« On ne compose pas avec le fanatisme, telle est enfin la leçon qu'en pleine épidémie de chauvinisme barrésien nous donne Proust. La ruse du fanatisme consiste à invoquer le caractère respectable des causes qu'il prétend servir – salut du peuple, grandeur nationale, prospérité, inhumation de ses propres victimes – pour imposer silence à ceux qui le dénoncent précisément à cause de cette imposture. C'est pourquoi on ne doit pas transiger avec l'injustice, ni se mettre en position d'attente devant le mensonge, ne faire des concessions à la violence, ni sa part à l'intolérance. L'intolérance, par définition, ne compte pas sur des arguments, des "échanges d'idées" avec ses adversaires pour s'imposer, mais sur des positions de force, les seules sur lesquelles elle puisse s'appuyer et qu'elle puisse élargir. S'imaginer que si on évite de la brusquer elle va s'apaiser d'elle-même, c'est s'incliner devant un besoin d'expansion par définition insatiable puisque non fondé en droit et en raison. Cette naïve tactique est un suicide : les préjugés ne sont jamais reconnaissants. »
Jean-François Revel, Sur Proust, p. 124-125, Grasset - Les Cahiers Rouges.
Jean-François Revel, Sur Proust, p. 124-125, Grasset - Les Cahiers Rouges.
Merci, Didier, d'exhumer enfin Revel dont j'ai toujours admiré l'intelligence et la lucidité!
RépondreSupprimerJe viens de découvrir, avec bonheur, qu'un site lui est consacré!
Et j'ai particulièrement aimé l'hommage que lui a rendu Max Gallo qui a hérité de son fauteuil à l'Académie.
Oui, merci Didier ! Intelligence et lucidité, Orage a bien qualifié ce grand bonhomme que j'admire. Je suis en train de terminer son auto-biographie « Le voleur dans la maison vide ». Non dénuée d'humour..!
RépondreSupprimerEt puis, un homme qui déclare sans fausse honte (je cite de mémoire) : « J'ai toujours bien aimé boire un whisky, mais j'ai toujours préféré en boire deux ou trois », je dis : respect !
RépondreSupprimerCertes, mais n'était-ce pas pour mieux renier son côté Ricard ?
RépondreSupprimerPas mal, Monsieur Chieuvrou, pas mal !
RépondreSupprimerterrible citation. La question est de savoir à quoi nous sommes capables de l'appliquer en France, en 2009. je pense que oui, nous sommes décidemment bien tolérant avec l'intolérable.
RépondreSupprimerLe politiquement correct fait beaucoup de ravages. Gardons notre liberté de parole pour que l'injustice ne gagne pas trop de terrain.
Par exemple : Rapport Obin : l'état de l'école en France en 2004
à bientôt
Tiens, le rapport Obin.
RépondreSupprimerSi j'avais eu un peu d'esprit d'à propos, j'aurais pu citer ce qui suit à Mathieu L, dans un débat sur "femmes et burka" qui nous opposait, sur son blog.
"Il faut avoir vu ces femmes entièrement couvertes de noir, y compris les mains et les yeux, accompagnées d’un homme, souvent jeune, parfois un pliant à la main pour qu’elles n’aient pas à s’asseoir sur un endroit « impur », que plus personne ne semble remarquer tant elles font partie du paysage, et dont personne ne semble s’offusquer de la condition, pour saisir en un raccourci la formidable régression dont nous sommes les témoins. (la suite en cliquant sur le lien de Lomig, ci-dessus)
Voilà, VOILA ce qui pourrait interpeler, interloquer, motiver, rassembler, fédérer, engager dans le combat, des "femmes engagées, politiques et féministes".
Suzanne
En ce qui concerne l'allusion à Barrès, monsieur Goux, on peut sans doute se reporter à Du sens, de RC, pour approfondir. Quant à ce dont JFR veut parler ici, le communisme, et pas l'islamisme, on sait comment cela s'est fini, pas tout à fait comme il le prophétisait. Je l'ai toujours trouvé inlucide.
RépondreSupprimerOserai-je avouer que, tout génialement visionnaire et prodigieusement cultivé qu'il fut aux dires de tous, j'ai quant à moi toujours trouvé le bonhomme, dans ses interventions publiques, passablement sentencieux, pour ne pas dire pontifiant. J'ajoute qu'il n'était pas exempt d'une certaine mauvaise foi ni à l'abri d'erreurs grossières, comme celle qui lui fit écrire, en 1965, dans la préface de la première réédition
RépondreSupprimerde La Belle France, de Georges Darien, que ce dernier était antisémite, ce qui arrangeait bien sa démonstration mais ne se basait sur rien, ainsi qu'on peut le lire ici, ou bien
là.
Cher Chieuvrou, si par "interventions publiques", vous parlez de ses passages à la télévision, nous serons sans doute d'accord. Mais peut-on juger un écrivain là-dessus ?
RépondreSupprimerPour le reste, je maintiens que son petit livre Sur Proust est savoureux, dans ses accès de mauvaise foi et ces injustices mêmes.