mercredi 18 juin 2008

À propos de l'Europe : deux regards

« Partout où les noms de César, de Gaius, de Trajan et de Virgile, partout où les noms de Moïse et de saint Paul, partout où les noms d'Aristote, de Platon et d'Euclide ont eu une signification et une autorité simultanées, là est l'Europe. Toute race et toute terre qui a été successivement romanisée, christianisée et soumise, quant à l'esprit, à la discipline des Grecs, est absolument européenne. »

Paul Valéry, La Crise de l'esprit, 1924.


« Est européen celui qui a conscience d'appartenir à un tout. Si l'on n'a pas cette conscience, et si donc on n'est pas européen, cela ne veut pas dire pour autant que l'on est un barbare. Mais on n'est pas européen sans le vouloir. Pour transposer ce que Renan disait de la nation, l'Europe est un plébiscite constant. Même ce qui repose dans la conscience historique, tout ce qui est source, racine, est revu à partir d'une conscience ; et, dans une certaine mesure, l'histoire elle aussi est fabriquée à partir de celle-ci. »

Rémi Brague, Europe, la voie romaine, 1992.

20 commentaires:

  1. Autant j'aime le premier extrait, clair tel de l'eau de roche, mais pour le deuxième, cher Didier, la barre est haute : la philosophie politique est austère, il faut retenir son souffle pour comprendre.
    Tandis qu'avec Valéry, on est moins pris à la gorge, c'est comme si un grand-père venait raconter à ses petits-enfants ses souvenirs d'école.
    Merci de trouver tout ça.

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  2. Emma : j'ai mis le deuxième extrait uniquement pour faire mon intelligent : l va de soi que je n'y ai rien compris.

    Quant à l'image de Valéry faisant sauter ses petits-enfants sur ses genoux en leur racontant pourquoi les civilisations sont mortelles, je la trouve... mortelle.

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  3. Entre 1924 et 1992, une chose est sure : on est passé de la clarté au sabir.

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  4. Il faut bien admettre que l'élégance et la fluidité du style ne sont pas les qualités dominante de Rémi Brague. Disons tout de même à sa décharge que ce passage fait partie d'un tout plus vaste et n'était pas destiné à être isolé comme je l'ai fait.

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  5. La philosophie à coups de massue, moi j'appelle cela !


    iPidiblue maître Yoda du côté de la force obscure

    "Quand neuf cents ans comme moi tu auras, moins en forme tu seras, élève Goux !"

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  6. « ... à sa décharge... »

    En effet.

    Les idées, ce grand dépotoir.

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  7. Je m'élève contre la description d'un grand-père à la Victor Hugo, (sentimental comme vous dites, à l'écoeurement) mais je pense à François Mauriac en train de lire à ses enfants des livres de littérature française, le soir.
    Bon d'accord c'est moi qui ai évoqué cette histoire de "grand-père"..., mais c'est un de mes fantasmes : avoir des souvenirs d'école presqu'aussi profonds et doux que des souvenirs d'enfance de soirées familiales en vacances.

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  8. Une déchetterie accessible :

    http://www.lavie.fr/l-hebdo/archives/detail-archive/article/0310-remi-brague-dynamite-les-mythes/retour/158/hash/e2b3678ff8.html?tx_ttnews%5BpS%5D=1207930311

    Triez, triez.

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  9. « Kim,Décidément, "j'ai envid'dire....etc...", c'est ce que vous faites de mieux. Un atavisme irrépressible ?Georges ouvrez les yeux ! »

    Marcel, tu m'emmerde ! Je ne te publierai pas, anonyme ou Marcel, et c'est pas la peine de m'inonder de tes commentaires morveux.

    Pour ce qui est de Rémi Brague, je ne comprends pas ce que vous avez tous à faire semblant de ne pas comprendre. Il est évident que, replacé dans son contexte, cet extrait n'est ni obscure ni mal écrit. En tout cas, bien moins que les communiqués alambiqués et souvent laborieux de l'In-nocence !

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  10. Le côté obscur de Georges trouble tout

    iPidiblue Yoda suis !

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  11. Oui, pardon, ce n'est pas pour corriger mes fautes d'orthographe, que je reviens, mais pour dire qu'à mon avis, c'est plutôt Tang, qui m'a envoyé cette énième merdouille. Marcel est assez chargé comme ça (tu sais que depuis que tu viens régulièrement chez Georges, je me suis équipé en Fébrèze, Marcel, tu pourrais peut-être te laver plus souvent ?), pas la peine de lui en remettre une couche.

