Je n'étais certes pas la vedette de la soirée, samedi dernier, mais ce n'est pas pour autant que j'en suis reparti les mains vides, puisque Joseph Vebret avait eu la gentillesse de m'offrir son dernier né, ces Causeries littéraires auxquelles j'ai déjà fait allusion il y a quelques jours.
Je viens de terminer le livre (à la lettre Z comme Zemmour...) il y a quelques minutes. Après avoir écouté – car c'est un livre qui s'écoute – une quarantaine d'écrivains parler de leur métier, de leur rapport à l'écriture, etc. Certains connus et aimés – Camus, Chaillou, Dupré, Houellebecq, etc. –, d'autres connus et tenus à distance, et aussi des inconnus sauf peut-être de nom ou de réputation, ce qui ne veut rien dire.
Parmi les connus – mais pas fréquenté depuis des décennies –, Kenneth White, l'Écossais-Français que j'ai choisi pour illustrer ce billet vagabond. Lequel, pour parler de ce que recouvre désormais le mot “culture” dans nos sociétés égalitairement déliquescentes, s'est forgé un mot qui devrait ne pas déplaire à Renaud Camus : la ridiculture. Et lorsque le docteur Vebret, accoucheur littéraire de son état, lui demande ce qu'il entend exactement par “culture”, Kenneth White répond ceci :
« C'est l'invitation à un espace de pensée et de création qui augmente la sensation de vivre pleinement sur Terre. Pour cela, il faut qu'il y ait un fonds, pas seulement des produits. Depuis le début de l'humanité, le fonds a été constitué par le mythe, la religion et la métaphysique. Quand la culture n'a pas de fonds, elle prolifère, c'est tout. Exceptions à part, c'est un énorme creux rempli de riens. (...) »
Quelques paragraphe plus loin, il esquisse une définition de ce qu'il a nommé le “nomadisme intellectuel” :
« Disons rapidement pour définir le nomade intellectuel, qui est aussi un intellectuel nomade, qu'il n'est ni un intellectualiste abscons, ni un intellectuel engagé avec de bonnes intentions, mais se trompant régulièrement, ni le commentateur à la petite semaine de tout et n'importe quoi, il ne travaille pas dans l'arène, mais dans la distance et le silence, traversant des territoires, explorant des cultures, ouvrant un autre espace. (...) »
Un nomadisme intellectuel qui a conduit White, il y a déjà plus de vingt ans, à forger le concept de géopoétique. Et à en fonder l'Institut international. Depuis le coin de Bretagne où il vit depuis trente ans.
Je viens de terminer le livre (à la lettre Z comme Zemmour...) il y a quelques minutes. Après avoir écouté – car c'est un livre qui s'écoute – une quarantaine d'écrivains parler de leur métier, de leur rapport à l'écriture, etc. Certains connus et aimés – Camus, Chaillou, Dupré, Houellebecq, etc. –, d'autres connus et tenus à distance, et aussi des inconnus sauf peut-être de nom ou de réputation, ce qui ne veut rien dire.
Parmi les connus – mais pas fréquenté depuis des décennies –, Kenneth White, l'Écossais-Français que j'ai choisi pour illustrer ce billet vagabond. Lequel, pour parler de ce que recouvre désormais le mot “culture” dans nos sociétés égalitairement déliquescentes, s'est forgé un mot qui devrait ne pas déplaire à Renaud Camus : la ridiculture. Et lorsque le docteur Vebret, accoucheur littéraire de son état, lui demande ce qu'il entend exactement par “culture”, Kenneth White répond ceci :
« C'est l'invitation à un espace de pensée et de création qui augmente la sensation de vivre pleinement sur Terre. Pour cela, il faut qu'il y ait un fonds, pas seulement des produits. Depuis le début de l'humanité, le fonds a été constitué par le mythe, la religion et la métaphysique. Quand la culture n'a pas de fonds, elle prolifère, c'est tout. Exceptions à part, c'est un énorme creux rempli de riens. (...) »
Quelques paragraphe plus loin, il esquisse une définition de ce qu'il a nommé le “nomadisme intellectuel” :
« Disons rapidement pour définir le nomade intellectuel, qui est aussi un intellectuel nomade, qu'il n'est ni un intellectualiste abscons, ni un intellectuel engagé avec de bonnes intentions, mais se trompant régulièrement, ni le commentateur à la petite semaine de tout et n'importe quoi, il ne travaille pas dans l'arène, mais dans la distance et le silence, traversant des territoires, explorant des cultures, ouvrant un autre espace. (...) »
Un nomadisme intellectuel qui a conduit White, il y a déjà plus de vingt ans, à forger le concept de géopoétique. Et à en fonder l'Institut international. Depuis le coin de Bretagne où il vit depuis trente ans.
