dimanche 1 juin 2008

L'avenir du futur doit rester radieux

On s'occupe beaucoup de moi, depuis deux jours, chez les petits ludions blogosphériques (enfin, beaucoup...). On s'occupe "en creux", en supprimant hâtivement le "lien" dont on avait cru devoir me gratifier (je signale au passage à certains qu'ils n'ont toujours pas procédé à la dite suppression et que cela pourrait être interprété comme de la mollesse idéologique...) ; ou bien, si on a du temps à perdre, et qu'on est vraiment très très colère, on s'occupe de moi "en plein".

Le billet mis en lien (dont je vous recommande de ne surtout pas sauter les commentaires, au moins aussi savoureux que le texte qui les suscite) a pour but de me "refaire le portrait", selon l'expression en cours chez les petites frappes d'il y a quelques décennies. On n'y parvient qu'à demi, à mon avis ; sans doute s'est-on un peu précipité. Mais c'est sans grande importance : il ne s'agit pas de faire ressemblant mais conforme. Conforme à ce que me voilà devenu, à ce que je ne puis qu'être, puisque j'ai eu le mauvais goût de ne pas me pomponner aux couleurs du temps avant de sortir dans le grand blogomonde. Le gentil troll tolérable devient une bête éructant aux quatre vents du non-esprit.

Ce qu'on me reproche est bouffon, quand ce n'est pas purement fantasmé. Bouffonne, l'accusation de "sur-idéologisation" (ouf !) de ce blog depuis quelques semaines, prononcée pour l'essentiel par des gens qui, chaque matin, administrent sur le leur la preuve qu'ils sont incapables de voir ce qui les entoure sans leurs petits bésicles d'idéologues (bleu ciel pour les garçons, rose bonbon pour les filles). Fantasmée, l'affirmation de je ne sais quelle tristesse, voire dépression dont je serais dès lors accablé.

Fantasmée mais logique. Toute inquiétude, aussi légère soit-elle, concernant l'avenir radieux du futur, parce qu'elle demeure incompréhensible, impénétrable, littéralement invisible du fait des bésicles bleus ou roses, doit aussitôt être médicalisée, et le malade conduit toute affaire cessante aux urgences. C'est ce qui n'a pas manqué de se produire : je suis illico devenu quelque-chose-phobe et en proie à des délires. Délires que les plus futés parmi mes ludions diagnostiqueurs pressentaient depuis déjà quelque temps, affirment-ils : sous l'incubation, la rage.

Tout cela rappelle agréablement les logiques méthodes de la riante ère brejnevienne en Union soviétique, selon lesquelles, le régime communiste travaillant au bonheur de l'Humanité, s'interroger sur lui revenait à avouer sa folie (ses délires et ses phobies, comme on ne pensait pas encore à dire en ces lointaines époque et contrée) et, donc, à se retrouver interné.

Négliger d'allonger la foulée pour tenter de rattraper un monde ne sachant absolument pas où il va est une autre forme de folie, encore bien plus grave que la précédente, à laquelle, hors des frontières barbelées de l'Est de l'Europe, il était tout de même permis d'échapper. Désormais, les barbelés ayant disparu, vous êtes requis d'être vous-mêmes, à chacun, votre propre mirador. Et l'avenir du futur est de mieux en mieux gardé.


[Rajout : comme on ne va pas manquer de m'accuser d'envoyer ma "cour" chez Dorham pour y troller à qui mieux mieux, je précise qu'il n'en est rien ; et même il me semble tout à fait inutile de laisser là-bas le moindre commentaire.]

[Deuxième rajout : on me reproche de passer sous silence l'existence de ce billet (sous-entendu : parce qu'il me gêne, je suppose). Voilà qui est réparé.]

17 commentaires:

  1. Oh,là, là. J'ai lu cette page avec les commentaires, c'était du fiel et rien d'autre. Mettez-nous quelquechose de plus intéressant à lire, s'il-vous-plaît ! Tiens, moi je viens de voir un film : « A bord du Darjeeling limited » , je ne pensais plus à tous ces grincheux.

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  2. Quel raout ! Vous avez été mordu par un chauve-souris ?


    iPidiblue ne fréquente plus jamais les mauvais liens.


    PS : "Ca y est t'es une vedette ma poule !"
    Alain Delon à Jean Claude Brialy le soir de la première du "Beau Serge".

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  3. Cela me rappelle une jolie anecdote rapportée par Hannah Arendt :

    Hans Morgenthau lui demande :

    «Qu'êtes-vous ? Conservatrive ? Libérale ? Quelle est votre position sur l'échiquier contemporain ?»

