lundi 9 juin 2008

Le jour où l'on n'a pas dîné avec Léo Ferré (I)

L'automne 1985. Automne éternel pour toi, et sans poésie de mauvais aloi, puisque tu n'as pas atteint l'hiver. Disons qu'on y est entré ensemble, Jean-Michel, toi et moi, et que tu as jeté l'éponge avant la sortie - peut-être faute de la trouver. Bref.

Je n'arrive pas très bien à me souvenir si c'était à la fin de septembre ou au début du mois suivant. Ta dernière sortie de vivant, quoi qu'il en soit, si l'on excepte cette virée de Toussaint à Strasbourg, deux semaines exactement avant ta mort. Un ultime voyage, donc,, tous les trois, dans ma Simca 1100 bleu ciel métallisé, un vrai poème. Elle resservira bientôt, dans des circonstances plus froides, infiniment.

Pour l'instant, il fait chaud. Le programme est le suivant : une semaine à Rome, quarante-huit heures à Florence et quatre jours à Venise. Tu t'es occupé de tout, c'est-à-dire des réservations d'hôtel ; à Rome, au bord de cette place sans grand charme, dont le nom m'échappe, tout près du Tibre et du château Saint-Ange ; et à Venise, dans un couvent de San Marco où nous assisterons à la retransmission de ce match de football (Juventus - je ne sais qui), qui fera un certain nombre de morts avant même son coup d'envoi - ce qui n'empêchera nullement les bonnes soeurs italiennes de le suivre avec enthousiasme. Re-bref.

Comme la mort est une esthète, ou une cinéphile, c'est ici même, à Venise, qu'elle viendra te rappeler tes devoirs envers elle et ne te lâchera plus. Mais, pour l'instant, nous nous apprêtons à quitter Rome, que Jean-Michel et moi avons parcouru dans tous les sens, à pied, nous épuisant à te suivre, et feignant de croire à ton éternité.

Moi, j'ai un autre problème, dont je n'ai encore parlé à aucun de vous deux. Et c'est Léo Ferré.

3 commentaires:

  1. La mort, c'est la meilleur metteuse en scène qui soit. Toujours un épisode grandiose à la fin... ou minable suivant son humeur du jour !
    :-)

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  2. Je saurais attendre comme disait si bien le cardinal de Bernis !


    iPidiblue par le chemin des écoliers

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.