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  12. allons donc, voilà-t-y pas qu'il est anticonformiste de fustiger la modernité, le Remi Brague là, il est hardi
    pfff..à quoi ça mène la philosophie

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  13. Mais alors Georges, c'est Marcel ou Tang qui vous harcèle ? Et les autres blogueurs font semblant de ne pas comprendre... hum, hum ! Et avec votre père, ou l'autorité en général, vous aviez quel type de rapport enfant ?

    Bon là c'est moi... ça se sent non ?

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  14. ou l'on voit bien que nos "élites" n'ont lu ni rémi Brague ni Valéry..ni rien d'ailleurs
    prolétarisation dit R Camus, médiocrité et anomie aussi caractérisent notre époque.
    allez, un ptit coup d'jaja, pour oublier ce cauchemard...

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  15. Arrêtez un peu la pose, là ! Nos élites, si ça se trouve, elles lisent plus que toi, Machin. Y a pas que RC et Rémi Brague, dans les bibliothèques.

    Ça me fait mal de dire ça, parce que je ne peux pas dire que je les porte dans mon cœur, nos "élites", mais vous me faites tous un peu marrer, là, à vous gargariser de votre RC & co. On dirait que c'est la première fois que vous découvrez un auteur intéressant.

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  16. Bon, là, je voulais laisser un commentaire intelligent, mais je ne trouve rien.

    Si, tout de même, à Georges, à propos de Rémi Brague : si j'ai publié ce passage de lui, c'est évidemment parce que je pensais l'avoir compris. Il reste que, ayant poursuivi ma lecture du livre dont il est extrait, il m'est apparu que le philosophe en question n'écrivait pas un français des plus fluides ni des plus élégants. Ce qui gêne un peu la lecture, mais n'ôte rien à la pertinence et à la richesse du propos.

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  17. Cher Didier, je fais mon auto promo, avez vous lu la recension du livre de Rémi Brague que j'ai eu l'insigne honneur de présenter devant lui?

    http://hommesansqualites.blogspot.com/2006/11/europe-la-voie-romaine-rmi-brague.html

    Moi j'aime bien lire Rémi Brague, c'est une écriture très rigolote - mais je vais encore me faire prendre pour une idiote finie alors je n'en dis pas plus, même si cet homme est probablement le plus intelligent que j'ai eu la chance de rencontrer.
    Bonne journée!

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  18. Ma chère Élise, si vous voulez que l'on vous visite, il faudrait peut-être apprendre à faire un lien !

    Je vais y aller de ce pas. Mais vous aurez du mal à me persuader que Rémi Brague (dont la lecture me passionne) écrit bien...

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  19. Didier, je ne sais pas faire (je ne suis pas rompu aux techniques d'attraction de flux blogesques), mais vous pouvez faire un copier coller! Et puis, vous êtes un petit malin, vous pouvez même trouver tout seul...

    Rémi Brague est brillant, pertinent est drôle; je ne lui en demande pas plus et me prosterne devant son talent!

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  20. Donc si nous appliquons la vision de Paul Valéry, Toute la Scandinavie, une grande partie du monde slave, l'Irlande, l'Ecosse et l'Islande ne sont pas des pays européens puisqu'ils n'ont pas été romanisés et l'influence grecque est indirecte (c'est-à-dire moins importante qu'en Asie Centrale et surtout dans le monde musulman).

    Et par conséquent, bon nombre de pays méditerranéens du "monde musulmans" peuvent prétendre à une certaine "européanité"... La Turquie notamment.
    Ces pays méditerranéens ont été romanisés, se sont bâtis sur la culture grecque antique et ont connu l'essor de grandes communautés chrétiennes qui ont même eu une influence majeure même sous la domination musulmane (nombre de ministres des Sultans et califes étaient des chrétiens syriaques par exemple).

    Je trouve cela assez drôle de voir comment certains se débattent non pas pour fédérer et construire un idéal supranational et une identité fédéral mais pour exclure ce qui à leurs yeux ne leur ressemble pas. Cela montre bien la pauvreté intellectuelle de ceux qui sont chargés de construire l'Europe.

    Il serait temps de comprendre qu'une identité nationale (ici supranationale) est un construit social fondé sur des mythes. Ces mythes sont bien souvent des créations bien plus actuelles qu'on ne l'imagine (cf. les mythes républicains français). Le berceau de l'Europe est un débat stérile d'historiens.
    L'Europe ne se fondera pas uniquement sur ses prétendues racines surtout quand ces fameuses racines ne servent que des mythes que nombre d'historiens démontent.

    Salvatore

    PS : Si ce n'est déjà fait, je vous conseille la lecture de l'essai de Benedict Anderson, L'imaginaire national.

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