    Elle répond :

    «Je ne sais pas. Je ne sais vraiment pas et ne jamais su. Et j'imagine que je n'ai jamais eu de position de ce genre. La gauche, vous le savez, me tient pour conservatrice, et les conservateurs, parfois, pour quelqu'un de gauche, une réfractaire ou Dieu sait quoi. Et je dois dire que cela m'est complètement égal. Je ne crois pas que ce genre de chose éclaire le moins du monde les véritables questions de ce siècle. je n'appartiens à aucun groupe (...) Je n'ai jamais été libérale. Quand j'ai dit que je ne l'étais pas, j'ai omis de signaler que je n'ai jamais cru au libéralisme. Quand je suis arrivé dans ce pays, j'ai écris dans mon anglais boiteux un article sur Kafka, et ils l'ont "anglicisé" pour la Partisan Review. Et quand je suis allée leur parler de l'anglicisation et que j'ai lu cet article, le mot «progrès», entre tous, m'a sauté aux yeux. J'ai objecté : «Que voulez-vous dire par là ? Je n'ai jamais employé ce mot», etc. Du coup, un des rédacteurs est allé en voir un autre dans la pièce à côté. Ils m'ont plantée là et je les ai entendus dire, d'un ton réellement désespéré : «Elle ne croit même pas au progrès !» »»

    Pour ce qui est de l'article que vous citez, je n'ai pas eu le courage de le lire jusqu'au bout. Trop de lourdeurs, et pas suffisamment intéressant (au premier coup d'œil) pour mériter l'effort.

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  4. Emma : non, je ne crois pas qu'il s'agisse de fiel. Plutôt une sorte de trépignement d'enfant qui pense qu'on l'a trompé sur la valeur de son nouveau jouet. Et puis, aussi, la satisfaction, une fois réglé le compte du "phobique", de se retrouver entre soi, marchant ensemble vers la lumière.

    iPidiblue, vous êtes un sage...

    Jean-Baptiste : moi, ce n'est pas la même chose : le suis le personnage principal, il fallait bien que j'aille au bout. (Pour Arendt, j'ai lu ce texte il y a peu, mais je ne sais plus du tout où...)

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  5. Je reviens d'un petit survol du "sanctuaire de la bien-pensance", en rase-motte car ça vole bas dans ce coin et puis, tous ces miradors... No comment.

    P.S : chambellan ou médecin du monarque façon :" jm'en vais lui faire une ordonnance et une sévère...et cetera" .

    Pluton toujours pas d'extrême-droite.

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  6. J'y suis allée, j'ai lu.
    c'est rigolo.
    On dirait des cathos qui se seraient laissés entraîner à lire un livre dont ils viennent de découvrir que l'Eglise l'avait mis à l'index. Confession publique, contrition, et là, ils sont en train de prier pour le salut de votre âme immortelle.

    Suzanne

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  7. Je suis partisan de la saignée à outrance de toutes les manières ... amenez-moi vos jeunes vigilants je vais leur poser des sangsues, ça va calmer leurs humeurs belliqueuses et soigner leur bile noire !

    iPidiblue premier médecin chez monseigneur le comte de Bon Goux

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  8. Bah... une prière ne peut jamais faire de mal. Quoique je doute que ce soit à Dieu qu'ils recommandent mon âme...

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  9. "Désormais, les barbelés ayant disparu, vous êtes requis d'être vous-mêmes, à chacun, votre propre mirador. Et l'avenir du futur est de mieux en mieux gardé".

    Oui, et cela me rappelle ce passage du Docteur Jivago :
    "L'immense majorité d'entre nous est contrainte à une duplicité constante, érigée en système. On ne peut, sans nuire à sa santé, manifester jour après jour le contraire de ce que l'on ressent réellement, se faire crucifier pour ce que l'on n'aime pas, se réjouir ce ce qui vous apporte le malheur. Notre système nerveux n'est pas un vain mot ni une invention. C'est un corps physique composé de fibres. Notre âme est située dans l'espace et se place en nous comme les dents dans la bouche. On ne peut sans cesse la violenter impunément
    - Il m'a été pénible d'écouter le récit de ton exil, Innokenti, de la façon dont tu as mûri et dont cet exil t'a rééduqué. C'est comme si un cheval racontait comment il s'est dressé lui-même dans un manège".

    Didier Goux, réagir est une question de survie. N'hésitez donc pas !

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  10. Dites à Adeline que le dimanche je fais des messes noires et que je sacrifie à Belzébuth !

    iPidiblue sataniste

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  11. Ce qui me fait penser à la célèbre publicité hollywoodienne : le monstre que vous allez adorer détester !

    iPidiblue comte Dracula

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  12. "L'écriture, c'est quand même puissant.
    C'est assez incroyable quand on y pense, non ?"

    ... La connerie, c'est quand même puissant. C'est assez incroyable quand on y pense, non ?...

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  13. Il Sorpasso, Marchenoir et Ipidiblue, tous d'extrême droite, déviants, méchants, bouh !

    Je me souviens d'un commentaire de Marchenoir à propos de méchants spéculateurs qui affameraient le gentil peuple. Après un raisonnement impeccable, Marchenoir conclut d'un : "et j'aimerais bien savoir ce que c'est un spéculateur pour vous, un mec qui arrive dans une banque la bite à la main en disant, vite je veux enculer un pauvre ?"

    Ah c'est assez distrayant finalement ces liens que vous nous indiquez.

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  14. La chauve-souris, c'est une échappée du dessin de Goya ? Jolie idée, monsieur iPidiblue !
    On va maintenant pouvoir sabler le champagne entre réac.

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  15. Vous me préviendrez tous quand l'orage sera passé...

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  16. Sylvie : personne ne vous préviendra : prenez des risques ! (Mais ne restez pas sous les grands arbres.)

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  17. D'autre part, Sylvie, vous devriez éviter de vous montrer ici (ou alors sous un pseudonyme non identifiable) : je dis cela dans votre intérêt, sinon, pour moi, c'est toujours un plaisir...

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.