait une orthographe abominable. Il raconte ça dans son autobiographie: sa mère, qui n'était pas allée beaucoup à l'école, lui renvoyait ses lettres avec les mots fautifs entourés de rouge pour lui faire honte, alors qu'il était prix Nobel...
On peut s'améliorer à tout âge, comme pour n'importe quel apprentissage, et même si on n'arrive pas à un résultat parfait, qu'importe après tout ? Des fautes, tout le monde en fait. La politesse consiste à se relire et à être aussi propre dans ses mots que possible.
Par contre, es négligents du point, les escamoteurs de virgule, les débandants du point d'exclamation, c'est rien que des mous du ciboulot, des avachis et des indélicats.
"Par contre, les négligents du point, les escamoteurs de virgule, les débandants du point d'exclamation, c'est rien que des mous du ciboulot, des avachis et des indélicats."
RépondreSupprimerSuzanne : je m'aperçois que je relève d'au moins deux des catégories fautives que vous mentionnez. Mou ou avachi ? Je vous laisse trancher.
Marce(.)... qui aura eu la délicatesse de vous restituer un l.
Suzanne,
RépondreSupprimermerci de me répondre, j'ai supprimé deux de mes commentaires, je ne les aimais pas.
Vous, par contre, vous écrivez drôlement bien, mazette !
Marcel : je vous ai lu attentivement. Pas répondu, faute de temps, et parce que cela demanderait que je réfléchisse : vous voyez le malaise ?
RépondreSupprimerDom-la-Bretonne : vous êtes ici chez vous...
Suzanne : d'accord avec vous. Je crois pouvoir dire que j'écris le français à peu près correctement (mais sans talent ni génie), or, j'ai un problème insurmontable avec les accents circonflexes. Pourquoi ? N'en sais rien...
Emma : l'autocensure est acceptée sur ce blog !
Pour les accents je peux suppléer à tonton Goux notre diable de correcteur et je prends pas cher !
RépondreSupprimeriPidiblue Homunculus
Emma: merci pour ce gentil compliment.
RépondreSupprimerMarcel: Vous avez l'oeil, hein...
Didier: si si si, il faut réfléchir. N'oubliez pas, Renaud Camus a dit que la culture allait se réfugier sur le Net dans des monastères qui la protégeraient. Déjà, votre icône, c'est un petit moine, non ?
Je viens de relire mes commentaires. C’est risible non ? J'en conclus que quelqu'un qui prend un tel problème au sérieux (n’importe quel problème à vrai dire !) a vraisemblablement perdu la claire conscience du temps qu'il lui reste à vivre.
RépondreSupprimerMarcel
Je passais par là par hasard... Pôvre de moi! (Avec accent circonflexe:-)) Bon je m'en vais bien vite. Je poste juste un lien sur le sujet de l'article:
RépondreSupprimerhttp://www.nonfiction.fr/article-1170-un_livre_raciste.htm
A lire les commentaires. Ce que je n'ai pas fait puisque je me fous de ce livre.
iPidiblue, parfait : vous êtes désormais chargé de chapeauter mes accents circonflexes.
RépondreSupprimerAsse42 : l'article que vous mettez en lien est stupide et gratuitement haineux : sans intérêt. Et vous avez bien raison de vous détourner du livre de Renaud Camus : vous pourriez y tomber sur des vérités désagréables et propres à troubler votre sommeil.
Marcel: vos propos me rappellent ceux de Simenon qui disait dans ma télé la semaine dernière que le pire n'était pas de faire perdre à autrui son argent mais son temps. On ne sait pas celui qui reste à vivre à son interlocuteur qui peut aussi bien rendre l'âme le lendemain, alors, le faire attendre, lui faire perdre une heure, c'est peut-être gravissime. (Et ce n'est pas ennuyeux de relire vos commentaires.)
RépondreSupprimerVous n'avez pas vu mes moufles - c'est pour taper sur mon clavier ?
RépondreSupprimeriPidiblue chapeauteur