Excellent billet.
RépondreSupprimerUn billet dont l'éloquence me laisse sans voix...
RépondreSupprimerArf, modérato quant aux billets... du coup le clin d'oeil précédent demeurera au fond du tiroir sous les chaussettes...
RépondreSupprimerVous avez l'air malin, maintenant, tous les deux, avec vos fines plaisanteries !
RépondreSupprimer(J'ai encore fait une fausse manœuvre...)
J'aime bien sa définition de la culture mais je crois que cela mériterait un développement sur ce qui constitue le fond de la culture.
RépondreSupprimerOn peut en effet imaginer des mythes modernes, des religions modernes ou une métaphysique moderne comme fonds d'une culture moderne qui serait autre chose qu'une prolifération comme la naissance d'un nouvel être dont on peinerait à définir les caractéristiques...
J'aime ce concept de ridiculture, parfaitement dans l'air du temps,hélas !
RépondreSupprimerA "le rouge":
RépondreSupprimerla culture ne peut pas être exculsivement moderne en ce sens qu'elle ne se décrète pas. La culture est un résultat: le résultat d'une évolution, d'une maturation, d'une com-préhension. Elle n'est moderne que si elle est l'expression actuelle de quelque chose de préexistant, d'ancien. Si elle est moderne au sens où elle est "génération spontanée", naissance "ex nihilo"... elle n'est pas culture, elle est... grouillement, car elle ne repose sur rien qu'une multitude d'egos, d'individualités: ceux des créateurs et ceux des consommateurs des productions de ces créateurs.
Après... plusieurs années après... une partie de ce grouillement peut devenir culture, s'il n'a pas été oublié, s'il n'est pas tombé dans les oubliettes. Mais alors, il aura été le résultat d'une évolution, d'une maturation, d'une com-préhension.
Laurent l'Anonyme
Pour changer d'air, prendre le large en quelques lignes, j'ouvre au hasard "Le Passage Exterieur" de Kenneth Whithe, qui immédiatement et d'un souffle léger redessine mon paysage. Je ne connais ce poète que depuis deux ou trois ans, mais son livre a ouvert une fenêtre dans ma bibliothèque.
RépondreSupprimerPuisque vous tenez salon littéraire aujourd'hui, je m'étonne de ne jamais rencontrer le nom de Pascal Quignard sur votre blog. En voilà un auteur qui ouvre des passages entre les cultures, à travers le temps, notamment dans son cycle "Dernier royaume". Vous n'aimez pas ? Tiens je me demande si l'on doit considérer Quignard comme un écrivain réactionnaire... Auquel cas vous auriez toutes les raisons de lire (si ce n'est déjà fait).
J'ai essayé à deux ou trois reprises de lire Quignard : pour l'instant, l'homme se refuse...
RépondreSupprimermême pas "la haine de la musique" ?
RépondreSupprimerC'est curieux cette notion de cuture qui ne serait que livresque. Je ne nie pas sa place. Mais elle n'existe qu'au milieu de tant d'autres: La culture de celui qui fait le pain, de celui qui bâtit, de celui qui fertilise et fait produire la terre, de celui qui crée ou entretient des moteurs... Des milliers de cultures en somme qui par leurs efforts permettent que se développe, à la marge, la "culture" des "cultivés" qui dominent de leur morgue toutes les autres. Sans même se rendre compte qu'ils sont très peu à en participer.
RépondreSupprimer« J'ai chatte, elle pas chatte, seulement zizi. Tu veux ma chatte ? Je te donne beaucoup d'amour. »
RépondreSupprimer(Le Visage du vent d'est)