La scène se passe dans une salle à manger très ordinaire, à l'extrémité d'un village dénué d'intérêt, niché au creux d'une campagne chlorotique. Deux petits-bourgeois sans grand relief sont à table, dînant tristement à l'heure où d'autres commencent à peine à boire. Leur menu est à leur image : potage de poulet aux vermicelles et poireau en vinaigrette. Il n'y a pas de musique, les chiens somnolent, même le vent, dehors, semble subir une nette diminution de son moral ; et l'on n'entend rien d'autre que les slurp mornes produits par nos deux bipèdes – que nous appellerons Catherine et Didier, afin de bien souligner leur insignifiance satisfaite. La scène se passe en Haute-Normandie, c'est-à-dire nulle part.
DIDIER
Je crois bien que je vais reprendre une petite louche de soupe, moi... (Il se tourne vers son épouse :) Tu en veux ?
CATHERINE
Non, j'ai peur de ne plus avoir faim, après. Et je tiens à manger mon poireau.DIDIER
Comme Mlle Ciguë !
CATHERINE (s'étouffant à moitié avec son vermicelle)
J' y ai pensé en même temps, mais j'avais la bouche pleine !
DIDIER
Comme Mlle Ciguë...
Rideau.
Ah non mais je me suis aussi étouffée avec mon godet de rouge là.
RépondreSupprimerSi ça n'avait pas été que les chiens somnolent, j'aurais juré que c'était vous.
Comment ça tristement ?
RépondreSupprimerTe fâche pas, Madeleine : j'essplique aux gens !
RépondreSupprimerClap, clap, clap! Un autre (vaudeville)!
RépondreSupprimerAussi intéressant que les dialogues de l'autre, là, dont j'oublie le nom (Alzheimer probablement), qui disait "un bruit de feuilles, de vent...)
RépondreSupprimerDidier, en ces temps de froidure, vous n'etes pas le seul à avoir des dialogues pareils!
Génial ! Moi aussi j'en veux d'autres ! (Euh, je ne parle pas de poireaux...)
RépondreSupprimerDidier, vous avez oublié l'essentiel : le carburant... !!
RépondreSupprimerC'est du propre...
RépondreSupprimerRhôôôôoooo... Didier...
RépondreSupprimerÇa me touche...
Profondément...
...
Vous êtes un être charmant ! Et Catherine, tout pareil !
( et elle sourit bêtement...)
( si émue d'ailleurs, qu'elle en oublie de cocher...)
RépondreSupprimerDe là à être aimable avec le vieux.
RépondreSupprimerIl me fait peur. Alors, lâche comme je suis je le flatte ! Mais cela reste entre nous Nicolas...
RépondreSupprimerAvant lecture des autres commentaires, on ne sait jamais :
RépondreSupprimerEt l'histoire de la grenouille à grande bouche, vous la connaissez !
:-))
[Na mé oh !]
Mais quand même, ça n'a pas l'air bien joyeux la Normandie un soir d'hiver ! Heureusement que Monsieur Poireau est là pour apporter gaudriole et joie de vivre !
RépondreSupprimer;-))
J'ai retrouvé toute seule, na! C'est dans "en attendant Godot".
RépondreSupprimerPluton : c'est l'absence de carburant qui a dû engendrer un dialogue pareil.
RépondreSupprimerPoireau : oui ! depuis très exactement 30 ans, même. Et je me rappelle même qui me l'a racontée. Sauf que, dans "ma" version", on dit la grenouille "à grand' gueule"...
Mam'zelle Ciguë : comme disait Sa Sainteté Jean-Paul II (et j'en retiens un) : N'ayez pas peur !...
Amen ;-)
RépondreSupprimerJe suis décidément un peu con car je viens seulement aujourd'hui de comprendre, à la lecture de votre billet, que le Melle de « Melle Ciguë » désigne non pas un prénom mais l'abréviation (erronée, en l'occurrence) de Mademoiselle...
RépondreSupprimerBon, encore un truc que j'ai pas pigé du premier coup...
Chieuvrou: Alors là, en l'occurrence, c'est moi qui ne comprends pas... Pourquoi erroné le mademoiselle ???
RépondreSupprimerExcusez-moi, Mam'zelle Ciguë, de ne vous répondre qu'à cette heure avancée, je me suis malencontreusement assoupi sur mon clavier (vous savez ce que c'est... : les effets combinés de la verveine de onze heures et de la dramatique du samedi soir de France Culture, même sain et vigoureux, on a du mal à tenir le coup). En fait, la raison qui me faisait penser que le Melle en cause devait être un prénom tenait moins à ce que j'y eusse éventuellement vu un hommage à cette aimable cité flamande qui se targue un peu vite (car y a-t-il vraiment de quoi être fier ?) d'avoir compté autrefois dans ses murs le premier ballon de football de l'histoire de l'Europe « continentale », ou bien, encore, à cette non moins riante cité poitevine qui servit naguère de point de chute à notre chère Marie-Ségolène alors en mal de notoriété, qu'au fait que l'abréviation de Mademoiselle est non pas Melle mais bien plutôt Mlle, ainsi, du reste, que vous pouvez notamment le vérifier ici.
RépondreSupprimerCe qui est bien, avec l'impeccable M. Chieuvrou, c'est qu'il assure scrupuleusement le service après-vente, m'évitant ainsi de le faire...
RépondreSupprimerChieuvrou: J'avoue mon ignorance, aussi bien pour la cité flamande que pour la poitevine...C'est ma faute, c'est ma faute, c'est ma plus grande -quoi que- faute...
RépondreSupprimerQuant à l'abréviation de mademoiselle, vous avez effectivement raison. Ce n'est pas la première faute que je fais, ce ne sera certainement pas la dernière ! Je corrige donc ! Merci pour l'info, je mourrai un peu moins bête :-)